La face cachée de l’affaire Petraeus (Episode 5/6)
En août 2001, l'interrogatoire de Ressam est déjà bien avancé : Ted Humphries, sans jamais employer de moyens de coercition, a obtenu énormément de détails sur les cellules islamiques dormantes. Ses nombreux voyages, notamment auprès du juge Bruguière, l'ont mis au parfum des circuits d'enrôlement des jeunes jihadistes et de leur entraînement dans les camps pakistanais. Bref, il doit avoir, à ce moment-là une vision gobale du système du terrorisme islamique. Seulement voilà : depuis l'arrivée de l'équipe Bush et notamment de Paul Wolfowitz, l'ennemi juré de Richard Clarke, toute recherche du FBI sur ces cellules a été gelée : voilà Humphries réduit à empiler des dossiers, ceux des aveux complets d'Ahmed Ressam, faits en français. Il va sans dire qu'avec une telle connaissance des réseaux, notamment européens, Humphries aurait dû voir venir le cheminement vers le 11 septembre, avec les directives d'entraînement sur simulateurs ou sur petits avions de tourisme ; où l'apparition de Mohammed Atta en Floride... à Tampa, autour de la base de McDill (étonnnante découverte, non : Mohammed Atta avait une licence de taxi délivrée à... Tampa !). Mieux : s'il avait lu le rapport de son propre organisme pour son trentenaire de la luttte anti-terroriste, il aurait dû... savoir. Le 11 septembre, il le prendra pourtant de plein fouet à la télévision, comme beaucoup de ses concitoyens. Aucune cellule ne s'en serait donc chargé ?
Tous les cellules terroristes avaient été répertoriées aux USA
Les efforts portés par Clarke dans les derniers mois de la présidence Clinton avaient porté, les cellules terroristes avaient été suivies et cartographiées. Humphries , qui avait étudié la filière canadienne, détenait donc de beaux secrets : ceux des cellules dormantes aux USA, que lui avait avoué Ressam, qui a été re-condamné lorsqu'il n'a plus voulu jouer le jeu du délateur au sein du mouvement. L'importance de ses aveux complets n'échappe donc aujourd'hui à personne : plus de 20 mois avant le 11 septembre, les américains avaient en effet répertorié l'ensemble des groupes jihadistes susceptibles d'intervenir, ou ceux laissés en réserve : Zacarias Moussaoui n'étant paraît-il découvert qu'au moment même où il se retrouvait laissé pour compte des attentats. Pour ce qui est du groupe de Floride, "Able Danger" avait répertorié en détail tout le monde (depuis le dossier informatique de plusieurs gigas sur le groupe de terroriste suivi par le FBI est introuvable). La fuite précipitée de Meshal Alhaji, 35 ans, Fahad Abdulla, 36 ans, et Ali Alfehaid, 35 ans, plus l'évaporation complète de Mohammed Al Mansoori, (de Long Beach), de leur hôtel commun de Los Angeles, au lendemain du 11 septembre, en laissant dans leur hôtel des uniformes de compagnie aérienne n'avait elle été connue que 10 ans après... et après seulement que le FBI daigne bien en parler, sans vraiment en avoir envie, puisque les révélations sortaient tout droit de Wikileaks. "Les hommes avaient dans la chambre un téléphone cellulaire cassé et un autre téléphone cellulaire attaché par un fil à un ordinateur. La chambre contenait également des feuilles pour imprimantes informatiques à aiguilles avec des noms à en-têtes de pilotes inscrits, des compagnies aériennes, des numéros de vol et des heures de vol. "Quelques mois auparavant, le 15 août, il avaient longuement visité la Statue de la Liberté, la Maison Blanche et plusieurs endroits en Virginie. Bref, on avait bien affaire à une autre équipe prête à agir : pourquoi donc le FBI l'avait-elle dissimulée aussi longtemps ?
