La démocratie qu’est-ce que c’est
Un énième article sur la démocratie, celui-ci n'est pas meilleur que les autres, mais c'est un bon exercice que tout bon citoyen devrait faire. On part des germes de la vraie démocratie dans la Grèce antique, pour se demander si nous sommes bien à l'heure actuelle en démocratie, et si ce n'est pas le cas, dans quel régime vivons-nous réellement. La question se pose des obstacles à l'avènement d'une réelle démocratie et comment les surmonter.
1. Les germes de la vraie démocratie
Le mot « démocratie » vient du grec demoskratos, mot composé de demos « le peuple » et kratos « le pouvoir ». Donc littéralement la démocratie c'est le pouvoir au peuple. Mais en pratique c'est plus compliqué, il faut surtout savoir ce que l'on entend par « peuple ».
Dans l'Athènes des Vème et IVème siècles avant J.-C. le corps des citoyens comprend environs 30 000 personnes ayant des droits politiques. Les lois sont votées par environs 7000 d'entre eux, les premiers qui se présentent à l'entrée de la Pnyx, ouvrage ressemblant à un grand théâtre, qui accueille l'Ecclesia, l'assemblée du peuple. On peut donc dire que les citoyens votent eux-même les lois.
Mais ce n'est pas tout. L'ordre du jour de l'Ecclesia est définit par la Boulé,
comprenant 500 citoyens tirés au sort tous les ans parmi ceux qui ont prêté serment aux Héliastes. Le président de cette Boulé est tiré au sort chaque jour et il a le droit de recevoir les émissaires étrangers au nom de la cité. Cela veut donc dire qu'un citoyen sur quatre aura été le personnage politique le plus important d'Athènes une fois dans sa vie.
Il est assez surprenant que plusieurs siècles avant Montesquieu les Athéniens soient allés encore plus loin dans la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire) en réservant l'initiative des lois à des citoyens tirés au sort. Cette idée géniale permet de soumettre à l'assemblée du peuple les préoccupations effectives des citoyens pour lesquelles une nouvelle loi s'impose.
Comme de nombreux régimes politiques, ce régime athénien apparaît avec la
guerre, lorsque les oligarques d'alors sont trop nombreux sur les champs de bataille et en peuvent plus tenir politiquement la cité ; et il disparaît du fait de la défaite militaire d'Athènes contre le père d'Alexandre le Grand, qui préférera traiter avec quelques familles plutôt qu'avec une assemblée citoyenne.
2. Le régime actuel est-il démocratique ?
Le régime actuel n'a rien à voir avec une démocratie. Vous pensez peut-être différemment si vous vous sentez représenté à l'Assemblée Nationale, mais la majeure partie de la population n'y est pas représentée, ce qui pour un système représentatif est un comble.
Et puis lorsque les gouvernants demandent son avis au peuple, ce dernier n'est pas pris en compte, comme cela s'est passé suite au référendum sur le Traité Constitutionnel Européen en 2005.
Il y a les élections me direz-vous, mais comme l'avait déjà prévu Tocqueville, « les gens voteront comme on leur dira ». En effet les gens votent pour les candidats qu'ils voient, et ce sont les médias de masse qui rendent les candidats visibles. Or ces grands médias de l'information sont détenus par une poignée d'oligarques (banques, marchand d'armes et de ciment principalement) qui mettent en avant les candidats de leur choix.
Les élections de masse sont dans la main des médias de masse, donc in fine dans la mains des ploutocrates (de ploutos la richesse, kratos le pouvoir). Pour cette raison le terme technique pour désigner le système politique dans la majorité des pays développés sera une oligarchie ploutocratique, le pouvoir est dans peu de mains, et ces mains ont beaucoup d'argent.
Mais en France la situation est enocre aggravée par la place prééminente du Président de la République, on parle de Monarchie élective. Le gouvernement, nommé par le Président, empiète largement sur le pouvoir législatif du Parlement, dont il définit pour une large part l'ordre du jour. Il y a eu un véritable débordement de l'exécutif sur le législatif, le Parlement n'étant plus qu'une sorte de chambre d'enregistrement des désirs présidentiels.
Et pourtant les députés pourraient réclamer n'importe quel pouvoir lorsque le Président les convoque à Versailles pour ratifier les traités internationaux. Mais visiblement nos députés ont autre chose à faire qu'à nous représenter. Le fait que ce soit l'État qui organise les élections législatives n'est sans doute pas étranger à cette affaire.
