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Accueil du site > Tribune Libre > La dictature du Café du Commerce

La dictature du Café du Commerce

Que le débat soit à la racine même de la vie démocratique et qu’il débouche sur une forme de consensus et de plate-forme pour l’action, qui s’en plaindrait ? Après tout il est difficile d’imaginer une dictature comme lieu d’échanges d’idées…
Pourtant cette boulimie de débats - toujours sociétaux - ce vacarme qui nous convie à discuter de tel ou tel sujet peut paraître suspect quand il étouffe en réalité les questions économiques et sociales qui devraient être, principalement en période de crise, la priorité de n’importe quel gouvernement. On en viendrait alors à penser que le « débat » est forcé, préformaté, qu’il ne s’impose que comme rituel en excluant par avance l’idée même d’un sens. Et que, surtout, qu’il procède de la technique du leurre et de l’enfumage en éloignant le citoyen de la vie politique pour le cantonner dans une périphérie douteuse tandis que les vraies décisions sont traitées ailleurs… Ministères, instances européennes ou internationales, siège du patronat… ?
 Qui le sait d’ailleurs vraiment tant le pouvoir est apparemment fragmenté, donc invisible et incohérent pour celui qui tente de l’analyser ? Nous sommes appelés en apparence à décider quand nous ne connaissons plus même l’identité de ceux qui décident vraiment…
Donc le faux débat gangrène la vie politique. Sarkozy en est le chef d’orchestre. Rien de plus. Il l’a érigé en système et ses opposants sont condamnés à s’y conformer sous peine d‘être accusés d’admettre ainsi leur manque d’idées, leur absence de réponses face aux problèmes du monde ... Le piège est redoutable. D’autant plus qu’il a l’avantage de réduire la démocratie à la caricature du Café du Commerce avec ses belles idées toujours tellement de bon sens mais si primaires, si inapplicables, si contradictoires, si inabouties… Mais le peuple aura l’impression de parler et donc d’être entendu.
L’opposition, quant à elle, se fragmentera, se cassera les dents sur tel ou tel sujet puisque la question est forcément polémique et sans réponse. Le débat sur » l’identité nationale » est à cet égard exemplaire tant on peut, selon son angle de vue, y apporter les réponses les plus contradictoires au sein d’une même famille politique.
Et surtout le débat suscite cette agitation que les médias aiment tant orchestrer et qui donne l’illusion du mouvement et de la créativité quand les mots sont enfilés comme autant de perles tandis qu’en coulisse on se livre à une réalité plus sordide : dépeçage de la fonction publique, de la politique de santé, taxation des plus pauvres au bénéfice des plus riches…
Alors les débats se télescopent -burqa , couvre-feu pour les délinquants mineurs – alors qu’on sait qu’il n’y a pas de réponse crédible à ces deux questions. On pourra y ajouter d’autres débats, le mariage homosexuel et l’adoption, par exemple, qui permettront au pouvoir de faire parler un jour un « progressiste » et le lendemain un « conservateur » si bien que tout le monde sera content ! Sans parler des multiples commissions mises en place, avec la gloire éphémère pour les uns et d’agréables défraiements pour les autres…
Le débat est le lieu idéal de la confusion et réduit toute pensée, d’où qu’elle vienne, à un brouhaha inaudible. Il n’a pour but que de créer la suspicion sur la pertinence d’une réflexion ou d’une idéologie et participe en fait à une dépréciation de la démocratie.
De hauts débats, il n’y en aura pas. Mais des hauts et des bas. Et du blablabla. Alors que le seul lieu du débat dans une démocratie c’est le Parlement. On semble l’avoir totalement oublié ! En faisant parler tout à la fois la rue, le net, untel ou untel, c’est ce principe de la vie républicaine qui est occulté. Et c’est encore la République qui est mise en danger.

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12 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 16 novembre 2009 10:43

    Sarkozy joue très bien le coup , car c’est lui qui lance les sujets de débat ! l’opposition est tellement nulle qu’elle est incapable de proposer quoi que ce soit ! où est le PS , où est Bayrou ? absents , inaudibles , inexistants ! avec de tels opposants tout juste capables de se bouffer le foie entre eux ( voir ce week end Peillon versus Royal ) , Talonette premier après son deuxième mandat pourra adouber le prince Jean pour sa succession .....


