La communauté rassure, le communautarisme divise !

Quand une personne ou une famille arrive dans un pays étranger, et notamment dans un pays dont il ne maîtrise pas la langue, elle recherche à se rassurer et à prendre quelques repères.
Elle a besoin de connaître les us et coutumes et notamment les bases essentielles pour pouvoir vivre dans le pays d’accueil.
Son premier réflexe naturel, grégaire, c’est de contacter des personnes immigrées venant du même pays qu’elle.
C’est un voisin, une connaissance ou une personne rencontrée fortuitement.
Cette attitude « identitaire » explique le succès des associations regroupant des personnes originaires du même pays, de la même communauté réelle ou supposée.
Parfois la recherche est vaine ou alors se termine par un fiasco.
L’identité étiquetée ou les ressemblances peuvent n’être qu’apparentes.
Un jeune peut toujours appeler un autre « mon frère » en fonction d’une apparence supposée à une même communauté, il risque d’obtenir la réponse qu’il n’attend pas : l’aspect n’est rien, chacun s’est construit ou se construit grâce aux influences que son environnement a exercées : rencontres, éducation.
L’inclusion des personnes issues de l’immigration est un enjeu politique et social important.
Elle suppose que des espaces communs existent dans le cadre du service public et au sein des associations et que soient combattus la stigmatisation d’une part et le communautarisme de l’autre, ces deux attitudes se nourrissant mutuellement.
La stigmatisation est l’attitude qui consiste à considérer que les personnes supposées appartenir à telle culture, en fonction de leur visage sont automatiquement des « étrangers »,incapables de s’intégrer….
Cette stigmatisation conduit par exemple à considérer que les musulmans ou supposés musulmans sont des islamistes en puissance.
Cette stigmatisation de nature « raciste » car elle rejette des personnes n’a pas, apparemment la même nature que celle qui consiste à expliquer que les musulmans appartiennent à une religion des pauvres et qu’on ne doit pas leur imposer « mécaniquement » nos lois « occidentales » d’égalité entre l’homme et la femme.
Cette dernière stigmatisation, dite positive qui n’est que du relativisme culturel, consiste à supposer que ces personnes ne comprendraient pas….
Eh bien non, pour les laïques, l’égalité des droits est l’un des principes républicains qui est valable et applicable partout sur le territoire de la République.
Ces deux attitudes supposées contradictoires mènent au communautarisme, c’est-à-dire à des attitudes ou des aspirations de minorités ou de majorités culturelles, religieuses, « éthniques » qui visent à se différencier volontairement, non seulement pour s’entraider, mais surtout pour se dissocier du reste de la société.
L’enfermement communautaire, qui est de fait une exclusion de l’autre et de soi par rapport à l’autre n’est pas le fait d’une seule religion, dite minoritaire.
Des catholiques en nombre croissant se retrouvent dans des regroupements professionnels, dans des associations familiales confessionnelles ou envoient leurs enfants dans des écoles, abusivement dites libres qui sont confessionnelles.
C’est un repli communautaire qui rejette l’autre, celui qui n’est pas pareil, même si le discours officiel prétend le contraire : on accepte des non catholiques écrivent-ils dans leurs dépliants publicitaires.
Le communautarisme, quelle que soit sa forme est un facteur de division et de désintégration des solidarités qui doivent lier les hommes et les femmes de toutes origines qui vivent dans la même cité et qui construisent un monde que l’on ne veut pas voir se segmenter en fonction des origines.
Comme l’a écrit Amin Maalouf dans son livre « le dérèglement du monde » :
« L'appartenance religieuse est exclusive, l'appartenance linguistique ne l'est pas ; tout être humain a vocation à rassembler en lui plusieurs traditions linguistiques et culturelles ». Il y a là, non seulement une promesse pour l’avenir mais des pistes permettant de briser le communautarisme.
C’est en multipliant les lieux de rencontres, c’est en construisant et en faisant vivre et agir des associations laïques d’éducation populaire que l’on pourra faire avancer l’inclusion républicaine et faire reculer l’assignation de citoyens à une quelconque appartenance religieuse ou autre.
Jean-François Chalot
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