La dynamique de la φ
Plutôt que tout soit semé d’embûches, que tout soit un enfer, la dynamique FI nous donnera de l’air. De pionniers, de héros, que nous nous devions d’être, nous pourrons simplement être des initiateurs.
Le bien commun nous importe, puisque nous y sommes, mais remuer le poids de cette neuve tradition qui induit toujours plus de consommation, de gaspillage, du clé en main, du prêt à consommer…pour peu qu’on paye, est une épreuve peu économe en énergie humaine.
J’habite mon village depuis plus de vingt ans, j’en connais les habitants – sauf les nouveaux venus qui se terrent derrière leurs hauts murs et n’y viennent que dormir- j’en connais les beautés, les atouts mais aussi les besoins pour en faire un havre écologique.
Le retour à la gestion intercommunale de l’eau.
Un petit livre a été édité par feu Leprince, membre du PG, qui détaille tout le chemin à parcourir pour ce faire. Évidemment, il faut la détermination, appuyée sur la certitude que cette gestion commune est meilleur pour tous. Malheureusement, nos maires bien souvent incompétents ont très vite adopté cette « neuve tradition » qu’en un claquement de doigt, pour peu que l’on y mette le prix, les choses se font sans qu’on s’en soucie.
Je voudrais juste, à ce propos, raconter une anecdote villageoise : les contrats de distribution et assainissement, dans mon village, sont faits pour sept ans. Nous sommes passés de la Lyonnaise à une petite boîte toulousaine ( ce qui était très commode pour eux de venir chaque fois qu’un tuyau pétait sous la chaussée et laissait filer des milliers de litres de cette eau précieuse à la saison sèche) ; puis, récemment, nous avons contracté avec Veolia. Nous en fûmes avertis une fois la chose faite, par courrier. Mon sang n’a fait qu’un tour, j’ai collecté tout ce que je trouvais comme articles sur cette entreprise et je les ai envoyés en mairie ! Le maire m’a répondu, c’était très aimable de sa part, et m’a dit que c’était la loi : on fait un appel d’offre, et on prend le moins cher ! Mais ce qui est curieux, c’est que l’eau a augmenté de vingt pour cent, d’un seul coup, juste après.
Aussi, comment persuader assez de gens, de poids, pour faire la transition ? Ce n’est pas moi, « la tête dure » comme elle dit, la marginale, la pauvre, qui pouvais rassembler les foules.
Avec la FI au pouvoir, soudain, je prendrais du poids, suffisant, malgré j’en conviens beaucoup d’investissement de ma part pour convaincre, trouver les compétences et mettre tout en branle ; à condition d’être plusieurs, mais sans plus se décharger sur ceux que l’on paye, de la responsabilité du travail à faire. S’impliquer.
C’est aussi cela l’air du temps de l’ère du peuple. À regarder ce qu’il nous faudrait faire, chacun dans sa ville, chacun dans son village, on se rend compte que la répartition des tâches par profession, attendre que tout nous tombe tout cuit dans le bec et râler si ça ne convient pas, nous a passablement abrutis.
Je vous avais fait un petit article sur tout ça, que prône Niko Paech. Et « ça », c’est la démocratie.
Culture biologique
Alors là, c’est le bonheur.
Il est si vrai que quel que soit le pouvoir, une multitude s’y presse, et que quand celui-ci voudra du bien, la multitude ira. J’ai écrit des tas de choses là-dessus et ça fait cent sept ans que je m’offusque, que fiers comme ils sont de leur révolution verte, ils n’aient pas obligation d’indiquer sur leurs « produits » entendez animaux et végétaux, la liste exhaustive des produits chimiques utilisés, des antibiotiques ou autres hormones, et les méthodes employées, par exemple pour que la chair du veau soit plus blanche que blanc ; aussi, avec la FI, ce qu’on nomme aujourd’hui agriculture biologique, label AB, sera la norme et ne sera plus, ni payante pour le producteur, ni différenciée pour le consommateurs. Dans l’attente de l’éviction totale de la chimie, ce sont ceux-là qui devront (enfin !) inscrire la liste de leur pollution, évidence de bon sens que j’attends depuis si longtemps.
