« La Crise du Covid-19 pour les nuls » : le Coup d’État des Banques Centrales... !
Tant que du travail vivant est nécessaire à la production, l’échange entre producteurs, même s’il est rendu de plus en plus indirect par le développement structurel du capitalisme, n’en continue pas moins de s’opérer, et continue de constituer une part importante, et même essentielle, de la circulation du capital (Marx, Grundrisse).
Le principe même du capital « productif » est que la valeur de la production n’est finalement réalisée que sur le marché, et donc, par la valeur d’échange.
Les monopoles industriels qui se sont formés sur cette base depuis le début du 20ème siècle continuent de fonctionner, pour l’essentiel de leur « valorisation », sur ce principe économique. Cela reste le principe économique de base du capitalisme « traditionnel ».
Tant que du travail vivant reste incorporé dans la production, même la concurrence entre groupes de capitalistes industriels reste une forme d’échange entre producteurs. Chaque groupe concourant par sa production à ce qui est nécessaire à la reproduction de la force de travail humaine de l’autre, en répondant ainsi à une partie de ses besoins sociaux.
C’est dans ce sens que le capitalisme monopoliste « traditionnel » n’est pas encore totalement « monopoliste » au sens absolu du terme, et qu’une certaine concurrence continue de jouer un rôle dans l’évolution des forces productives, dans leurs relations économiques.
Avec l’automatisation et la robotisation de la production, à mesure que le travail vivant se retire du secteur productif, c’est cette base même de la reproduction et de l’élargissement du capital qui se réduit inexorablement.
C’est la part de l’échange entre secteur productif et non productif, qui augmente, par contre, en volume et en proportion.
D’où la nécessité, pour le capital, d’intégrer au maximum des activités économiques de services au secteur productif, tant en termes de besoins techniques que de méthodes d’organisation du travail.
Néanmoins, l’automatisation et la robotisation du travail gagnent également ces secteurs, et donc le mouvement de retrait du travail vivant s’y poursuit également.
A mesure que se développent les moyens de production et d’organisation des services les plus modernes technologiquement, c’est donc toujours la base même de l’« élargissement » du capital qui se réduit inexorablement, faisant une place de plus importante à ses formes « fictives » dont la « valorisation » reste essentiellement spéculative et basée en grande partie sur les fluctuations subjectives des marchés financiers, de plus en plus déconnectés de la réponse aux besoins sociaux, y compris ceux de la part encore existante du travail vivant dans la production.
Si, en régime capitaliste, la production ne peut finalement être « valorisée » que par le marché, encore faut-il qu’il se trouve un marché solvable pour l’absorber à un prix permettant une marge bénéficiaire suffisante pour l’élargissement du capital.
Lorsque s’accroît la disproportion entre le nombre de travailleurs employés dans le secteur productif et la masse des salariés hors secteur productif, cumulée avec la masse des inactifs de toutes générations, la masse des besoins sociaux, elle, ne se réduit en aucune manière et la solvabilité des marchés de la consommation, par contre, ne peut que se réduire inexorablement.
Le secteur productif se trouve formellement devoir répondre à une masse de besoins extérieure à lui-même en réalité toujours croissante.
Mais une masse de besoins qui ne correspond à aucune ressource identifiable, en termes de valeur d’échange.
Quels que soient les efforts du capital pour régler sa crise, il ne peut résoudre cette problématique de fond, et la valeur des marchés ne peut que baisser, en termes de solvabilité.
Le pouvoir de contrôle que le capital monopoliste « traditionnel » exerce sur les marchés cesse d’être une condition suffisante, tant pour la reproduction élargie du capital que pour assurer la domination de classe de la bourgeoisie. C’est le sens profond de la crise actuelle du capitalisme, et singulièrement, depuis 2008.
Ce que montre la pratique du « Quantitative Easing », c’est précisément que le crédit ne suffit plus à restaurer la solvabilité des marchés, parce qu’il ne peut restaurer la circulation du capital dans le secteur productif, faute de capacité suffisante d’échanges, même très indirectes, entre travailleurs productifs.
Le crédit ne peut plus restaurer la rentabilité des capitaux investis dans le secteur productif.
Avec la nouvelle vague de « crédits » débloqués par les banques centrales c’est donc une restauration entièrement artificielle de la solvabilité des marchés qui est en train de se mettre en place. Elle se reconstruit formellement sur la base d’une reprise d’activité économique entièrement sous perfusion monétaire et qui ne crée que des formes limitées et transitoires de valeurs d’échange, et seulement dans la mesure où ce « crédit » circule en fait jusqu’à aussi bas dans l’échelle sociale qu’il est nécessaire pour éviter, précisément, l’explosion sociale définitive du système.
Bien évidemment, un tel « crédit social », n’est en réalité aucunement remboursable en termes de valeur d’échange, et se transforme tout au plus en intérêts remboursés, par les États et les entreprises, directement ou non, aux banques centrales qui en permettent la « création », purement et définitivement « monétaire » et ne correspondant plus à aucune valeur réellement crée par le travail, et pour cause… !
A terme, à mesure que le travail vivant se retire de l’activité économique productive, « crédits », « remboursements », et « intérêts » n’ont plus eux-mêmes qu’une valeur purement fictive, celle que lui accordent les banques centrales dans leurs choix de gestion économique et « financière », de plus en plus arbitraires.
Entre la « création monétaire » par les banques centrales et la survie du plus grand nombre la hiérarchie sociale se reconstitue plus ou moins telle qu’avant la crise, mais, qu’elle en soit consciente ou non, que ce soit sa misère relative, son revenu « moyen » ou ses privilèges plus ou moins exorbitants, toute « valeur », toute condition sociale, en ce bas monde d’ « après Covid-19 » n’est redevable de son statut, en dernier ressort, qu’auprès des banques centrales, nouveaux centres du pouvoir réel sur tous êtres et toutes choses.
Face à la masse des besoins sociaux, le pouvoir de domination de la bourgeoisie, ne pouvant plus contrôler ce qui était encore, en quelque sorte, le « monopole des valeurs d’échange », ne peut plus que devenir, par le biais des banques centrales, le monopole absolu de toute valeur d’usage.
Tous les « débats démocratiques » que prétend encore mener la bourgeoisie sont définitivement sans objet.
L’expression démocratique authentique ne peut plus être que celle de la révolte du prolétariat, et l’alternative politique révolutionnaire, celle qu’il construira, si, dans la lutte, il retrouve sa conscience de classe
Luniterre
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Source :
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Sur le même thème, une analyse plus complète :
Le nouveau pouvoir des faux-monnayeurs
https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/04/22/demasques-le-nouveau-pouvoir-des-faux-monnayeurs/
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EXTRAITS >>>
« Que chaque nation crèverait, qui cesserait de travailler, je ne veux pas dire pendant un an, mais pendant quelques semaines, chaque enfant le sait. Il sait également que les masses de produits correspondant aux différentes masses de besoins nécessitent des masses différentes et déterminées quantitativement de travail social global. Que cette nécessité de la distribution du travail social dans des proportions déterminées ne peut être abrogée par la forme déterminée de production sociale, mais peut changer seulement son mode de manifestation, c’est une évidence. Les lois de la nature ne peuvent absolument pas être abrogées. Ce qui peut changer dans des États historiquement différents, c’est seulement la forme par laquelle ces lois s’imposent. Et la forme par laquelle cette répartition proportionnelle du travail s’impose dans un État social, par laquelle la relation du travail social se fait valoir comme échange privé des produits du travail individuel, est précisément la valeur d’échange.
La science consiste précisément à établir comment la loi de la valeur s’impose. »
Karl Marx, lettre à Ludwig Kugelmann, 11 Juillet 1868
https://marxwirklichstudieren.files.wordpress.com/2012/11/mew_band32.pdf
[Traduction TML]
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« Comme nous l’explique si bien le Dr. Valérie Bugault, (Dr. en droit… https://youtu.be/AKaXg5755lk ), le chaos apparent de la situation actuelle, et apparemment dû au Covid-19, ne doit en réalité pas grand chose au hasard, même si ses conséquences sont concrètement une fatalité mortifère pour quelques dizaines de milliers d’êtres humains, à court terme, et certainement pour un nombre encore plus grand d’entreprises, à moyen terme, ce qui signifie également, mais carrément pour des millions de travailleurs, la mort sociale.
