La chute de Damas, une bonne nouvelle ?
La chute inattendue de Damas, donnera une fois de plus l’occasion aux thuriféraires de cet occident (Dans lequel je ne me reconnais pas) et de ses valeurs de se réjouir de cette "victoire". Il est hélas des victoires à la Pyrrhus que l’on paie pendant en larmes de sang pendant des générations.
Les dieux punissent les mortels en exauçant leurs voeux, la vieille malédiction grecque reste valable et si l’on en juge par les cris de joie qui ont succédé à la chute de Damas, la haine divine est sur nous !
L’occident et ses valeurs, enfin la partie de la population assez naïve pour accepter ce narratifs des services secrets US, se réjouit de la chute d’un "dictateur". On peut toujours se réjouir, mais rappelez-vous : Les dieux rendent fous ceux qu’ils veulent perdre.
Folie que de s’imaginer que les bandes islamistes qui ont pris Damas conduiront à une démocratie ou à un régime où la population sera prise en compte. Neuf années de guerre civile nous ont enseigné tout ce qu’il y a à savoir sur ces gens : Massacres, exécutions, ces gens ont "fait du bon travail[1]" et le triste sort des femmes et fillettes Yézidis[2] promet, si le futur reflète le passé un brillant "avenir" à la Syrie.
Ces gens avaient des liens avec les organisateurs du Bataclan, avec l’assassin de Samuel Paty, dont la famille se réjouira sans doute de voire les complices honorés par la diplomatie française et notre président[3]. Mais bon, le corps enseignant avait déjà laissé passer la démocratie, la paix et le courage sur le cadavre de son collègue.
Alors, certes, Bashar el Assad laissait sa police politique s’en prendre à ses opposants, y compris les amis de ceux formés dans les universités américaines et bien en cour à Washington. Il est plus facile de s’opposer avec le soutien de la CIA que contre elle ! Quand à ceux originaires de la mouvance islamistes, ils seront heureux de propager leurs hurlements de haines sans risquer de rencontrer la police Baassiste.
Mais rappelez-vous la chute de Kaboul. Aujourd’hui, Karzai est en fuite et vous pleurez sur le sort des femmes Afghanes. Certes, mais qui arma les Moudjahidines durant les années 80 pour combattre les soviétiques ?
Qui arma l’EI en Syrie ?
Qui a soutenu la chute du gouvernement Kadafi en Libye ?
À chaque fois la même logique : Au nom des grands principes et des grands sentiments, pour se sentir grand noble et généreux, on arme la lie de la terre. Il valait mieux les islamistes (Qui commettent d’ailleurs des attentats en France) que le communisme ou les laïques, nationalistes des partis Baas désireux de défendre leur nation. Ou du moins de la piller eux même, sans laisser une bourgeoisie compradore relayer les trusts occidentaux.
D’ailleurs, la chute de la Syrie, sans être prévisible, n’a rien de surprenant, tant l’occupation illégale par les USA a pillé pendant des années les ressources pétrolières et le blé syrien. Sans le moindre doute, cet argent a manqué au gouvernement syrien pour payer la sécurité et la reconstruction ! Mais qui en parlera ?
Surtout, les défenseurs de ces actes, ressemblées dans les cafés des villes de France, ne sont pas sur le terrain pour partager l’horreur vécue par les populations "Libérées". Ne pas en subir les conséquences, aide pour s’offrir une posture de "grandeur" morale. Il est vrai que certains d’entre eux bénéficierons des pillages à venir (Monsieur Niel et ses participations dans les télécoms ukrainiens, en sont un bon exemple.)
Alors, vous les avez libérés de la tyrannie du parti Baas. Eh oui, le communisme, c’est le mal, le nationalisme arabe aussi ! Kadafi et Sadam voulaient même cesser de vendre leur pétrole en dollar, il fallait donc libérer leurs peuples. On prête à ce criminel de Bashar, le crime d’avoir désiré des compensations trop élevées pour des gazoducs et des oléoducs à passer sur son pays (Quatar-Turquie ?). Crime immonde qui valait bien les trois cent mille morts de la guerre civile.
