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Accueil du site > Tribune Libre > La confusion des hémisphères ou les petites compromissions

La confusion des hémisphères ou les petites compromissions

Sectaires et fermés. Qualificatifs récurrents adressés à ceux qui ne participent ou n’approuvent pas les projets gouvernementaux, quel que soit le domaine. Le temps fait son œuvre, les plus rétifs rentrent dans le rang. Conscients que l’UMP est là pour un moment, conscients que trois années de mainmise totale n’ont entamé en rien la crédibilité d’un président qui avait tout pour lasser. On s’y résout, s’y adonne, prétexte à l’appui pour en croquer ou même, servir la gamelle.

Une démocratie apaisée nécessite de la part de toutes ses parties, un respect de règles tacites. L’empoignade idéologique sur des sujets de société fondamentaux impose l’acceptation par la majorité d’un rôle réel dans le processus de décision.

F. Mitterrand lors de sa réélection avait largement pioché dans la société civile pour composer un gouvernement de “rassemblement national”. À ceux qui critiquent N. Sarkozy pour sa politique de débauchage, les éditorialistes vautrés ou les politologues de salons ont beau jeu de rappeler que le seul président de la République de gauche fit de même. Mais, mis à part un goût immodéré pour les vestales, il n’y a rien de commun entre F. Mitterrand et N. Sarkozy. Rien.

La stratégie du régime consiste à garder le pouvoir par dislocation idéologique. Semer la zizanie dans un espace politique, déjà en décomposition avancée, s’adresser à des bêtes blessées, grabataires ou malades, les recruter pour en faire des émissaires, des porteurs de fanions ne constitue pas l’ouverture dans une démocratie apaisée. Seulement une manière crasse de gérer la cité dans la perspective unique de rester aux commandes, de profiter des affaires.

Chantre de la deuxième gauche, M. Rocard s’est porté volontaire au nom de “l’intérêt du pays” pour servir de héraut à la politique anxiogène du régime. Le président du pouvoir d’achat, pour annoncer des impôts supplémentaires (en l’occurrence une taxe dite écologique) désigne, non pas son sinistre et oisif chef de gouvernement, mais un birbe dignitaire de la gauche. Le “never been” M. Rocard ne peut ignorer que cette taxe va entrer dans le dispositif général de la politique économique du gouvernement. La miraculeuse loi TEPA, le suivi des chômeurs par des opérateurs privés, la casse de l’éducation nationale ne peuvent être dissociés d’une prérogative annoncée comme ponctuelle, même au nom de l’écologie. C. Lagarde rassure tout le monde en déclarant benoite sur les ondes d’une radio publique que cet impôt sera compensé par une baisse équivalente d’autres prélèvements. Une approche globale donc.
Vendre sa minuscule notoriété pour servir l’opposition dans des projets écologiques discutables est une chose, d’autres, en authentiques cyniques foulent au pied les valeurs, les convictions, les aspirations pour sous-traiter le siphonnage électoral de l’extrême droite. Il y a avait un homme pour cela. Capable d’allier avec autant d’abnégation le mensonge, la froideur avec une antipathie naturelle qui confine au destin unique. Celui de l’ordure. Un seul, peut être. Et N. Sarkozy le déniche.
Ratisser l’ivraie chez l’adversaire pour lui faire faire les basses œuvres est malin, mais pas digne de la démocratie apaisée que la communication gouvernementale évoque à longueur de dépêches.

Dans une logique diamétralement opposée, quelques figures du gouvernement issues de l’UMP font office de gracieux partenaires. N. Kosciusko-Morizet est de ceux-là. Gracile, diaphane, elle serait appréciée, dit-on, pour sa connaissance des dossiers. Experte en écologie, elle pense, par exemple, que la croissance économique infinie n’est pas incompatible avec le respect de la planète. Courbes spéculatives de cloches à l’appui. Elle fit une campagne hardie pour le productiviste président N. Sarkozy. Finalement, récompensée par une pluie de nomination tant à l’UMP qu’au gouvernement. C’est pourtant en vierge sylvestre qu’elle débarque à l’économie numérique. Elle réussit même à passer pour fréquentable auprès des écœurés du sarkozysme. Dans son sillage une ribambelle de “geeks” fascinés qui pensent ou veulent penser qu’ils en mordront. La galerie de portraits du sarkozysme fait oublier les plus élémentaires des vérités. N. Kosciusko-Morizet partage solidairement, comme membre du gouvernement, les décisions concernant la politique d’immigration, les réformes économiques ou l’embastillement des internautes. Elle fait banc commun, cause commune, avec M. Alliot-Marie, E. Besson ou B. Hortefeux. Elle reçoit ses subsides par la voie hiérarchique. Quand F. Lefebvre s’exprime au nom du gouvernement, il y inclut inévitablement la sympathique maire de Longjumeau. Et le président déclare probablement qu’”elle fait un travail remarquable”.

