La commission pour le Livre Vert de Martin Hirsch
« Une politique de la jeunesse rate sa cible si elle se limite à une partie des jeunes ». C’est pourtant bien ce que je redoute à la vue de la constitution de cette commission.
4 mois de travail en tout auxquels ont participé environ 70 personnes "qualifiées" dont la liste est consultable ici. Qui s’y trouve ? Des représentants des étudiants, des partenaires sociaux (y compris le MEDEF), les chambres consulaires, des jeunes représentant les Scouts, l’ANACEJ, la JOC, le MRJC, Léo Lagrange, le Conseil National de la Jeunesse... On y trouve aussi des représentants des collectivités territoriales, des parlementaires (de droite comme de gauche), le monde universitaire, les Missions Locales, E2C France (école de la deuxième chance), quelques associations : la Ligue de l’Enseignement, l’UNAF, Animafac, l’AFIJ et Unicités ; et enfin quelques personnalités comme Olivier Galland (le seul sociologue de la commission !), le directeur de l’AFPA et d’autres personnes dont une magistrate ou bien encore la DRH du groupe Danone... Ben oui, Danone se préoccupe de l’avenir de nos jeunes...
Un petit regard critique sur cette composition ? On ne peut pas dire que cette commission respire la diversité ethnique ! Le seul patronyme à consonnance maghrebine par exemple est celui d’Ali Sidhoum, présent en "qualité" d’ancien stagiaire de l’Ecole de la deuxième chance de Paris... Autre critique, la présence marquée d’organismes à vocation chrétienne et de plus, aucun représentant d’obédiance islamique par exemple... Un seul sociologue présent (heureusement, un bon), aucun représentant d’organisme privé d’insertion professionnelle (tel C3 Consultants) a qui les pouvoirs publics demandent pourtant de suppléer aux carences des Missions Locales et du Pôle Emploi ; quant aux mouvements d’éducation populaire et autres associations qui travaillent activement auprès de la jeunesse comme la Fédération Nationale des Centres Sociaux et Socioculturels, ou bien encore les MJC et autres Maisons de quartier, ils ne sont pas représentés, alors même que le Livre vert insiste sur l’importance de l’éducation informelle et principalement sur l’éducation populaire... Notons aussi l’absence d’un grand spécialiste de la jeunesse en France, j’ai nommé l’INJEP qui est pourtant l’outil le plus important dans ce domaine que possède notre gouvernement. Tout cela, à mes yeux, jette déjà un certain discrédit sur ce Livre vert. "Une politique de la jeunesse rate sa cible si elle se limite à une partie des jeunes". C’est pourtant bien ce que je redoute à la vue de la constitution de cette commission.
UN AGENDA DE REFORME
Quel est l’objectif de ce travail ? Un agenda de réforme allant de 2010 à 2015. Là, c’est un bon point si c’est tenu, car on reparle enfin de ce que doit être la politique : une vision de l’avenir. La commission selon ses propres dires, "a travaillé pour produire du changement". Dans une société où les jeunes payent plus en cotisations chômage qu’ils ne recoivent d’indemnisation, alors qu’ils subissent de plein fouet ce chômage, la responsabilité de tous est engagée pour mettre fin à cette pénalisation. C’est pour cette raison que la commission a d’abord travaillé sur les problématiques de l’éducation et de l’emploi. Ambition qui vise à rendre les jeunes citoyens :
- autonomes
- solidaires
- responsables
- engagés
L’autonomie est à mes yeux le point le plus important à travailler, surtout dans un pays dont la politique fait passer les aides par la famille d’abord (CAF), y compris au-delà de 18 ans, bridant les possibilités d’autonomie dans l’oeuf. Comme le dit la commission en préambule : "Développer l’autonomie des jeunes, c’est développer l’indépendance financière et résidentielle des jeunes, en même temps que leur capacité à prendre individuellement et collectivement les décisions qui les concernent. Cela implique aussi d’accompagner les jeunes pour favoriser leur orientation scolaire et professionnelle et leur émancipation culturelle" (on remarquera d’ailleurs la brillante absence de représentants de la culture dans la commission). Mais qu’est-ce que la jeunesse ? La commission se pose la question, estimant que le découpage actuel des 16-25 ans est trop restrictif pour appréhender les enjeux de la jeunesse. Elle préfère définir cette jeunesse comme "un passage qui commence à la fin de la scolarité obligatoire et finit par l’insertion durable dans la vie active". Rien de nouveau sous le soleil, mais au moins c’est dit et écrit. Elle spécifie aussi qu’une des caractéristiques de la jeunesse est le tâtonnement, et imagine même un droit à l’erreur en matière d’orientation, ce qui pourrait être révolutionnaire à terme si cette idée est suivie d’effet, car n’oublions pas qu’il s’agit d’un livre vert, c’est à dire les bases d’une simple réflexion...
Constat premier : notre système éducatif prépare mal à la vie professionnelle. Et "les liens entre la sphère éducative et le monde de l’entreprise sont beaucoup trop ténus, peu solides". A quoi s’ajoute une mauvaise coordination des acteurs (trop ?) multiples ; "un rôle insuffisant des entreprises dans la formation et l’orientation des jeunes" ; "une répartition de l’effort public très inégale"...
C’est sur les bases de ces réflexions que la commission a décidé de travailler pour présenter les objectifs d’une nouvelle politique de jeunesse. A suivre
5 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON