La crise aidant, nous avons tous pu entendre ces derniers mois dans divers médias, que la France déjà très endettée, allait encore une fois par un plan de relance "audacieux" ( d’après le gouvernement ) faire appel à l’emprunt pour préparer son avenir et " l’après-crise..." ; concept fumeux s’il en est, la France étant la championne de la croissance molle.
"Oui et bien justement... ! " rétorque-t-on dans les arcanes du pouvoir, c’est justement pour bénéficier d’une croissance forte...que nous allons créer ce grand emprunt.
Les moins jeunes d’entre-nous se rappelleront des échecs patents des deux précédents ( Giscard et Balladur), ceux-ci nous ayant coûté des sommes folles en intérêts...
Il semble qu’il y ait consensus sur le bien fondé de la chose, seul le montant a été discuté par la gauche (trop faible à leurs yeux) et/ou, c’est le fond de ma pensée, sur les modalités et attributions de cet emprunt.
Je ne souhaite pas ici et à ce jour, critiquer cet emprunt, mais clamer mon inquiétude sur les comportements déviants de nos gouvernants quant il s’agit de disposer de fonds propres (sans jeu de mot...) ; car le véritable problème actuel est l’accélération de notre endettement et non pas le bien fondé d’investissements ciblés pour une relance économique du reste vitale.
Depuis les vingt dernières années, depuis 1990 en somme, notre dette nationale a explosé, avec et j’en parlais dans un de mes articles en support d’argumentation, une période noire d’alternance politique à partir de 1991, qui a vu divers gouvernements, ministres et dirigeants se passer le flambeau dans un contexte social très perturbé. (cf
Des largesses européennes en agriculture. ).
On pourra cependant voir que les critères de Maastricht ( -3% du PIB) ont été respectés de 1997 à 2001 et entre 2004 et 2007 ; 2008 dépassa la limite, et 2009 nous a vu replonger dans les errements des années 1991/96 avec ce pic à -6.5% en 1992...sachant que l’OCDE nous voit en 2010 à -8%...
Notre dette cumulée a donc triplé, passant de 400 milliards à 1400 milliards d’euros, avec une prévision pour cette encore fantômatique "après-crise" de 1700 milliards... !
Ceci avec un plan de relance proche des 26 milliards et un déficit annuel pouvant dépasser allègrement les 120 milliards en 2010, là où nous étions à 32 milliards en 2008...je vous laisse apprécier les échelles de valeurs.
Sur la nature de cet endettement, une grande partie vient des dépenses de l’Etat et de notre système de protection sociale. La dette de ce dernier va ainsi doubler dans les 2 ans...proche des 40 milliards.
Dépense publique / PIB en Europe en 2008 (sauf Suisse : 2006) :
marron > 55%, rouge 50-55%, orange 45-50%, jaune 40-45%, vert 35-40%, bleu 30-35%

Que l’on me comprenne bien ici, je suis pour le maintient, sans restrictions de notre sécurité sociale et la solidarité qui s’y exprime envers chacun en France. La Suède est à ce titre également un exemple en la matière.
La gestion de ces structures et leurs modes d’action me paraissent par contre, beaucoup plus discutables (même si je ne vais pas en parler aujourd’hui).
Ce vecteur de dettes, par le fait que nous n’avons pas voulu, collectivement, accepter de voir le besoin d’adaptation à la différence des Allemands, fait qu’aujourd’hui une bombe financière, mais à base sociale évidemment, est en train de se faire jour.
Cette bombe est d’abord démographique et européenne... ! Oui chers lecteurs, vous vous demandiez dans un sujet si franco-français, quel pouvait être le lien avec l’Europe et notre Union ? il est majeur.
La France a un problème de déficit de son système de santé, et surtout à l’heure actuelle, de ses dépenses organiques de fonctionnement, les retraites et l’assurance chômage.
Pour cette dernière, on va dire qu’il suffira de travailler plus ( ben oui normal...) , jusqu’à 62 ans... ? Très pratique vu que le secteur privé licencie en masse et met en pré-retraite tous les plus de 50 ans dès que possible. ( particularité très française en comparaison du reste des membres de l’Union... ! ).
Comme la France est un pays qui va faire en sorte que ses personnels hospitaliers travaillent mieux, (ils ne travaillaient pas bien avant..) et dans moins d’hôpitaux, nous allons maîtriser ces dépenses sur ce point. Bravo Madame Bâchelot.. !
Et voilà, tout le monde est content...enfin pour ceux qui nous gouvernent jusqu’en 2012 voir 2017, bien que sur l’échelle temporelle de cette bombe cela ne changerait rien.
Pourquoi ? Pourquoi rien ne changerait ? et bien tout d’abord parce que la France fait beaucoup d’enfants, (taux de natalité proche des 2,1..) ce qui est très bien pour la vitalité de notre pays, mais ceci dans l’hypothèse que nous saurons leur donner du travail dans 20 ans. (d’où un besoin urgent de relance... !)
Non surtout, parce que l’Europe, elle, ne fait pas assez d’enfants...La France se place même devant la très catholique Irlande du sud, ( 1.88..qui n’a toujours pas accepté l’avortement dans son arsenal législatif...) loin devant l’Allemagne pour une fois...1.3 !
Nous sommes plus de 500 millions dans l’Europe des 27... et dans 40 ans nous ne serons plus que 465 millions, mais aussi beaucoup plus vieux...(moins en France qu’ailleurs )...et bien en fait la population active ( entre 20 et 65 ans ) dans l’Union Européenne qui représente 57% à ce jour, au rythme actuel, ne représentera plus que 45 % des Européens en 2050...et cette fois en France ce sera pire, vu notre "culture" des moins de 50 ans en entreprise.