Les écoutes avaient brusquement été arrêtées par le FBI
Des documents l'attestent : les conspirateurs, pourtant repérés, avaient été laissés libres de circuler, et visiblement à partir d'un ordre venu de la haute hiérarchie du FBI : "lors de la surveillance des terroristes étrangers aux États-Unis, le FBI écoute les appels faits par les suspects comme une partie d'une opération baptisée Mitt Catcher, qui est restreinte en ce moment en raison de fausses déclarations par des agents du FBI. Il n'est jamais révélé qui sont les cibles de surveillance du FBI sont en cours de cette opération, mais au-dessous sont quelques-unes des personnes soupçonnées de terrorisme à l'étude aux États-Unis à l'époque : Imran Mandhai, Shuyeb Mossa Jokhan et Adnan El Shukrijumah en Floride. Ils complotent une série d'attaques, mais Mandhai et Jokhan sont amenés pour être interrogés par le FBI et la surveillance d'entre eux s'arrête à la fin du printemps (voir Novembre 2000-printemps 2002 et le 2 mai 2001). Toutes les écoutes sont suspendues : "à partir de ce moment et jusqu'en 2001, le FBI est contraint d'arrêter l'écoute électronique d'Al-Qaïda et celle des suspects liés aux attentats de 1998 contre l'ambassade américaine et celles visant le Hamas (voir Mars 2001 et Avril 2001). Une source proche du dossier indique qu'environ 10 à 20 écoutes téléphoniques liées à Al-Qaïda doivent être fermées et il devient alors plus difficile d'obtenir l'autorisation de nouvelles écoutes électroniques (FISA). Newsweek note : « L'effet [est] pour contrecarrer la surveillance de la terreur exactement au moment où il y en avait le plus besoin : des demandes tant de Phoenix [avec le mémo de Ken Williams (voir le 10 Juillet 2001) et de Minneapolis [avec l'arrestation de Zacarias Moussaoui dont les écoutes téléphoniques seront refusées par les supérieurs du FBI] »(voir 21 et 28 août 2001).
L'interrogatoire de Ressam, un véritable succès, pourtant
L'attitude d'Humphries envers Ressam avait été surtout à l'antithèse de ce que fera plus tard le gouvernement Bush avec les aveux obtenus sous la torture : Ressam avait TOUT avoué en pleine confiance, soulagé même d'être débarrassé de son fardeau : "Dans une bibliothèque de la prison près de Seattle, le 10 mai 2001, Ressam était assis avec Fred Humphries, jeune agent du FBI qui avait enquêté sur l'affaire. Bien que tous deux parlaient couramment le français, ils communiquaient par le biais d'un interprète arabe-anglais. Pourtant, Humphries a regardé Ressam dans les yeux, et lui a parlé directement/ La connexion a eu lieu. Non seulement Ressam a divulgué des détails précieux à Humphries, dont Grassian dit : « Il semblait être le faire avec un esprit dynamique, même apparemment avec enthousiasme." Humphries a dit à iWatch News que pour être efficace, il a essayé de ne pas juger Ressam lors de leurs sessions, mais plutôt de se mettre à la place de Ressam. "En tant qu'agent, ce n'est pas ma position de juger", a déclaré Humphries, qui demeure actif au sein du FBI. "Je suis juste là pour trouver des faits." L'envie viscérale de soutirer des informations à des suspects n'a rien de nouveau, selon Humphries, ajoutant que c'est le sentiment que vous obtiendriez avec un ravisseur d'enfant, surtout si la victime est toujours manquante. Humphries a déclaré que la coercition est immorale car alors "l'information est davantage suspecte." L'avocat de Ressam, Tom Hillier assisté aux interrogatoires, qui ont totalisé plus de 265 heures. Il a dit que Ressam a partagé, chaque pépite d'informations qu'il avait sur al-Qaida "Je suis très fier de mon implication dans cette affaire », a déclaré Hillier. "C'est juste un des fleurons de la façon dont il cela pourrait et devrait être. Hillier affirme que les informations de Ressam ont sauvé des vies, et déjoué les attaques terroristes planifiées en Europe. Ressam pointe du doigt Zacarias Moussaoui, le soi-disant "20 ele pirate", comme quelqu'un qui a été formé à al-Qaida au camp de Khalden, des informations qui auraient joué un rôle essentiel au sujet de Ressam avant 9/11." Voilà qui devient vraiment intéressant : selon les interrogatoires menés avec adresse par Humphries... il aurait donc dû être possible d'empêcher le 11 septembre, puisque l'ensemble du réseau, du Canada à la Floride, y compris ses ramifications à Francfort, Hambourg ou Bruxelles, avaient été trouvées. Vingt mois avant les attentats du WTC et du Pentagone !!! A partir de là, la question se pose de savoir pourqupi donc rien n'avait été fait pour les empêcher... il y avait 265 heures d'aveux, de Ressam, et on en aurait rien tiré ?
