La mésaventure de Miss Paris est-elle si inattendue ?
Elle n’est pas la première à s’être présentée dans le plus simple appareil
devant un appareil de photo ni à voir contre son gré le photographe indélicat
tirer profit de sa notoriété en offrant ses images à un magazine. Les
indignations répétées de la duègne Poirot, dite de Fontenay, peuvent-elles
changer grand chose au concours de beauté Miss France dont elle vit ?Ce mode de promotion féminine
n’encourage-t-il pas lui-même ces méthodes ?
Des concours absurdes
Cette « élection » d’une Miss France est d’abord aussi absurde que les prix attribués à des livres, des films ou des morceaux de musique. À un certain degré de qualité, aucune hiérarchie n’est possible ni légitime. Ainsi, que peut bien signifier le classement que Radio Classique a demandé d’effectuer à ses auditeurs entre 50 œuvres de piano proposées, lors d’une manifestation appelée « Les élections du piano », en novembre dernier, qui a mobilisé la chaîne pendant des mois ? Est-ce que cela a un sens, autre que strictement personnel, de classer une valse de Chopin devant une sonate de Mozart ou un concerto de Beethoven ? En revanche, on voit très bien le profit que la chaîne en retire puisque l’auditeur est appelé à voter par téléphone au prix de tant de centimes d’euro la minute puis à acheter les CD réunissant les œuvres plébiscitées.
La distinction entre des filles aussi jolies les unes que les autres est tout aussi insensée, mais on voit à quoi elle sert : la cérémonie draine des millions de spectateurs devant les écrans de télévision et avec eux des millions de recettes publicitaires. De son côté, le renouvellement annuel des écuries de misses régionales qui la prépare, fait vivre à ses crochets nombre de parasites comme la duègne Poirot, dite de Fontenay.
Un accès apparemment facile à la notoriété, promesse de réussite
Mais, il est vrai, ces concours idiots n’existeraient pas s’ils n’avaient pas d’abord de succès auprès des premières concernées, ces candidates au rêve qui ont l’esthétique requise. Elles y voient des raccourcis commodes menant droit à la notoriété qui peut ouvrir sur des fonctions enviables, réservées hors concurrence, là où "le médium doit être le seul message", comme à la télévision par exemple. Il suffit apparemment à la jeune femme « élue » de paraître pour conquérir. On peut comprendre qu’une jolie jeune femme, comme l’alouette, se laisse prendre à ce miroir.
La grâce reçue en naissant n’est-elle pas à soi seul le signe d’appartenance à une sorte d’aristocratie de naissance ? Elle peut épargner la malédiction divine qui au jardin d’Eden a condamné les hommes à gagner leur pain à la sueur de leur front. Celles qui ont cette chance, auraient-elles tort d’en profiter, fût-ce à leurs risques et périls ? Car dans la version la plus dégradante de son exploitation, on compte la prostitution de luxe. Et celle qui a cours sur les lieux de travail, appelée « promotion-canapé », n’est guère plus ragoûtante.
Un goût prononcé pour l’exhibitionnisme
Pour participer en tout cas à ce concours de beauté, il ne faut pas répugner à l’exhibitionnisme. Il est même recommandé d’en avoir le goût. Aussi la duègne qui organise ces comices, est-elle mal venue de le reprocher aux jeunes femmes qui s’y adonnent. Le concours de Miss France ne les oblige-t-il pas à parader sur scène en robe du soir et en maillot de bain, de face, de profil et de dos devant des millions de voyeurs ? Ce n’est pas la veille du concours que les candidates doivent s’y préparer. C’est toute une manière d’être et un apprentissage de maintien codé qu’il leur faut acquérir.
Du jour où elles ont vu leur grâce mettre leur entourage à leurs pieds, elles peuvent avoir été tentées d’en user et abuser. Le charme est un moyen si puissant et économique de parvenir à ses fins : un expert en séduction, mort accidentellement il y a exactement 50 ans aujourd’hui, Albert Camus, l’a défini dans son roman « La chute » : « Vous savez ce qu’est le charme, demande son héros, Jean-Baptiste Clamence, une manière de s’entendre répondre oui sans avoir posé aucune question claire. »
Un leurre sans égal
Puisqu’il faut appeler les choses par leur nom, ce charme n’est autre ici qu’un leurre d’appel sexuel modulé qui n’a pas de rival pour capter l’attention et captiver ses proies sous l’empire de la transe du voyeurisme. « Combien de fois, avoue le même héros de Camus, planté sur le trottoir, au cœur d’une discussion passionnée avec des amis, j’ai perdu le fil du raisonnement qu’on m’exposait parce qu’une ravageuse, au même moment traversait la rue. »
En s’employant à incarner un leurre d’appel sexuel, la jeune femme devient à elle seule le message, quoi qu’elle dise ou fasse : ses admirateurs n’ont d’yeux que pour sa grâce au point de devenir sourds aux platitudes ou billevesées qu’elle peut énoncer. C’est le propre du leurre d’appel sexuel incarné que de faire du médium un message à lui seul, selon un des sens du paradoxe de Mac Luhan, « Le médium est le message ». À quoi sert, en effet, un mannequin sinon à glisser un leurre d’appel sexuel dans des vêtements sans attrait en eux-mêmes pour les auréoler des feux du désir qu’il fait briller dans les yeux des spectateurs en proie à la convoitise voyeuriste, et rendre ces vêtements désirables ?