    • Bardamu 16 novembre 2009 11:11

      Très bien vu !

      Charge au peuple d’orienter le débat différemment, car il y a peu d’espoir de voir des élites dévoyées s’y employer.
      La grande arnaque de l’Histoire a été de faire croire en un peuple insouciant, dangereux, inapte.

      Oui, lorsque aussi bien la Révolution française fut un fait bourgeois, et le nazisme, en Allemagne, la manipulation d’une triste marionnette aux mains des financiers.

      Maintenant, on nous infantilise pour mieux nous mener à la baguette.
      La caresse de la badine se fait certes douce -au regard du fouet d’antan-, mais non moins efficace.
      Emparons-nous de la badine, et alors pourrons-nous débattre ! 


      • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 16 novembre 2009 11:52

        Dialogue - - discussion - - débat.

        Chaque fois que l’on passe d’un terme au suivant, il y a perte de qualité.

        Débattre est un mot de la même famille que combattre. Le débat est le lieu de la confusion, mais aussi de la manipulation et du hors-sujet.


        • savouret 16 novembre 2009 12:42

          article interessant qui permet de s ’interroger sur certaines dérives résultant d’une conception caricaturale de la démocratie.Malheureusement, celle ci est de plus en plus prégnante, en raison d’une volonté émanant du pouvoir politique, plus précisement du chef d ’état,mais aussi en raison de l’influence des médias qui ont contribuè à l’avénement d ’une« démocratie d’opinion »

          l ’essor de celle ci entrave l’approfondissement des débats démocratiques et leur mise en perspective sur le long terme, car elle se caractérise par une focalisation sur les problèmes mis au centre de l’actualité médiatique.Bien entendu, les sujets occupant une position centrale dans les médias résultent pour certains(de plus en plus ?) des aspirations émanant du pouvoir exécutif

          Pour un nombre croissant d ’individus, manipulés en quelque sorte par les pouvoirs politiques et médiatiques, la démocratie se réduit de plus en plus à la caricature qui est dénoncée dans l’article et de manière concommitante , leur défiance envers le concept de démocratie représentative ne cesse de se renforcer.

          certes, cette hostilité vis à vis des institutions trouve aussi son origine dans l’impéritie des acteurs politiques à résoudre des problèmes économiques et sociaux durables et à fortiori exacerbés par la crise et elle n ’est donc pas totalement illégitime.

          toutefois,la préeminence de la légitimité de la démocratie d ’opinion par rapport à celle de la démocratie représentative comporte un réel risque de dérive populiste, ce qui s ’est de toute facon deja amorce depuis une vingtaine d ’années et s ’est accentué sous l’impulsion de sarkozy.

          Ainsi, les dirigeants politiques gouvernent de plus en plus en fonction des sondages et cherchent constamment à satisfaire, du moins dans les discours, les aspirations exprimées par l ’opinion publique.Celle ci pense de plus en plus, que les représentants politiques doivent systématiquement subordonner leurs décisions à la volonté populaire exprimée et tend donc à vouloir exercer une sorte de tyrannie, sans réellement se rendre compte, que ce pouvoir qui lui est apparamnent conféré n ’est qu’illusoire, car comme le dit avec pertinence l auteur de l’article, le peuple n ’est jamais consulté sur les débats les plus cruciaux pour son avenir individuel et collectif.

          cette évolution remet en cause la recherche du bien commun et de l’interet collectif , qui constitue un fondement de la démocratie , mais suppose bien entendu que les décisions prises aient pour horizon le long terme et non le présent médiatique.Ceci implique également, dans des sociétés aussi peuplées et différenciées socialement que les notres, que le peuple délégue sa souveraineté a des représentants, car en dépit de ses insuffisances , la démocratie représentative reste incontournable, d ’autant plus que la complexité croissante des problèmes auxquels nos sociétés sont confrontées exige plus que jamais de béneficier d’élites eclairées".celles ci doivent etre capables de les appréhender et de prendre des décisions susceptibles de contribuer au bonheur du peuple et à la satisfaction de ses besoins fondamentaux, meme si elles sont impopulaires.

