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La Bourse : victime expiatoire ?

S’il y a bien un secteur honni par les Français, c’est celui de la Bourse. Montré du doigt à chaque crise, il sert de bouc émissaire aux responsables politiques pour cacher leur incompétence et leurs mauvais choix en matière économique. La Bourse a des vertus qui ont été occultées par les pratiques de banques et traders assoiffés de gains. Pourtant, la Bourse est un outil économique utile. Charge à la force publique de l’encadrer pour ne pas revivre les mêmes crises encore et toujours.

Toute création humaine doit être encadrée. Cet encadrement n’est jamais parfait, mais il limite au moins les abus les plus graves. La Bourse, comme le reste, doit être bien encadrée afin qu’elle puisse jouer son rôle de locomotive de l’économie.

Les marchés sont un monde inconnu de la plupart des Français et sont donc sujets à de nombreuses appréhensions et clichés. Le mal viendrait de cet espace impossible à maîtriser, car beaucoup trop puissant, bien plus puissant que le pouvoir politique. Un tel constat est erroné. Personne ne prend pourtant la peine de dresser un bilan exact du rapport de force réel, car cela mettrait en exergue l’absence de courage de ceux qui sont censés fixer les règles. Personne ne prend le temps d’expliquer les avantages du système boursier, car il servirait alors plus difficilement de paratonnerre quand l’orage de la crise explose…

Financer l’économie réelle

Aujourd’hui la Bourse est présentée comme le lieu qui permet aux actionnaires de prendre leurs dividendes sur le dos des salariés et au détriment de la stratégie de long terme de l’entreprise. Si cela peut dans certains cas se révéler assez juste, cette vision est bien trop réductrice et idéologiquement bornée. La Bourse est avant tout le lieu qui permet de mettre de l’huile dans les rouages de l’économie. C’est le lieu où se confrontent la demande et l’offre et qui permet in fine à une entreprise de se financer.

Une entreprise n’entre pas en Bourse pour le plaisir de verser des dividendes à ses actionnaires, mais bien pour attirer des investisseurs qui n’auraient jamais eu l’opportunité de prendre part au projet de l’entreprise. A côté d’une minorité de boursicoteurs, il y a des investisseurs solides qui prennent part à la stratégie du groupe et qui amènent des financements essentiels à la vie et à la progression de l’entreprise. Cela est peut-être difficile à comprendre, car jamais souligné, mais c’est pourtant le principe constitutif de la Bourse. 

La nouvelle de l’introduction en Bourse d’Euronext, l’opérateur boursier de la place parisienne, est, à cet égard, très positive. En effet, la société va trouver de nouveaux financements et continuer de croître. Quel intérêt pourrait-on dire ? Il est grand, car de la bonne santé et croissance d’Euronext dépend l’avenir de tout un réseau d’entreprises elles aussi intéressées par leur entrée sur le marché boursier. Un opérateur boursier plus fort (économiquement) c’est l’assurance de continuer le travail de financement des entreprises qui ont le besoin et l’envie de s’adresser à de multiples investisseurs.

Les banques ont échoué et ne donnent pas de signe d’ouverture et de changement. Les règles édictées par le Gouvernement en matière bancaire n’ont en fait aucun impact. Dans cet environnement dégradé, où les banques ne prêtent qu’aux riches – et parfois aux moins riches, mais à des conditions extravagantes – la Bourse fait de nouveau figure de solution pour se financer. Dépeindre la Bourse comme le lieu de toutes les dérives financières est pratique, mais ce fantasme ne repose que sur une présentation partiale des faits.

Prendre des décisions courageuses est aujourd’hui trop difficile pour des élites godillots. Si le courage n’est plus à attendre d’elles, est-il encore possible de ne pas sombrer dans la caricature pour tenter de cacher de trop grandes faiblesses ? L’économie et la finance s’expliquent et se comprennent. Le refus de les enseigner est symptomatique et se vérifie une fois encore. Rester dans l’incompréhension permet de se donner les coudées franches. Pas très propre comme manière de procéder…


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4 réactions à cet article    


  • Diogène diogène 21 juillet 2014 17:00

    Aujourd’hui, ce n’est pas la bourse qui finance l’économie réelle,

    c’est l’économie réelle qui finance la bourse !

    • passtavie passtavie 21 juillet 2014 18:50

      « côté d’une minorité de boursicoteurs, il y a des investisseurs solides »

       smiley


      • L'enfoiré L’enfoiré 21 juillet 2014 19:08

        N’épargnez plus spéculez ou consommez

        Mot d’ordre d’une économie qui fonctionne, mais dont il faut assumer les risques et les plus-values avec des connaissances ad hoc.

        • Pascal L 22 juillet 2014 11:22

          L’économie réelle n’est plus considérée comme rentable même si quelques entreprise arrivent encore à bien rémunérer leurs actionnaires. Ces entreprises ont effectivement la capacité à trouver des financements sur la bourse, mais ce sont les arbres qui cachent la forêt. Il semble qu’aujourd’hui, il sort plus d’argent de la bourse (par les dividendes) qu’il n’en rentre, ce qui ne peut que provoquer qu’un resserrement de l’économie réelle.

          La faute est moins à trouver du côté des actionnaires qui cherchent à maximiser leur rendement que de l’organisation du système monétaire qui favorise le court terme et rend le coût financier de l’investissement exorbitant en réclamant les intérêts avant que l’investissement soit rentable.
          La solution passe forcément par un changement des règles monétaire.

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Auteur de l'article

Arnaud C


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