Grosses ficelles, plus que génie politique, on use et abuse de subterfuges. La médiasphère se regarde regarder ces pitoyables comportements sans y apporter le moindre éclairage. Il y a assez de gens de talent à droite pour faire un gouvernement complet. Faire croire en des “tasks forces” réunissant les “bonnes volontés” pour trouver des solutions consensuelles dans l’univers étriqué du sarkozysme est une fable. Tout est pouvoir. Le conquérir, le garder. Les petites compromissions comme les mascarades nombrilistes ne servent en rien la démocratie. Quoi qu’en pensent les serviteurs zélés et les opportunistes de ce régime plébiscitaire.


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8 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 10 août 2009 11:58

    Quelqu’un a dit : « Dire détruit toujours ce qui était à dire ». (Magendie ?)

    Ce qu’Elie Wiesel a traduit pasr ces mots : « Chaque question possède une force que la réponse ne contient plus. »

    Sarkozy ou ses conseillers ont appris la leçon : c’est ainsi qu’ils organisent des enterrements de première classe pour toutes les bonnes idées qu’ils n’ont pas et se gardent bien d’avoir, ils y perdraient la confiance des maîtres c’est-àdire ceux qui ont l’argent.


    • vogelsong vogelsong 10 août 2009 21:48

      Je ne connaissais pas cette expression.

      Qui tombe à point nommé. Merci.


    • clostra 10 août 2009 18:31

      Tout à fait d’accord avec cet article en forme de résistance.

      L’histoire aura cependant donné une « bonne leçon » à ce quinquennat qui se voulait triomphant et finalement « fingers in the nose » dans un environnement d’éternelle croissance, de prospérité...

      L’indifférence...

      C’est invraisemblable de ramer comme ça à contre sens et ils le savent.

      Non, l’histoire ne nous apprend rien ! malheureusement, l’histoire ne nous apprend rien que les mêmes choses qui se reproduisent à l’infini.


      • vogelsong vogelsong 10 août 2009 21:51

        Ils pensaient avoir des difficultés.
        Toutes la finesse réside dans l’accaparement du pouvoir. Comme vous le dites : « ils savent »

        L’histoire ne se répète pas, elle bégaye. Je ne sais pas en fait...

        Cordialement


      • paul 10 août 2009 21:27

        La sarkozie prospère, nous encercle, nous étouffe, sans rencontrer d’opposition constituée .
        Entre les jeunes, trop occupés à trouver ou à conserver leur emploi, et les retraités, il y a les quadras et les quinquas qui n’ont plus l’âge de se faire tondre la laine sur le dos -surtout
        jusqu’à 67 ans .Jusqu’ où accepteront-ils ce délitement de notre société ?


        • vogelsong vogelsong 10 août 2009 21:52

          Vous avez raison. On a l’impression que les limites ne sont jamais atteintes.

          Méfions nous tout de même de l’accumulation des énergies et des frustrations...

          Courage


        • MAIKEULKEUL 11 août 2009 01:06

          Beaucoup de politiques font carrière, préservent leurs privilèges et leurs petites combines, mais n’ont plus d’idéaux : ils font du « marketing politique »

          Ce système est entré en déliquescence depuis un moment, et comme tout système qui se pourrit de l’intérieur, il va s’effondrer.

          Voir rocard lécher les bottes du nabot est d’une tristesse sénile et ne peut qu’accentuer la dégringolade.

          Les intenses campagnes médiatiques laissent croire que les gens sont résignés, mais le chaudron bout, et ils sont morts de trouille à l’idée que ça pète.

          Le petit à talonnettes ne va plus en province, et lorsqu’il y va, vous avez vu le déploiement des forces de l’ordre.C’est pas un signe ça !!!


          • clostra 11 août 2009 10:39

            à propos de « marketing politique » et finalement en généralisant, on le voit bien, avec la communication (un mot qui d’ailleurs à complètement perdu son sens ou du moins nous perd à chaque tournant) apprise dans les livres alors qu’elle était le résultat d’une progression dans la qualité de l’être, une texture de l’être acquise grâce à un idéal sculpté au feu de l’expérience et de la réalité.

            Nos politiques n’ont plus d’idéaux qu’ils aient forgés eux-mêmes (savent-ils même encore en parler de leurs idéaux ?) et sont le reflet de notre société. Un « relooking » n’a jamais changé un homme en profondeur...S’il existait, c’était par touches fines aboutissant à un « look » unique, une « marque » de la vie.

            A confondre la communication entre les êtres et le marketing, des connaissances ont été enseignées qui ne devraient jamais l’être*, ainsi, les politiques - allez, pas tous, nous avons tous en tête quelques exemples d’hommes politique, de militants associatifs qui sont des êtres consistants et jamais interchangeables - ils sont devenus cette assemblage hétéroclite et très vendeur que sont les « packagings », recyclables à l’infini, des sortes de chimères...

            *des connaissances « au résultat » permettant probablement à beaucoup de faire l’impasse sur ce qu’on appelait les « Humanités ». Et le résultat, c’est le bluff !

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