Or 2050 à l’échelle d’une population, et de cette bombe démographique, c’est demain ; à l’échelle de Nicolas Sarkozy, il sera mort..( ou peut-être pas je le lui souhaite...).
La mauvaise nouvelle vient du fait, que la tranche des personnes âgées de 80 ans et plus, elle, va doubler durant ces 40 ans...car oui, nous vivons plus longtemps et beaucoup mieux...en meilleure santé en somme ; nos médecins et nos hôpitaux ne sont peut-être pas si mauvais que cela....
Oui, mais en conséquence cela veut d’abord dire que les besoins de soins aux personnes âgées vont exploser, dans toutes les catégories, (aides à domicile, en maisons de retraite, Hôpitaux et Instituts de soins palliatifs etc..) et c’est aussi là que nous allons manquer de personnels soignants...car nous en manquons déjà.. !
Il y a environ 52 000 médecins généralistes en France, et en tenant compte des départs en retraite et des nouveaux diplômés, dans 20 ans, ( pas 40...) il n’y aura plus que 30 000 praticiens...désertification.
Nous recrutons déjà dans toute l’Europe, des infirmières Espagnols et Roumaines (n’en déplaise à ceux qui sont contre l’élargissement parce qu’ils n’aiment pas les gens du voyage...), sans compter que nous recrutons aussi en Afrique, des médecins et des infirmières.
En aparté, l’Afrique elle, durant ces 40 prochaines années, va passer d’un milliard d’habitants à .... ? .....2 milliards.... !
Il y a actuellement dans l’Union Européenne 80 infirmières pour 10 000 habitants, là où en Afrique, elles sont 10 pour 10 000 habitants, et que 20 000 d’entre elles, partent chaque année travailler en Europe, et aux USA... !
Il faudra que le chantre de " l’immigration choisie" m’explique ce qu’il compte faire...mais me direz-vous il sera, ( là c’est certain ) mort politiquement...
Malgré donc un flux actuel, nous allons dire " d’extérieurs", en France nous ne satisfaisons pas à nos besoins du moment ; besoins qui vont augmenter très fortement dans toute l’Europe et tarir ce flux venu des pays limitrophes.
Encore mieux, ou plus alarmant, vous avez déjà pu mesurer j’en suis sûr, une "immigration choisie" de malades...venus des pays membres de la communauté, comme l’Italie et l’Angleterre par exemple, dans lesquels soit les structures hospitalières sont exsangues et à l’agonie, soit le système de couverture social ne répond pas ou peu à la détresse médicale.
Notre système peut apparaître comme mal géré, mais en comparaison de nos voisins, il apparait encore très performant dans sa mise en oeuvre visiblement. C’est d’ailleurs là que la dimension européenne devient encore plus impactante pour la balance de notre système de santé, qui on peut le parier sera encore bien déficitaire dans 40 ans s’il n’a pas explosé d’ici là.. ?
Et bien c’est la première des raisons pour, encore une fois, plus d’Europe, et plus d’intégration, non, de fusion... ! Notre Union doit consacrer une système commun de protection sociale en matière de santé.
Il y aurait bien d’autres champs, ( retraites et droit au travail, j’en parlerai dans un autre article sur les parallèles avec le système américain) mais je crois que rapidement l’Europe doit pouvoir apporter et garantir des services de santé et une prise en charge équivalente, pour tous ses ressortissants dans tous les pays membres, avec des emplois en masse à la clé... le train est déjà sur les rails, en exemple :
- la création d’une carte européenne d’assurance maladie permettant aux citoyens européens l’accès aux soins médicaux en cas de besoin lors d’un séjour de courte durée dans un des Etats membres de l’UE ou de l’AELE.
- la possibilité pour un Français de subir une opération en Allemagne si les techniques y sont plus avancées, tout en bénéficiant des remboursements de sécurité sociale en France.
Cette bombe démographique, deviendra une priorité de fait, car si les citoyens de l’Union lui savent gré de la pacification réelle du continent depuis 50 ans, le deuxième besoin primaire de tout homme et femme reste sa santé ; et seul l’Europe, à son échelle, pourra prendre et tenter de résoudre ce problème, car ni la France avec ses trop jeunes retraités, ni l’Angleterre avec ses malades en transit, ni même l’Allemagne avec ses vieillards ne pourront financer retraites et qualités des soins pour tous sans exploser leurs dettes respectives.
Et si l’Europe peut imposer des règles de couverture de santé à tous, à la vue de ces enjeux ; enjeux dont la commission s’est déjà saisi, ( cf plus haut ) cela forcera un jour l’adhésion des pays les plus réticents ou trop "libéraux".
Que tous les sceptiques se mettent en mémoire, l’été 2003 en France, avec ses hôpitaux surchargés, ses morts ...et sa bombe sociale voire électorale.
Le bon sens démographique, et démocratique, nous poussera tous à constater ces carences dans toute l’Europe, si nous ne faisons pas de cette exigence un thème d’harmonisation et une Politique de Santé Commune ...car nulle canicule n’en sera la cause.
Je voudrais terminer en guise de conclusion par un renvoi et une illustration venant des USA : le film SICKO de Michael MOORE.
Edifiant sur le constat du système de santé américain, ( vous ferez ce que vous voudrez de la plaidoirie un peu complaisante ), qui montre jusqu’à quel point la logique de la recherche pure du profit pousse des médecins employés par de grandes compagnies d’assurance à constater qu’un patient ayant besoin d’une chirurgie lourde du coeur n’est in fine "pas suffisamment malade" pour ne pas payer l’intervention....
Bonne soirée.
Pelion