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La démocratie des malhonnêtes

Fraudes fiscales, affaires politico-financières, fraude électorale, complicité des média avec le pouvoir... Beaucoup de ces affaires ont un point commun : Leur révélation a nécessité de petits arrangements avec la loi, voire une franche violation de celle-ci.

C’est tout frais : l’affaire Bettencourt

 
Un vieux conflit familial au sein de la famille Bettancourt, entre la richissime mère Liliane et sa fille Françoise, a entrainé l’utilisation d’un enregistrement pirate de conversations privées.
 
Vil procédé.
 
Sauf que cet enregistrement évoque des opérations financières constituant clairement des fraudes fiscales, des relations suspectes avec le Ministre du Budget Éric Woerth, et sur un fond de bienveillance au sommet de l’État, à l’Élysée même. Le tout dans un contexte de forte communication du pouvoir sur sa lutte contre l’évasion fiscale.
 
Il est amusant de constater que la dernière affaire concernant l’évasion fiscale s’appuyait sur un fichier, illégal lui aussi, transmis à Éric Woerth par un ancien employé de la banque britannique HSBC à Genève, et listant 3000 noms de fraudeurs présumés.

Sarkozy off sur France 3

Une vidéo assez édifiante, montrant sans fard les rapports entre le Chef de l’État et un journaliste de la chaine France 3, avait défrayé la chronique, et entrainé des suite judiciaires : Cette vidéo étant la propriété de la chaine, sa révélation comme sa diffusion peuvent être qualifiées de vol et de recel.
 
La dimension du délit présumé est bien sûr insignifiante par rapport à la portée politique du buzz alors créé.

Jusqu’où ?

De ces deux affaires, comme d’autres, il ressort que dans un système qui ne permet pas à la Justice ou à la vérité de s’établir par les voies légales, il est indispensable d’avoir recours à des méthodes "limites". Dans la perspective d’une dépénalisation des milieux d’affaires, comme de la suppression de l’indépendance de l’instruction judiciaire, ces méthodes seront même la condition sine qua non pour obtenir un peu de transparence.
 
Mais ce recours a ses limites.
 
D’abord, ces méthodes ont l’inconvénient d’alimenter en arguments les populistes de tous poils. Car le fait que telle ou telle affaire soit sortie par voies illégales en illustre l’aspect fortuit, qui laisse présager d’une part qu’on ne voit que la face émergée de l’iceberg, et d’autre part que ce type d’affaire perdurera.
 
Ensuite, se pose la question de la limite à ce qu’on considère comme une dérogation légitime à la loi. Et quel que soit le point de vue, il s’exprime hors d’un État de Droit, avec tout l’arbitraire que cela suppose.
 
Enfin, le résultat obtenu n’est pas forcément celui escompté. Ainsi dans l’affaire Clear-Stream, le fameux listing trafiqué a au final davantage innocenté des coupables que confondu des innocents.
On retiendra la complexité de l’affaire, sa sensibilité extrême, qui ont évidemment participé au "noyage de poisson".
 
Aussi, les affaires que l’on risque de voir révélées à court terme feront probablement tomber quelques personnalités privées, grilleront quelques ministres ou candidats, ou feront baisser la cote d’amour de telle ou telle entreprise. Mais elles ne traiteront pas ou si peu des grosses affaires, qui elles bénéficieront du sentiment fallacieux de transparence inspiré par la curée de quelques uns.
 

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7 réactions à cet article    


  • schweitzer schweitzer 21 juin 2010 10:35

    Bien, le problème, c’est qu’il y en a pour des milliards d’euros, voire des milliers de milliards d’euros et que personne ne bronche ! Surprenant, non ? A+. Jake.


    • Lucien Denfer Lucien Denfer 21 juin 2010 12:04

      Le vrai mérite de ces affaires (clearstream surtout), c’est de prouver que nous ne sommes pas dans une véritable démocratie, seulement dans une dictature financière dont la façade démocratique est très bien entretenue.

      Dans une vraie démocratie, il n’y auait pas de soldats Français qui meurent en Afghanistan, contre l’avis de la majorité de la population. Dans une vraie démocratie le NON à l’Europe des marchés aurait été respecté.

      dans une vraie démocratie, le football ne serait pas un exhutoire national et le seul sujet de rassemblement autorisé.

      continuons à rêver...


      • iris 21 juin 2010 12:15

        tous les jours dans les entreprises la loi n’est pa appliquée ou enfreinte


        • liberta 21 juin 2010 17:59

          Chacun sait bien que la démocratie en France n’est qu’un leurre mais ça permet à tout ce qui est monde politique de fricoter ensemble en nous dépouillant et nous que fait - on ????
          NOUS VOTONS pour les élire - alors de quoi devons nous plaindre ?

          Soyons cohérents - ne votons plus et adoptons la désobéissance civile et pacifique qui mettrait à mal l’organisation politico mafieuse que tout le monde dénonce mais qui fait quoi pour en finir ???

          Nous manquons de leader qui ne soit pas encore mêlé aux affaires, chacun voulant garder sa petite place au sein de son petit groupe et jouer au petit chef

          Le jour viendra où se lèvera un homme ou une femme dénué(e) d’ambitions personnelles
          et n’oeuvrant que pour la France en admettant que celui là ou celle ci reste en vie assez longtemps pour changer le monde





          • gimo 21 juin 2010 23:07

            liberta  




            5/5 ok !!!

          • BA 21 juin 2010 17:59

            Affaire Bettencourt : trois chèques, trois questions.

            L’affaire Bettencourt est une affaire d’Etat. Les enregistrements clandestins réalisés par le maître d’hôtel de Liliane Bettencourt posent des questions démocratiques qui légitiment, au nom du droit à l’information du public, leur divulgation. Ils dévoilent la nature des relations entretenues par les responsables du pays avec l’une des principales fortunes mondiales.

            C’est pourquoi, afin que l’on en prenne bien la mesure, nous avons décidé de donner à entendre des passages clés de ces enregistrements. Ils concernent trois chèques établis en faveur du pouvoir actuel et l’intervention sur ordre présidentiel de la justice dans un différend privé.

             

            Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt, le 4 mars 2010 :

             

            http://www.mediapart.fr/journal/france/210610/affaire-bettencourt-trois-cheques-trois-questions

             

            Cet enregistrement sonore est hallucinant.

            Un chèque pour Valérie Pécresse.

            Un chèque pour Eric Woerth.

            Un chèque pour Nicolas Sarkozy.

            Comment on dit ?

            On dit : « Merci madame. Vous n’aurez pas affaire à des ingrats. »


            • zelectron zelectron 21 juin 2010 18:08

              Nous en sommes à l’application des consignes de Lénine : la fin justifie les moyens.
              Les remugles d’un certain communisme ont traversés les décennies pour atteindre telle une marée noire l’occident à travers un socialisme aveugle et sourd (mais pas muet, hélas), qui rend la gauche non crédible (y compris le pas vu, pas pris qui gangrène tout) Quant à la droite ce n’est même plus la peine d’en parler elle est corrompue jusqu’à l’os !

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