La fin de la mondialisation « heureuse » : Retour au protectionnisme ?
« Je définirais la mondialisation comme la liberté pour mon groupe d’investir où il veut, le temps qu’il veut, pour produire ce qu’il veut, en s’approvisionnant et en vendant où il veut, et en ayant à supporter le moins de contraintes possibles en matière de droit du travail et de conventions sociales ».
P.Barnevick, ancien président de la multinationale ABB.
On aura tout dit de Donald Trump de ses lubies de ses convictions profondes. Cependant l’establishment américain a dès le début choisi son camp celui d’Hillary Clinton et il n’y avait que les médias alternatifs à attirer l’attention sur le fait qu’avec madame Clinton la troisième guerre mondiale était assurée. Les médias audio-visuels européens et notamment français ont été d’une rare incurie reprenant sans objectivité en boucle les injonctions de la presse et des télévisions américains à présenter Donald Trump sous un jour couleur de soufre. C’est un fait la plupart des gouvernements européens avaient misé – par obéissance à la puissance de l’argent, la force des lobbys notamment sionistes – sur Clinton. Leur déconvenue fut triste à voir. Pour ne pas perdre la face, ils employèrent le langage qu’ils ont généralement quand ils ont à jugé les élections des républiques bananières- nous allons juger sur pièce, nous ne sommes d’accord avec les idées de monsieur Trump..- c’est pour la façade, côté cour, côté jardin c’est l’allégeance sans gloire ni dignité pour reprendre contact avec le vainqueur qui ne les honore même pas d’une communication correcte, préférant parler d’une façon plus longue avec Vladimir Poutine inébranlable et qu’ils croient perturber par des sanctions qu’un Obama pathétique lors de son dernier voyage avait demandé à faire perdurer.. Comprenne qui peut.
La fin d’un monde : Est-ce le réveil des peuples ?
La victoire de Trump s’apparente à un tsunami qui a balayé pas mal de certitudes. Le néo-libéralisme sauvage pensait qu’il allait durer mille ans avec des candidats du système ; l’avènement d’un candidat iconoclaste qui dit ce qu’il va faire et qui fait -apparemment- ce qu’il a dit lors de la compagne, est un coup d’éclair dans un ciel serein pour la mondialisation-laminoir. Ceci ne doit pas nous inciter à crier que nous avons échappé belle, en tant que pays du Sud, sans ambition avec un poids insignifiant, au contraire c’est une nouvelle forme de domination qui commence à se faire jour et on peut parier que l’oligarchie mondiale va s’y habituer
Dans une contribution intéressante l’auteur se félicite de la nouvelle donne et explicite ce à quoi le monde a échappé. nous lisons : « Les peuples se réveillent ! Ils font entendre leur voix, ils défient le Système assassin, ils commencent à briser leurs chaînes… La terre tremble ! La GB a osé le Brexit, les Néerlandais ont dit non à l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, la Hongrie s’oppose à des choix de Bruxelles, une partie des Chypriotes bouge, les Grecs protestent contre le rouleau compresseur de la mondialisation, Moldavie et Bulgarie élisent des Pro-Russes, la CPI se vide… et audace suprême, l’Amérique s’oppose à son Oligarchie vorace et belliciste ! Le « milliardaire » clairvoyant Trump va-t-il changer le monde ? « « Apocalypse now » titre le Courrier International, mais pour qui ? Pour les peuples, ou pour Wall-Street, l’OTAN, le Pentagone, les multinationales, les Lobbies vampires ? Comme je l’ai dit dans mes tweets, Trump n’est pas ma tasse de thé : Raciste, vulgaire, mentalité de nouveau riche, parfois sulfureux notamment avec les femmes… Et en ajoutant : Mais tout sauf Clinton la criminelle, la démente, la belliciste anti Assad et Poutine, pro guerre mondiale ! Merci Assange, le vrai héros du bouleversement en Amérique ! Jour de joie pour le monde, eh oui ! Trump se méfie de l’OTAN et de ses guerres ruineuses, dévastatrices ». (1)
« Trump poursuit l’auteur, va combattre les djihadistes au lieu de les armer, même avec Assad et Poutine, Trump va rétablir les frontières et la souveraineté de son pays, (…) L’équilibre du monde est bousculé ! Avec Donald Trump, finie la folle domination de l’Amérique sur la planète ; en compagnie de Vladimir Poutine il va travailler à la mise en place d’un monde multipolaire qui coopèrera, qui fera des affaires au lieu de s’entretuer ! L’UE enrage, les dirigeants corrompus enragent, les presstitués enragent, les sondeurs enragent, le flamboyant Trump a triomphé ! » (1)
L’auteur compare enfin, la tornade Trump à celle d’un homme politique qui a jailli du néant Jesse Ventura ancien catcheur élu par les citoyens comme gouverneur. Il reprend une lettre de Jesse Ventura au Système : « Vous contrôlez notre monde. Vous avez empoisonné l’air que nous respirons, contaminé l’eau que nous buvons, exigé des droits sur la nourriture que nous prenons. Nous nous sommes battus dans vos guerres, nous avons perdu la vie pour vos causes, Vous avez volé nos élections, assassiné nos leaders, aboli nos droits fondamentaux d’êtres humains. (…) Vous avez monopolisé notre liberté, vous avez démoli notre éducation et avez pratiquement éteint la flamme de nos vies. Nous sommes blessés… nous sommes ensanglantés, mais nous n’avons plus le temps de saigner. Nous allons mettre les géants à genoux et vous allez assister à notre révolution ! » « Espérons écrit–il que le Système ne se mette pas en travers de l’heureuse métamorphose du monde en éliminant Trump, en le neutralisant avec des conseillers pervers, ou avant le 20 janvier 2017, en déclenchant le conflit nucléaire dont rêvent les néo-conservateurs ! Si tout va bien, alors Trump le « disciple » de Jesse Ventura va étonner le monde… » (1)
Est-ce à dire que la mondialisation heureuse a vécu ?