3 Qu'est-ce qui empêche la démocratie ?
Les freins sont d'ordre politique, psychologiques et spirituels. Politique c'est une évidence, puisque les détenteurs du pouvoir n'ont aucun intérêt à y renoncer, voire même à le partager. Le pouvoir étant une drogue, ils vont même chercher à augmenter leur pouvoir sur les autres en cherchant à leur faire peur par la guerre, le terrorisme, les étrangers, la misère sociale, etc.
Psychologiques, parce que le peuple est largement responsable de son asservissement, il délègue le pouvoir à des gens qu'il ne connaît pas, pour des mandats longs et renouvelables, il se trouve ainsi débarrassé de ce soucis et peut donc se consacrer à sa survie dans son milieu. En quelque sorte le peuple renonce au pouvoir, il n'en veut pas, il lui préfère le pain et les jeux. On voit ainsi une certaine complicité entre le peuple et ceux qui le dominent.
En fait c'est ça, beaucoup de gens dans le peuple ont conscience qu'ils ne sont pas faits pour gouverner – trop occupés qu'ils sont à se gouverner eux-même – , donc pour eux le vote qui donne le pouvoir au moins mauvais est une solution efficace pour garder une bonne conscience. Mais la politique n'est pas une affaire de bonne conscience ! Et ce n'est pas une affaire individuelle ! Au contraire la politique de la cité est une affaire collective !
Donc le soucis principal est là : de nombreuses personnes vont dans l'isoloir dans une optique quasi-religieuse, pour se donner bonne conscience d'avoir accompli leur devoir citoyen. Mais le vote (aux élections de masse) n'est en rien un devoir citoyen, c'est un acte de soumission, puisque l'on y légitime des gens dont on ne sait pas grand-chose.
Les partis politiques diront que l'on vote pour des idées mais là encore on est dans l'illusion car un parti, à moins d'avoir la majorité absolue – auquel cas on est en dictature – ne peut pas appliquer son programme, il doit faire des alliances donc des compromis, renier une partie de son programme et soutenir des mesures issues d'autres programmes. Pire, il doit parfois soutenir énergiquement des points de vue que sa base renieraient pour que ses apparatchik conservent des sièges. De toute façon le parti politique, cette machine à accumuler le pouvoir pour gagner les élections, est un obstacle de taille à la démocratie.
4. Pour aller plus loin
Pour aller plus loin il faut d'abord se renseigner sur les alternatives qui existent, souvent à l'échelle locale, de démocratie directe ou participative. On peut évoquer la commune de Marinadela en Espagne, Grigny en France, les cantons de Suisse où la démocratie directe fonctionne encore. S'informer aussi sur les expériences de modification de la constitution d'initiative citoyenne, comme en Islande récemment ou en Colombie Britannique en 2004.
Mais une fois que l'on s'est informé, que l'on a participé à un ou deux ateliers constituants, que faire ? Ce n'est pas à nous de vous dire ce que vous devez faire. Si vous êtes un citoyen autonome vous savez déjà ce que vous devez faire. Si ce n'est pas le cas, regardez en face pourquoi vous n'êtes pas autonome, essayez de vous dégager du temps et au choix, essayez de devenir libre ou d'aider dans une modeste mesure l'avènement d'une démocratie réelle en participant à des actions concrètes.
Dans la mesure où une partie significative du peuple se complaît dans le système actuel, même si c'est pour mieux s'en plaindre, un véritable changement ne pourra venir que des insoumis, même s'ils ne parlent pas d'une seule voix. En fait c'est n'est pas nécessaire d'être unis pour vaincre l'oligarchie, comme on l'a vu lors de la campagne référendaire de 2005. Bien que le NON n'était pas fédéré derrière un étendard ou une personne unique, il n'a fait qu'une bouchée des partis dominants et des médias de masse.
Ce succès est avant tout celui de citoyens concernés par les affaires de leur pays – pléonasme – qui ont lu le texte du TCE et qui en ont présenté les dangers autour d'eux, dans leur cercle d'influence, court-circuitant ainsi les médias et les partis. Le court-circuit est une technique importante de résistance au pouvoir tyrannique, mais il y en a d'autres, telles l'occupation et le blocage.
On peut aussi parler de l'une des plus belles d'entre elles, celle du détournement, qui peut consister à détourner l'élection, outil des riches pour acheter le pouvoir, en outil d'émancipation citoyenne. Oui, il suffit que les citoyens se présentent en masse aux élections pour qu'il soient amenés à se rencontrer – surtout aux scrutins de liste – et à prendre la parole publique dans de bonnes conditions.
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