
Il était une époque où les intellectuels aimaient revendiquer leur apolitisme et n'osaient guère se prononcer en faveur d'un candidat préférant éclairer les choix des électeurs par de profondes réflexions nécessaires à faire trancher les indécis dans les hésitations qu'ils continuaient d'exprimer. Cela ne les empêchait pourtant pas de monter sur des tonneaux pour s'adresser aux ouvriers… Sentant bien que le capitalisme avait tout rongé jusqu'à l'écosystème et que peu à peu s'éloignaient d'eux les changements et les modifications qu'il faudrait établir entre le capital et le citoyen, entre l'
individu-monnaie et l'importance qu'on lui accorde dans la production (
individu-productivisé)… C'est-à-dire l'échelle des salaires ramenée à une heure de travail, tous frais retranchés, qui atterrit sur la fiche de paye des salariés, une fois convertie en unité monétaire d'usage dans l'inégalité absolue des
valeurs travail cumulées ; il faut bien dire que nous sommes restés et resterons sans doute encore dans un système de classes sociales qui se différencient maintenant, non plus par l'appartenance à des
mouvements ouvriers ou syndicaux, mais par leur possibilité ou non d'échapper à la
précarité totale car la
précarité partielle gagne également du terrain depuis que sont reconnus ces milliers de
travailleurs précaires. Et ils en sont fiers d'avoir trouvé cette notion de "tampon social" qui en fait n'était destinée qu'a masquer l'ignoble exploitation de l'homme par d'autres hommes que le capitalisme tiens à conserver et qui allait continuer de se poursuivre… Cela devait sans doute permettre aux pensées dominantes de maintenir les luttes des mouvements sociaux qui étaient engagées depuis 1995 à rester tapies dans l'ombre d'éclaircissements plus concrets… On a parlé, et on parle de plus en plus, de
travailleurs précaires qui, malgré la précarité qui les caractérise, sont quand même des travailleurs heureux de travailler et fiers d'avoir une place dans l'économie… Ce pour quoi ils accepteront sans trop de négociations, à continuer de travailler dans de telles conditions, sans rouspéter parce qu'avec 5 millions de chômeurs, la pression du siège éjectable est une arme supplémentaire pour l'employeur quémandé sans cesse par des moyennes d'augmentation des salaires toujours en-dessous des moyennes d'augmentation du coût de la vie par les prix transformés en taux d'inflation. Ainsi se croient-ils dotés d'une main d'œuvre docile et corvéable à merci telle qu'elle fut découverte à l'époque de Marx… Rien n'a beaucoup changé depuis que ce penseur économique avait disséqué en large et en travers ce segment horaire qui constitue la base de la fiche de paye : le salaire horaire… Aujourd'hui, les capitaux des entreprises n'apparaissent jamais sur la fiche de paye du salarié ; la part des bénéfices non plus d'ailleurs… Elles sont retranchées directement à la source et ne rentrent donc pas en ligne de compte dans la répartition totale entre le capital et la somme allouée à une heure de travail… Marx en avait tenu compte mais pas les comptable de notre temps. Si l'
Économie marxiste avait tracé un segment de 5cm pour représenter tout ce que coûte une heure de travail, on voyait que le salaire de l'employé recouvrait qu'entre zéro et 1cm. Les coûts du travail, le reste, jusqu'à la moitié du trait, tandis que l'autre moitié était entièrement mise à la disponibilité du bénéfice, d'intérêts particuliers, des plus-values et des petites broutilles fiscales… Grosso modo cet "équilibre" n'a guère évolué tant la masse des richesses en augmentant à encore appauvri ce que le plus petit ouvrier pouvait espérer de salaires minimums et dieu sait si d'âpres luttes permirent quand même d'améliorer le sort des travailleurs mais pas de modifier les crans de l'échelle de répartition des richesses entre les mains du
monopole capitaliste et la classe ouvrière, toujours fortement syndiquée, bien qu'elle se fasse licencier à la pelle. Pourtant, dans toute l'histoire des luttes sociales et de l'évolution de la défense des salariés, c'est ce "petit nombre de syndicalistes", identiques à ceux que Nicolas Sarkozy montrait encore du doigt aujourd'hui à la CGT d'ArcelorMittal* montée spécialement à Paris pour lui exprimer son mécontentement directement sous les fenêtres de son QG de campagne mais accueillie par un brouillard de lacrymogènes, qui a néanmoins toujours fait bouger les lignes. Incompréhensible réception à l'image de la dureté gouvernementale de délégués quand même censés représenter un bassin d'emploi (Florange - Moselle) qui n'est plus en crise mais au seuil de son extinction grâce à lui (?)
