La fin d’un rêve européen : l’A380 tire sa révérence
Bien avant la crise liée au Covid-19, l'avenir de l'A380, à 445,6 millions de dollars par machine, battait de l'aile. Cette fois, c'est un symbole d'un rêve européen sous la bannière franco-allemande qui prend dramatiquement fin avec la crise du Covid-19.
L'A380 est un avion très populaire auprès des passagers mais pas auprès des économistes d'entreprise. Il y a 15 ans que le plus grand avion du monde a décollé le 27 avril 2005 de son site de production de Toulouse en France pour effectuer un aller-retour. Trois ans après, l'avion était acheté par Singapore Airlines devenant ainsi la première compagnie aérienne à faire voler le plus grand avion commercial au monde pour la liaison entre Singapour et Sydney. Le Spiegel explique qu'avant la crise, il avait été décidé que « la plupart des autres superjumbos devraient encore être utilisés pendant de nombreuses années » en précisant que « le modèle de la série du voyage inaugural n'existe plus aujourd'hui » car « il a été mis hors service et démonté en pièces à l'aérodrome de Tarbes, en France, pour être recyclé ». Avant la crise, il était annoncé que l'avenir de l'A380 était noir. Airbus a, en effet, annoncé qu'elle cesserait sa production en 2021 et prévoyait de construire 251 avions au lieu de 750 unités, comme prévu initialement. Tom Enders, alors président exécutif d’Airbus, avait expliqué cette fin annoncée par le fait qu' Emirates avait annulé une commande de 39 A380 passant de 162 à 123 appareils en 2019, montrant déjà l'échec de l'avionneur européen et précipitant la fin du programme d'avion géant : « La conséquence de cette décision est que notre carnet de commandes n’est plus suffisant pour nous permettre de maintenir la production de l'A380, et ce, malgré tous nos efforts de ventes auprès d’autres compagnies ces dernières années. Cela mettra un terme aux livraisons d’A380 en 2021 ».
« Sur plus de 240 exemplaires en état de navigabilité des plus gros avions du monde, seulement une demi-douzaine sont actuellement en service actif avec trois compagnies aériennes. Les autres sont stationnés au sol dans plusieurs aéroports », écrit le Spiegel soulignant la crise qui secoue actuellement l'aviation commerciale. On ne peut pas dire combien d'avions de cette catégorie voleront à nouveau. La pandémie a plongé l'aviation dans une crise et cela signifie la fin précipitée de l'A380. Air France, en pleine crise du secteur aérien, a, titre d'exemple, a choisi d’accélérer la fin de l’exploitation du plus gros avion commercial d’Airbus considéré comme trop cher, trop polluant et pas assez rentable. Ce 20 mai, la compagnie a annoncé, après des semaines d’une activité presque à l’arrêt en raison de la pandémie de Covid-19 que « les Airbus A380 d’Air France ne voleront plus ». « Air-France-KLM a annoncé l’arrêt définitif de l’exploitation du coûteux géant des airs, deux ans et demi avant la date prévue », écrit Le Monde. Air-France-KLM précise que les neuf avions de la flotte qui sont déjà au sol, « n’effectueront plus de vols commerciaux ».
L'A380 n'a jamais connu de succès en Chine ou auprès des compagnies aériennes américaines même si les Américains sont friands des modèles Airbus plus petits. Les rivaux du très gros transporteur commercial franco-allemand sont son petit frère l'A350 et le Boeing 777 du moins jusqu'à avant la crise du Covid-19. Boeing, subissant l'impact de l'interdiction de vol de son 737 Max pour des raisons de sécurités, voit aussi l'emploi de son Boeing 777 se réduire toujours à cause d'une chute sans précédent du trafic aérien mondial. La compagnie DELTA retirait le 15 mai ses Boeing 777. Avec la mise à l'écart des gros avions commerciaux, la mort annoncée de l'A380 est devenue réalité tout comme ce rêve européen de super avion.
Pierre Duval
Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1612
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