L’autre particularité du leurre est la pratique du double jeu de l’exhibition et de la dissimulation. La morale changeante du groupe qui régit les limites de l’exhibition sexuelle publique, n’en est pas la seule raison. Il ne faut pas qu’une exhibition totale stimule une transe voyeuriste telle qu’elle détourne l’attention du produit que le leurre doit promouvoir. Mais quand le produit en question est la personne même de la jeune femme, la tentation est grande de reculer les bornes du double jeu. La photo n’est-elle pas qu’une représentation de la jeune femme qui dissimule plus qu’elle n’exhibe, tant par le cadrage, l’angle et le plan choisis, sans compter qu’elle se limite à deux dimensions ? En ce sens, la nudité même d’une jeune femme, comme celle de Miss Paris sur les photos incriminées, est sans doute une exhibition mais doublée d’une inévitable dissimulation.
En tout cas, peut-on reprocher à Miss Paris d’avoir outrepassé les limites autorisées par la morale du groupe dans des clichés réservés, selon elle, à un usage privé ? Ils n’auraient été mis sur la place publique à son insu et contre son gré que par esprit de lucre ou de vengeance. Et puis, après tout, quelles différences entre les nus privés de Miss Paris et ceux publics de Mme Carla Bruni-Sarkozy vendus aux enchères ? On ne sache pas que la carrière de celle-ci en ait été contrariée pour autant, bien au contraire ? Carla Bruni est devenue Mme Sarkozy et « Première Dame de France ». Qui sait si Miss Paris ne l’a pas prise pour modèle ? Sa seule erreur serait alors d’avoir confondu les deux titres « Première Dame de France » et « Miss France ». Car la duègne Poirot, dite de Fontenay, qui masque déjà son nom roturier sous un pseudonyme aristocratique, entend, elle, contre toute raison, maquiller en vestales les filles exhibitionnistes qu’elle appâte dans ses comices. On reste, en effet, sidéré de l’entendre, sur TF1 News, le 2 janvier 2010, se dire « choquée par cette société à la dérive qui utilise, sans état d’âme, les femmes comme de purs objets sexuels. » Mais que fait d’autre le Comité Miss France dont elle vit ? Ces accents de vertu féministe outragée ne résonnent-ils pas comme ceux d’une taulière qui se plaindrait de la moralité de ses filles ? Paul Villach
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Miss paris n’est victime de rien du tout , ... , hier totalement inconnue ( qui se souvient des dauphines ? ) , elle va maintenant pouvoir négocier de rondelets contrats avec des marques , que ce soit de la lingerie ou autre , photos , pub , interviews rémunérés , passage TV , ect ... du fait de sa notoriété nouvelle...
Mais le le story telling victimisant des média fonctionne bien et tout le monde tombe dans le panneau ... on peut même supposer que toute cette histoire a été monté de toute pièce ...
Les miss qui finissent dauphines ne gagnent pratiquement rien , donc je ne vois pas en quoi la vie de miss Paris est gachée , au contraire , elle va pouvoir capitaliser sur ce pseudo scandale ...
Elle n’a pas tout à fait tort la Fontenay : si elle ne met pas de limites claires à ne pas dépasser il va vite y avoir une confusion entre son show et les hot d’or , ce qui est finalement mauvais pour son spectacle ...
Notez qu’à titre individuel, je ne suis pas contre les hot d’or en « praime » à la téloche ... mais je ne suis pas convaicu que ça aurait autant de succès auprès du public cible ...
Les concours de Miss France sont à la beauté ce que le top 50 est à la musique .De même qu’aucun des grands musiciens du XXème siècle n’a été premier au top 50, aucune femme réellement intéressante n’a jamais été élue Miss France.
La véritable beauté se moque des concours de beauté et éclate dans d’autres domaines. Exemples de femmes particulièrement séduisantes , chacune dans leur style, et qui n’auraient jamais été sélectionnées pour un concours de beauté :
Toutes ces femmes sont beaucoup plus séduisantes que n’importe laquelle des finalistes de Miss France que l’on a pu voir !
