La démocratie, ça se travaille
Je n’étais pas en colère. J’ai été très choquée. Le Parlement, l’Assemblée nationale, c’est le lieu du débat.
-E. Borne, après avoir activé le 49-3
Ils sont déterminés.
Ils sont placés là pour accomplir une mission quasi divine, et peu importe la rue, peu importe l'avis des principaux intéressés, fut-il majoritaire, car eux, les élus, ils sont légitimes.
Le peuple ? Mais qu'est-ce que le peuple, si ce n'est un ramassis de Gaulois réfractaires, qui fume des gitanes maïs, roule en diesel et gromelle de temps en temps quand le litron de villageoise prend un peu trop l'inflation ?
Ils défilent à plus de 3 millions dans la rue, ce qui constitue une mobilisation inédite depuis plusieurs décennies...et alors ? On s'en tape, car nous, on est élus.
Que 94% des principaux concernés, les actifs, soient contre leur réforme mensongère, injuste et dégueulasse ?
Et alors ?
Tout ceci leur importe peu, car ils ne sont pas élus par et pour le peuple, ohhh non !
Ils sont juste élus, au sens quasi divin du terme.
Choisis pour faire le job sacré : tout bousiller, quitte à ne laisser qu'un champ de ruines.
Et pour ce faire les marchés les ont oint de leur sacrosainte onction, celle qui fait grimper le CAC40 vers des sommets atmosphériques, et qui leur permet de jouer avec les règles du jeu même. Règles qui font que si d'aventure, le cours en bourse dégringole, quoi de plus simple en effet, que de suspendre les cotations ?
A tous les coups ils gagnent, un peu comme avec ce qui s'est joué ce jeudi 16 mars 2023, et qui restera sans doute dans l'histoire de ce pays comme l'aboutissement de ce monopoly sans case prison qu'est devenu la "démocratie" française. Une démocratie bourgeoise.
La mort du mensonge bourgeois
Oui, c'est bien de cela qu'il s'agit : une démocratie bourgeoise. Faite avec, par et pour les bourgeois.
Pas pour le peuple.
Et ce qui s'est joué aujourd'hui, finalement, est salvateur : ça a le mérite de clarifier totalement, pour bon nombre de nos concitoyens qui manifestement avaient les yeux collés à la superglu depuis des décennies, la nature même du régime dans lequel nous vivons.
Un régime qui vous crache à la figure en permanence, tout en alourdissant année après année, le poids des chaînes autour de votre cou.
Un régime qui vous éborgnera, vous mutilera, vous emprisonnera si d'aventure vous osez vous rebeller.
Mais aussi un régime qui finit par ne même plus savoir de quoi il parle, à force de mentir, de tordre les mots, les concepts, les notions, encore et encore.
Macron est un forcené, profondément retranché dans un bunker appelé "République", protégé et gardé par des milliers de séides armés et robotisés.
Mais nous sommes 67 millions, dont 30 millions de salariés...ceux sur qui il adore taper en permanence.
Il était donc vital d'éviter à tout prix une conscientisation globale. C'est à dire une prise de conscience de cette masse potentiellement furieuse, et inarrêtable par les quelques centaines de milliers de crs et autres gardes mobiles, si d'aventure elle décidait de siffler la fin de la récré...un véritable tsunami que rien, pas même des blindés armés de lance-grenades, ne pourrait arrêter. Et ça s'est déjà vu, à plusieurs reprises : ça pourrait donc se revoir. Ils en sont parfaitement conscients, il n'y a au fond, que le peuple qui ne le savait pas encore totalement.
Car c'est bien au passé que je parle de ce besoin vital pour macron et sa clique, pour la démocratie bourgeoise et ses séides, de maintenir à tout prix un semblant de comédie.
Car aujourd'hui les masques sont tombés pour de bon.
Le récit est mort, et avec lui tout espoir de voir revenir ce fameux "ordre public républicain bourgeois".
