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Accueil du site > Tribune Libre > La femme de ménage et le politique

La femme de ménage et le politique

La vie politique prend parfois des allures de fable moderne façon La Fontaine. La scène se passe dans le département de l'Aisne. Marie-Jeanne Parfait est la femme de ménage depuis presque 30 ans de la petite mairie de Marle (2360 habitants). Yves Daudigny en fût le maire pendant 18 ans avant de devenir président du conseil général en 2001.

Ce poids lourd du PS local, il est également sénateur, pensait qu'après trente années comme conseiller général du canton de Marle, sa réélection ne serait pas une formalité mais qu'elle était acquise au deuxième tour. Les électeurs en ont décidé autrement en l'éliminant dès le 23 mars. Du presque banal. Sauf que cet échec, il le doit en partie à Marie-Jeanne, candidate avec un chauffeur-livreur d'un binôme FN qui a récolté 31,75% des suffrages. Marie-Jeanne, une petite fonctionnaire sans histoire, poussée dans les bras du FN parce qu'elle ne pouvait pas payer une consultation médicale chez un spécialiste parisien à son petit-fils …A chacun de réfléchir à la morale qui pourrait conclure cette histoire.

La question pourrait être posée au hiérarque de Solferino qui le soir du premier tour s'en sortait par une pirouette face aux médias :"Comme on avait annoncé une déroute, une défaite est déjà une victoire". La blaguounette à 2€ est restée dans un tiroir le 29 mars au soir. La vague bleue du 2ème tour constitue un important revers de plus pour le PS qui, en 2012 encore, disposait de tous les leviers et dominait outrageusement les institutions nationales et locales.

Les années et mois qui ont suivi ressemblent à une lente mais inexorable descente aux enfers avec son cortège de ruptures avec les alliés de gauche, de divisions internes et d'échecs électoraux.

A juste titre, certains observateurs font remarquer que la rue de Solferino souffre de n'avoir pas su (ou voulu) analyser les raisons du 21 avril 2002 qui, on le mesure pleinement aujourd'hui, n'était pas un simple accident électoral.

Le danger qui guette la gauche dans son ensemble est réel. Ce serait celui d'une poursuite du déclin du PS et sa réduction à un niveau qui ne rendrait plus possible l'alternance face au bloc UMP-UDI qui s'est constitué. Le salut, c'est aussi l'un des enseignements du dernier scrutin, ne viendra pas des autres formations politiques de gauche, totalement laminées. De même, n'en déplaise à quelques barons locaux, l'existence d'oasis de socialisme municipal dans un océan national de désolation est une douce illusion.

Au lendemain de la défaite militaire de 1871, Ernest Renan avait appelé à un sursaut intellectuel et moral de la classe politique. Nous en sommes là. Soit la vieille maison socialiste sort de sa léthargie intellectuelle à peine masquée par des réformes sociétales à visée électoraliste soit, elle disparaîtra. Doucement, mais assurément.


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9 réactions à cet article    


  • lsga lsga 3 avril 2015 16:24

    « Marie-Jeanne, une petite fonctionnaire sans histoire, poussée dans les bras du FN parce qu’elle ne pouvait pas payer une consultation médicale chez un spécialiste parisien à son petit-fils …A chacun de réfléchir à la morale qui pourrait conclure cette histoire. »


    Morale de cette Histoire : l’État Providence et les acquis sociaux empêchent le prolétariat de faire la révolution puis le pousse dans les bras de la réaction.
     
     


    • César Castique César Castique 3 avril 2015 17:36

      @lsga

      « Morale de l’histoire tirée dès 1898... »


      Avant ou après Jésus-Christ ? 

    • Céline Ertalif Céline Ertalif 5 avril 2015 13:48

      On peut mettre des moins, Isga a raison ! C’est surtout ce qui s’est passé dans les années 20/30 en Allemagne et en Italie. Pratique d’extrême droite, discours quasi gauchiste, ça rappelle quelque chose de plus récent, non ? Mais côté réalisations, y aurait-il quoi que ce soit de gauche au FN ? A Vitrolles ? A Orange ? Chez Ménard ? A Hénin-Beaumont ? Ailleurs ?


    • Auxi 30 avril 2015 18:38

      @lsga : D’abord, laissez Rosa Luxemburg en paix, vous salissez sa mémoire. Ensuite :


       l’État Providence et les acquis sociaux empêchent le prolétariat de faire la révolution

      Toujours cette idéalisation grotesque du prolétariat… Les pauvres, selon vous, n’en bavent pas assez, et « l’opulence » des conquis sociaux le rend réactionnaire… Toute votre haine et votre mépris du peuple transpire dans vos propos élitistes et prétentieux. C’est que vous êtes l’avant-garde éclairée du prolétariat, vous, Isga ! Avec mes 900 euros de pension d’invalidité par mois, sûr que mon existence hyper-confortable m’empêche de faire la révolution… Vous faites la paire avec le charlot libéral-fasciste Spartagugusse, les deux faces d’une même médaille. Je suis certain, parce que j’en suis un, que vous n’avez jamais approché un prolétaire à moins de cent mètres.


    • César Castique César Castique 3 avril 2015 17:34

      « Les électeurs en ont décidé autrement en l’éliminant dès le 23 mars. »



      C’est faux ! 


      Daudigny aurait pu se maintenir au 2e tour. C’est donc lui-même qui s’est sacrifié sur l’autel de l’UMPS. Et ça se comprend, un canton, même de l’Aisne, représenté par un chauffeur-livreur et une femme de ménage, ça aurait été vraiment inconvenant.


      Au lieu de ces ploucs, ont été élus une  référente des restaurations collectives au sein du Conseil Général et le Vice Président délégué à la Culture de la Communauté de Communes du Pays de la Serre. Question gueule du binôme, y’a pas photo !

      • Henry Moreigne Henry Moreigne 3 avril 2015 22:17

        @César Castique Sur le papier le binôme de M. Daudigny pouvait se maintenir mais pas dans le cadre de la stratégie du front républicain que s’est assignée le PS. Par son score le FN a donc de facto éliminé le binôme PS qui s’est retiré au profit des candidats républicains les mieux placés.


      • Jean Keim Jean Keim 4 avril 2015 12:09

        Toujours cette tendance à regretter et vouloir sauver ce qui doit disparaître. 

        Les partis politiques FN compris ne sont que des reliquats de vieilles pratiques qui ne prennent plus, la droite représente 12 % des électeurs inscrits, le FN 9,6 % et le PS 6,6 %. Il faut réinventer une société dans laquelle la politique ne sera plus pratiquée par des professionnels. 
        Les archaïsmes finissent pas donner la nausée, la nausée finit souvent par le rejet.

        • Garance 4 avril 2015 14:04

          Ou l’auteur voit « stratégie » je ne vois qu’incompétence et arrogance pour expliquer la descente aux enfers du PS


          L’enfumage ça ne dure qu’un temps

          On aurait pu penser que les années 80 avaient vaccinés les veaux : ben non ils ont repiqués au truc

          Le PS va crever et c’est temps mieux

          • Auxi 30 avril 2015 18:46

            @ l’auteur : Que crèvent les socio-kollabos, c’est une question de vie ou de mort pour la gauche, le plus tôt sera le mieux. Le P « S » n’est pas de gauche !!! Qu’on se le dise enfin, une bonne fois pour toutes ! Vous avez vu la baraque du libéral-fasciste Bartolone ?! Vous avez entendu les propos nazifiants du libéral-fasciste Rebsamen à propos des chômeurs ?

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Henry Moreigne

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