Une anecdote personnelle : vers la fin des années 80 ou dans les années 90 , je ne sais plus trop, je jouais de la musique dans un duo style Django Reinhardt ( encore un qui n’aurait jamais été au top 50 ) ,à l’occasion de l’inauguration d’un restaurant rouennais , qui a rapidement fait faillite ensuite. La Miss France de l’époque était invitée à cette soirée, et moi et l’autre musicien du duo dont je faisais partie, avons eu la chance ( ? ) de se retrouver à dîner seuls à une table de trois personnes en compagnie de cette Miss France, au cours de la soirée . Franchement , de près , mis à part le fait qu’elle était habillée de vêtements de super-luxe d’un grand couturier, rien ne la distinguait d’une lycéenne ou d’une étudiante standard. Quant à la conversation, aïe aïe aïe ...
PS : le terme de « duègne » appliqué à Madame de Fontenay ( j’ignorais que cela fût un pseudonyme ) est particulièrement bien trouvé : elle se retrouve ainsi parmi les duègnes célèbres, comme Alice Sapritch dans « la folie des grandeurs »
Quelle révélation ne nous faites-vous pas ! Vous avez dîné avec une Miss France !!! Quel veinard vous faites !
Je vous l’accorde, ces jeunes femmes ne peuvent que correspondre à ce rêve formaté de magazine sur papier glacé auquel elles s’attachent à ressembler en perdant tout ce qui pourrait faire leur originalité. Voyez sur la photo que j’ai choisie pour accompagner l’article : elles se ressemblent toutes... Paul Villach
Effectivement , on dirait des clones ! Qui pourrait tomber amoureux de clones ?
Il y avait un roman de Boris Vian qui s’appelait , je crois « on tuera tous les affreux » , qui montrait une situation savoureuse. Si mes souvenirs sont justes ( je l’ai lu à l’âge de 14 ans ) , en fin du roman, des femmes sélectionnées génétiquement pour leur beauté se précipitent toutes sur les hommes les plus moches, délaissant unanimement les hommes sélectionnés génétiquement qui avaient, eux , un physique de « mister France » !
N’est-ce pas ce qu’on constate aujourd’hui ? Ces jolies créatures se retrouvent au bras de sinistres individus, le visage mangé d’une barbe de quatre jours, au QI de footballeur, mais plein aux as !
L’amour est aveugle ! Rappelez-moi, docteur, ce qui lui rend la vue ? Paul Villach
Je n’ai aucune sympathie particulière pour Geneviève de Fontenay, néanmoins je ne vois pas pourquoi elle n’aurait pas le droit de porter le nom que la République lui a autorisé de porter (publication au JO en 2007) - nom de résistance de son époux défunt. Villach confond pseudo et pseudo
Avant de choisir le mot « duègne », c’est « maquignon » qui m’était, en effet, venu à l’esprit. Pour cette personne, il faut inventer un féminin : « maquignonne » ! PV
Excellente , celle-là, mais je crois qu’elle ne sera comprise que par les amateurs de variétés anciennes de tubercules , à l’instar de mon animal fétiche !!!
Pourquoi commenter l’absurde ? Entre Miss Poireau qui n’en peut plus de vouloir de l’argent même finie et Miss j’ai de gros seins et je voudrais gagner des sous à Paris, le choix est absurde. Zeitgeist ?
Les concours ne date pas d’aujourd’hui : les jeux olympiques..... Ce qui et choquant c’est l’aspect mercantil de tout ces « jeux » et de ceux qui les organisent. Après, c’est a l’image de notre société créer le « buzz » et rester au maximum en haut de l’affiche avant de retourner au néant.
Vous y allez un peu trop fort. Il ne faut pas confondre la morale et le commerce. GdF (ne pas confondre avec Gaz de France) a monté une affaire suivant un modèle commercial qui a assuré son succès. Lorsqu’on y participe on doit respecter son contrat. Pour ce qu’on en a dit, le contrat des Miss stipule clairement qu’elles n’ont pas fait de photos de cul avant de rentrer dans le circuit et qu’elles n’en feront pas pendant l’année de leur couronnement. Dés lors, il y a clairement tromperie, rupture unilatérale du contrat, et il n’y a rien de choquant à ce qu’elles soient exclues du jeu.
Croyez-vous qu’un franchisé de Mac Donald a le droit de mettre n’importe quoi dans ses hamburger au prétexte de modernité, égalité des droits, non discrimination etc ? Bien sûr que non. Vous ne pouvez pas nier l’aspect commercial. GdF mène son affaire comme elle l’entend même si son business ne plaît pas à certains.
Vous n’avez pas saisi la subtile limite que GdF impose à son business. C’est la différence entre la séduction et l’érotisme, l’autre limite étant la différence entre l’érotisme et la pornographie. La règle de « bonne moeurs » des miss maintient cette limite.
Vous mélangez un peu tout. Carla Bruni fait plus penser à la naissance de Vénus par Boticelli qu’à Emmanuelle. La Miss Paris montre toute la marchandise, sans rien cacher. Vous n’avez pas dû voir l’ensemble des photos. Si cela continue vous allez voir du leurre d’appel sexuel dans la statue d’Hercules du palais Farnèse.