          Bien entendu, les représentants actuels sont loin de correspondre à cette vision idyllique, mais le principe de représentation ne doit pas pour autant etre remis en cause,car il serait illusoire de penser que chaque individu possède la meme légitimité pour résoudre les problèmes les plus complexes.


          • Peretz Peretz 16 novembre 2009 18:12

            Si, la démocratie représentative est contournable, sans tomber dans le populisme : www.citoyenreferent.fr. Mais il ne faut pas être pressé !


          • Fergus Fergus 16 novembre 2009 13:05

            Ce que vous dites est globalement vrai : les débats superficiels prennent trop souvent le pas sur les questions de fond. S’agit-il pour autant d’une évolution liée à l’émergence des nouveaux médias et au goût accru des citoyens de discuter de tout et de n’importe quoi, ou s’agit-il d’une stratégie délibérée de Sarkozy ?

            Pas sûr que Sarkozy ait intérêt à jouer cette partition-là car si elle occulte les questions gênantes, elle occulte également les réussites lorsqu’il y en a. A moins que Sarkozy ait pris conscience de son échec sur la plupart des grands dossiers. Ce serait, à mon avis, faire peu de cas de son ego hypertrophié et de sa certitude d’être l’homme providentiel !


            • ELCHETORIX 16 novembre 2009 15:56

              @ L’ auteur , votre chronique est intéressante et prétentieuse , je m’explique :
              votre conclusion qui stipule que le vrai débat sociétal se situerait dans l’hémicycle de l’assemblée est erroné car la représentation de l’assemblée nationale et le sénat , en aucun cas représentent la population de l’hexagone ;

              cette conclusion est donc fausse !

              Le parlement est constitué de membres représentatifs des professions libérales , de hauts fonctionnaires , , mais en rien , de corporations issues du peuple , les simples commerçants , les employés , les ouvriers , cadres subalternes et autres ...
              Quant à la société , dite active ou vive , elle me semble posséder plus de BON SENS que vos politiciens carriéristes et professionnels !
              Ya basta , d’autant plus que par la grâce de « l’empafé » du palais de l’élysée , s’est empressé de « vendre » notre nation aux « affairistes apatrides et voraces pour les »écus «  ; c’est ainsi que le parlement national tout comme le parlement Européen , ne sont qu’une  » illusion " de pouvoir , car le pouvoir , LE VRAI , est ailleurs - devinez où est ce pouvoir ?
              A bientôt !
              RA .


              • NOUVEL HERMES NOUVEL HERMES 16 novembre 2009 16:18

                Mais je me contente de dire qu’en république, selon les termes mêmes de notre constitution, le débat doit avoir lieu au Parlement.
                Que celui-ci ne soit pas représentatif du peuple, je vous l’accorde volontiers : les députés votent et s’expriment ten fonction de leur groupe politique sinon on leur refusera l’investiture pour les prochaines élections. Tout le problème est là. Plus le fait, et vous avez raison, que d’un point de vue professionnel il est loin de représenter le peuple « réel »...
                Mais le Parlement reste malgré tout le socle de la démocratie. Que celle-ci soit « illusoire », je partage aussi cet avis. Mais je me raccrocherai encore à cette illusion tant qu’on n’aura pas été capable de définir un autre modèle démocratique. Et ce n’est pas « le Café du Commerce » qui pourra proposer une alternative crédible ! En tout cas s’il doit y avoir « débat » ce n’est pas à partir de l’injonction de l’exécutif mais à partir du peuple ou de ses représentants.


              • brieli67 16 novembre 2009 16:50

                Qu’on repasse au tout parlementaire !!
                Ces présidentielles d’élections en France ne peuvent mettre en place que des zinzins... Sarko comme Ségo
                Processus de sélection aux mains des Partis et des Médias.

                Que nos élus choisissenr un de leurs pairs comme Chef de Gouvernement !
                Grèce, Allemagne, Espagne etc...... ça marche si mal que cela cette démocratie parlementaire ?

                Cette monarchie républicaine est déontologiquement dépassée.
                 Et re/donnons la chance à la Politique avec un grand P !


