La défaite du projet Qataro-Turc
Comme tous ceux qui suivent de près les récents développements au Moyen-Orient le savent, le projet dans lequel la Turquie et le Qatar se sont engagés depuis des années est en passe de s’effondrer. L’argent et les armes qui y ont été injectés n’ont pas été en mesure de le maintenir ou de faire de la place pour les deux pays sur la scène politique régionale.
Le projet vise principalement à permettre à l’organisation terroriste des Frères musulmans de prendre le pouvoir dans plusieurs pays, dont la Libye et le Soudan.
Cependant, le projet a pris un sacré coup à Tripoli. L’armée nationale libyenne débarrasse le territoire libyen des organisations terroristes et des extrémistes fidèles aux Frères musulmans et à Al-Qaida. Au Soudan, le plan Qataro-Turc a échoué avec l’effondrement du régime des Frères musulmans.
Le régime qatarien n’a pas beaucoup appris sur le plan historique. Les ressources du peuple qatarien continuent d’être gaspillées pour des paris qui sont voués à l’échec.
Plus précisément, le régime n’a pas tiré de leçons de l’échec du régime des Frères musulmans en Égypte : le peuple égyptien a renversé le groupe dès qu’il a compris sa véritable mission.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a également payé cher pour parier sur le régime des Frères musulmans. La popularité de son parti s’est effondrée lors des dernières élections municipales.
Depuis une quinzaine d’années, le parti Justice et développement s’est engagé dans un programme de développement qui a renforcé sa popularité, mais a par la suite entrepris un interventionnisme étranger et a poursuivi un quête de l’hégémonie impériale. Le parti a réorienté la politique étrangère turque de sa stratégie « zéro problème » vers une implication dans chaque crise régionale.
Les régimes qatariens et turcs tablent encore sur les mêmes vieilles politiques contre-productives et toujours moins populaires. La Libye et le Soudan sont les dernières preuves du rejet populaire de leurs agendas douteux qui ont fini par dévaster de nombreux investissements turcs.
Au début, l’investissement dans le soft power, comme la promotion de la culture et des séries télévisées turques, avait porté ses fruits et donné des résultats positifs. Au cours des dix dernières années, les exportations turques vers les pays arabes ont atteint des niveaux records. Mais ensuite vint le déclin, qui révéla que la priorité du régime d’Erdogan n’était pas l’intérêt du peuple turc, mais celui des Frères musulmans, la considération première de ses décisions récentes.
Le régime turc pensait que le groupe pourrait l’aider à rétablir son vieil empire. Il était donc nécessaire que les États arabes actifs réagissent aux projets destructeurs dans toute la région, qu’il s’agisse de projets menés par l’Iran au Yémen, en Syrie, en Iraq ou ailleurs, ou de l’instrumentalisation par le Qatar ou la Turquie des organisations terroristes telles qu’en Libye.
La coopération entre l’Arabie Saoudite, l’Egypte et l’EAU a déjoué l’invasion des puissances régionales de ce qu’elles considéraient comme un corps malade d’Etats affaiblis par le « printemps arabe. » Elle a également fait obstacle aux vastes campagnes médiatiques du Qatar et aux milliards de dollars gaspillés pour financer et armer des milices et des organisations afin d’inciter les peuples arabes à se tourner contre leurs propres gouvernements.
Par libre choix, le peuple soudanais a écrit le dernier épisode du réveil arabe en faisant avorter les plans que le Qatar et la Turquie lui avaient fixés. Les dirigeants politiques du Soudan sont en mesure d’éloigner leur pays du danger et de l’orienter vers la stabilité et le développement pour le peuple.
La population a pleinement compris la nécessité de rester à l’écart du Qatar et de son programme. Les divergences de vues entre les composantes de l’État soudanais au moment historique actuel n’ont pas permis l’infiltration du Qatar et de la Turquie.
La défaite du projet turco-quatarien ne signifie pas nécessairement sa fin. Elle donne cependant un nouvel espoir aux peuples arabes qui ont uni leur volonté face à ce projet dévastateur.
Bien entendu, la prudence est de mise à ce point. Le régime qatarien est susceptible de recourir à des mesures suicidaires pour surmonter un tel revers. L’objectif n’est pas de sauver son projet raté, mais de salir l’eau. Le Qatar espère que cette confusion produira des résultats qui pourront être utilisés dans le cadre du programme régional qataro-turc.
Il faut rappeler que le régime turc connaît un grave revers stratégique. Le différend avec les États-Unis au sujet de l’achat de missiles russes S-400 fait toujours rage. Le risque d’épines graves dans les relations bilatérales est élevé.
Une autre défaite humiliante concerne le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Les dirigeants saoudiens ont sagement tourné la page, ne donnant ainsi aucune chance à l’exploitation mal intentionnée du régime turc, malgré ses efforts pour faire revivre le sujet en lançant des accusations hâtives contre des inconnus de tuer Khashoggi et de faire de l’espionnage pour les EAU.
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