La dure épreuve pour le président Biden
Au début de toute discussion entre deux ou plusieurs parties, il existe plusieurs possibilités, allant de l’échec à l’impasse, voire au succès. Les pourparlers de Vienne sur la relance de l’accord sur le nucléaire iranien, quand à eux, pourraient donner lieu à des scénarios inconnus. Les attentes concernant d’éventuels compromis semblent très limitées.
Une victoire pour une partie ou un acteur peut être considérée comme une défaite pour une autre partie ou un autre acteur. C’est ainsi que les choses se passent dans une équation complexe. Les négociateurs iraniens se rendent aux pourparlers de Vienne dans le but d’obtenir une levée complète des sanctions américaines, tout en refusant d’aborder les questions liées au programme nucléaire.
Ils exigent également des garanties de la part des États-Unis qu’aucun futur gouvernement ne s’écartera des accords conclus lors du cycle de négociations en cours. Les perspectives d’une solution satisfaisante pour les deux parties sont très difficiles. Cette fois-ci, les négociateurs iraniens se rendent à Vienne avec une mentalité de « tout ou rien. »
Cela ne signifie pas que ceux qui sont connus pour leurs tactiques de négociation à long terme et leurs manœuvres n’ont pas de compétences en matière de négociation. Ils ont épuisé d’autres parties dans des cycles de négociations, comme cela s’est produit en 2015 juste avant un accord final avec l’administration Obama. Il s’agit plutôt ici de la politique intérieure de l’Iran.
Les partisans de la ligne dure au pouvoir tentent de prouver qu’ils peuvent exploiter pleinement ce qu’ils considèrent comme un « droit, » ou accepter un échec comme un indicateur de « résistance » à la pression des États-Unis.
Le problème est que l’administration Biden se trouve dans une position très difficile en interne. Elle ne peut convaincre le Congrès ou l’opinion publique américaine que d’un accord qui contraindrait le régime iranien à respecter pleinement les termes de l’accord nucléaire de 2015, malgré les graves inconvénients et défauts liés à ce retour.
Le président Biden attend avec une grande inquiétude les élections de mi-mandat au Congrès l’année prochaine, notamment au vu de son faible taux d’approbation dans les derniers sondages. Un sondage Gallup d’octobre sur la popularité du président Biden au cours des neuf premiers mois de son mandat montre une forte baisse, comme aucun ancien président n’en a connu depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le retrait d’Afghanistan est devenu un symbole de l’échec de la politique étrangère américaine sous Biden. Il devra faire preuve d’une grande diplomatie pour sauver son parti et sa popularité. D’autre part, Ibrahim Raisi et son équipe de négociateurs pensent que l’impact des sanctions américaines est le plus fort.
L’économie iranienne est habituée aux sanctions. Un effondrement, s’il avait fait partie des possibilités, aurait déjà eu lieu. La faiblesse et le déclin stratégique des États-Unis depuis leur retrait catastrophique d’Afghanistan pourraient donc, selon l’Iran, être le « moment idéal » pour prendre sa revanche sur Washington et le forcer à accepter les conditions de Téhéran.
Mais ce n’est pas aussi simple que le pensent certains politiciens iraniens. Je suis convaincu que le président Biden est confronté à une décision très difficile. Le moment pourrait venir où il devra choisir entre le mal et le pire.
Peut-être devra-t-il accepter les conditions iraniennes pour obtenir un demi-point, plutôt que d’échouer complètement. L’échec signifie que sa politique étrangère n’est pas en mesure d’atteindre l’un de ses grands objectifs.
Un échec signifie également que des mesures plus dures et plus sévères doivent être prises à l’encontre de l’Iran, souvent à la lumière des appels à l’intérieur du pays et en Israël pour une guerre ou une frappe militaire contre les installations nucléaires iraniennes, ou qu’Israël doit au moins être soutenu dans une telle frappe.
Toutes ces options sont potentiellement suicidaires pour un président qui n’a pas obtenu le moindre succès diplomatique majeur depuis le début de sa présidence. Cela pourrait signifier un retour à l’utilisation de la force militaire, critiquée depuis longtemps, et si ce n’est pas le cas, la possibilité de sanctions plus sévères.
Et ce serait une répétition de la politique de son prédécesseur Trump, que Biden a également critiquée depuis longtemps et a promis de s’en distancer. De plus, un échec fera avancer le programme nucléaire iranien et le mettra sur une voie potentiellement irréversible.
Dans ce contexte, la question est de savoir si le régime iranien exploitera les options limitées de la Maison Blanche pour obtenir un niveau raisonnable de concessions dans les négociations, ou s’il adoptera une ligne dure pour le tout ou rien.
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