Un président, trois camps, deux possibilités
Macron se retrouve donc seul. Mais manifestement il continue de s'en cogner.
Ce qui constitue une fatale erreur, comme nous allons le voir.
En effet peur semble lui choir que le pays soit mis à feu et à sang, voire que des manifestants y perdent la vie. Il l'a dit lui-même : il s'en cogne.
Aurait-il raison ? Jusqu'à il y a peu, j'aurais répondu par l'affirmative. Mais après cette journée, rien n'est moins sûr.
Car désormais il ne lui reste que deux options, pas une de plus, et on peut déjà deviner laquelle il va privilégier.
Ainsi soit lundi prochain la motion de censure fait tomber son gouvernement, et dans la foulée il devra dissoudre l'Assemblée. Ce qui veut vraisemblablement dire l'accession du RN au pouvoir, vu l'état du pays. De nouvelles législatives renforceraient encore plus le parti d'extrême-droite (oui oui je sais "celui qu'on a jamais essayé", sauf en 40 avec le magnifique résultat que l'on sait), et obligeraient le président de droite extrême de prendre la chef du RN comme première ministre d'extrême droite... mais malheureusement pour les amoureux des bras tendus, du soutien inconditionnel à la bourgeoisie et du racisme institutionnel, ce scénario a très peu de chances d'avoir lieu.
Car pour que la motion de censure passe, il faudrait que la droite LR la vote massivement, ce qu'elle ne fera pas. Les députés LR savent très bien qu'ils seraient un paquet à perdre leur siège si confortable à l'assemblée, au profit du parti de Marine... Et donc, pourquoi préférer une vulgaire copie -surtout dirigée par quelqu'un d'aussi naze que Ciotti - quand on peut avoir l'original ?
Reste donc la deuxième option, la plus vraisemblable : échec de la motion et maintien de ce gouvernement, avec un éventuel remaniement à la clé, histoire de marquer le coup -et de tenter de continuer à faire semblant. Borne va sans doute jouer son rôle de fusible, et elle sait qu'elle est là pour ça. Nouveau jeu de chaises musicales qui ne servent plus à rien, si ce n'est à faire croire à MAcron et aux médias ce que 67 millions de Français ont désormais compris : changer un ministre par ci, remplacer un autre par là, au fond, quelle importance ? Ce ne sont que des pions sans cervelle, le seul et unique décideur étant au sommet de la pyramide, un peu comme Scarface dans la scène finale, le nez dans la montagne de schnouffe, inconscient du danger, sûr de son invulnérabilité, ignorant les alertes de ses gardes du corps qui tombent comme des mouches, alors que de partout les ennemis l'encerclent.
Macron pense sincèrement qu'il va pouvoir continuer comme les 6 dernières années, à nous la faire à l'envers sans que nous ne puissions faire quoi que ce soit. Il va donc faire ce qu'il sait faire le mieux : continuer à faire semblant, en préparant la prochaine "réforme indispensable".
C'est dans la "séquence suivante", comme se plaisent à le répéter les playmobils macronolatres, que l'essentiel va donc se jouer.
Garçon, l'addition s'il vous plaît !
La séquence suivante ? On sait tous de quoi il s'agit : Macron va se sentir pousser des ailes, déconnecté qu'il est de la réalité du pays, et de l'état de colère dans lequel une partie de plus en plus grandissante de la population bout.
Il va vouloir mettre en oeuvre la suite du plan : après le chômage, après les retraites, place à la Sécurité Sociale, comme promis au Moloch avide de chair fraîche qui siège à Bruxelles.
Car oui, tout ceci était écrit, depuis l'été 2020 en fait : il va nous falloir payer le quoi qu'il en coûte, les cadeaux faits par dizaines de milliards aux plus riches, comme les miettes jetées à la plèble pour la calmer, et ce jusqu'au dernier centime. C'est le plan : et il n'y aura nulle part où se cacher, si vous ne faites pas partie des 0,1% vous y passerez c'est sûr et certain. Nous y passerons tous, et nous sommes en train de le réaliser.
