La catastrophe à Mayotte n’est pas d’origine naturelle
L'esprit colonisateur français a peine à considérer que les Mahorais sont des Français et que Mayotte fait partie de la République et doit bénéficier de l'État de droit et de l'État social au même titre que la métropole. Pour Bayrou, Mayotte n'est pas en France. C'est dire... Le cyclone n'est pas la première catastrophe écologique que subit Mayotte. En 2023, l'île avait déjà souffert d'une sécheresse qui n'avait pas été anticipée. Aujourd'hui, d'aucuns comme Retailleau, en profitent pour détourner le débat sur l'immigration. L'an dernier, c'était Darmanin qui détruisait les bidonvilles sans offrir de solutions de relogement. Pitoyables énergumènes. L'État est 1000 fois coupable de cette catastrophe républicaine et cela depuis 1841, date à laquelle elle a acheté Mayotte à un sultan.
Certes un cyclone est un phénomène naturel. Mais la catastrophe à Mayotte ne l'est pas.
D'une, il a été amplifié par le réchauffement climatique, le réchauffement de l'océan, et la charge de l'air en carbone. Ce ne sont pas des phénomènes naturels. C'est le capitalisme qui est en cause.
De deux, la catastrophe a été amplifiée par la nature des bidonvilles. C'est de la responsabilité de l'État. Le rapport de l’inspection générale de six ministères publié en 2023 dénonçait déjà « une faillite généralisée des administrations publiques » à Mayotte.
De trois, la catastrophe continue à s'amplifier par l'impréparation des secours alors que l'État savait que le cyclone allait arriver. Les gens meurent de soif et de faim en France depuis 7 jours et encore la semaine prochaine. Un bon moyen pour faire le tri doit penser Retailleau...
De quatre, la France a totalement délaissé Mayotte depuis qu'elle a en charge cette île : 1841. On ne peut pas dire qu'elle a manqué de temps...
De cinq, la catastrophe est évidemment amplifiée par les inégalités sociales. Ce ne sont pas les métropolitains qui meurent, mais les Comoriens et les Mahorais. 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (cette population est pourtant plus riche que dans les Comores), et une personne sur trois réside dans une habitation précaire faite de tôle.
De six, les projections du GIEC indiquent qu’avec 1,5 °C de réchauffement global (or, nous avons déjà atteint +1,5°C), la proportion de cyclones tropicaux intenses pourrait augmenter de 10 %, et de 20 % si le réchauffement atteint 4 °C (Le GIEC a annoncé que nous étions partis pour +3,2°C). Bien que le nombre total de cyclones devrait rester stable, leur intensité croissante pose un défi majeur pour les populations vulnérables. Le prochain cyclone est pour quand ? Dans 15 jours ? Rappelons qu'en 2023, Mayotte a souffert d'une sécheresse... Aujourd'hui, ils attendent les bouteilles d'eau...
Cette catastrophe doit élargir la réflexion sur l'impréparation généralisée en France comme ailleurs à la catastrophe systémique en cours. Nous parlons de réchauffement climatique, ou de catastrophe écologique, mais en fait nous sommes dans une catastrophe systémique parce que lorsque survient un cyclone, ou une inondation, le phénomène devient une catastrophe du fait de notre organisation et notre impréparation. La catastrophe systémique, c'est l'état du monde non résilient. On se focalise sur le réchauffement climatique, mais la catastrophe écologique a déjà commencé à fragiliser toutes les économies. Des ruptures du système interviennent tout le temps désormais. Outre les événements climatiques, l'épuisement des ressources provoque des pénuries ou des hausses astronomiques des tarifs. Cette perturbation économique fragilise tous les régimes politiques qui ont tendance à choisir la voie de l'autoritarisme plus tôt que la démocratie. Il y a aussi le déplacement des populations à travers le monde provoqué par le réchauffement....
Qui dit que là où nous sommes, nous sommes assurés d'avoir le minimum vital pour survivre en cas de grandes ruptures synchronisées économiques, politiques et écologiques ? Quand on parle de s'adapter au réchauffement en prévision d'une hausse de +4°C, réalise-t-on que c'est parfaitement invivable, car c'est 50°C à Paris plusieurs jours dans l'année ?
Le spectacle que nous offre la classe politique actuelle du monde entier montre que nos décideurs (qui ne sont pas forcément ceux qu'on entend le plus) nous mènent vers le précipice. Ces gens-là nous persuadent qu'ils ont la solution alors qu'avec eux, le climat se réchauffe, les économies s'écroulent, les inégalités augmentent. Partout dans le monde. Ces gens-là nous persuadent qu'il faut des experts, des cabinets-conseils et des politiciens professionnels parce que les citoyens sont incapables de savoir ce qu'ils veulent, de s'organiser, etc. Ce sont des fariboles pour se réserver les bonnes places. Il faut tout de même se représenter que tous nos élus professionnels font partie des 10% les plus riches du monde. Que voulez-vous qu'ils prennent comme décision pour baisser leur confort au profit de l'intérêt général ?
Les citoyens doivent prendre leur destin en main. On dit qu'on n'a pas essayé l'autoritarisme de l'extrême droite, mais c'est faux. On l'a déjà essayé en des temps funestes. Ce qu'on n'a pas essayé, c'est que le peuple se saisisse des pouvoirs qui sont liés à la souveraineté populaire à commencer par reprendre le contrôle de ceux qui nous gouvernent et qui légifèrent. Non qu'il ne doive plus y avoir de "représentants" du peuple, mais il faut qu'ils soient contrôlés et qu'ils puissent être révoqués. Et qu'ainsi ils soient transformés en délégués à mandat défini et révocable. Cela exige une constituante fabriquée par les citoyens afin que le peuple ait l’initiative de la politique et pas par nos élus qui n’auront de cesse de légitimer leur position. Actuellement notre démocratie représentative est un régime d’usurpateurs de la souveraineté.
Ce mouvement peut être commencé dès aujourd’hui en interpelant nos politiques sur le plan B local : celui qui nous garantisse que s'il y a ruptures simultanées, nous soyons assurés, là où nous vivons, d'être pourvus des conditions minimales de survie.
Aujourd'hui, en France, des gens meurent de soif et d'eau.
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