Vue comme annoncé en préambule on dirait que la mondialisation est la liberté du renard néolibéral dans le poulailler des classes vulnérables. La conséquence est que les sociétés contemporaines deviennent de plus en plus interdépendantes et que le monde est soumis à de puissants processus d’uniformisation. Que peuvent faire les faibles dans un monde où la fortune de 6 milliardaires est plus importante que celle de 1,2 milliard de personnes ? Est-ce moral que le revenu moyen annuel d’un Africain soit égal au revenu journalier d’un Suisse ?
En réalité le terme "mondialisation" n’est qu’un attrape nigaud pour parler de l’anarchie ultra-libérale ou neoféodalisme, on préfère parler de "mondialisation", ça fait plus dynamique, ouvert et tout plus fédéraeur voir oeucuménique. La propagande médiatique sort l’artillerie lourde quand on évoque la question de la remise en cause de la mondialisation : critiquer le néolibéralisme c’est s’exposer à un déluge d’anathèmes en tout genre( populiste, souverainiste, nationaliste, passéiste). La mondialisation est un venin idéologique qui a empoisonné les élites dans la soumission aux dogmes libéraux. .
Le plaidoyer suivant nous parait résumer mieux que cent discours la réalité de la mondialisation heureuse selon l’économiste français Alain Minc. Nous lisons : « Que veux dire pour vous le mot « mondialisation » ? Si cela veut dire gagner plus pour ceux qui ont les mains, ou qui sont manipulés par les ficelles de la finance pendant que d’autres crèvent de faim, de froid ou de maladie, tout comme l’Ancien Régime en France et dans de nombreux pays du monde, alors oui, il faut que les peuples démondialisent et comme les Français, ils viendront à bout des tyrans ! J’ai voyagé un peu partout dans le monde depuis plus de 40 ans et j’ai constaté que les pauvres étaient de plus en plus pauvres pendant que les riches, eux, étaient de plus en plus riches ! Tout récemment, j’ai pu voir un « Hummer » dans les rues de Hanoï alors qu’à moins de vingt mètres, une grand-mère de plus de 80 ans vendait sa soupe pour pouvoir survivre. Le même phénomène se reproduit en Chine, aux USA, au Japon, sans parler de l’Afrique ou l’ami Bolloré se gave sur le dos des pauvres ! » (2)
« Aux USA les riches en sont arrivés à vivre quasiment dans des camps surveillés par des caméras, gardés par des gardes armés, qui patrouillent jour et nuit sur une route qui fait le tour du camp et qui interdisent l’accès à quiconque n’étant pas invité par un habitant du « Quartier résidentiel » ! Pendant ce temps, à Galvestone, les pauvres vivent dans des « baraques délabrées » en attendant le prochain cyclone ! Pour produire nos appareils photos numériques certains ouvriers d’Hanoï occupent deux postes et travaillent donc 16 h / 24 pour un salaire de 150 a 200 euros par mois ! Ils dorment sur place pour éviter le temps du trajet. Et pourquoi ne pas mondialiser les flux migratoires alors que les flux financiers ne connaissent plus de frontière ? (...) Cette mondialisation qui consiste à faire produire à très bas coûts dans des pays exotiques, sans contraintes, ni écologique ni sociales pour revendre à un prix « normal » dans un pays qui a encore un minimum de protection, pratiquement, personne n’en veut ! » (2)
La démondialisation
Même le nouveau cheval de bataille de ceux qui veulent remettre en cause l’ordre impérial établi dans le sillage du consensus de Washington.est une forme déguisé d’exploitation des faibles « Elle traverse, écrit l’éditorialiste du Monde, le champ politique. Elle est posée à gauche : des hommes comme Arnaud Montebourg au PS et, plus encore, Jean-Luc Mélenchon, du Parti de gauche, prônent une manière de protectionnisme européen.. Dans l’ « atelier du monde » , trimerait une armée de malheureux avec laquelle nos salariés ont été brutalement mis en concurrence. Bref, la mondialisation relèverait d’un gigantesque dumping social et environnemental. Et pour le corriger, il suffirait de rétablir des tarifs douaniers aux frontières (de la France ou de l’Union européenne). » (2)
