La défaite de l’occident, l’étrange défaite ?
Maître de Castelnau a changé sa politique et à côté des excellents textes juridiques qui ont assuré la réputation de son blog, il ouvre désormais régulièrement ses colonnes à des auteurs de qualité.
Le dernier en date vise à utiliser la méthodologie de Marc Bloch pour analyser la défaite occidentale en Ukraine. Un raisonnement de valeur et révélateur du talent de l’auteur, mais dont les fondements analytiques peuvent être discutés.
Resterait l’option de changer de politique ? Négocier un accord avec les Russes ? J’avais présenté un texte capable de refonder la sécurité européenne, mais il n’a aucune chance d’être adopté ! Le faire serait reconnaître l’ampleur des erreurs commises depuis 1989 à minima (En réalité, ce mouvement de fond s’est probablement mis en place à la fin des années 60). Il ne s’agit pas de coûts irrécupérables ou d’incapacité à formuler une alternative, mais de solidarité de classe.
Toute alternative, toute reconnaissance de l’échec se traduira par une reddition de comptes. Après l’étrange défaite, vient le procès Laval de 1945 et si les peuples se sont à l’époque montrés clément, le dossier est aujourd’hui assez lourd et il existe une chance non négligeable que cette fois-ci, la justice passe sans pitié.
Nos dirigeants ne peuvent bien sur pas formuler une alternative politique qui passe par à minima leur rétrogradation sociale, voire des conséquences plus radicales que j’appelle de mes vœux pour dissuader à l’avenir toute réitération ou au moins la retarder, car nous ne pouvons pas nous offrir un grand ménage par siècle !
Au contraire de l’auteur, n’accusons donc pas la stupidité, mais la conscience de classe ! La stupidité vient avant, au moment où notre classe dirigeante s’est accordée sur un agenda de pillage au lieu de faire son travail. Le moment où les banquiers (profession honorable si elle sait demeurer dans un cadre régulier), les traders, les agioteurs ont pris le pas sur les ingénieurs et les capitaines d’industrie. Certes, la baisse de niveau induite n’aide pas à résoudre les problèmes, mais l’élite occidentale coincée au fond de l’impasse manque d’option acceptable pour assurer son destin.
L’echec vient de là, pas d’une absence de stratégie, d’ailleurs, n’y avait-il pas une telle stratégie ?
L’état final recherché était l’effondrement du pouvoir russe et ce que les américains appellent la décolonisation, terme de propagande pour décrire l’écorchage à vif de la Russie transformée en une multitude de petits pays, chacun livré à son propre seigneur de guerre ou tout autre masque convenable de la corpocratie occidentale.
Il fallait provoquer le rejet du pouvoir par la combinaison des souffrancances causées par l’effondrement de l’économie et les pertes de guerre ! Un plan B pour remplacer le missile Navalny qui avait fait long feu, les Russes ayant, refusé de confier leur destin à un escroc condamné (Dans deux affaires différentes d’ailleurs, l’une de détournement de fonds publics avec un gouverneur et l’autre où son frère était l’organisateur).
Dans ce cadre, le rôle de l’Ukraine était de provoquer suffisamment la Russie pour la forcer à entrer en guerre, puis tenir assez longtemps pour laisser aux armes financières occidentales le temps de détruire la Russie.
Le pouvoir banderiste de Kiev a parfaitement reçu le message, comme en témoigne l’interview d’Arestevitch en 2019[1] qui annonçait la guerre. À partir de 2021, les kieviens multiplient les provocations : Discours sur la renucléarisation de l’Ukraine, décret sur la Crimée, concentration de troupes dans le Donbass. Avec Donetsk, située à une poignée de kilomètres de la ligne de front, le risque existait de voir l’armée Ukrainienne qui avait profité du répit offert par les accords de Minsk pour se réarmer[2] prendre l’ascendant sur le front et par une attaque brusquée capturer Donetsk par un brusque coup de main. Les propos de monsieur Quatremer sur LCI donnent une idée du calvaire qu’auraient alors subit les habitants de Donetsk[3]. Les gangs ukrainiens nommés bataillons de représailles avaient amplement prouvé leurs "talents" dans ce domaine. Au moment où l’artillerie Ukrainienne reprend le feu, les Russes disposent donc d’options limitées. Les contacts diplomatiques échouent, comme le montre l’entretient téléphonique entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron que ce dernier fera fuiter.