Quand je dis nous, je parle bien sûr des prolos, des classes moyennes, des sans dents et autres imbéciles qui ne sommes désormais plus bons qu'à aller bosser, payer nos taxes et impôts jusqu'à la mort. Sans passer par la case retraite. C'est que Gérard Larcher et ses petits copains, ils ont faim à midi, vous comprenez ? Il faut l'achalander correctement, la cantine de la "République", avec tous ces gros mangeurs qui pullulent au Sénat, à l'Elysée et un peu partout ailleurs au sommet de la pyramide...
Macron va donc tenter de dérouler la suite de son plan : attaque sur la sécurité sociale.
Je me demande comment il va s'y prendre désormais.
Sincèrement : il croit que ça peut continuer comme ça longtemps ?
Je ne donne pas cher de lui, de son gouvernement et de toute sa clique, forces de "l'ordre" bourgeois incluses, s'il persiste dans cette direction.
Car la jeunesse est en train de se mettre en mouvement, et le fleuve est en train de rapidement sortir de son lit. Mais pas que : de partout ça craque.
Rien que ce soir on comptait des dizaines de manifestations sauvages, des centaines de mobilisations, et des milliers d'actions grévistes, partout dans le pays.
De nombreux militants savent désormais très clairement ce qu'ils ont à faire.
Et j'en fais partie.
La semaine prochaine sera absolument ingérable pour le gouvernement, et ça n'est que le début.
Nous entrons dans une ère d'instabilité cruciale pour notre pays, comme on en voit une par siècle.
Car à la colère sociale s'ajoutent un tas de facteurs qui constituent autant de gouttes d'eau en train de faire déborder le vase : inflation hors de contrôle, crach boursier, stagflation, guerre...
Macron va devoir payer l'addtion, le forcené retranché à l'Elysée ne finira sans doute jamais son quinquennat.
Il l'aura bien cherché.
Ou alors, s'il y arrive...
2027 mon amour
Oui, il reste une possibilité. Si d'aventure Macron réussisait ce qui semble aujourd'hui irréalisable, c'est à dire se maintenir au pouvoir, cela voudrait dire une seule chose : qu'il a réussi à museler les oppositions, et la rue. Et sans doute à transformer le pays en une autocratie digne des pires prédictions de George Orwell et Aldous Huxley réunis.
Imaginons 2027 : après la 5ème vague de sécheresse historique qu'a traversé le pays, la sobriété forcée a été instaurée pour les 99,9% de français qui ne sont pas assez méritants pour y avoir échappé. En effet le seuil de revenu annuel pour avoir aussi bien accès à l'eau, à l'essence et à la nourriture de manière non rationnée est fixé à 200 000 euros annuels. Idem pour l'électricité, le transport aérien ou le droit de ne pas aller se faire buter dans une tranchée en ukraine. Les pouvoirs de la police ont été considérablement renforcés. Désormais désobéir aux règles de sobriété peut vous valoir un séjour en camp de rééducation par le travail.
La valeur travail est d'ailleurs devenue la norme : on travaille minimum 12 heures par jour (payées 8 bien sûr) pour redresser le pays, mais aussi et surtout pour avoir droit à ses rations d'aide alimentaire, les rayons des supermarchés ayant disparu depuis bien longtemps.
La sobriété forcée heureuse est donc devenue la norme pour la majorité des français : d'ailleurs en 2025 la réforme de la Sécurité Sociale a été menée à son terme (avec le 38e 49-3 du quinquennat utilisé à bon escient par le nouveau et talentueux 1er ministre Eric Ciotti). Désormais, pour se faire soigner il faut soit s'endetter, soit, si on ne peut pas, avoir une solide assurance privée, comme aux USA. Ou alors mourir dans les couloirs des urgences. Ou se faire euthanasier gratuitement -merci président Macron, vous êtes social quand vous voulez vous voyez ?
