La feuille de route n’existe pas, c’était une feuille de vigne…
Le 25 Juillet dernier, le président tunisien, aurait pris ses détracteurs de plus en plus nombreux, de court. Prenant appui sur une interprétation distordue de l'article 80 de la constitution, il a gelé le parlement, assigné le chef du gouvernement à résidence, déterré la doctrine populiste d'élites corrompues afin d'ainstaurer une version timide mais non moins dangereuse du patriot act tunisien. A coups de sermons et de diatribes, mais aussi de visites inopinées, il semble allonger la lune de miel avec des foules subjuguées par un nouveau père des peuples. La stalinisation des esprits est en route, mais les embûches ne manquent pas. Kais Said, n'a pas gangé d'alliés, il en perd tous les jours. A l'extérieur, les faiseurs du roi sont restés les mêmes. En cause l'absence de la moindre feuille de route.
La classe politique tunisienne est unanime sur l’absence de feuille de route, ne serait-ce que schématique, à Carthage. Les anti-putsch l’ont crié haut et fort dès les premières heures du renversement « multinational ». Les soutiens commencent à protester de sa nécessité. Les alliés n’en attendaient pas autant. Moins d’engagements, moins de limites. Leurs mains n’en seraient que plus longues dans la pénombre du no man’s land constitutionnel.
Seuls les derniers connaissent la réponse. La cachent. En éloignent les esprits et les corps. Les deux premiers connaitraient à mesure que le piège se referme sur le dernier fuyard, l’immense duperie dont ils étaient les sous-fifres inconscients.
Kais Said ne cache rien. Ne navigue pas à vue. Une feuille de route, il n’en a tout simplement pas. Il avance dans tous les sens, recule vers toutes les directions. Il ne sait à quel « nouveau » saint régional se vouer. Le soutien local, grossi, amplifié, soviétisé, semble l’avoir ébloui. Non extensible au-delà de Bizerte, l’embrigadement local, butte sur une opposition à Tripoli, un double discours à Alger, une oreille distraite à Casa. Le peuple n’est pas la rue, le Maghreb, encore moins. Seul l’axe conjoncturel né au lendemain de la défaite du maréchal Haftar, entre les perdants régionaux, la Russie, la France, l’Iran, les Emirats et l’Egypte, le soutient. Peu recommandables en Libye, Cherchent-ils à défoncer une frontière à moitié ouverte par celui qu’ils considèrent un nouveau Sissi « civil ». Malheureusement otage multinational, du nouveau marché libyen.
Quoi qu’en disent les barons éditoriaux de l’éradication, les remplaçants estivaux de radios « guévarisées », sans gestes « médiatiques » barrière ; Washington n’a pas soufflé le chaud et le froid. Ses deux propositions de « retour rapide à la démocratie parlementaire et de nomination d’un chef du gouvernement », sont bien claires. Claires et inséparables, les deux réponses américaines, ne souffrent aucune analyse du discours à la Gueddafi. Celle-ci aurait au mieux été tolérée en l’absence de propositions, guère en leur présence.
L’Arabie Saoudite, se rebiffe. Elle observe de loin et concède entre autres des textes au vitriol contre le président tunisien et sa nouvelle presse aux ordres, dans les colonnes de titres londoniens proches de Riadh. Elle semble avoir vu un danger plus gros que la démocratie arabe : le transfert de la révolution iranienne (doctrine officielle de de l’Etat), notamment avec l’avènement suspicieux de la nouvelle organisation tunisienne « Hachd Chaabi », homonyme et vraisemblablement implantation locale de la milice pro-iranienne en Irak (qui terrorise les populations sunnites et maintient officieusement l’ordre dans les rues délaissées par la garde nationale). La propagande de médias chiites en faveur de Kais SAid, aurait aussi refroidi Riadh, en particulier la « procession » de journalistes de la chaîne libanaise Maydine portant à l’antenne un vulgaire macaron de paille, appelant à une « troisième république tunisienne ». Du jamais vu. Ingérence, quand tu nous tiens ! Nous re-tiens…
Le putsch semble avoir échoué à l’extérieur. Il n’est probablement soutenu que par ses « mentors », selon toute rigueur stratégique. Les cris d’orfraies contre l’ingérence, ne prêchent que leurs convaincus. Tout le monde sait que Carthage a choisi un camp. Que les alliances ne sont pas l’ingérence. Nous sommes loin de l’appel de Souhayr Belhassen à la France de reprendre pied chez nous…..
A l’intérieur, l’on ne sait pas encore combien durera la lune de miel « factice ». Le soutien de partis microscopiques et staliniens, pourrait la raccourcir, néanmoins. Les alliés nasséristes et staliniens n’ont pas bonne presse dans une opinion publique plutôt réformatrice et bourguibiste. Le sort réservé à la survivance benaliste ( le parti de Abir Moussi), sèmerait le doute. Le désagrègement de soutiens partisans et associatifs, se sentant collectivement ignorés et individuellement trahis, enfoncerait le clou.
L’absence d’une feuille de route, ne semble arranger que les « blessés de Tripli » et les éradicateurs nasséristes et staliniens, qui semblent avoir éloigné le troisième de la cour ( un député du Courant Démocratique serait déjà interdit de voyage ). Les érad’s qui se livrent à une chasse aux sorcières, tenteraient grâce à une presse de caniveau et à un tissu associatif fascisant, de reconquérir les tribunaux et les gouvernorats. Ils pensent contrôler le procès d’Islamistes, du départ à l’arrivée. La croissance, l’emploi, la sécurité attendraient…….Tout doit être fait avant que la rue ne reprenne ses esprits ! La rue qui n’est pas le peuple…… Comme le disait si bien le député Iadh Loumi.
La feuille de route n’existe pas. C’était une feuille de vigne !
Jamel HENI,
Psychologue, journaliste politique
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