Mettre fin aux licenciements par des lois d'interdictions et de poursuites judiciaires n'est pas devenu un vain mot dans cette campagne de Présidentielles là où sont assis, sur des stocks de milliards d'euros de bénéfices, les plus grandes fortunes individualisées de ce monde… Et ils prétendent "aimer l'ouvrier" les patrons ?… De tout l'humanisme dont ils prétendent se revendiquer, personne n'aurait permis cela si ils étaient restés en accord avec eux-mêmes… Préférer ceux qui sont français - quelle aubade, ainsi ils éloignent d'un coup toute perspective internationaliste des revendications - mais n'hésitent surtout pas à licencier par milliers nombreux d'entre-eux pour sauvegarder l'indice de leur fortune alors affichée sur une autre échelle de valeur que celle qui fait la fiche de paye de ceux dont ils abusent… Alors c'est probablement par simplification ou par manque d'argumentaire pour affronter les vrais enjeux de ces élections que certains se cachent derrière la crise (mais elle n'est pas nouvelle la crise) là où d'autres se réfugient dans le steak religieux ou la soupe intégriste pour remuer l'agitation populiste du nationalisme lié à l'extrême droite… Chacun y joue de sa réclame et réclame son dû les yeux rivés sur les courbes des sondages alors que le sort de l'humanité est presque déjà vendu si il ne parvient pas à trancher entre le socialisme libéral et le socialisme de la gauche qui le ferait reculer pour s'opposer de concert à l'hyper-droitisation entrain de devenir une notion du sens commun au fur et à mesure que la crise parvient à occuper l'ensemble de la rhétorique électoraliste. De l'argent, du travail et des gosses aurait presque remplacé le trop ancien du pain, du vin et des jeux lui-même tout aussi absurde que les plus récent travail, famille, patrie ou l'encore plus célèbre le travail rend libre… Peu importe d'où ça vient, c'est ce qui est réclamé à l'officine de la ligne stratégique des partis de la droite et du centre. Peu à peu, ont fini par gagner leur esprit ces petites nuances autour d'un ticket de caisse qui permettent de ne pas remettre en cause un système qui permet de faire proliférer les faillites, de perpétuer des vagues de licenciements après avoir fait croire à des accalmies temporaires qu'ils sont incapables de maintenir et d'imposer taxes et prélèvements qui les arrangent.
Tout d'un coup resurgissent les vieux démons et se découvrent des vocations à vouloir sauver l'industrie qui se meurt depuis 35 ans… Et que n'ont-ils fait durant tout ce temps ?… Avaient-ils sans doute d'autres préoccupations d'intérêts ?… N'osaient-ils certainement pas se mettre à dos les représentants du capitalisme, préférant leur garantir la sécurité d'un bouclier fiscal plutôt que de pratiquer les ponctions urgentes nécessaires à limiter les effets de la crise ?… L'opinion publique et l'intensité de la pression sociale qui fait monter Mélenchon dans les sondages vont même jusqu'à faire pâlir le "président-sortant-mandaté" qui décidément n'a pas d'autres perspectives à son argumentaire que de marteler son renouvellement par la crise dont nous venons de sortir et à laquelle il nous convie de ne pas nous en séparer car "rien ne nous dit que d'autres crises à venir ne sont pas à craindre"… Oui mais enfin bon si "crise" signifie maintient sur le podium des plus grandes fortunes de ce monde de quelques milliards qui ne peuvent leur être retranchés au risque de les alléger et d'en modifier le type de rapports dans le pouvoirs et la domination que les humains exercent entre eux ; alors "qu'ils s'en aillent tous… c'est pas la peine de discuter"… Et pour le "sortant" qui semblerait avoir découvert une approche dans la notion de répartition des richesses et de capital sans jamais citer ses sources risquerait bien d'être attaqué pour fraude intellectuelle ! Mais la mélenchonisation** des esprits a du bon et le principal intéressé s'en félicite pour peu que les lignes daignent encore bouger un peu, il faudra alors aussi le concrétiser au second tour aussi ce projet de l'Humain d'abord qui fermerait pour son temps le bureau des réclamations de la République et la VIème n'en aura pas pour la simple et bonne raison qu'il n'y en aura pas besoin !
*http://www.lexpress.fr/actualite/politique/un-ouvrier-d-arcelormittal-que-sarkozy-vienne-en-lorraine-s-il-en-a-le-courage_1094022.html
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/03/15/97002-20120315FILWWW00470-les-arcelormittal-devant-le-qg-de-sarkozy.php
**http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/melenchon-se-rejouit-d-une-melenchonisation-des-esprits-13-03-2012-1440950_240.php
http://www.rtl.fr/actualites/politique/article/melenchon-savoure-la-melenchonisation-des-esprits-7745479022