Adieu les gaspillages et les abus ! Finie la gabegie dont était coutumière la plèbe ignorante ! Désormais, le français moyen ressemble à l'américain moyen : obèse, en mauvaise santé, gavé de malbouffe bon marché et shooté aux opiacés de synthèse. Les écrans sont partout, et le métavers prospère dans tous les foyers connectés pour leur bien...
Les élections se présentent donc sous les meilleurs auspices : grâce au Service Privé des Médias Libres, désormais tous impeccablement gérés par une poignée de compagnies appartenant à quelques oligarques, les français sont correctement informés jour et nuit (2 heures d'infos obligatoires), et devraient donc bien veauter, pour permettre au meilleur président que la France ait jamais eu de se représenter, et de l'emporter.
Car oui, vous n'étiez pas au courant ? Après la modification de la Constitution en 2024 (qui a également vu le droit de grève et de manifestation supprimé, sécurité nationale oblige), le président a désormais le droit de se représenter à vie. Tout devrait donc se dérouler sans accroc...
Ou pas.
Zemmour et Marion Maréchal ont en effet décidé de mettre leurs griefs de côté et de s'allier avec Marine au second tour. Philippot et Dupond Aignant se sont retrouvés bien cons, et ont donc décidé de faire de même, conscients que "le camp national mérite désormais la victoire".
Les scandales médiatiques ont eu beau s'enchaîner pour le camp lepéniste -Marine est pro poutine, Marine est trop molle avec les immigrés, Marine n'a pas payé ses femmes de ménage comoriennes, etc.-, rien n'y a fait. Elle crève désormais le plafond des sondages, mais Macron semble plus absorbé par la nouvelle déco de l'Elysée (merci Jean-miche Brigitte) que par ces prévisions alarmistes : il se voit tellement exceptionnel qu'il sait qu'il ne peut que gagner.
En cela, il est bien entouré et conseillé en permanence par Mc Kinsey, qui n'arrête pas de lui murmurer à l'oreille que les sondages ne reflètent pas la réalité, et que l'opinion publique se retournera grâce à "la Gauche", comme d'habitude... il est donc confiant.
La "Gauche" ? Justement parlons-en : il a été relativement facile de désamorcer la NUPES : quelques promesses de maroquins ministériels par-ci, quelques scandales et autres accusations de violences conjugales et/ou sexuelles par-là... Quand la NUPES a enfin explosé, c'est bien sûr Méluche qui a tenté de recoller les morceaux. Hélas ! 49 virgule trois fois hélas, dans un énième débat télévisé l'opposant à (seulement) huit adversaires Républicains et Patriotes qui lui faisaient gentiment tous remarquer en même temps qu'il était pro Poutine, le leader historique a une nouvelle fois perdu ses nerfs (la Gauche, c'est moi !!!), une fois de trop manifestement ... il s'est donc effondré comme prévu dans les sondages et plafonne désormais à 5%... il ne passera pas le second tour, comme tous les ex leaders de la défunte NUPES d'ailleurs.
Le soir du premier tour, l'ambiance est fébrile dans le camp macroniste : il est vrai que tout, absolument tout a été fait pour que comme en 2017, puis comme en 2022, l'exploit se reproduise une nouvelle fois. A savoir, un second tour face à l'épouvantail Marine, ce qui devrait plier l'affaire très facilement, comme d'habitude.
On appellera au "barrage républicain", selon la formule d'usage, et tout devrait rentrer dans l'ordre pour 5 ans de plus. Histoire d'abolir le bulletin de salaire et de rétablir le travail des enfants à partir de 12 ans, "pour enfin rembourser la dette faramineuse du pays", comme promis dans le programme présidentiel.
Et, au soir du second tour habituel, à 20 heures pétantes ce 22 mai 2027, lorsque le visage victoriieux de Ma....rine apparait à l'écran, le président n'aura pas le temps de s'enfuir.
Tout comme les 67 millions de français pris au piège.
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