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La dérive des partis

La légitimation charismatique et ses effets

 

Nicolas Sarkozy, dont on a tant vanté le charisme et le bagou, dont on a tant méprisé l’opportunisme, et qui a même flirté avec certaines idées à l’odeur putride que l’on croyait perdu dans nos livres d’histoire, a introduit incontestablement une nouvelle forme de gouvernance en France. Quoi qu’il en soit, que l’on se dise Sarkozyste, de la première heure, réuni autour de Thierry Mariani, ou que l’on soit tombé du ciel avec les dernières vagues, comme guillaume Peltier, un transfuge du front national qui a fondé le courant génération Sarkozy, ou que l’on passe son temps à éventrer la poupée vaudou à l’effigie de l’ancien président qu’un industriel français a fabriqué à grande échelle, on est forcé d’admettre que l’hyper-présidence a été une révolution en politique, non pas tant par le fond mais par la forme. Pendant cinq ans, François Fillon n’a été que le secrétaire d’un président intenable qui a dicté son rythme aux médias, et qui même s’il n’a rien accompli d’extraordinaire, aura tenu la France dans la détestation ou dans l’espoir. Le même François Fillon qui croise aujourd’hui le fer dans la ridicule querelle qui l’oppose à son frère Jean-François devant les portes de la nouvelle Thèbes (l’Ump) est incapable de tenir les rênes d’un parti qui a été façonné pour devenir le tremplin d’un homme, l’élu du parti, pour accéder au graal, la présidence de la République Française. Finalement, au risque de répéter les analyses politiques qu’on nous assène, comme celle d’Eric Zemmour, cette querelle serait avant tout une guerre des égos, puisque dans chaque camp, les tenants d’une droite forte, et les tenants d’une droite gaullienne (si cela existe encore) seraient rassemblés pour vaincre l’autre camp tout aussi hétéroclite. Cette analyse n'est pas tout à fait exact, puisque Jean François Copé, s’est mainte fois distingué avec ses dérives un peu populiste comme cette fameuse histoire du pain au chocolat, qui j’en suis sûr fait frémir les plus jeunes d’entre nous, lorsqu’ils prennent leur goûter après l’école.

Mais pour en revenir au sujet, Sarkozy a ravivé en France le culte du chef, et si aucun des deux zozos de l’Ump, et de l’Rump, n’arrivent aujourd’hui à lui contester son trône, c’est bien parce qu’aucun des deux n’a bénéficié de la même légitimation charismatique. L’opposition s’est-elle distinguée en France, ne serait-ce qu’une seule fois, avec la perspective d’une alternative politique ? Non, avant même de brader son programme à une France qui n’en veut plus, l’opposition depuis la victoire du terne François Hollande, n’arrête pas de se chercher un leader. Borlo a fondé l’UDI, vaste mascarade centriste, dont il veut sans doute se servir pour être en bonne place au côté d’un président de droite après une alternance éventuelle. D. De Villepin a lui-même fondé un parti dont on se souvient même plus du nom, pour contester l’hégémonie de Nicolas Sarkozy. Enfin, cette guerre, que l’on pourra sans doute qualifier de « chaos » pour ne plus rougir de honte (en tant que français) participe au même phénomène de la nécessité d’une légitimation charismatique, avant toute prise de fonction, et même avant toute prise de parole. Les idées sont passées au second plan. Puisque le Président fait tout, il verra une fois surplace. De Gaulle voulait donner plus de légitimité au président en introduisant l’élection du président au suffrage universel. Finalement, l’élection présidentielle est devenue la rencontre d’un homme et d’un peuple. La pratique Sarkozyste de l’hyper-présidence a accentué ce phénomène. Désormais, la personnalité, le charisme du président, sont regardés avec plus d’attention que son programme. D’ailleurs, François Hollande en fait les frais aujourd’hui, et on lui reproche avant tout de ne pas avoir mis en scène sa politique (et sa vie) comme un feuilleton télévisé que l’on adorait regarder quand l’acteur principal de la sitcom était Nicolas Sarkozy, soit parce qu’on pouvait le critiquer, voire le ridiculiser, soit parce que lui vouait comme certains électeurs de droite, un culte qui ne porte pas son nom. Il faut dire que le bilan du Président en place est catastrophique, et il n’y a même plus de discours de Grenoble pour remonter la pente dans les sondages ,mais peut-être qu'un homme providentiel comme Montebourg qui monte sur son cheval blanc sauver Florange suffira. Le processus de légitimation charismatique touche tous les partis, Marine Le Pen, est la première à en profiter, elle qui fait oublier les idées nauséabondes de son parti, derrière une personnalité de femme forte. Et d’ailleurs, c’est pour la même raison que le FN a eu tant de mal à trouver des candidats valables pour les législatives. Sa personnalité a suffi à annihiler toutes les autres pour que l’on se retrouve dans un parti sans cadre.