Curieusement, nous sommes légèrement moins regardant sur le Myamar ou le Rwanda (D’ailleurs, notre presse évite de nous déranger avec la situation dans ces zones, surtout la seconde où nous avons des pudeurs de violette.). Il est vrai que ces régimes passent les bons partenariats. Qu’importe que le M23[4] opère au Congo avec des troupes Rwandaises au vu et au su de tous ! La CPI, c’est pour les états non alliés aux trusts occidentaux, pas pour les Paul Kagamé.
Il en va de même en Syrie : 15000 combattants étrangers ont constitué les bataillons d’élite de la rébellion. Ils furent armés par des gouvernements extérieurs pour justement renverser le pouvoir en place ! Sans eux, pas de guerre civile !
Eh bien, maintenant vous les avez ! Damas est tombée dans la nuit noire du Califah !
Bravo, réjouissez-vous, le narratif des services US se réalise, seulement maintenant, vous allez réaliser le prix à payer !
Douze ans après l’intervention "libératrice" en Libye, le pays est toujours en guerre civile et la reconstruction reste loin.
Ce pays qui avait le meilleur niveau de vie d’Afrique sous la "dictature" a désormais sombré dans le chaos et la pauvreté. Le taux d’alphabétisation de 91% en 2015, n’est plus publié.
Le pays est devenu un centre du chaos, un territoire où le "progrès" humain et social passe par rétablir des marchés aux esclaves[5].
Nul doute que la Syrie saura suivre de près cet exemple de libération de l’humain ! Une semaine après la prise de pouvoir, les premiers actes s’annoncent en ligne avec les attentes, surtout que nos médias soutiennent ce pouvoir !
Si ces peuples avaient fait eux-mêmes leur malheur, nous pourrions en discuter et nous tenir loin de la discussion. Seulement, revenons au réel et ayons le courage d’affronter la réalité : En Libye, les bombes "démocratiques" étaient occidentales et même françaises. En Syrie, si les mouvements de notre gouvernement sont restés discret, les prises de position politiques (Avec pour couronnement, l’infâme communiqué de Monsieur Hollande pour la prise de Damas) sont, elles, la preuve d’un engagement certain du côté de l’opposition.
Il existe une différence entre laisser jouer les forces sociales d’un pays : Le parti Baas était arrivé au pouvoir en raison d’une situation locale et importer par les livraisons d’armes et d’argent une pseudo libération. La première regarde le peuple du pays qui devra assumer ses choix ou ses refus de s’engager, comme nous devrons assumer le macronisme. La seconde relève de la responsabilité morale des pays qui ont jeté de l’huile sur le feu ! Et donc, nous français ! Le monde, saura, gageons-le, nous rappeler cette dette de sang !
Bien sûr, les peuples ne furent pas consultés, le président de la République agit dans le domaine des affaires étrangères comme s’il s’agissait de son jouet et nous porteront la flétrissure de leur mauvais choix.
Là encore, le blocage des institutions, capturées par la propagande et des minorités bien organisées empêchera tout débat. Jusqu’au moment où il sera trop tard.
Il en fut ainsi de la dette : indébattable, jusqu’au moment où plus aucun gouvernement ne peut clôturer un budget. Il en sera de même avec les affaires étrangères : Le pays s’enfoncera dans le discrédit (Bien avancé d’ailleurs, grâce au sieur Macron) et l’infamie, jusqu’au moment où nous nous regarderont dans le blanc des yeux et tout le monde se demandera qui a soutenu cette politique fondamentalement criminelle !
Ce jour, là, la minorité audible qui s’est réjoui, devra se trouver appeler à payer les réparations, comme ceux qui ont voté Macron devraient rembourser au reste des Français les conséquences de son incurie budgétaire. Curieusement, nous ne les entendons pas revendiquer cet "honneur" !
Rassurez-vous, ils ne le revendiqueront pas non plus au moment de payer le crime du régime change Syrien !
[1] Merci monsieur Fabius pour cette triste phrase qui restera dans la mémoire collective.
[2] Pour ceux qui auront le triste courage de lire :
Génocide des Yézidis — Wikipédia
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