L’univers floral de Véronique Desjonquères
Les peintres ont toujours été inspirés par la flore qui tient une place importante dans l’art. Pour s’en persuader, il suffit de remonter le temps et de voir combien les fleurs sont déjà présentes dans l’Egypte ancienne, par exemple dans le jardin de Nebamon où un fragment de paroi peinte donne accès à différentes espèces de végétation entourant un bassin d’eau. L’antiquité a eu ses floralies, univers qui a toujours fasciné l’homme, particulièrement les peintres épris de leur beauté. Au cours des âges, la rose a parfumé le jardin d’Eden et le jardin médiéval clos ne fut pas seulement un lieu de culture mais de culte, celui du paradis imaginaire que le jardinier et le peintre tentent l’un et l’autre de recréer.
Les flamands ont excellé dans le rendu de la flore au XVe siècle. Jan Van Eyck, par exemple, avait choisi le lys et l’iris comme symboles de la pureté de Marie et Arcimboldo dut en grande partie sa réputation à ses portraits où il assemblait fruits et fleurs pour mieux exprimer l’âme de son sujet. Chaque fleur a été à elle seule un symbole, ainsi le lys, le jasmin, le coquelicot. Monet ne l’a pas ignoré qui a peint ses nymphéas à différentes heures du jour afin de mieux en rendre l’éclat et modifier l’impression que la lumière exerce sur celui qui en contemple les subtiles variations.
C’est à cette inspiration-là que Véronique Desjonquères a dédié, en partie, sa prochaine exposition. Après avoir longtemps questionné le visage de l’adulte et de l’enfant dans le souci d’en déchiffrer le mystère, elle s’est consacrée plus spécialement aux fleurs pour en saisir la splendeur et la fragilité. Elles sont la beauté dans ce qu’elle a de pur et d’éphémère, de tendre et de vulnérable. Les peindre, n’est-ce pas s’approcher d’un paradis auquel on tente de prêter un semblant d’éternité, éternité où les fleurs ne faneraient plus, où la terre ne connaîtrait point l’aridité, où ne mouraient ni les insectes, ni les oiseaux ?
Van Gogh disait que la couleur, c’est l’enthousiasme, la vie à l’état pur et brut, en quelque sorte « Dieu en soi ». Les fleurs n’enflamment-elles pas la pâte et l’ensemble de la matière picturale ? C’est pour cette raison que la plupart d’entre elles, comme les tournesols, sont orientés vers le soleil et que les coloris deviennent en quelque sorte l’expression de l’harmonie fondamentale et l’image ardente de la vie. Cette beauté passagère est un hommage à la richesse et à la diversité de la nature et une quête de l’harmonie universelle.
Véronique Desjonquères s’est ainsi immergée dans les jardins, au cœur d’un univers végétal qui lui convient, l’interpelle sur le sens de la vie, la beauté momentanée des choses, la quiétude d’un monde qui a ses références de grâce et de permanence et ouvre sans cesse des pages à notre imaginaire. La finesse de son dessin, l’alliance de ses couleurs procurent à cette flore picturale un charme envoûtant comme si la lumière s’attardait sur ce qui nous semble … un instant dans le monde.
Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
* ARTS et VINS - Vernissage et dégustation 58 Avenue de l'Agent SARRE 92700 COLOMBES
Vendredi 5 avril de 17h à 22h et le samedi 6 avril de 10h à 18h
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