Nulle incompétence, là-dedans, mais pure exécution du plan par un dirigeant déjà aux abois. Detesté par son peuple, plongé dans un déficit abyssal, E. Macron n’a d’autre option que d’exécuter les ordres des fonds qui évitent à la France l’infamie de la faillite que mérite sa politique économique. (Nous sommes aujourd’hui à 3300mds de dettes. Un créancier, ça se ménage et s’il possède ou contrôle des terres en Ukraine, il faut défendre ses intérêts).
La déclaration de guerre, se fait donc aux conditions occidentales et l’appareil de communication en tire tout l’avantage possible pour dépeindre la Russie comme l’agresseur et Vladimir Poutine comme le vilain de service. Excellente application de la propagande de guerre !
Seulement, dès les premiers jours, le plan connaît des accrocs. Au lieu de venir se briser sur les fortifications du Donbass, les Russes attaquent partout ailleurs pour disperser les réserves ukrainiennes. Les troupes ukrainiennes ne peuvent pas se risquer face aux lourdes fortifications devant Donestsk. Pas de prise de la ville, au contraire, face aux dagues russes, l’armée se disperse et pare au plus pressé. Guerasimov (En tout cas, il semble avoir été l’âme du plan) a levé la menace sans s’engager sur le terrain prévu !
Si l’armée Ukrainienne a tenu le choc moral, performance pas forcément attendue vu le précédant de 2014, c’est le seul point positif : Malgré leur infériorité numérique, les Russes manœuvrent presque à volonté, possèdent l’initiative stratégique et plus grave, s’emparent du pont terrestre entre les républiques et la Crimée.
Les pourparlers d’Istanbul devaient valider ce rapport de force, mais l’occident aurait dû alors reconnaître avoir déstabilisé l’Ukraine et le narratif n’aurait pas résisté à la paix. On aurait ressorti le coup d’État de 2004, celui de 2014 et reconnu l’ampleur de la manipulation.
Plus grave, le gros butin, la Russie serait demeuré inaccessible. Poutine, renforcé par sa rapide victoire aurait renforcé sa position et mis le pays à l’abri des manipulations occidentales ! (Pavre petit Navalny !)
Inacceptable, alors oui, bêtise des dirigeants, absence de scénarios alternatif conduiront à un refus des occidentaux de prendre leurs pertes (Surtout après la défaite en Afghanistan) et Boris Johnson fera ce fatal voyage à Kiev où il promettra aux banderistes toute l’aide nécessaire pour vaincre la Russie.
Pourtant, Bojo a-t-il le choix ? USA et GB sont au cœur du réacteur nucléaire de la finance mondiale. Abreuvée des liquidités nécessaires pour assurer le quantitative easing, celui-ci ressemble à Tchernobyl juste avant l’explosion ! (Ça tombe bien, on reste dans la même région) Les taux négatifs ruinaient l’industrie de l’assurance et cet argent accumulé dans les bulles commençait à atteindre les matières premières. La guerre en Ukraine fournira une excuse commode à l’inflation, il eut été dommage de l’interrompre avant d’avoir raclé de 4-5 % le niveau de vie des populations occidentales en accusant le vilain Poutine ! (La hausse du prix du chocolat est bien sûr de sa faute, ses cancers nous coûtent cher !).
Il faut adosser cette montagne de liquidité aux 75 trillards de ressources naturelles russes et donc, il n’existe que deux alternatives : La victoire sur la Russie ou l’effondrement du Ponzi de la dette publique occidentale. Il serait dommage de demander à Bruno Le Maire d’assumer ses responsabilités, il risquerait d’écrire de nouveaux livres dans sa cellule !
Les Ukrainiens ne meurent pas pour empêcher le droit du plus fort de triompher, c’est fait depuis que 78 Jours de bombardements ont contraint la Serbie à accepter un accord inique. Ils sont sacrifiés pour maintenir une pyramide de dettes qui permettra de doubler la fortune de nécessiteux comme Bernard Arnaud ou Bill Gates. Sinon, tragédie, inacceptables, leurs patrimoines risqueraient d’être réduits et le monde compterait moins de millionnaires et de milliardaires. (Pensez à verser une larme !).
Hors de question, la Russie doit redevenir comme dans les années 90 pour fournir le monde en ressources peu coûteuses et vendre son peuple via les réseaux criminels pour permettre la détente de "l’élite" occidentale. (Je laisse chacun libre de chercher les image du portable d’Hunter Bidden. Les compagnons d’orgie de Pierre Palmade venaient eux d’autres territoires, mais le principe demeure le même. Sinon, vous verrez le maidan a permis l’expansion des exportations ukrainiennes[4].)
