La crise oubliée de la République démocratique du Congo
République démocratique du Congo : la crise oubliée
Intéressons-nous de plus près à la situation en République démocratique du Congo (RDC). Ce pays traverse actuellement l'une des pires crises humanitaires de ce siècle. Il a récemment fait la une de l'actualité à la suite de l'éruption du volcan Nyiragongo, mais cette catastrophe cache un quotidien bien plus sombre. Ouvrons les yeux sur la réalité d’un peuple qui souffre en silence.RDC : violence, pauvreté et déplacement de population
RDC : violence, pauvreté et déplacement de population
L’éruption du volcan Nyiragongo
Le 22 mai 2021, le volcan Nyiragongo entrait en éruption. Ce volcan est situé à proximité de la ville de Goma, à l'extrême Est de la République démocratique du Congo. Ce phénomène géologique a mis en danger la vie des 160 000 habitants de la ville et des villages environnants. L’éruption, d’abord identifiée comme une explosion de station-service a détruit plus de 4 500 habitations en un week-end. Des milliers de familles ont dû fuir leur domicile. Pris par surprise, ils se voient contraints de laisser toutes leurs possessions derrière eux. L’information est relayée par les médias le jour même, mais l’attention de la communauté internationale est de courte durée et les conditions de vie des Congolais retombent vite dans l’oubli.
RDC : un quotidien rythmé par les conflits armés, les exactions et l'extrême pauvreté
L'éruption du volcan a temporairement placé la République démocratique du Congo sous le feu des projecteurs médiatiques. Malheureusement, cela n’a pas été suffisant pour que la communauté internationale prenne conscience du drame qui se déroule sous leurs yeux au quotidien. L’éruption a contraint de nombreux Congolais à fuir soudainement, mais ces déplacements rythment en réalité chaque jour de leur vie. En effet, cette catastrophe survient dans une région précaire, instable et déjà fragilisée par la violence. Des milices armées terrorisent les civils et les femmes sont violées de génération en génération, ne leur laissant pas le choix de fuir pour échapper au pire.
Dans son rapport, l’Observatoire des situations de déplacements internes du Conseil norvégien pour les réfugiés estime que la RDC comptait 2 millions de déplacés en 2020. Ce pays s’est ainsi dressé sur la plus haute marche du podium des pays comptant le plus de personnes déplacées.
Une crise négligée par la communauté internationale
La crise silencieuse de la RDC, une double peine pour les Congolais
Selon l’ONG Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), cette crise serait l’une des plus négligées de notre époque. Pour l’affirmer, celle-ci se base sur trois critères : la couverture des besoins humanitaires, le niveau de couverture médiatique et l’attention portée sur la scène diplomatique. L’année dernière, 6 000 Congolais ont quitté leur domicile chaque jour pour fuir les conflits faisant rage dans l’Est du pays.
De plus, la République démocratique du Congo est aujourd’hui le pays du monde où le plus de personnes souffrent de la faim. 1 Congolais sur 3 en serait victime.
Vu l’ampleur de la crise, la diversité et le nombre croissant des besoins, une large mobilisation de la communauté internationale était attendue. Selon Jan Egeland, le Secrétaire général du NRC, le peuple congolais ferait rarement les gros titres, recevrait très peu de fonds et ne serait jamais la priorité des instances diplomatiques internationales. Les habitants de la RDC sont livrés à eux-mêmes, dans un contexte où règnent l’insécurité, l'extrême pauvreté et où leurs droits les plus fondamentaux sont constamment bafoués.
Le peuple congolais, l’oublié du 21ème siècle.
Les habitants de la RDC vivent l’horreur au quotidien et ne reçoivent pas l’aide dont ils auraient pourtant besoin. Selon l’Union européenne, les « crises oubliées » sont définies comme des situations de crise humanitaire grave et prolongée où les populations affectées ne reçoivent pas ou peu d’aide internationale et où il n’y a pas d’engagement politique, en partie en raison d’un manque d’intérêt des médias. Il s’agit principalement de situations de conflit prolongées, mais aussi de situations résultant de l’effet cumulatif de catastrophes naturelles récurrentes, voire d’une combinaison des deux.
Les caractéristiques communes de toutes crises silencieuses sont le déficit de fonds et le manque d’attention des instances diplomatiques et des médias. La gravité de la situation n’est pas forcément corrélée à la quantité d’aide reçue. De nombreux facteurs entrent en ligne de compte tels que la durée de la crise ou les intérêts économiques et politiques des donateurs pour la zone et les populations touchées. Le travail des médias est quant à lui déterminant. Ces derniers ont pour rôle d’alerter, mais aussi d’informer ce qui entraîne généralement une mobilisation du grand public et des acteurs privés.
Dans un contexte marqué par le terrorisme, le changement climatique, les conflits géopolitiques, les challenges démographiques, la décision quant à l’allocation des fonds se complexifie. Il est de la responsabilité de tous de prendre conscience de ce qu’il se passe au-delà de ses frontières et d’agir pour mettre terme à cette misère. Les médias en relayant de l'information fiable, les ONG en intervenant sur place et en assurant un travail de plaidoyer, les entreprises et le grand public en faisant des dons ou ne serait-ce qu'en ne détournant pas le regard… Chacun peut agir à son échelle.
3 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON