La fin de l’ère « Bling Bling »
Les années qui viennent seront sérieuses...

Les grands battus de Mai et Juin (Sarkozy, Bayrou, Royal) ont tous un point commun : par de là leur étiquette et leur action, ils ont depuis toujours créé de toutes pièces un personnage qui incarne au fond l'essentiel de leur discours politique. Les trois candidats à la présidentielle de 2007 ont conduit leur campagne, à l’époque, avec la même relégation de leur programme au second plan : plus que leurs propositions (demain c'est mieux), ils offraient en effet en guise de crédo une sorte de contrat cathartique avec un individu providentiel.
C'est l'effet "people", conséquence désastreuse de la dérive ces dernières années, quand il semblait que la croissance était infinie et le marché omniscient : la politique était devenue, dans de nombreux pays, une sorte de "Star Academy" télévisé, où l'image phagocytait le fond.
D'ailleurs, dans une certaine mesure, l'élection présidentielle de Mai fut aussi perdue par Nicolas Sarkozy à cause de la propre mise en scène lassante de son moi, sensée résoudre à elle seule les enjeux du monde entier ; cinq ans avant la formule avait fonctionné sans encombre, l’erreur stratégique fut d’ignorer l’évolution critique de l’électorat. Ce que montre cet échec de Sarkozy, puis les législatives si cruelle pour Royal et Bayrou, anciennes vedettes reléguées par les électeurs en troisième zone, c'est que l’ère romantique de la personne providentielle est désormais révolue : l'époque n'est plus propice à la poudre aux yeux, les gens veulent des solutions à leurs problèmes, et plus des promesses nombrilistes qui font rêver.
La victoire du supposé homme normal Hollande est en ce sens une démonstration parfaite de ce nouvel état d'esprit du corps électoral. On a beaucoup reproché à François Hollande son coté “terne” ou “lisse” : ce fut sa force principale ! Les gens ne supportent plus le spectacle de la richesse étalée, pas plus que celui des égomaniaques.
La crise, et c'est un de ses rares effets positifs, fait que les gens sont nettement plus inquiêts, et donc moins disposés à avaler n'importe quoi. Lorsque l’UMP réglera ses comptes lors de son congrès de Novembre, il faudra qu’elle prenne en compte ce nouveau contexte. Par delà la rivalité Fillon / Copé, il y a ce qu’attendent les citoyens – éteindre l’incendie économique qui peu à peu consume tout sur son passage. Le règne du tout à l’égo s’est probablement achevé avec la prise en compte par les dirigeants mondiaux et les opinions de l’impossibilité de ranger les problèmes sous le tapis ad vitam eternam.
Dans cette mesure, PS, UMP, FN, EELV, et tous les autres partis, ne pourront plus miser sur un individu seul, charismatique, ce qui risque du reste de poser de sacrés problèmes d’intendance à beaucoup d’entre eux !
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