Pourquoi nos dirigeants renonceraient-ils à cela ? Au nom de la gestion de crise ? Pour ménager des peuples qu’ils méprisent ? Cette crise, c’est la leur, mais ce sont les populations fragiles des pays occidentaux qui en paient le prix via la hausse de prix et surtout celle de l’énergie.
Pour ceux dont le portefeuille compte des actions Raython ou Rheinmetal, la guerre est aussi rationnelle que l’était la covid pour les détenteurs d’actions Pfizzer ! Et puis, il existe l’intéressante question du taux de retour sur l’aide financière apportée à l’Ukraine. La faillite FTX a démontré que certains fonds revenaient ensuite au parti démocrate. Peut-être l’élection de Trump permettra-t-elle de refaire la lumière sur cette affaire.
En ce sens, le parallèle avec l’étrange défaite est parfait : L’intérêt de l’élite diffère de celui des peuples et nos dirigeants trahissent leur mission officielle. Le reproche vaut tant que vous continuez à croire aux billevesées démocratiques que nous infligent les médias. Le crique médiatique nommé élection permet d’éviter toute discussion sur les grands sujets de fond, noyés par l’individualisation des enjeux. Seule la victoire de Donald Trump semble enfin porter un choix politique clair, mais même aujourd’hui, il s’en dégage juste une tendance que l’on espère positive !
De fait, le citoyen contribue peu aux grands choix et là encore, l’anathème porté sur Valdimir Poutine est essentiel. Imaginez que l’on compare ses 80 % d’avis favorables avec les 17 % d’un Macron ? Apaiser les relations, revient à poser cette question qui doit être systématiquement évitée. Je doute que nos oligarques désirent un débat sur la répartition de la valeur ajoutée en France ou en Russie !
Rien que la volonté de la Russie de devenir une puissance hyperindustrielle est une claque portée aux choix effectués par nos dirigeants. Éviter la question vaut bien de risquer une guerre nucléaire non ?
La victoire ou la mort, telle est la logique de nos dirigeants et pour eux nous en sommes pour ainsi dire au sens propre ou pas loin !
Seulement, le reste du monde ne souhaite plus collaborer et trois ans de guerre ont permis à nombre de pays de couper les liens dans lesquels les enserraient les différents chantages occidentaux : Il existe de nouveaux préteurs (Chine, Russie, pays du moyen orient) désireux de faire des affaires sans imposer les clauses humiliantes désirées par les occidentaux. La chine concurrence les occidentaux pour réaliser de nouvelles infrastructures. Les Russes proposent leur expertise dans l’énergie.
La guerre économique devait mettre la Russie à genoux et aux contraires de beaucoup, je pense que Bruno Le Maire avait raison d’annoncer vouloir mettre la Russie a genoux en quelques semaines. Seulement, comme le dit Idriss Aberkane : Les hypothèses, ça se déclare !
Procédons donc au contrôle fiscal et quelles étaient ces fameuses hypothèses : Les sanctions devaient être suivies par l’ensemble du monde ! La Russie coupée de tout contact sérieux se serait effondré comme tout pays privé de son accès aux biens mondiaux. Sauf que l’erreur d’analyse ne concerne pas la Russie, mais le reste du monde ! Les diplomates occidentaux venus plaider pour imposer aux pays non occidentaux d’appliquer les régimes de sanctions se sont sûrement pris les portes dans la figure (Mais pourquoi Macron n’a-t-il pas fait fuiter ces discussions ?). La Chine, l’inde, ont refusé de suivre les sanctions, nombre de plus petits pays leur ont emboîtés le pas. Dans les années 90 deux porte avions américains auraient fait des ronds dans l’eau en mer de chine et dans l’Océan Indien et l’affaire eut été réglée.
Aujourd’hui, une telle aventure se traduirait par une illumination des cibles et un rappel ironique d’un diplomate chinois sur l’arsenal de missiles hypersoniques de l’armée populaire de libération. Contrairement à l’époque des guerres de l’opium, la Chine peut désormais se défendre contre une flotte d’invasion. Pour le reste du monde, Iran et Russie ont montré leur capacité à donner même à des groupes marginaux comme les Houtis l’armement nécessaire pour renvoyer un groupe aéronaval US dans des eaux où il ne dérangera personne. La diplomatie du porte-avion est morte ! L’échec des sanctions en est la conséquence ! Le blocus ne fuit pas, il ressemble à une inondation et le reste du monde vient récupérer les marchés abandonnés par notre colère impuissante !