Humphries avait même découvert l'attentat de Reid... avant qu'il ne se produise
Manipulation disait ? Sans aucun doute !!! Car un élément des aveux de Ressam faits à Humphries va démontrer à partir de là qu'au lieu de servir à les empêcher, le gouvernement de W.Bush, tant critiqué par Clarke, justement, va plutôt choisir de puiser dans les aveux de Ressam pour monter de toutes pièces d'autres événements liés à la politique de terreur qu'il souhaite installer. Le cas assez sidérant de Richard Reid, en ce sens, démontre cette duplicité évidente. Une pièce surtout, extraite du dossier Ressam, dans les aveux obtenus par Humphries, intrigue énormément : "dans les documents d'instruction, les procureurs reconnaissent que les informations de Ressam ont contribué à désamorcer la bombe dans la chaussure de Richard Reid, qui a tenté de faire exploser un avion devant car l'agent du FBI sur la scène lorsque Reid a été arrêté avait interrogé Ressam et savait comment désamorcer la chaussure". On savait plus deux ans avant ce qui allait se passer, et on n'avait rien fait ? Pour les prises d'otages en avion comme pour les chaussures ? Car entre l'arrestation de Ressam (le 14 décembre 1999) et l'affaire Reid, (22 décembre 2001) il y a bien cela en effet ! Un agent du FBI présent dans l'avion savait donc ce qu'emportait Reid, et savait donc aussi comment l'en empêcher ? Mais voilà qui change tout ! Qui était donc cet agent ? Humphries ? Non, car c'était celle qui l'avait accompagné lors des interrogatoires, celle que j'avais déjà citée : Margaret Cronin. Qui ne savait pas comment désarmorcer la bombe dissimulée dans la chaussure, qui savait plutôt pourquoi celle-ci ne marcherait pas... puisque Ressam lui en avait parlé en détail auparavant... et qu'on savait à l'avance que la bombe ne marcherait pas ! La rapidité avec laquelle elle commentera l'affaire laisse entrevoir qu'elle était bien l'agent du FBI à bord de l'appareil, en effet.
"Comme si tout le monde savait ce qu'il allait faire"
Il est vrai que l'arrestation rocambolesque de Reid en avait supris plus d'un. Le journaliste Thierry Dugeon qui immobilisera Reid avec les agents du FBI aura lui-même une phrase très intriguante à propos de cette arrestation musclée : "en décembre 2001, il fait partie des passagers du vol 63 d'American Airlines, témoins de la tentative d'attentat raté à la chaussure piégée par Richard Reid. Il témoigne du fait que les passagers ont empêché l'acte de se produire : « J'étais là en cinq secondes et il y avait déjà deux ou trois hommes sur lui. C'était comme si tout le monde savait ce qu'il fallait faire »" Comme si un (ou des agents) du FBI n'attendaient que ça, le flagrant délit, pour relancer la paranoïa sécuritaire ? Exactement ! Selon les premières déclarations, il n'y avait aucun doute sur la nature des explosifs dans les chaussures : "le porte-parole d'American Airlines Al Becker a précisé que l'avion se trouvait à plus de deux heures de Boston lorsque l'incident s'est produit. Ils ont passé la chaussure au rayon-X et découvert que des trous avaient été faits dans son talon où semble se trouver un détonateur et une substance contenant (de l'explosif) C-4," a expliqué Mme White.
