La Biennale du « design » de Saint-Etienne, mauvais coup porté à la langue française
Mon épouse et moi avons été voir les Verts dans le "Chaudron", et, à cette occasion, nous avons fait un tour à la Biennale du "Design". Consternant ! Nous n'étions plus dans les locaux d'un fleuron de l'industrie française, la "Manu", dans une ville française fière de son passé ; nous étions dans un canton reculé de l'empire anglo-américain :
Le slogan choisi pour cette dernière Biennale annonçait la couleur : "Me You Nous" !! Nous sommes en plein dans le plus lamentable shiak (voir le livre d'Alain Borer "De quel amour blessée")
La première borne à l'entrée était rédigée entièrement en anglais ; il fallait faire une bonne dizaine de mètres pour en trouver la traduction française. Il y avait quelques phrases en Chinois : la Chine était censée être un partenaire de cette biennale. En tout cas, on ne trouvait aucune langue européenne, hormis l'anglais ; or combien de pays européens ont l'anglais comme langue officielle, surtout si La Grande Bretagne sort de l'Europe ? Voilà qui est fort peu encourageant pour tous ceux qui croient justement en l'Europe comme exemple d'un ensemble multiculturel riche de toutes ses différences.
En tout cas, on peut dire qu'on ne trouve pas dans cette manifestation censée faire connaître les spécificités stéphanoises les nombreuses langues parlées par toute une partie de la population de notre ville : polonais, espagnol, italien, portugais, arabe, berbère ... (Je ne crois pas qu'il y ait une importante immigration anglosaxonne à Saint-Etienne et que de nombreux "gagas" aient l'anglais comme langue maternelle !) .
Mais ne faut-il pas se faire connaître "à l'international" (quel charabia !) et, pour cela, utiliser l'anglais, langue internationale ?
Cependant, les visiteurs de la biennale sont en grande majorité des Français. Ne serait-il pas logique de leur parler dans leur langue ?
D'autre part, choisir de s'exprimer en anglais pour une manifestation qui voudrait être connue dans le monde entier, c'est dire clairement : "Nous avons honte de notre langue qui est désormais une langue régionale, une langue subalterne, qui ne peut en aucune façon prétendre retrouver son statut de langue internationale." Pourquoi les étrangers apprendraient-ils le français si les Français leur parlent en anglais, si les chercheurs français n'écrivent pas en français. Victor Hugo aurait-il, par hasard, écrit "Notre Dame de Paris" - dont on nous rebat les oreilles en ce moment- en anglais ? Evidemment, il aurait dû : il serait plus connu "à l'international" !
Qui décide que le français ne peut plus être une langue internationale ? Malheureusement de nombreux Français qui se sont laissé persuader par les élites de ce pays, et en particulier par nos présidents de la République, Giscard autrefois, Macron aujourd'hui, qui sont tout fiers d'exhiber leur maîtrise de l'anglais dans les conférences internationales, ce qui donne d'eux l'image de sujets très obéissants de l'internationale anglo-américaine.
Ainsi, la Biennale du "Design" de Saint-Etienne participe à l'opération de destruction systématique de la langue française qui est en cours dans notre pays. On peut se demander si ce n'est qu'un début, si la prochaine édition de cette Biennale fera disparître complètement les panneaux en français ...
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