La complainte des gens heureux
Les gens vraiment heureux, une catégorie en voie de disparition. Mais qui sont-ils ? Une seule question semble les obséder, la réussite sociale serait-elle indispensable pour justifier à elle seule, le bonheur des gens heureux ?
Cela va s’en dire, mais c’est mieux en le disant
Jeune garçon, ma maman m’avait dit « si tu veux être heureux toute ta vie, apprends à apprécier ce que tu as, parce que tu peux le perdre. Si tu veux être malheureux toute ta vie, passe ton temps à déplorer ce que tu n’as pas »
A l’adolescence, j’avais déjà accepté comme naturelle l’injustice de la vie. J’avais un copain qui m’étonnait sans cesse. Il était un flemmard de première tout en étant dans les meilleurs élèves. Au foot, celui qui marquait des buts, c’était lui. En boum, celui qui draguait la plus belle fille, c’était encore lui. Fallait-il lui en vouloir, alors qu’il n’y était pour rien ? J’ai fait avec. Au foot milieu de terrain, j’essayais de lui faire de bonnes passes. Pour les surprises-parties de l’époque, je lui demandais où il allait pour aller ailleurs, ça le faisait rire et nous étions complices.
Plus tard professionnellement, j’ai eu l’occasion d’envier un cours instant, quelqu’un qui avait tout, me disant simplement qu’il avait de la chance. N’étant pas jaloux de nature, ce constat passa très vite de ma mémoire. Quelques temps plus tard, j’appris par un proche de sa famille, qu’il s’était suicidé sans aucune explication, laissant une épouse et deux jeunes enfants.
Encore aujourd’hui, lorsque je rencontre une personne dotée d’un bonheur insolent, je me sermonne de ne pas l’envier.
En effet, la réussite apparente est souvent dérisoire
Pourtant il existe des gens qui ne savent pas faire autre chose que de s’investir en permanence. Réussir pour eux tient du réflexe, une sorte de TOC dont ils sont les victimes. Ils pourraient être classés dans la catégorie des infatigables aux bénéfices, alors qu’ils sont conditionnés. Le peuple aime le bricolage, la lecture, le sport, se divertir en famille ou entre amis, le gagneur reste préoccupé le dimanche, ses soucis ne se limitant pas aux 35 heures.
Qu’il ait une superbe maison avec tout ce qu’il faut, une Ferrari au garage, ou un yacht amarré quelque part suivant sa fortune, ne l’enviez pas, il n’en profite pas. Sa vraie vie, c’est la course contre la montre, d’avoir des rendez-vous, et résoudre les problèmes. Tout le monde le sait, il sera comblé.
Charles Aznavour l’avait si bien décrit, en chantant « Mes amis, mes amours, mes emmerdes »
Ce qu’on ne dit pas dans les écoles de commerce
La réussite sociale est synonyme d’une part de solitude, et l’échec de rejet.
En gros, l’entrepreneur qui réussit sera considéré dans le meilleur des cas, comme un profiteur. S’il échoue, il sera réduit à un incapable qui a beaucoup déçu.
La réussite est toujours précaire. Tandis que le bonheur risque d’être serein, quand il ne dépend pas exclusivement des autres.
La réussite de l’investisseur reste à jamais précaire à cause des autres. Moins ils seront, mieux ça sera, à part les incontournables ; les clients, les fournisseurs, les banquiers, les inspecteurs du travail, plus ceux de la concurrence et des prix, sans oublier des impôts, des douanes, et bien sûr les représentants des syndicats voulant le meilleur pour le personnel.
Qu’y a-t-il de meilleur qu’un bon emploi à vie, sans contraintes, sans risques, sans objectifs à réaliser, je vous le demande ? Certes, ce choix mettra définitivement à l’abri des réussites exceptionnelles, mais aussi des échecs dont on se relève difficilement. Pour tout dire, atteindre le bonheur paisible. Cependant pour certains, cette quiétude sera gâchée, car c’est toute la semaine qu’ils trouveront les leaders insupportables, et le temps incroyablement long.
En somme, « Heureux … si je veux !!! »
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