La paire de chaussures a été emportée dans un laboratoire du FBI pour d'autres analyses. L'homme était monté dans l'avion sans bagages et voyageait apparemment seul. Même une faible quantité de C-4, un explosif militaire malléable, aurait suffi pour détruire l'avion, selon Jack O'Keefe, un expert de l'équipe de démineurs de la police de Boston. Mais sa mise à feu aurait été difficile à provoquer. " Même la police avait trouvé l'affaire louche ! Un cliché a été pris lors de l'événement (ici à droite), paru dans Flight International, mais je ne peux en assurer l'authenticité.
La Montfermeil connexion
Il faudra attendre 2005 et le procès, le 17 juin, pour qu'on sache à qui on avait affaire exactement en totalité : "Hier, le tribunal correctionnel de Paris a infligé de trois à cinq ans de prison ferme aux trois complices présumés de Richard Reid alias « Shoebomber » , le Britannique de 31 ans qui avait tenté de faire sauter, avec des chaussures piégées, un vol Paris-Miami le 22 décembre 2001. Ghulam Mustafa Rama, 67 ans, de nationalité pakistanaise, a été condamné à cinq ans ferme et frappé d'une interdiction définitive de séjourner en France. Hakim Mokhfi et Hassan al-Cheguer, deux Français de 31 ans, que Ghulam Rama a reconnu avoir envoyés dans un camp d'entraînement intégriste au Pakistan, ont écopé de quatre ans de prison, dont un avec sursis. Les trois hommes auraient aidé, avant son départ de Paris, Richard Reid, déjà condamné à perpétuité aux Etats-Unis". C'est ainsi que le groupe de Montfermeil allait nous mener à nouveau au Pakistan, ou plus exactement chez son voisin, l'Inde. Décidément, tout ce qui touche aux découvertes premières deTed Humphries nous ramène à chaque fois aux grands événements terroristes de ces dernières années.
Le terrorisme islamiste mondial
Car Ghulam Mustafa Rama, ce pakistano-anglais faisait en effet partie du sinistre Lashkar-e-Taiba, le groupuscule terroriste qui, en novembre 2008, avait terrorisé, c'est bien le nom, la ville de Mumbaï (en photo, Mohammed Ajmal Kasab, le seul survivant des assaillants, qui vient tout juste d'être pendu haut et court....). Comme Hakim Mokhfi et Hassan al-Cheguer, c'était retour en même temps à la case Bruguière, car un des membres aussi du même groupe, qu'il avait pisté et arrêté après une longue traque, n'était autre que Willy Brigitte. Celui qui lui affirmera sans hésiter que dans les camps d'entraînements ; les dirigeants visibles ne s'appelaient pas Ben Laden oiu l'un de ses lieutenants ; mais bien l'ISI... avec à ses côtés la CIA !!! "En septembre 2001, poursuit le journal, le Lashkar-e-Taiba recrute un troisième Français, Willy Brigitte. Il rejoint un camp de la région de Faisalabad où il s'exerce, aux côtés d'étrangers dont des Britanniques et des Américains d'origine pakistanaise, au maniement des armes et des explosifs. En 2003, un responsable britannique du LeT l'envoie en Australie. Interpellé en Australie le 9 octobre 2003, Willy Brigitte est expulsé vers la France avant d'être mis en examen et écroué pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Brigitte est le troisième djihadiste "franco- pakistanais". "Moins connus que leurs homologues maghrébins, les réseaux extrémistes pakistanais sont pourtant solidement implantés en France. Ces trois dernières années, l'enquête sur Richard Reid, qui vient de s'achever, et celle toujours en cours sur l'islamiste français Willie Brigitte, ont révélé des contacts étroits entre des militants français ou vivant en France et le groupe extrémiste pakistanais Lashkar-e-Taiba (LeT), l'un des plus redoutables du pays, interdit par Islamabad en janvier 2002".
