La droite bonapartiste : le retour de la « Gueuse » ?
Nicolas Sarkozy vient d’être mis en examen pour abus de faiblesse à l’encontre de Liliane Bettencourt après avoir été longuement interrogé à Bordeaux par le juge d’instruction en charge du dossier. Il rejoint ainsi la liste des anciens présidents de l’UMP et ancien Président de la république. Bienvenu au club semble lui dire Jacques Chirac, d’un clin d’œil malicieux. Les réactions à droite sont stupéfiantes.
On aimerait pouvoir en sourire. Mais les réactions des cadors de l’UMP font froid dans le dos ce matin. On savait la droite parlementaire encline à considérer la gauche au pouvoir comme illégitime. Encore il y a peu, samedi, François Fillon (le plus modéré !) devant les cadors de l’UMP déclarait : "François Hollande a été élu par défaut avec le soutien de l'extrême gauche et la complicité de l'extrême droite". A l’autre bout de l’échiquier UMP Maryse Joissains-Masini, maire UMP d’Aix en Provence avait réagi à l’élection de François Hollande en ces termes : "Même si François Hollande est proclamé président de la République, je ne pense pas qu'il soit légitime".
A la périphérie de l’UMP, conseiller du soir de Nicolas Sarkozy, président, affirme sans rire que la prise de pouvoir chez les socialistes « par effraction, serait une habitude » et que la France « n’est pas de gauche ». Un homme qui paraissait digne de confiance, François Baroin évoquant la victoire de Lionel Jospin en 1997, en rajoutait une couche en jugeant que « le parti socialiste avait pris le pouvoir par effraction en 1997 ».
Mais cette « manie » à droite remonte à très loin. Giscard lui-même, en campagne en 1981, contre François Mitterrand jugeait ouvertement qu’il était le seul à pouvoir gouverner la France : « Les mêmes forces qui ont conduit au naufrage le vaisseau de la IVe République, les mêmes forces qui avaient fait de la France l'homme malade de l'Europe vous proposent de leur confier le sort de notre pays !"
François Mitterrand en 1989 faisait déjà le constat suivant : "On s'était déshabitué de ce type de situation (l'alternance) au point que ceux qui gouvernaient (la droite) s'y croyaient appelés par je ne sais quel décret divin ou quelle loi de la nature, justifiait François Mitterrand. Ils n'ont pas tout à fait cessé de penser que le pouvoir, dès lors qu'il leur a échappé, a quelque chose d'illégitime.".
Ce matin Henri Guaino, député de la République, ancien conseiller influent de Nicolas Sarkozy a plus que dérapé ce matin sur Europe 1. Il a exécuté le pouvoir judicaire, en faisant fît de l’indépendance de celui-ci, pour lui le juge Jean-Michel Gentil a « déshonoré la justice » en mettant en examen l’ex-chef de l’Etat pour abus de faiblesse. « Je conteste la façon dont il fait son travail », « Je la trouve indigne, je trouve qu’il a déshonoré un homme, les institutions, la justice. »
Ce matin le Président du syndicat de la magistrature envisage de saisir la justice et le président de l’Assemblée nationale pour demander des sanctions.
Très rapidement le camp UMP s’enflammait jusqu’à ce que Lionel Luca, parlementaire, exprime sur Tweeter « La seule chance de FH (François Hollande) en 2017, c’est d’éliminer par tous les moyens la possibilité d’une candidature du seul adversaire qui peut le battre ». La route à la théorie du complot orchestrée par le parti socialiste était ouverte, la marée de l’UMP s’y engouffre désormais piétinant les fondements de la république et de la démocratie allégrement.
La droite forte (on comprend maintenant pourquoi), par la bouche de Geoffroy Didier affirmait sans sourciller : il y a « un traitement à part à l’endroit de Nicolas Sarkozy, un homme parfaitement intègre ». « Sans doute pour avoir dit un certain nombre de vérités, sans doute pour avoir condamné les dérives du milieu judiciaire, aujourd’hui certains ont décidé de régler des comptes personnels avec Nicolas Sarkozy ». Les amis de Nicolas Sarkozy dénonçaient des « méthodes au relent politique évident », en ajoutant toutefois « espérer que la justice de notre pays ne permettra pas longtemps encore l’instrumentalisation de cette affaire ».
Quel sera la prochaine étape de cette UMP à la dérive de plus en plus proche de Napoléon Bonaparte, est-elle déjà à la recherche de son général Boulanger et prépare-t-elle son coup d’état afin de restaurer sa république, dont elle affirme haut et fort qu’elle en a la propriété exclusive ?
Il n’est pas si loin le temps où une certaine droite française parlait de la république en l’affublant du qualificatif de « la Gueuse ».
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