L’unité pour un PS qui risque de perdre en 2012
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH417/PS-64600.jpg)
C’est la fin des vacances et l’occasion pour la plupart des formations de pratiquer cette séance annuelle appelée université d’été. Ainsi va la politique. La situation française n’est pas désespérée mais elle ne provoque aucun enthousiasme. Le désespoir, il est avant tout personnel et privé. Deux détenus se sont pendus à la santé. Un nourrisson jeté par la fenêtre du huitième étage. Une femme qui tue son mari et son petit fils puis se suicide. Mais c’est tout sourire que Ségolène est arrivée à La Rochelle pour un moment sérieux qui, au vu de l’ambiance actuelle, mérite d’être analysé avec ironie. Et Dieu sait s’il faut quelques notes d’humour pour exorciser la morosité, surtout que les deux trublions de France Inter ont été remplacés par les insipides Mezrahi et Dayan.
Une université d’été, c’est une sorte de congrès mais très informel, destiné à prolonger l’été, à festoyer tout en affichant une attitude studieuse en écoutant les interventions des intervenants pour cet intermède de la vie politique. L’université d’été est à une formation politique ce qu’une révision ou un contrôle technique est à l’automobile. On se doit d’aller tous les ans chez le dentiste pour vérifier ses dents. Les journalistes vont tous les ans aux universités d’été pour vérifier qui a des dents contre untel. 2010. Dame Royal en maîtresse de cérémonie sur ses terres de Poitou-Charentes pour une université où les clignotants sont au vert. La presse voit le PS battre Sarkozy en 2012. Le problème, c’est que le feu peut très bien passer au rouge d’ici 600 jours. Sarkozy est rusé, il mettra MAM à Matignon et se gardera de toute réforme six mois avant l’échéance. Et comme le dit ce dicton, Sarkozy rusé, Français pas futé. Bison futé ne prédira pas des bouchons dans les bureaux de vote.
Université d’été, studieuse et ennuyeuse, comme les facs un soir de partiel. Le citoyen aura sans doute d’autres préoccupations que de suivre les débats. Et puis, est-ce franchement excitant le propos du PS ? Cette année, c’est un mot magique que tous prononcent. Unité, unité, unité. Un mot piqué à la gauche de la gauche qui elle aussi, chercha son unité et se voulu (dé)organisée autour d’un mouvement pour l’unité. Le un, mot magique, sorte de sésame ouvrant la porte de l’Elysée en 2012. Unité, unis autour de l’unique ! Oui, certes, mais comme le dit la citoyenne au comptoir du bar, l’unité est-elle la solution à la crise. Est-ce que l’unité donnera du travail à mon fils, un bon enseignement à ma fille, une retraite convenable à mon conjoint et pour moi un peu de pouvoir d’achat et pour tous, un peu plus de sécurité et d’avenir ? Unité, ce mot revêt un côté conjuratoire et même thérapeutique. Le PS doit guérir. De sa diversité ? Le zoo politique ne peut-il supporter sa propre biodiversité ? Non, disons que c’est la division. C’est là le défaut de fabrication du PS. Hérité de l’ère Mitterrand. Congrès de Rennes, congrès de Reims. Il ne faut jamais prononcer ces mots dans une université d’été du PS. C’est comme « lapin » le mot qu’il ne faut pas dire sur un navire. Unité. C’est cela. Un peu comme les quatre roues d’un véhicule tournant d’un mouvement synchronisé. Il faudra l’unité pour le PS, ont dit Laurent, Martine, François et Ségolène. Et le programme ? Unité !
Le PS risque d’être démuni pour proposer un programme dans ce contexte de crise économique qui pour l’instant souffre d’un déficit d’analyse, étant entendu que le Marx du 21ème siècle ne n’est pas encore fait connaître, ni son pote Keynes. Le seul économiste qui a des solutions c’est Attali. Ce type est génial. Il s’enrichit en vendant un livre nous expliquant qu’on sera ruinés, oui, tous ruinés, sauf lui. Le programme, donc, aura quelque mal à émerger compte tenu de l’état des comptes public et du scénario à la japonaise prévu pour l’Europe. L’autre problème du PS, c’est l’encombrant allié que sont les Verts. Des animaux politiques bien ancrés dans le biotope. Dont il sera bien plus difficile de se débarrasser, bien plus que le PC à l’ère mitterrandienne. Le problème des Verts, c’est qu’ils ne « servent à rien » et d’abord leurs obsessions sur des détails hygiéniques et autres lubies thermométriques. Mais aussi, le problème de l’écologie, c’est que c’est un parti et que leur combat prioritaire, c’est pour obtenir des places de pouvoir. Le principal est qu’ils aient quelques maroquins pour agir, même si leur programme est un copié collé de bonnes et insipides intentions. Ces gens là pourraient bien faire perdre la gauche en 2012, avec leur fébrilité et leurs ego. Quoique, il reste le salut dans l’unité. Là encore, ce mot magique sera employé. Passé les guéguerres du premier tout, ce monde de gauche sera uni, autour du candidat au second tour et il n’y aura pas le choix puisque la constitution a réglé le problème. Il n’en restera qu’un pour affronter l’autre. Une unité face à une autre unité. Un moment unique dans la vie politique. Si ce moment est si unique, alors, le PS a raison de pratiquer l’unité et de croire en son efficace.
Tous ensembles, tous ensembles, Hô ! Avé krishna, in vivo unita !
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