Une vieille connaissance du juge
Rama (ici à droite) était en fait une vieille connaissance des renseignements français : "ouverte après la tentative d'attentat contre le vol Paris-Miami d'American Airlines, le 22 décembre 2001, l'enquête sur l'apprenti kamikaze Richard Reid a abouti, en 2002, à l'interpellation et à la mise en examen de quatre personnes soupçonnées de l'avoir aidé au cours de son passage à Paris. Le principal suspect, le Britannique d'origine pakistanaise Ghumal Mustafa Rama, était une vieille connaissance des services de renseignement français. Rama, 66 ans, est le fondateur d'une association caritative de Seine-Saint-Denis, le Chemin Droit. De source policière, s, le Chemin Droit était lié à un groupe fondamentaliste pakistanais, le Dawat al-Irshab, vitrine politique du Lashkar-e-Taiba. Arrivé à Paris au début des années 80, Ghumal Mustafa Rama possédait une boucherie hallal dans le XVIIIe arrondissement. En 1997, il avait déjà attiré l'attention des renseignements généraux en hébergeant des réunions de militants des GIA algériens. Interpellé en juin 2002 dans le cadre de l'enquête sur les réseaux de soutien de Richard Reid, il reconnaissait avoir rencontré ce dernier à Paris avant de se rétracter. Pour les enquêteurs, Rama aurait surtout joué les agents recruteurs pour le Lashkar-e-Taiba, en accompagnant deux Français, Hakim Mokhafi et Hassen al-Cheguer, à Birmingham (Royaume-Uni) puis au Pakistan, où ils avaient rejoint, en septembre 2001, un camp d'entraînement du LeT au Cachemire. Les soupçons pesant sur Rama et sur l'implantation du LeT en France inquiétaient d'autant plus les enquêteurs français qu'ils intervenaient après de multiples mises en garde des services de renseignement. Ces dix dernières années, ces derniers ont en effet observé la multiplication des passages en France d'activistes pakistanais venant d'Asie du Sud ou de Londres et l'installation de représentations, clandestines ou officielles, des principaux mouvements extrémistes au premier rang desquels le LeT. Ce phénomène pose quelques problèmes matériels aux services de police. S'ils comptent des arabophones dans leurs rangs depuis des années, ils manquent de spécialistes en urdu ou en penjabi".
Brigitte, celui qui avait tout vu
"Un an après l'interpellation de Ghulam Mustafa Rama, le Lashkar-e-Taiba était de nouveau mis en cause dans l'affaire de l'islamiste français d'origine antillaise Willie Brigitte, interpellé en Australie en 2003 et expulsé vers la France. Islamiste militant, ce converti à la religion musulmane avait gagné le Pakistan en 2001 afin de rejoindre l'Afghanistan. Willie Brigitte était entré en contact avec des responsables du Lashkar-e-Taiba. L'intéressé assure qu'il ne connaissait pas la nature des activités terroristes du LeT. Il a expliqué aux juges d'instruction français qu'à son arrivée en Australie, il avait fait la connaissance à Sydney d'un certain Abou Hamza, présenté comme le représentant local du Lashkar-e-Taiba. Pour les enquêteurs français, Brigitte a en fait été recruté avant d'être envoyé en Australie. Un recrutement qui prouve que, de Rama à Brigitte, la France n'est pas sans attrait pour les extrémistes du LeT." Brigitte, marié à une australienne, Melanie Brown, convertie à l'islam, qui est aussi une ancienne de l'armée australienne qui a combattu dans l'Est Timor ! On peut faire plus simple et moins voyant comme rencontre, semble-t-il !
