La condamnation de Nicolas Sarkozy : l’arbre qui cache la forêt
En janvier 2007, Nicolas Sarkozy disait : "Je veux changer la pratique de la République. Je veux une République irréprochable" . Aujourd'hui, l'ancien président est condamné définitivement à trois ans de prison dont un ferme pour corruption et trafic d'influence dans l’affaire dite "des écoutes de Paul Bismuth". En effet, le 18 décembre 2024, la Cour de cassation vient de confirmer sa condamnation en première instance du 1er. Mars 2021. Rappelons également que Nicolas Sarkozy a déjà été condamné le 30 septembre 2021 à une année de prison ferme pour "financement illégal de campagne électorale". Ainsi l'ancien président de la République est condamné pour la deuxième fois à de la prison ferme dans deux affaires différentes. C'est historique ! Plusieurs autres affaires attendent encore Nicolas Sarkozy devant les tribunaux. En même temps, l'ancien chef de l'Etat a reçu d'innombrables soutiens y compris du pouvoir en place. Car dans cette république bourgeoise que certains qualifient " d'exemplaire" et "d'irréprochable", plus on est condamné pour affaires de corruption et plus on est soutenu !
La condamnation à deux reprises de Sarkozy n'est que l'arbre qui cache la forêt. Le nombre d'hommes politiques impliqués, à un degré ou à un autre, dans les affaires est impressionnant. Il est tout simplement impossible d'établir une quelconque liste exhaustive des scandales politico-financiers qui secouent régulièrement tous les échelons de l'Etat. Car ces "affaires" et ces scandales sont intimement liés au fonctionnement même du capitalisme qui les produit et reproduit de manière permanente. Il ne s'agit pas ici d'une affaire de morale, républicaine ou non, mais la conséquence d’un système économique dont les intérêts de classes constituent le fondement matériel. Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron ne disaient-ils pas : "Nous conjurerons le pire en remettant de la morale dans la politique" par "une vraie stratégie de moralisation de la vie publique" .
Les institutions de cette république bourgeoise non seulement sont complices de ces agissements, mais permettent et favorisent la multiplication des opportunités de corruption et des scandales en tout genre. Et toutes les déclarations et les gesticulations autour de "la moralisation de la vie publique", de "la nécessité d’une lutte implacable contre les dérives de l’argent, de la cupidité et de la finance occulte", de "la transparence de la vie publique", de "la lutte contre la grande délinquance économique et financière" etc.. ne sont en réalité que de grossiers mensonges derrière lesquels la classe dirigeante tente de dissimuler ses pratiques mafieuses pour mieux leurrer les classes populaires. Invoquer la morale dans le cadre du système actuel est non seulement une illusion, mais par dessus le marché une grande hypocrisie.
Sans remonter jusqu'aux diamants centrafricains de Giscard, on peut citer à titre d'exemple seulement quelques noms de dirigeants politiques empêtrés, à un titre ou à un autre, dans des affaires : Alain Carignon, Alain Juppé, Jérôme Cahuzac, Patrick Balkany, Claude Guéant, Serge Dassault,Thomas Thévenoud, François de Rugy, Richard Ferrand, Jean-Paul Delevoye, Charles Pasqua, François Léotard, François Fillon, Jacques Chirac etc. etc. Il ne s'agit là que de quelques exemples qui ne doivent pas masquer le caractère récurrent et structurel de la corruption qui règne dans les plus hautes sphères de l’État. D'autres noms viendront allonger cette liste déjà longue. Marine Le Pen par exemple, dans le procès des assistants parlementaires du RN, le parquet a requis contre elle cinq ans de prison dont deux ferme et cinq ans d’inéligibilité. Elle sera fixée sur son sort le 31 mars 2025.
On peut adopter les lois que l’on veut contre la corruption, les affaires et les privilèges, mener toutes les enquêtes possibles, on peut même diminuer et limiter leur importance, mais on ne peut pas les éliminer. Car leur existence et celle du capitalisme sont tellement imbriquées l’une dans l’autre que l’on ne peut supprimer l’une sans éliminer l’autre. Les lois et les mesures prises pour lutter contre la corruption ne sont que des paravents derrière lesquels la bourgeoisie dissimule ses forfaits. Le problème n’est donc pas l’existence de la corruption, des scandales financiers, des affaires et autres privilèges, mais celle du capitalisme qui les engendre. Le véritable scandale, c’est le capitalisme lui-même.
Mohamed Belaali
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