La conscience contre soi :
« Comme cette existence est essentiellement personnelle, la fin de la personnalité ne devrait pas être regardée comme une perte », devança Arthur Schopenhauer jadis. Maintenant que nous sommes parvenus au paroxysme de ce qui ne se justifie plus, l’étonnement de ce qui peut encore advenir devient par conséquent universel. Au cours de cette descente, la norme de chacun se base alors uniquement sur les possibilités de survie individuelles de chacun pour des causes désormais perdues.
Ceux qui éprouvent leur singularité comme substantielle en plein milieu de l’anomalie qui prévaut actuellement avec laquelle ils tendent néanmoins de négocier en l’entretenant continûment, doivent évidemment admettre que leur cause à exister ici est peine perdue. Pourtant, inlassablement, tous les jours, ils continuent à se redresser, à persévérer et à œuvrer au sein de l’épuisement par la répétition en continuant à y vivre…
& le sujet universel, individu insensibilisé et subtilisé, ne peut que donner ce qu’il a encore présentement : s’attendre à sombrer définitivement après avoir flâné dans ses rêves de ce qu’il aurait pu éviter.
J’ai pensé que la détermination ardemment défendue par l’ère industrielle consiste au fond à anéantir la possibilité de se gêner, d’être gêné, d’avoir honte à s’anéantir dans cette toile de fond, à s’omettre, de l’être en consistance et s’en défendre, d’être opposé à tout ce qui doit aboutir, voir même de tout simplement éviter le temps présent. Être déterminé, c’est adhérer au cancer qui continue à envahir des tissus sous l’effet de nauséabondes habitudes et qui caractérise en fin de compte les traits de caractère de ce qu’on est, ici et maintenant, unis, souffrants, quiescents, avec les définitions de la plus juste possibilité d’être enfin contre soi-même en sachant être le coupable des traits opaques dessinés sur notre époque.
Les ruines oubliées d’il y a longtemps sont présentement apposées sur des cartes de visites exposées sur les étals des échoppes à souvenirs imbéciles où on s’est retrouvé là afin d’y saloper le peu de culture restante ; qu’il fallait à tout prix profiter de la promotion exceptionnelle du moment, etc.
Le temps est ruiné car cultivé. Le temps est parsemé et acheminé comme le résultat d’une simpliste machine exploitant sans restrictions moindres les étrangers de ce monde en fin de course avec ces fins de moi qui les fini et opprime malgré tout bienheureux à attendre ledit temps. Quel temps leur restera-t-il une fois réformés à forcer le passage ?
Dorénavant, je passe à travers ces moments velléitaires recyclés d’auparavant, pendant que ce présent m’échappe ; où je passe mon temps atone à m’éclipser dans les ruines de ce que j’ai cru bon il y a quelque temps. Ceux qui souffrent dans un monde s’occupent désormais à déchiffrer le sens des derniers divertissements d’une adolescence prélevée comme un sujet d’étude sur la criminalité ou on a encore à peine le temps de s’occuper de soi-même devant les écrans en évoquant un projet de suicide dans le cercle restreint de la famille, etc... C’est encore là, que tout est maintenu en place, pourvu que ça dure le plus longtemps possible, pourvu que ça s’exploite en se renforçant d’avantage à faire toujours plus encore, pourvu que le confort conditionnel offert si gracieusement parvienne à accepter tout ce qui se retrouve dans le registre de l’intolérable, etc. Pourvu que ça dure au sein d’une immense impuissance qui n’a que faire des choix décisifs à prendre. Ainsi se creuse, de jour en jour, toujours un petit peu plus, la tranchée d’un bonheur incompréhensible et le vocabulaire nécessaire pour le rejeter.
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