Des kamikazes français prêts à se sacrifier comme à Mumbaï
En France, c'était un autre bout du réseau islamiste mondial qui fournit donc des kamikazes français qu'à rejoint Reid, après avoir rencontré la cellule El-Aroud à Bruxelles : "en revanche, M. Rama a reconnu avoir accompagné deux jeunes, Hassan El Cheguer et Hakim Mokhfi, au Pakistan pour suivre les « cours islamiques » du LET. Etait-il désigné pour mettre en place une filière de recrutement en Europe ? M. Rama s'en défend. Cependant, les policiers ont intercepté le 9 mai 2002 un curieux SMS envoyé par Hassan El Cheguer à sa femme : « Je vais dormir dans la voiture Inch Allah ensuite demain je partirai adieu et pardon pour tout et prends soin de mes enfants je vous oublierai jamais adieu et pardon. » L'auteur du message a démenti tout projet d'action violente, mais a invoqué des « raisons privées ». Le 4 mai 2002, Hassan El Cheguer avait également indiqué à une amie qu'il allait « faire quelque chose de grand pour l'islam ». M. Rama a affirmé au cours de l'enquête que El Cheguer et Mokhfi lui avaient présenté Reid, ce qu'ils démentent. Au final, M. Rama est resté vague sur l'identification de Reid : « Beaucoup de gens lui étaient présentés, indique son avocat Me Didier Machetto. Il n'y a aucune certitude à son sujet. »Un quatrième homme, Kamel Lakhram, imam de la mosquée Ali, rue du Faubourg-Saint-Denis (Paris Xe), a été mis en examen en novembre 2002. Il a reconnu que Richard Reid avait été hébergé dans l'une des pièces de la salle de prières lors de son passage en France". Un Mumbaï français était-il en préparation ?
Pour Ressam, négocier la durée d'emprisonnement en balançant
Pour Ressam, en tout cas, il ne lui restait plus qu'à négocier le tarif en faisant le maxium d'aveux : "Ressam a également identifié le chef du camp de Khalden, Ibn al-Shaykh al-Libi, à partir d'une photographie. Al-Libi est devenu notoire pour donner de fausses informations à la CIA après avoir été soumis à des techniques d'interrogatoire musclées reliant Al-Qaïda à l'Irak. Le président George W. Bush avait cité cette information pour justifier la poursuite de la guerre. La coopération de Ressam était liée à ses efforts pour obtenir une peine plus légère. Il fait face à un minimum de 65 ans de prison, mais en acceptant de coopérer, le gouvernement a promis de recommander 27 ans seulement. En Juin 2001, Ressam a témoigné contre Mokhtar Haouari, qui a aidé Ressam dans son intrigue. Mais en 2003, comme les procureurs de New York ont continué à interroger Ressam mois après mois, et les choses ont commencé à mal tourner." Déçu, Ressam a arrêté de témoigner : comme il s'y était engagé, sa peine, diminuée, avait été remontée à son maximum des débuts. Tout ce qu'il avait confié à Humphries ne lui avaient servi à rien. L'heure pour lui du bilan était arrivée.
Avec l'arrivée de G.W.Bush, tout avait changé
Pour Clarke aussi le bilan était là, devant lui, avec l'échec complet que représentent les attentats du 11 septembre. Il a compris au final ce qui s'est passé avec l'arrivée de l'équipe Bush, dont le sinistre Wolfowitz, faucon parmi les faucons, prêt à tout pour sa propre réussite et à rien pour son pays. Un revirement complet. Au contraire de Clinton qui semblait avoir compris sur le tard la nuisance d'un Ben Laden ou des ses groupuscules affiliés, l'équipe de Bush fera tout pour la minimiser en réunion à la Maison Blanche, pour clamer juste après l'inverse à la presse. Lors d'une de ces réunions à laquelle assiste Clarke, en effet, ce dernier constate les dégâts : "Wolfowitz se tourne vers moi : « Vous donnez trop d'importance à ce Ben Laden. Il n'aurait jamais pu faire tout ça, à commencer par l'attentat de 1993 à New York, sans un Etat derrière lui. Le fait que la CIA et le FBI ne soient pas parvenus à établir des liens ne signifie pas qu'il n'y en a pas." Wolfowitz voulant à tout prix impliquer alors l'Irak de Saddam Hussein, inflcuencé par ses mentors d'extrême droite : "je n'en crois pas mes oreilles : Wolfowitz est en train de nous ressortir la théorie complètement discréditée de Laurie