La candidature J-L. Mélenchon et après...
Les prochaines élections vont mettre en place un président de la République et une majorité pour les 5 ans qui viennent. Il reste encore 2 mois de campagne et rien n'est joué mais, sauf tsunami, se dessine la victoire de F. Hollande. Les sondages sont stables depuis quelque temps, on peut remarquer des signes de détresse dans le camp du président sortant, certains déjà se recasent, d'autres prennent plus ou moins discrètement des contacts...
Les sondages font apparaître la percée modeste mais significative de J-L. Mélenchon, pour le moment autour des 9%. Si le "populiste" Mélenchon a été traité avec une certaine condescendance, sa progression est peu analysée même s'il n'est, dans le dernier sondage du Monde (22/02/12), qu'à 2 points d'un F. Bayrou considéré comme un de 4 grands !
Le Monde cependant vient de consacrer un article assez important à ses relations avec le milieu syndical. Il pourrait en faire d'autres sur ses thèmes qui rejoignent nombre de mobilisations du monde associatif : sans papiers, droit de vote des résidents étrangers, sans logement, dette, situation européenne et notamment ses interventions sur les traités en cours d'adoption... qui ont été entendus jusqu'au PS, d'où un grand effort pour ne pas les voter (sa majorité se cantonnant dans l'abstention).
Au delà des sondages, il est aussi possible de noter la participation nombreuse et enthousiaste à ses réunions publiques même si elle n'atteint pas celle des "gros" candidats. Surtout, pour la première fois depuis le débat Tapie-J-M. Le Pen, il faut remarquer sa volonté d'arracher une partie des voix populaires au FN par un affrontement direct et public avec sa candidate, n'abandonnant rien, au contraire, des valeurs républicaines.
Tandis que le candidat N.Sarkozy essaie d'occuper le même terrain que M Le Pen pour récupérer quelques voix et, d'une certaine façon, légitime son discours. N.Sarkozy veut leur montrer qu'il est mieux placé que M. Le Pen pour faire cette politique. J-L. Mélenchon dit à ceux qui votent FN qu'ils se trompent de colère et font le jeu de leurs adversaires les plus redoutables.
Si la tendance actuelle des sondages se maintient ou s'accentue, cette percée de J-L. Mélenchon peut avoir des conséquences importantes.
Pour le moment, sa progression ne semble pas se faire au détriment de F. Hollande ce qui peut expliquer que l'argument du vote utile est peu entendu. Il n'est pas interdit de penser qu'après avoir perçu leur ancien camarade comme un traître, certains voient maintenant qu'il peut être un facteur de succès en constituant une réserve de voix pour le second tour. Il assèche le vote d'extrême gauche et le réintègre dans le rapport de forces droite-gauche. Il glane quelques voix qui seraient allées à l'extrême droite et qui peuvent se porter sur Hollande au second tour. Cela libère F. Hollande qui peut se livrer à une séduction du centre.
N. Sarkozy est dans une tout autre situation qui perd des voix au centre à force de vouloir assécher l'extrême-droite. Qui risque gros, et même sa place au second tour, s'il pense trop au centre et néglige l'extrême droite. N. Sarkozy doit combattre sur deux fronts, F. Hollande et M. Le Pen ; F.Hollande sur un seul N.Sarkozy.
Lors d'élections antérieures, LO, avec A. Laguiller a connu un certain succès auprès des médias et des électeurs mais n'a pas su le faire fructifier. La LCR avec O. Besancenot a fait mieux. Mais le lancement du NPA a rapidement déçu ses nouveaux adhérents et s'étiole alors que ses fractions s'échappent l'une après l'autre, vers le Front de gauche.
Dans cette élection présidentielle, au Front de gauche, la locomotive est J-L. Mélenchon mais de nombreux wagons sont constituées par les troupes du PC. Ce qui se traduira en cas de victoire de la gauche aux législatives part un nombre d'élus PC plus important que celui du Parti de gauche. Mais il est possible que cette candidature, cette campagne, ces résultats poussent le PC, après avoir accepté de soutenir un candidat qui n'était pas du parti, à continuer cette évolution. Acceptera-t-il cette fois une mutation dont le refus après le référendum sur le projet de constitution européenne l'a conduit à un score dérisoire lors de la précédente élection présidentielle ?
Pour le Front de gauche, l'après élections présidentielle et législatives sera aussi important ou plus important que les élections elles-mêmes. Le Front de gauche est le rassemblement d'une large partie des militants et des organisations à la gauche du PS. Malgré le rôle fondamental de J-L. Mélenchon et du PC, un éventuel succès ne sera pas seulement leur succès. Mais celui de tous ceux qui auront participé à cette aventure.
La difficulté, surtout en cas de bons résultats aux deux élections de ce printemps, sera de ne pas détruire tout ce travail par les déchirements qui ont rapidement dilapidé le succès du "non" en 2005.
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