La difficile construction d’une opposition de droite
Aujourd’hui sur le site de Marianne, il y a un très intéressant article sur les états d’âme de Nicolas Dupont-Aignan et son combat politique invarié sur lequel il fait un rêve : la Droite et le FN pourraient converger vers ses objectifs...

Le problème pour Nicolas Dupont-Aignan qui n’est pas mince, c’est qu’il veut allier dans une confédération hybride des gens qui ont des perceptions très différentes sur l’Europe même si, partageant les mêmes fantasmes, ils sont à peu près tous d’accord sur des thèmes comme l’immigration.
Bref leur seul point commun est d’être en décalage avec l’évolution d’un monde qui change trop vite pour leurs capacités cognitives.
La nostalgie des trente glorieuses est certes sympathique sous certains égards mais ne les fera pas revenir.
D’autre part, un Wauquiez qui a déjà eu des positions contradictoires dans le passé n’est pas non plus le mieux placé pour conduire un hypothétique renouveau puisqu’il semble établi que ni Dupont-Aignan et encore moins Marine Le Pen ne sont capables de rassembler sur leur nom....
Contrainte par son naufrage en direct, Marine Le Pen cherche à concilier la xénophobie qui est au fond le seul liant de son électorat avec un prudent détour qui lui permette de ne plus apparaître comme une anti-européiste rabique mais comme quelqu’un qui se résigne à certaines formes de supranationalité, bref fini le temps où la France devait retrouver le moyen le plus visible de sa souveraineté, à savoir le droit de battre monnaie.
Comme les autres impositions européennes sont davantage dictées par la mondialisation et les forces ploutocratiques qui en tirent profit que par la malignité inhérente à cette construction, l’abandon de la revendication du retour au droit de battre monnaie sonne le glas du souverainisme à la sauce frontiste et du souverainisme tout court...
Quelle était la partie de l’électorat frontiste qui était vraiment motivée par les professions de foi souverainistes ?
L’essor apparemment contrarié du mouvement de Philippot semble accréditer l’idée que ces thèmes n’étaient que des mises en bouche pour forts en gueule mais n’impactaient pas profondément son capital électoral ( dont beaucoup ont voté pour elle sachant parfaitement qu’elle n’avait plus aucune chance de parvenir au pouvoir, un vote de rejet mais raisonné par ses perspectives nulles de concrétisation )
Du côté des Républicains, Wauquiez a beau se proclamer l’opposant numéro un, ce n’est vrai qu’en nombre mais sûrement pas sur le fond où sa parole reste inaudible et il fait le vide autour de lui.
Il garde la confiance des inconditionnels et des groupes sociaux qui sont traditionnellement de droite et à qui il suffit de proclamer son appartenance à la famille de droite pour plaire, cependant ce qui faisait la part dynamique de cette famille met les bouts, depuis Bertrand jusqu’à Juppé en passant par Copé, certains par opportunisme pour relancer leur carrière , d’autres par conviction qu’une page s’est tournée et qu’on ne reviendra pas en arrière avec des combats datant d’un autre siècle.
Wauquiez est obligé de naviguer à la godille entre les valeurs traditionnelles, le soutien majoritaire à droite à l’idéal européen et le champ à défricher dans l’électorat du Front National, heurtant les premiers pour appâter les seconds avec le risque de perdre les uns sans gagner les autres.
Contre la toute puissance du néo-libéralisme macronien, le seule opposition qui tienne la route mais en risquant l’embardée à chaque tournant est celle de la France Insoumise et dans une moindre mesure des communistes, les socialistes s’étant discrédités et étant d’ailleurs divisés en chapelles d’intérêts sinon de pensées ;
Encore cette opposition doit-elle se garder d’une lecture trop idéologique des rapports de force comme ce fut le cas quand Mélenchon crut de bonne foi, c’est le cas de le dire, que les perspectives désastreuses pour le salariat des différents plans Macron allaient porter à l’automne le monde ouvrier dans la rue pour y faire entendre une opposition résolue.
Il n’en fut rien et Mélenchon est toujours occupé à digérer l’échec de ses pronostics et à payer dans les sondages - pour peu qu’on y attache foi - ses illusions perdues.
Le monde ouvrier est aujourd’hui une fiction où prime l’individualisme, où beaucoup se contentent des miettes parce que le voisin n’est pas convié au partage et où la solidarité est devenue un mythe et doit être reconstruite avec les moyens modernes de communication.
Le côté positif, c’est que le matériau de départ existe avec la France Insoumise et le mouvement de Benoît Hamon, que les outils sont à portée de main et qu’une vérité même prématurément révélée reste une vérité.
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