Mylroie, d'après laquelle l'Irak était derrière l'attentat au camion piégé perpétré en 1993 contre le World Trade Center. Une théorie qui s'est révélée totalement fausse après des années d'enquête. L'ambiance se fait un peu trop tendue pour le genre de réunion que Steve Hadley aime à présider, mais il me paraît important de souligner l'ampleur du désaccord : « Le réseau Al-Qaida prépare des attentats terroristes à grande échelle contre les Etats-Unis. Il projette de renverser des gouvernements islamiques pour les fondre en une seule nation, le califat, et de faire la guerre aux Etats non musulmans. » Et j'ajoute quelque chose que je regrette aussitôt : « Ils ont déjà publié tout cela, comme Hitler l'avait fait dans Mein Kampf, et vous pouvez être certains qu'ils feront ce qu'ils annoncent." La phrase de Clarke étant de trop pour Wolfowiz :
"Wolfowitz saute sur la référence à Hitler : « Je refuse toute comparaison entre l'Holocauste et ce petit terroriste en Afghanistan ! - Je ne compare pas l'Holocauste à quoi que ce soit. Je dis simplement que Ben Laden, comme Hitler, nous a prévenus de ce qu'il a l'intention de faire et que nous commettrions une grave erreur en l'ignorant.". Ce sera peine perdue, Ben Laden ne sera jamais un sujet de préoccupation majeure pour cette équipe, à part au lendemain même des attentats du 11 septembre, où on le ressortira du chapeau avant même que la seconde tour ne se soit effondrée. "A mon grand étonnement, Rich Armitage, le secrétaire d'Etat adjoint, vole à mon secours : « Nous sommes d'accord avec Dick. Nous estimons qu'Al-Qaida constitue une grave menace à laquelle il faut s'attaquer prioritairement et de toute urgence. » Notre travail d'information auprès de Colin Powell avait été utile", conclut hâtivement Clarke : rien n'avait été fait entre temps pour contrecarrer les cellules islamistes qui mèneront au 11 septembre !
On savait, donc...
Comment avait-on pu être autant prévenu et ne rien faire, il ne reste qu'une solution : on a laissé faire, en donnant au passage un sacré coup de pouce... Le programme Able Danger, chargé de traquer les terroristes, mis en place par Antony Shaffer a été brusquement arrêté sans explication en janvier 2001. Pourtant, le travail demandé avec insistance par Richard Clarke avait bien avancé : "dès 2000, on a su qu’il y avait deux ou trois cellules d’Al-Qaïda sur le territoire américain. On a donné des noms comme Al-Hazmi, Al-Mihdhar et même Mohammed Atta. Mais légalement je n’avais pas le droit de partager ces informations. Ou, plus exactement, je pouvais en parler soit seulement avec la CIA, soit seulement avec le FBI. Mais interdiction formelle d’établir des passerelles. Je briefais George Tenet deux fois par an. Il était très intéressé par notre façon de faire. Il posait plein de questions. Au point, d’ailleurs, d’essayer de nous espionner afin de découvrir nos méthodes et tout ce que nous savions".
.... mais on n'a rien fait
Humphries n'avait donc pas compris a quel point il s'était mener en bateau en 2000, et combien les interrogatoires qu'il a longuement mené avec Ressam, au lieu de servir à éviter le Onze Septembre l'ont au contraire précipité : Ressam avait donné tous les renseignements sur les différentes cellules y compris les européennes. Tout s'est passé comme si ses aveux n'avaient servi à rien. Ce n'est qu'après qu'Humphries deviendra "le héros qui a arrêté l'attentat du millenium", alors qu'à vrai dire il n'a rien fait en ce sens. Imbu de lui-même, l'homme s'était pour sûr monté la tête son rôle dans l'affaire Ressam. Or c'est lui auquel va se plaindre Jim Kelley, des agissements de l'intriguante Broadwell, l'auteur de la bio de Petraeus et devenue sa maîtresse. Elle l'avait contacté, car elle le connaissait : elle l'avait rencontré sur la base de MacDill, à Tampa, en Foride, où elle résidait et où elle faisait des vacations de relations publiques sur la base. Celle-là même autour de laquelle Mohamed Atta roulait en taxi ou apprenait à piloter à quelques kilomètres de là (à Venice).
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