              • ELCHETORIX 16 novembre 2009 18:01

                mais oui , Mr , les « gabegies » du parlement ne nous font plus rire , encore moins celle de « l’agité » , à la tête de l« exécutif » , c’est le pourquoi , que plus que jamais la DEMOCRATIE est à réinventer par l’auto-gestion ou suggestion du peuple lui-même .
                Cette « démongracie » EST NULLE ET NON AVENUE .
                Ces gens , qui sont censés nous représenter tant au niveau local , régional , national , européen , et international sont trop payés pour que rien ne change à tous ces niveaux précédemment indiqués qu’ils nous sont REDEVABLES de toutes les taxes qui existent ou qu’ils vont s’ingénier à en accroître le nombre ; pourquoi pas taxer l’air que nous respirons pour que ces messieurs-dames continuent leur train de vie , du local (maire ) , au national ( président ) et ainsi de suite ! .
                Hasta la victoria , siempre !
                RA .


              • Peretz Peretz 16 novembre 2009 18:20

                @l’auteur. L’assemblée référendaire dont j’ai étudié tous les détails, serait au-dessus de l’Assemblée nationale et représentative de notre société : www.citoyenreferent.fr. Ce n’est qu’une propostion, qui rejoint en partie celle de Proudhon. Le problème n’est donc pas nouveau.


                • savouret 18 novembre 2009 21:24

                  ce concept d ’assemblée réferendaire peut paraitre séduisant, car celle ci serait réellement représentative de la population, donc a priori , son instauration constituerait un approfondissement de la démocratie.toutefois, je pense que cette idée est trop utopique et qu’elle peut comporter des effets pervers .

                  En effet, bien que l’on puisse le déplorer, et ceci est mon cas, il convient de reconnaitre qu’un certain nombre de citoyens ne possédent pas les outils de reflexion nécessaires pour appréhender les principaux enjeux des sociétés contemporaines, sachant que ceux ci structurent les debats politiques essentiels.

                  il s’avère malheureusement, et je le déplore tout autant, car cela traduit une insuffisance de la démocratisation de notre système éducatif,que cette proportion d’individus ne possédant pas les clés d ’interprétation pour prendre des décisions en toute connaissance de cause,est plus importante dans certaines catégories de la population(sachant que ce constat ne décrit qu’une tendance et ne saurait etre généralisé systématiquement, puisque un cadre peut tout à fait etre dépolitisé et un ouvrier peut parfaitement etre très politisé et avoir de bonnes capacités d ’analyse)

                  il me semble donc, partant du principe que l’exercice du pouvoir politique requiert un bagage intellectuel minimum,que le principe d ’assemblée réferendaire n ’est pas réellement envisageable , meme si il part d ’une bonne intention.je crois aussi malheureusement qu’a moins de remettre totalement en cause le principe de différenciation sociale, cette idée ne constitue qu’une chimère,a moins de parvenir à une égalité culturelle absolue, ou tous les groupes sociaux seraient pourvus du meme niveau d ’instruction.

                  toutefois, dans la mesure ou la sous représentation des couches populaires dans les instances représentatives atteint des proportions totalement inadmissibles , il peut s ’agir d un modèle de référence, qui bien qu’irréalisable pourrait servir de support à une évolution vers une atténuation de cette situation délètére qui ne peut que délegitimer le principe de représentation et entraver l ’approfondissement de la démocratie.

                  l ’accroissement de la représentativité sociale des institutions politiques ne peut se concevoir qu’a condition de mener une véritable politique de démocratisation scolaire qui permettrait à l’immense majortié de la population d ’accéder à un niveau d ’instruction suffisant pour appréhender le monde contemporain.malheureusement, le gouvernement actuel meme une politique qui va à l’encontre de cette perspective.

                  malgré mon scepticisme sur cette proposition d’assemblée referendaire qui me semble trop démagogique, il convient toutefois de reconnaitre que nos représentants politiques actuels sensées posséder la clairvoyance nécessaire pour prendre des décisions pertinentes,sont bien loin de démontrer au quotidien qu’ils disposent de cette faculté.
                  la encore, si l’on progresse vers une plus grande représentativite sociale de nos institutions politiques, l ’aveuglement manifesté par nos représentants pourrait peut etre s’estomper.

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