La Cantonade
Si sa proposition de retrait est quelque chose de difficile et de dangereux, elle peut constituer une menace efficace.
Il n’est pas sot de constater que l’impuissance des moyens traditionnels ne porte pas leurs fruits,
Ceci ne remet pas en cause ce recours traditionnel à la grève et aux manifestations, mais pose l’interrogation de l’usage d’autres moyens de pression sur le pouvoir ou les entreprises.
J’ai le souvenir d’avoir défendu en 1988 l’idée d’utiliser le boycott comme moyen de pression face à l’incapacité de plus en plus avéré du monde salarial à avoir l’audace d’un conflit direct, pris entre la pression sur l’emploi et celle des crédits et nous pouvons ajouter le constat d’une désyndicalisation.
L’idée ne fit pas son chemin, même si nous pouvons constater que dans les supermarchés l’on n’hésite plus rembourser la clientèle sans poser de questions, que certains constructeurs d’automobiles rappellent leurs clients, conscients d’éviter une fuite de clientèles par une mauvaise notoriété.
Cette proposition s’est transformée en associations des consommateurs qui exercent une pression individuelle mais ne constituent pas une capacité de contestation pour améliorer les conditions de travail et de salaire dans certaines entreprises.
Aucun essai ne fut tenté pour en développer cette pratique et faire face aux difficultés que ce moyen soulevait, les innovations sont toujours hasardeuses.
Au moins pour M. Cantona, son initiative sera suivie d’effet par quelques personnes qui ont rebondi à sa proposition.
Il est vrai que depuis 1973 et l’obligation de faire les dépôts dans des banques, celles-ci grâce à cela ont développé une capacité de création de monnaie qui les rend indispensables depuis que la banque de France y a renoncé, même si elle joue un rôle de garantie par subsidiarité de la BCE
En contrepartie nous avons connu un développement sans précédant en faisant circuler la monnaie.
Mais la crise financière nous a contraint à refinancer leurs risques, pris par une cupidité sans précédent.
En lui-même le processus ne pêche que par la faiblesse de la répartition de la richesse qui oblige les gouvernements à s’endetter pour couvrir les financements des nécessités sociales que ne veulent pas financer les populations dans leur ensemble.
Nous vivons alors le paradoxe de ces banques ou des détenteurs des masses financières par organismes interposés, comme des compagnies d’assurances et autres, qui détiennent par les dépôts ou les souscriptions des fonds disponibles, obtenu par obligation ou par souscription volontaire, une capacité de crédit qui leur fournit le pouvoir de peser sur les Etats, au point d’imposer des mesures de rigueur sur le remboursement de fonds dont elles ne sont pas propriétaires, pour beaucoup, mais dont elles jouissent de l’usage. Un usage qui serait bien utile à l’Etat pour ne pas s’endetter.
Alors il est tout à fait juste de dire qu’en retirant nos dépôts, faute de moyen d’actions sur les compagnies, nous ébranlerions leur capacité de création de monnaie et celle du crédit. De quoi bloquer en un mois tout le processus financier des banques.
En l’état cela serait contre productif, mais si l’idée mûrit elle pourrait être source d’une nouvelle orientation des dépôts par la création d’une nouvelle banque Populaire dans laquelle les salariés iraient effectuer leurs dépôts obligatoires, et retrouver dans leur gestion le pouvoir que donne la possession de la création de monnaie qui a glissé des mains du peuple vers des particuliers.
Imaginer par aporie que tous les Français déposent leurs revenus dans une banque unique dont ils assumeraient la gestion, ils auraient créé de fait la banque de France, car dans leur totalité ils sont l’Etat.
Et nous pouvons comprendre que d’imposer les dépôts dans diverses banques a offert à leurs propriétaires nominatifs ou mutualistes comme la banque populaire le pouvoir de battre monnaie qui était celui du peuple.
C’est ainsi qu’afin d’éviter la thésaurisation et de lutter contre la dévaluation nous nous sommes rendus dépendants d’oligarchies financières qui imposent leurs lois et de plus nous ne pouvons pas les laisser s’effondrer pour garantir les dépôts que nous leur avons confié.
Alors Madame Lagarde devrait regarder les matchs de football pour comprendre que la marche en avant n’est pas la ligne droite et ainsi trouver dans les propos de M. Cantona le fond de la rébellion face aux injustices d’une régression qu’elle cautionne, servile aux marchés financiers qui la presse.
Et je comprends que l’idée la fasse trembler.
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