La Couleuvre et les Oisillons
Il était une fois une princesse Cosette, une Blanche-Neige du Bois Dormant qui découvrit un crapaud. Il était une fois un loup garou et une écolière, un prince charmant et une grenouille... Il était une fois une couleuvre, un peu dure à avaler.
Le présupposé du conte, la théorie, c’est que deux individus mis en présence par le hasard s’aimeraient au point de vivre ensemble à jamais, et ce dés le premier regard, si leur différence insurmontable n’empêchait toute relation sérieuse. Différence d’espèce, de fortune, de santé, de beauté, de langage. Ces différences sont déplorables ; le conteur va s’employer à les faire disparaître, à grand renfort de magie.
Et tout est bien qui finit bien : grâce à divers artifices, parfois un simple élan du cœur, parfois encore la volonté ou le courage après toute une suite d’épreuves. La théorie trouve son application : tout le monde il est gentil, tout le monde il se marie, ou presque.

Différence d’espèce, de fortune, de santé, de beauté, de langage. Ces différences sont déplorables ; le conteur va s’employer à les faire disparaître, à grand renfort de magie.
Et tout est bien qui finit bien : grâce à divers artifices, parfois un simple élan du cœur, parfois Certes le crapaud devient prince et Peau d’Âne est reine, mais le barbon n’épousera jamais la jouvencelle, le jouvenceau n’épousera pas le jouvenceau, ni le barbon le barbon, ni le loup le Chaperon Rouge, ni la Belle une autre belle. On ne trouve même pas de mariage entre ce gros naïf d'ogre et l’autoritaire Carabosse, tous deux au moins quinquagénaires. Et pourtant ces derniers se complètent : elle tendue, masculinisée par l’âpre goût du pouvoir ; lui féminisé par la gloutonnerie. Tous deux trans-genre, en quelque sorte.
Le jeune couple exalté par le conte de fées, égalisé par la magie qu’on prête à l’amour, avait jadis beaucoup d’enfants. Aujourd’hui, il n’en a pas ou peu, surpopulation et salariat obligent. Et puis, c’est dépassé, la ribambelle de marmots élevés par père et mère. Comme l’affirme à propos du « mariage pour tous », la citoyenne Meunier, élue de Loire-Atlantique et sénatrice, ce nouveau type d’union républicaine : « sort la famille du fantasme “une maman, un papa et un enfant” ».
On est en plein conte de ( méchantes ?) fées, car désormais la grenouille épouse une grenouille, le coucou un coucou, la couleuvre une couleuvre et ils achèteront leur progéniture aux passereaux. Parfois même ces nouveaux couples en maraude gobent les œufs d’autrui ou s’emparent des oisillons dans de pauvres nids aux quatre vents. Le Fantasme a vécu, place au Réel terrorisé Théorisé.
Les Enfants pour Tous, voilà l’avenir.
Mais alors que, dans la féerie, les différences d’état ou de fortune disparaissent dans une parfaite harmonie physique, matérielle et morale, respectant l’indispensable altérité des sexes, les ailes vont trop vite aux moulins des meuniers. Ils veulent toujours plus d’égalité, et rien n’arrêtera leurs ardeurs. Eux-mêmes se situent mal dans le paysage : sont-ils homme ou femme, adolescent ou barbon, jouvencelle ou mégère, vieux sage ou nourrisson, des bêtes, des canons, des tyrans, des démocrates, des prêcheurs ?
On découvre que le premier Pépère de France courait le guilledou à la hussarde, sous un trompeur aspect batracien, preque inexpressif. De son côté, dame Taubira montre dans sa ferme expression la tendresse d’un Barbe-Bleue.
Ils ont un genre à eux, indéterminé, replet, tapi mais féroce : le genre politichien.
Grâce au prénom que ses parents judicieux lui donnèrent, nous savons qu’Hélène Cixous, théoricienne féministe, genreuse en diable, est une femme. Rien ne l’indique a priori, pas même le rouge à lèvres désormais largement partagé. Par ailleurs, si ses rides nous renseignent sur son âge réel, on détecte dans son expression, sa coiffure, son sourire, un petit air gamin qui fait des niches. Pour un peu, elle serait la voisine de banc de votre Chloé de fille, à l’école primaire.
Et nous y voilà. Vos gamins sont leurs copains ; ils deviendront leurs cixous : des êtres au genre incertain, à la séduction discutable. Les jeunes Sophia Loren, incarnations éclatantes de la féminité et autres Cérès en fleur n’auront plus l’option charme pour se sortir du taudis. Elles devront s'expliquer sur leur (mauvais ?) genre, sur un deuxième sexe bien trop évident pour être honnête, voire le dissimuler sous l'étoffe, ou le dévaloriser dans la frénésie sexuelle et la justification sophistique. Vos garçons joueront à la poupée pour bien s'imbiber de leur futur rôle domestique. Les belles, les Cœurs de Lion et les autres s’aligneront indistincts dans les files d'attente du futur, affublés de neutralité, ravagés de tics, anxieux de déplaire, soumis.
Erzébeth Bathory, la comtesse hongroise, tentait encore de ressembler à la jeune femme qu’elle n’était plus, en se baignant dans le sang des vierges. Nos dé-genreurs se gardent bien de vouloir ressembler à ce qu’ils furent : ils n’ont (souvent) jamais eu qu’un attrait relatif sinon nul. Mais ils peuvent empêcher que vos enfants en aient. Voilà qui les rehausse aux yeux du monde. Mariage pour tous, salopette pour tous, tous jouisseurs de vide, tous cellulaires dans le Global Monde : c’est l’objectif tabula rasa de la théorie du genre dissimulée sous une « égalité entre hommes et femmes » décrétée par les Vincent Peillon et dont la France n'a nul besoin : c'est la patrie des Jeanne d'Arc, des Louise Michel, des Charlotte Corday figurez-vous, qui ne l'ont pas attendu pour manier qui la lame, qui l'éloquence, qui la vertu.
Lundi, des quantités d’enfants ont séché l’école. Motif : la Journée de Retrait des Elèves, prévue un jour par mois dans les écoles de la république, à l’initiative du JRE2014. Celui-ci demande qu’on rebaptise « Instruction Publique » l’Education Nationale, gonflée comme une grenouille éléphantesque de ses prétentions antinaturelles.
Même la CIDE mondialisante reconnaît expressément que « la responsabilité d’élever les enfants revient en priorité aux parents. »
Les garçons seront des garçons, et les filles des filles, ont décidé ceux qui les ont mis au monde. Et avant tout des êtres libres, instruits et pensants. L’école, on y va pour apprendre les disciplines fondamentales, le fait scientifique, les lettres et les arts.
L’école est laïque nous serinent religieusement ceux qui élèvent les idéologies au rang de cultes et se prennent, tout entachés d’affaires qu’ils soient, pour l’Étalon, le Verbe et le Prélat, tandis que baissent les résultats scolaires.
Elle est bien belle la couleuvre Égalité, mais que de crimes contre l’innocence et l’esprit ne commet-on pas en son nom.
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