Dans mon village, l’agriculteur le plus important ne l’est pas : il emploie régisseur et ouvriers, un régisseur qui sort des écoles où le bio n’existe pas, et les ouvriers qui font ce qu’on leur dit de faire.
À celui-ci, il y a quelques années, après qu’il eut acquis les dernières terres à vendre sur la commune, cédées par un héritier d’agriculteur, je lui avais envoyé une lettre incendiaire qui l’accusait d’avoir fait détruire un kilomètre de haies, sur quelques hectares. Les anciens, lui disais-je, savaient ; et je lui prédis le ravinement d’un pré ainsi agrandi pour que le tracteur digne de la Beauce puisse y travailler. Ce qui ne manqua pas de se produire aux pluies d’automne. Je lui parlai du rôle essentiel que jouent les haies dans la bio diversité… et voilà que mon milliardaire, qui invite Sarkozy au mariage de sa fille, fait sa fortune en Afrique sans payer un sou d’impôts en France hors le foncier de son immense domaine, va voir les flics et fait une main courante, contre moi ! C’est le chef flic qui me l’a dit ; j’en étais sur le cul pour parler poliment.
Alors, outre que je donnerais toutes mes heures disponibles pour mettre en relation les exploitants d’ici et les paysans d’ailleurs au cours de réunions d’information, de formation, d’entraide, je jubilerais de voir cet « écolo » - qui ramassait le moindre papier qui traînait sur la départementale qui mène à son château ( et qu’il avait bordé d’érables incapables de se développer sur ce plateau), qui s’investissait dans le groupe en lutte contre l’idée saugrenue de faire passer une autoroute à deux bornes de chez lui, et de chez nous- , contraint de faire sa transition bio !
Cette transition, pour lui et pour d’autres, réglerait le problème d’une dose de pesticide dans notre eau potable, qui passe souvent les bornes.
Une aise à œuvrer pour ce à quoi j’aspire depuis des lustres, -mes quelques hectares de prairies naturelles agrandies de friches et autres parcelles d’un paysan bio, n’étant que peu de chose dans le tout-, parce que, comme pour l’eau, je n’ai jamais eu l’autorité nécessaire pour que ma parole porte ; la mairesse dit de moi : elle nous gonfle avec ses plantes, ou bien un concurrent sur les listes électorales qui m’adresse une lettre qu’il croyait anonyme dans laquelle il me traitait d’écolo !!
L’énergie
Je pense être la seule, à l’exception de quelques rares rencontres, à la belle saison, de voisins qui comme moi sortent leur chien, à me promener la nuit ; je remonte la rue basse et coupe par des ruelles sous les lampadaires desquelles j’aurais pu, à l’époque où j’y voyais bien, lire un journal ; notre église romane et la tour de l’horloge qui date de l’an 1100, sont éclairées par des spots dont je suis sûre que je ne soupçonne pas le nombre de kwh qu’ils consomment. C’est beau, oui, mais pour qui ? Je longe une rue qui mène vers la garrigue, elle aussi éclairée, avant d’enfin rejoindre la nuit. Impossible de savoir ce que tout ça consomme et ce que ça coûte !
J’avais pris contact il y a quelques années avec Énercoop quand ils se sont installés en Languedoc-Roussillon et j’ai gardé adresse et téléphone, au cas où.
Avec la FI au pouvoir, je pourrais enfin organiser une réunion publique avec eux et voir ce que nous pourrions faire avec RA ou Éole. Éole, je n’y crois pas trop ; nous aurions tout à fait les moyens d’installer une éolienne qui couvrirait nos besoins, sur la colline à l’est du village, mais je suis bien sûre que même les bobos écolos qui se sont installés au village trouveraient que ça gâte le site ! Mais peut-être, les ingénieurs d’Énercoop, dont c’est le métier, trouveraient des astuces.