En tant que mise en œuvre concrète des théories du « chaos constructif » inspirées de Schumpeter et d’autres, il s’agit bel et bien d’une évolution accélérée des processus de gouvernance mondiale du capital financier, et non pas d’un chaos échappant à toute volonté politique cohérente et à tout contrôle de la part des « élites » de la finance mondialisée, et singulièrement, de la finance occidentale.
La question de savoir si le « déclencheur » Covid-19 est lui-même le fruit d’un réel hasard ou non est sans objet, dans la mesure où les élites financières qui conditionnent les politiques mondiales se sont emparées de cette « opportunité » pour donner un coup d’accélérateur brutal à une évolution qui était déjà « dans les tuyaux » depuis plusieurs années, et singulièrement, depuis 2008.[...] »
« [...]Il s’agit donc bien, tant sur le plan financier que sur le plan économique et social, d’une capitulation en rase campagne de l’ensemble des États devant le pouvoir central de la « planche à billets »… C’est à dire, en fait, une capitulation totale et définitive face au pouvoir de l’oligarchie aux commandes des banques centrales.
Et comme il s’agit donc d’argent « fictif », au sens où il ne correspond à aucune valeur nouvelle crée par le tissus économique, mais qu’il s’agit simplement, tant par l’aide aux particuliers qu’aux entreprises, de compenser l’incapacité définitive du système à recréer une dynamique économique endogène, c’est néanmoins, à court terme, par le biais des intérêts de la dette, la part encore restante de valeur créée par le travail qui s’évapore encore davantage hors des économies nationales et même du budget des États, dans les fumées d’un capital financier de plus en plus fictif, et lui-même déjà sous perfusion monétaire depuis 2008.
Progressivement, lentement en apparence, mais de plus en plus rapidement, en fait, par « chocs » successifs comme celui de 2008 et celui que nous sommes actuellement en train de vivre, et à mesure que le travail vivant se retire inexorablement du tissu économique, au « profit » de la dépendance du plus grand nombre comme de la survie des entreprises à ce type de financement, le pouvoir de domination de classe de l’oligarchie aux commandes des « planches à billets » ne pourra que s’étendre encore au point de supplanter, à l’échelle planétaire, toutes les formes antérieures de pouvoir politique et économique.
C’est donc manifestement en ce sens et sous cette forme « discrète » que la fraction la plus « moderniste » de la bourgeoisie entend faire évoluer sa domination de classe, et y compris au détriment d’une partie considérable de la petite et moyenne bourgeoisie, encore animée de velléités « créatrices » dans le domaine économique. En un sens, la « crise du Covid-19 » est à la fois le premier coup d’État à l’échelle planétaire et le coup d’État le plus discret du monde, et encore, pour l’essentiel, ignoré des sujets qui en sont déjà les victimes, immédiatement, dans leurs corps et dans leurs esprits, et durablement, dans leurs intérêts économiques vitaux.
Derrière l’apparent et cynique à l’extrême « sauvetage des corps et des âmes » c’est en réalité une mutation profonde des rapports économiques et sociaux qui est en train de s’opérer sous la houlette d’une fraction presque invisible de l’oligarchie financière qui par « crises » successives prend le contrôle de l’ensemble du système. Ce n’est donc même plus le pouvoir d’une oligarchie financière en quête de bénéfices spéculatifs aussi spectaculaires dans leur démesure que fictifs quant à leur base économique réelle, mais simplement le pouvoir de la perfusion monétaire permanente, qui décide de la vie et de la mort économique et sociale des uns et des autres, des entreprises, des nations, des peuples, des simples citoyens comme de ses kollabos politiques, syndicaux, administratifs, et ne négligeant surtout pas, au passage, de renforcer, verrouiller et assurer ses prérogatives et privilèges.[...] »
Le nouveau pouvoir des faux-monnayeurs
https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/04/22/demasques-le-nouveau-pouvoir-des-faux-monnayeurs/
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Deux échanges à la suite, avec des précisions utiles :


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