La chute brutale de Netanyahu
Pour ce qui est de Mansour Abbas, le chef du parti islamiste Ra’am, il aura réussi de faire d’une pierre deux coups. D’un côté son statut de clé de voûte du futur cabinet de rotatsia lui permettra d’obtenir notamment des crédits et plus de policiers pour les quartiers arabes d’Israël où la criminalité est monnaie courante, et de l’autre, il se sera vengé froidement de son mentor Netanyahu qui a péché par son copinage avec les Emirats et le Bahreïn, deux pays qui vomissent les Frères musulmans dont le parti Ra’am se sent proche.
Le leader de Yesh Atid, Yair Lapid (G), le leader de Yamina, Naftali Bennett (C) et le leader du Ra'am, Mansour Abbas (D), signent un accord de coalition le 2 juin 2021 (avec l'autorisation du Ra'am).
Après 12 ans au pouvoir que ses pourfendeurs disent qu’il l’a exercé sans partage, le chef du Likoud Benyamin Netanyahu est enfin bouté – via la petite porte – par une coalition des plus hétéroclites qui veut sa tête à tout prix. Honnêtement, si j’étais à sa place j’aurais pris le large au moment où son grand pote Donald Trump a quitté la Maison-Blanche. Faux calculs ? Folie des grandeurs ? Certainement. En tout cas pour un ex-MIT, diplômé en architecture, c’est ric-rac. La maison Likoud est au bord de l’effondrement même si avec 30 mandats elle demeure la première force du pays. La nouvelle du ralliement du parti islamiste Ra’am (4 sièges) et du parti religieux sioniste Yamina (7 sièges) à la coalition Yair Lapid, annoncé ce mercredi 2 juin quelques minutes avant minuit (dead-line), en a été la première fissure. Il faut dire que la signature de Bennett n’a été obtenue qu’après la satisfaction de deux conditions sine qua none. Primo : sa conduite du prochain gouvernement (si celui-ci est toutefois confirmé en Knesset le 14 juin prochain) avant le boss du Yesh Atid de Yair Lapid (17 mandats) qui est quand même celui qui a officiellement chargé le 5 mai dernier de former un gouvernement après l’échec de Netanyahu. Secundo : Mme Ayelet Shaked, la numéro 2 de Yamina et ancienne ministre de la Justice, prendra la place de la cheffe du Parti travailliste, Merav Michaeli, au sein de l’influent comité lié à la nomination des juges.
Pour ce qui est de Mansour Abbas, le chef du parti islamiste Ra’am, il aura réussi de faire d’une pierre deux coups. D’un côté son statut de clé de voûte du futur cabinet de rotatsia lui permettra d’obtenir notamment des crédits et plus de policiers pour les quartiers arabes d’Israël où la criminalité est monnaie courante, et de l’autre, il se sera vengé froidement de son mentor Netanyahu qui a péché par son copinage avec les Emirats et le Bahreïn, deux pays qui vomissent les Frères musulmans dont le parti Ra’am se sent proche.
Caprices c’est fini !
Bref, c’est terminé pour Bibi. Son bilan anti-Covid plus que brillant et ses percées diplomatiques dans certains pays arabes, où le terrain lui a été déblayé par Donald Trump et le binôme Pompeo-Kushner, intéressent finalement peu la société israélienne. Laquelle société aspire plus au changement qu’aux effets d’annonce. Il faut dire que les années de Netanyahu ont été cauchemardesques pour nombre d’Israéliens. Blocage des institutions faute de budget, fatigue des électeurs (4 scrutins législatifs en deux ans), division de la société à cause d’un discours politique haineux qui a dressé les Israéliens les uns contre les autres, à la manière de Donald Trump pour qui toute personne qui le contredit est un ennemi à abattre.
Enfin il reste une lueur d’espoir pour Bibi : qu’un député de la fragile coalition Lapid-Bennett à 61 mandats fasse défaut le jour de l’investiture parlementaire dans moins de deux semaines. Si le futur gouvernement Bennett échoue à obtenir la confiance de la Knesset le 14 juin, le balle reviendra chez le président Reuven Rivlin, qui la renverra à son tour à la Knesset qui nommera un député pour former un nouveau gouvernement. Ce MKs (Member of Knesset) pourra être n’importe qui : Lapid, Bennett, Shaked, Ayman Odeh (Hadash/communiste) … Il aura à son tour 28 jours pour constituer une coalition, faute de quoi le pays ira vers des cinquièmes élections.
Mais c’est sans compter avec le futé Bennett, le Juif orthodoxe millionnaire (qui compte de puissants relais aux Etats-Unis, d’où ont émigré ses parents vers Israël) qui pourra le cas échéant combler le trou en convaincant un ou deux députés du Likoud de rallier la coalition si des députés arabes de la Liste unifiée (6 sièges) ne l’eurent pas fait.
http://chankou.over-blog.com/2021/06/la-chute-brutale-de-netanyahu.html
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