Une ou deux personnes au village l’ont choisie comme distributeur d’électricité ; chaque fois que j’ai lancé des amorces de conversation là-dessus, tout le monde trouvait ça très bien mais je n’ai senti aucune velléité d’agir, au contraire ; si on le leur apportait, ils ne cracheraient pas dessus et la plupart aurait les moyens d’accepter de payer un peu plus cher, mais se bouger les fesses pour le commun, ce n’est plus, ou c’est pas encore rentré dans les mœurs.
Tout le travail à faire est là, et je vous jure que tous ont besoin d’un leader, ou d’un animateur. Ils donneraient un peu de leur temps si on leur disait quoi faire, mais initier n’est pas dans leurs gènes.
C’est pourquoi je pense à la dynamique FI, quelque chose se met en mouvement et finit par faire bouger les plus indécis, les plus passifs, sans parler de ceux qui ont trouvé à leur goût ce que peut leur apporter le fric, même dans ce domaine là.
J’ai un grand jardin potentiel, et j’avais lancé l’idée que nous puissions faire des patates ensemble ; les patates, c’est long à planter, et à récolter, le faire en groupe est plutôt de bonnes journées à passer ; je me proposais d’en faire l’entretien seule si besoin était. Pareil, ah ! c’est une bonne idée ! et je suis sûre que si j’avais tout organisé de A jusqu’à Z, ils auraient trouvé le temps de venir les jours J.
Mais ça ne m’intéresse pas ; j’attendais une visite, un coup de fil pour me dire : alors ! Ces patates, quand c’est qu’on les fait ? Rien.
La FI au pouvoir, j’en suis certaine, me redonnerait le courage d’être ce leader tout en sachant, l’ayant été maintes fois, que tout peut finir en eau de boudin ou bien, si on a eu gain de cause dans une « lutte », en recevoir plein la gueule de la part de ceux qui ne faisaient rien que suivre pour se distraire.
Le village, le quartier en ville, ont la bonne dimension pour l’implication de ceux qui le veulent, et une multitude de petites choses changent tout.
Si la FI arrivait au pouvoir, il nous faudrait du temps pour dynamiser les volontés et les énergies, mais quel soutien !
Je sais que cela se fait, ici ou là, je sais les réussites et les enthousiasmes mais je sais que la magie qui « fait prendre la sauce » n’est pas que volontarisme, c’est plutôt la chance de réunir en un lieu trois ou quatre personnes complémentaires qui réussissent à faire adhésion. Et dans ces personnes, mieux vaut qu’il y ait quelque notable, de quelle sorte que ce soit, qui fasse autorité et donne confiance.
L’écologie, le vivre ensemble, le commun sont la base primordiale, source de satisfaction, de bonheur, de plénitude. Ça existe, mais c’est rare, alors que tous en ont besoin. C’est pourquoi je pense que l’organisation de notre société aujourd’hui est un véritable gaspillage, non seulement de biens, mais d’énergies, de désirs, de compétences et de bonnes volontés entravées par la difficulté d’un chemin bien souvent impossible à tracer. Les pionniers, les héros, sont rares, les bonnes volontés, non. Leur laisser de la place, voire les soutenir,- et je ne parle pas d’argent car l’argent qui prétendument facilite, en réalité gâche-, par l’ambiance, des motifs de rencontres et d’échanges.
Je prétends que notre vie est notre quotidien mais qu’il est aventure, imprévu, inconnu, pour peu que personne ne l’étouffe.
Or, on nous étouffe et je vois dans la dynamique FI, un trou fait dans la nasse, qu’il nous suffira d’écarter pour que l’air, le soleil nous inondent.
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