La démocratie européenne est mal en point
Le Parlement européen, l’une des institutions les plus influentes de l’Union, a récemment subi un coup dur, la plus grave crise que le Parlement ait connue depuis sa création. Le vice-président du Parlement a été accusé de corruption et de pots-de-vin.
Elle a été massivement et rapidement licenciée, sans attendre les résultats définitifs de l’enquête, parce qu’une importante somme d’argent liquide a été trouvée en sa possession personnelle ou en la possession d’une personne proche d’elle (prétendument son père). Eva Kaili, vice-présidente du Parlement européen, appartient au Mouvement socialiste panhellénique (PASOK) en Grèce.
L’ancienne présentatrice de télévision, élue en janvier 2022, s’est rendue au Qatar en novembre dernier et a fait l’éloge des réformes du pays en matière de conditions de travail, qui ont été fortement critiquées par de nombreuses institutions occidentales et organisations de la société civile.
Ce scandale politique et parlementaire sans précédent porte atteinte à la crédibilité de l’ensemble de l’establishment parlementaire européen. Il sape l’efficacité du rôle qu’il s’est défini au cours des dernières années et décennies.
Le Parlement européen s’est autoproclamé « arbitre moral » et défenseur des droits de l’homme par rapport aux pratiques en matière de droits de l’homme de tous les pays du monde.
Les observateurs et les experts savent que les rapports du Parlement européen sur les pratiques en matière de droits de l’homme dans de nombreux pays contiennent des critiques acerbes qui entraînent parfois des tensions entre les pays et l’Union européenne en tant que bloc collectif, notamment en ce qui concerne les accords collectifs de coopération en matière de libre-échange.
Certains considèrent que la réaction du Parlement européen au scandale des pots-de-vin est positive, puisque le vice-président a été immédiatement suspendu.
Cependant, d’autres estiment que les lacunes institutionnelles du Parlement sont le moteur de ces violations catastrophiques, dont les conséquences négatives ne se limitent pas au côté parlementaire mais touchent toutes les institutions européennes.
L’extraordinaire crise de confiance s’est reflétée dans les déclarations des fonctionnaires de la Commission européenne, dont certains se sont rendus au Qatar (dont le nom est également associé à des rumeurs d’affaire de corruption et qui le dément officiellement) pour assister à des matchs de la Coupe du monde.
L’observation des réactions des Européens suggère qu’il existe un véritable choc dans les milieux parlementaires et politiques européens. Le Parlement européen est un cas particulier au sein du bloc.
Il est considéré par beaucoup comme un symbole de transparence et d’intégrité, et joue aujourd’hui un rôle important dans la lutte contre la corruption et la protection des droits de l’homme dans le monde entier. Par conséquent, la réaction a été vive face à ce qui a été décrit comme le pire scandale de corruption de l’histoire du Parlement européen.
Elle contribue à la divulgation des dossiers des lobbyistes associés au Parlement européen. Il s’agit de groupes qui représentent les intérêts des pays et des secteurs commerciaux et économiques de tous les pays du monde, et pas seulement des États du Golfe.
Cependant, ils opèrent dans la transparence relative de leurs affaires, qui ne comprendrait normalement pas les députés européens eux-mêmes, et encore moins son VP.
Les législateurs européens ou autres sont connus pour rejoindre des groupes d’amitié parlementaires avec leurs homologues des parlements d’autres pays. On suppose que l’un des objectifs de ces groupes officiels est de protéger les intérêts collectifs communs des deux parties de la relation.
Toutefois, cela fonctionne sans que leurs membres soient personnellement ou individuellement impliqués dans la collecte de fonds ou de pots-de-vin pour faciliter certaines procédures ou législations en faveur de l’autre partie.
Il existe également des liens entre les parlementaires et de nombreux départements, groupes et associations organisationnelles, dont certains travaillent pour les intérêts d’autres pays.
Tout cela dépend du degré de transparence, de divulgation et d’actions déclarées sans être impliqué dans des affaires secrètes qui violent les lois en vigueur au Parlement européen ou même dans le pays hôte, la Belgique. Une question se pose ici : pourquoi un pays essaie-t-il d’influencer la direction ou les décisions des parlementaires européens ?
Le Parlement est le seul organe élu parmi les institutions de l’Union européenne. Il jouit aujourd’hui d’une grande crédibilité dans les sociétés européennes et au niveau international.
Au niveau exécutif, il soumet ses recommandations sur diverses politiques et décisions au Conseil de l’UE et au Service européen pour l’action extérieure, l’institution la plus étroitement associée aux droits de l’homme.
Bien que le Parlement n’ait aucune influence formelle sur la Commission, qui détermine la politique étrangère de l’Union, le Parlement européen a une influence morale importante sur les décisions, les politiques et les orientations européennes, car il représente les Communautés européennes ; le Parlement européen publie un rapport annuel sur la situation des droits de l’homme et de la démocratie dans le monde.
Ces rapports ne sont pas formalisés. Mais ils constituent un élément important qui façonne et influence le stéréotype des États et de leurs relations extérieures, de manière négative et positive. Le dilemme pour la partie européenne est ici principalement moral, car avec ce scandale, l’UE perd sa supposée responsabilité morale et éthique de protéger la démocratie et les droits de l’homme.
En outre, elle perd les moyens de pression ou le pouvoir d’inciter directement et indirectement les pays à s’adapter aux normes européennes ou occidentales correspondantes. Après ce scandale, il est difficile pour le Parlement ou l’UE de faire pression sur les pays. Ce sont les fonctionnaires européens qui en ont le plus souffert.
La crise a éclaté au moment où l’Union européenne souffre d’une crise de confiance due aux divisions et aux désaccords, au rôle faiblissant de l’Europe dans le monde face à la montée de la Chine et au défi russe, que les Européens considèrent comme la plus grande menace pour l’avenir d’une Europe unie.
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