Peut-on reprocher à Bruno Le Maire de ne rien comprendre au militaire ? Le seul bélier à portée de son esprit frappe d’autres rondelles et les dirigeants occidentaux ont sous estimé la haine du monde mécontent de trois décennies d’abus !
Là encore, reconnaître l’échec, revient à admettre la haine du monde envers nous. À descendre du piédestal où nous avait hissé les révolutions industrielles. Faute d’en créer une nouvelle (On ne crée pas de nouvelles sources d’énergies à la corbeille du palais Brognard), le reste du monde rattrape notre niveau de développement. Riche en hommes, il nous égale en puissance globale et nous envoie paître.
Là encore, impossible de l’admettre, reconnaître le réel reviens à accepter une place plus basse dans la hiérarchie internationale. Comment l’expliquer à nos peuples bombardés de messages à la limites du racisme (L’Europe est un jardin, le reste du monde est une jungle) et encore convaincu de notre exceptionnalisme (Nos fameuses valeurs !).
La bourgeoisie occidentale avait pour mission de nous développer, nous conduire sur le long chemin de l’émancipation et du progrès social et humain. Reconnaître la défaite en Ukraine revient à en tirer le bilan :
- L’état de santé tragique de nos populations en raison des multiples lobbys alimentaire et médicaux qui s’enrichissent de notre mauvaise santé et que les systèmes de sécurité sociale ont doté d’un marché solvable sans contrôle du patient.
- Elle vient de découvrir que des avocats avec leurs codes ne pouvaient ni prendre un village ni le défendre, pas plus que nos Woke à cheveux verts ! Pour cela, il vaut mille fois mieux des banderistes avec une AK74 !
- Enfin, nous venons d’avoir la preuve que des populations abêties par une école émasculée peuvent sûrement former des hordes de Twittos venues hurler leur haine des Russes sur les réseaux sociaux[5], mais ne sont pas capables de servir des canons ou des mitrailleuses ! Notre bourgeoisie non plus.
- L’état catastrophique de nos industries, il n’a même pas été possible de réquisitionner des installations de coulée pour accélérer la fabrication d’obus ! Je ne parle pas de lignes réorientées pour fabriquer des véhicules de combats (pourtant, l’industrie automobile européenne est en surcapacité !)
- Mais, par haine des ouvriers, pue la sueur, notre bourgeoisie a préféré les services. Elle vient de découvrir que l’argent imprimé par des banquiers centraux ne pouvait pas fabriquer armes et usines. Déjà durant la covid, la pénurie de masques, de tenues de protection et de maint autres éléments médicaux aurait dû nous alerter ! Pour cette raison, nos dirigeants sont demeurés inactifs.
- L’OTAN vient de découvrir que sa doctrine militaire forgée pour chasser du jihadiste en sandalettes de l’autre côté du monde ne fonctionne pas si les choses deviennent sérieuses. Nous sommes sans défenses, mais ce n’est pas en écoutant l’amiral Rob Bauer que nous deviendrons capables de nous refaire. Ces gens doivent disparaître de la scène et l’OTAN est déjà décédée. Il reste à imprimer les faire part !
La guerre révèle les réalités, disait Poutine, nous y sommes et en ce sens, la situation actuelle est très différente de celle de 1940. À l’époque, il s’agissait d’imposer, via la défaite, une option politique refusée par le cœur de la nation française. Aujourd’hui, il s’agit de préserver la classe bourgeoise occidentale et les privilèges qu’elle s’est indûment attribuée. La défaite sert les peuples et si nous savons bien l’exploiter nous pourront alors, remettre nos pays sur de bon rails.
Poutine prendra l’Ukraine ? La belle affaire, Blackrock y perdra un peu sur ses investissements, ça facilitera son démantèlement, les marchands de canons occidentaux y perdront un marché, mon cœur saigne !
Seulement, comme en 1940, nous devons désormais relever le regard et préparer l’après guerre : Les procès de la libération ! Contrairement à l’auteur, je n’accorde pas à nos dirigeants l’excuse de l’idiotie. Ils forment une mafia qui doit être traitée avec toute la rigueur nécessaire pour éliminer de telles hydres !
[2]Objectif d’ailleurs reconnu par F.Hollande et A.Merckel !
[4]https://www.bfmtv.com/police-justice/je-vais-m-en-faire-livrer-une-ici-une-petite-ukrainienne-les-prix-ont-baisse-lors-de-son-audition-l-ancien-pdg-de-assu-2000-jacques-bouthier-a-livre-des-declarations-troublantes_VN-202211040050.html
[5]Chers followers de Xavier Tytelmann, ne me remerciez pas d’avoir eu une pensée pour vous !
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