Finalement, l’élection ratée de l’Ump nous rappelle à notre triste sort, derrière ces idéaux de gauche ou de droite, se cachent des monstres politiques qui veulent tout juste accaparer le pouvoir. Les idées ont fini par être reléguées au second plan, mais existe-t-il encore des idées ? Ou la lutte politique n’est plus qu’une lutte pour le trône.


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4 réactions à cet article    


  • JacquesLaMauragne JacquesLaMauragne 6 décembre 2012 16:33

    @ l’auteur

    "cette fameuse histoire du pain au chocolat, qui j’en suis sûr fait frémir les plus jeunes d’entre nous, lorsqu’ils prennent leur goûter après l’école."

    N’ont pas à frémir nos gamins.... !

    Le ramadan 20122 et 2011 se déroulait en plein été, c’est à dire en pleines vacances scolaires !
    Il en sera de même en 2013 et en 2014....

    Bien cordialement,

    jf.


    • ctadirke 6 décembre 2012 20:27

      Vous avez dit « démocratie » ?

      Ah si seulement déjà,chacun avait le souci quotidien du juste mot pour la juste chose .

      Le souci quotidien des mots pesés pour éviter, voire réduire les maux pesants .

      Le souci quotidien de ne pas manier des concepts non conformes à la réalité objective.

      « Dès que nous disons le mot « démocratie » pour nommer notre mode de gouvernement qu’il soit américain, allemand ou français, nous mentons. La démocratie ne peut jamais être qu’une idée régulatrice, une belle idée dont nous baptisons promptement des pratiques très diverses. Nous en sommes loin, mais encore faut-il le savoir et le dire » (Feu Alain Etchegoyen, ex-patron du Commissariat général au Plan dans « La démocratie malade du mensonge » )

      «  Nous sommes victimes d’un abus de mots. Notre système (les « démocraties » occidentales) ne peut s’appeler démocratique et le qualifier ainsi est grave, car ceci empêche la réalisation de la vraie démocratie tout en lui volant son nom.  » Serge-Christophe Kolm

      « La démocratie, c’est le nom volé d’une idée violée » Jean-Pierre Martin,

      +


      • BA 6 décembre 2012 21:15

        Jeudi 6 décembre 2012 :

         

        UMP : Copé-Fillon, énième tête-à-tête pour rien.

         

        Jean-François Copé et François Fillon se sont brièvement revus jeudi lors d’un tête-à-tête toujours pas conclusif et reprendront leurs discussions en début de semaine prochaine, après un week-end où l’UMP va affronter des législatives partielles très délicates.

         

        Le rendez-vous bilatéral à huis clos - le quatrième depuis lundi - a duré une demi-heure, entre 17 h 30 et 18 heures, dans le bureau de l’ex-Premier ministre à l’Assemblée.

         

        Ces rencontres entre Jean-François Copé, président proclamé de l’UMP, et François Fillon, qui conteste la victoire de son rival, visent à résoudre la crise qui secoue le parti depuis l’élection du 18 novembre.

         

        Une issue positive paraît encore très hypothétique, tant chaque camp semble résolu à faire bande à part.

         

        "Les discussions se poursuivent. Ils se reverront en début de semaine prochaine" à une date non encore arrêtée, a-t-on précisé dans l’entourage de M. Fillon.

         

        http://www.lepoint.fr/politique/cope-fillon-enieme-tete-a-tete-pour-rien-06-12-2012-1545886_20.php



        • Soi même Soi même 7 décembre 2012 10:19

          A se demander si Sarkozy à été le seul à lire du livre de Guy Debord, la société du spectacle.

          http://sami.is.free.fr/Oeuvres/debord_societe_spectacle_1.html

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