La coalition anti-Daech monte en puissance en Afrique
Charles Saint-Prot, directeur général de l'Observatoire d'études géopolitiques, analyse la récente réunion mondiale contre le terrorisme
La coalition anti-Daech monte en puissance en Afrique
Charles Saint-Prot
Directeur général de l’Observatoire d’études géopolitiques.
Tenue à Marrakech, au Royaume du Maroc, les 12 et 13 mai 2022, la Réunion ministérielle de la coalition anti-Daech, coorganisée avec les États-Unis a mis l’accent sur le défi du terrorisme pour l’Afrique. Cette coalition créée en 2014 pour combattre les extrémistes rassemble plus de 80 pays et organisations.
Pour la première fois depuis la création de la coalition il y a huit ans, la rencontre des pays engagés dans la lutte contre Daech s’est déroulée en Afrique, avec un accent particulier mis sur le Continent africain. En effet, si, depuis la chute en 2019 de son « califat » en Irak et en Syrie, l’État islamique a perdu le contrôle des territoires conquis en 2014, le groupe est loin d’avoir disparu notamment en Afrique, en particulier au Sahel et dans le Golfe de Guinée, où 48% des morts dus au terrorisme ont été déplorés.
L’Afrique cible du terrorisme
Le communiqué final indique que « Les participants ont exprimé leurs préoccupations quant à la prolifération de séparatistes en Afrique qui génèrent une déstabilisation et une vulnérabilité accrue des États africains, et qui, en fin de compte, favorise Daech et d'autres organisations terroristes et extrémistes violentes ». Ils ont, par ailleurs, relevé l’existence de liens entre mouvements séparatistes (par exemple le Polisario au Sahara marocain) et mouvements terroristes qui agissent en collusion. C’est ce qu’a rappelé Nasser Bourita, mettant indirectement en cause le régime algérien et soulignant que « le séparatisme et le terrorisme sont souvent les deux faces d'une même pièce. Ceux qui financent, abritent, soutiennent et arment le séparatisme contribuent finalement à répandre le terrorisme, ainsi qu'à compromettre la sécurité de territoires en paix. Faisons bien attention, encourager le séparatisme, c'est bien être complice du terrorisme ».
Les participants ont également rappelé l’approche civile adoptée par la Coalition dans la mise en œuvre de ses efforts en Afrique.
Dans son discours de clôture, le ministre marocain des Affaires étrangères a déclaré que l’Afrique est devenue la principale cible des groupes terroristes et qu’il était « fier de l’attention particulière accordée au continent africain, une première depuis la création en 2014 de cette coalition axée, au départ, sur la lutte contre le groupe État islamique en Irak et en Syrie.
Les groupes extrémistes, qui ont de plus en plus recours aux nouvelles technologies entrainent de lourdes pertes économiques pour le continent africain, a poursuivi le ministre marocain qui a ajouté « Aujourd’hui, 27 entités terroristes basées en Afrique sont inscrites sur la liste des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies . Un total de 1,4 million de personnes a été déplacé en 2021 en Afrique de l’Ouest et au Sahel en raison des conflits dans la région »
Mme Victoria Numald qui remplaçait le secrétaire d’État américain testé positif à la COVID-19, a affirmé que les participants se sont réunis pour « partager l’engagement d’assurer la défaite durable de l’État islamique en Irak et en Syrie, à travers le continent africain et dans le monde entier »
Une menace persistante
Selon les chiffres du contre-terrorisme américain, le nombre d’incidents terroristes au Sahel a augmenté de 43 % entre 2018 et 2021. Et ce terrorisme continue constituant une menace persistante aussi bien au Sahel, que dans le Golfe de Guinée ou en Egypte où une douzaine de personnes ont été tuées au Sinaï le 11 mai dernier.
Parmi les engagements pris par les participants à Marrakech, en plus de la poursuite des efforts de stabilisation dans les zones du Proche-Orient où l’État islamique était implanté, figure donc celui de prendre en compte d’autres parties du monde menacées par le groupe terroriste, et en particulier l’Afrique.
Cette première réunion de la Coalition mondiale anti-Daech en Afrique constitue à la fois un succès pour le Maroc et un tournant dans l’engagement et la coordination internationale dans la lutte contre les groupes terroristes avec un accent particulier mis sur le continent africain.
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