En fait « Plus le Sud ira dans le sens de l’éclatement, plus les prérogatives oligarchiques au Nord se renforceront. C’est un argument en or pour la restauration de l’oligarchie que représente l’actuel directoire du monde, qu’il s’agisse des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, du G8 ou du G20. L’oligarchie n’est pas un mode de gouvernance acceptable dans une mondialisation qui déplace l’incertitude du fort vers le faible. Laisser le faible, le pauvre, le petit, le vulnérable dans un rôle de citoyen passif et dans un univers de fragmentation extrême, c’est risquer de ne jamais progresser dans la solution des problèmes. Dans le climat actuel de crise, chacun joue sa partition de démondialisation, de la répression des flux migratoires au retour du protectionnisme. C’est une sorte de négationnisme de l’interdépendance, l’illusion que le chacun-pour-soi sera un instrument de régulation. L’addition des politiques de démondialisation, c’est la diplomatie de connivence, le fait que l’on négocie entre puissants le point optimal d’une démondialisation favorisant les égoïsmes nationaux des uns et des autres sans porter atteinte à leur intérêt collectif. Cela débouche sur l’immobilisme actuel, bien exprimé par le creux des communiqués des G8 et des G20. (3)
A la fin des années 90 Alain Minc vantait à qui voulait l’entendre :la mondialisation heureuse. On s’aperçoit avec le temps que c’est un cauchemar pour les faibles .Pour Romaric Godin du journal la Tribune, il n’ya pas de fumée sans feu il y a eu un précédent le Brexit . la victoire de Trump signifie la fin de la mondialisation Comme dans le cas du Brexit, ce sont les populations des régions désindustrialisées qui ont fait basculer l'élection présidentielle étasunienne. : « Quatre mois et demi après le vote en faveur du Brexit, Donald Trump, milliardaire fantasque, ouvertement xénophobe et isolationniste, sera le prochain président des États-Unis d’Amérique et, partant, « l’homme le plus puissant du monde ». (…) Le succès de Donald Trump s’est appuyé sur un double mouvement : il a convaincu une grande partie de la classe moyenne dans des États où elle domine comme la Floride, mais aussi les populations des régions désindustrialisées de la Rust Belt de Pennsylvanie, du Michigan, de l’Ohio et du Wisconsin. En gagnant ces États qui étaient tombés aux mains des Démocrates en 2012, le milliardaire a fait pencher la balance de son côté. Le phénomène est exactement le même que le 23 juin au Royaume-Uni où le vote avait basculé en raison du vote des régions désindustrialisées du nord de l’Angleterre et du Pays de Galles. Or, ce mouvement peut s’expliquer par un échec d’une mondialisation couplée à une financiarisation avancée. (…) Ceci a permis de construire l’idée qu’il y avait une « mondialisation heureuse » Et, effectivement, dans les années 2000, le phénomène a bien fonctionné. Mais il a fonctionné sur du sable : le crédit et des bulles financières..et sa crise . En 2007, avec la crise des subprimes, ce mythe est tombé. Le monde de la finance a explosé, prouvant que l’un des éléments clés du nouveau système économique mondial ne pouvait plus fonctionner. Et dès lors, c’est tout le système qui s’est grippé, parce que les effets négatifs de la mondialisation n’ont progressivement plus pu être compensés et dissimulés ». (4)
« La mondialisation financière poursuit Romaric Godin a en effet, en accroissant la division du travail au niveau mondial, désertifié des régions entières sans proposer d’alternatives. (…) Les gains de la croissance – désormais plus faibles – continuent à irriguer un système financier qui ne voit guère de raison d’aller investir dans l’économie réelle, encore moins dans celles des régions les plus touchées par la désindustrialisation. A quoi bon chercher à améliorer la productivité lorsqu’il est possible de produire à bas coût en Asie et de disposer d’une main d’œuvre bon marché dans les pays développés ? La mondialisation financière a conduit à un recul général de l’investissement public et privé et c’est aussi une des clés du Brexit et de la victoire de Donald Trump. Rien d’étonnant alors à ce que les populations de la Rust Belt ou de la Floride aient cherché la rupture avec cette logique de « mondialisation heureuse ». Donald Trump a fait écho à ce sentiment de déclassement des populations étasuniennes. Les victoires des discours nationalistes et protectionnistes sont avant tout le reflet de l’échec social de cette mondialisation qui a fragilisé des pans entiers de la population tout en minimisant en permanence la réalité de cette fragilisation. La victoire de Donald Trump est un appel à en finir avec certains mythes ». (4)
L’élection de Trump : Renaissance des Nations ?
Curieusement le nouveau président remet en cause les règles du jeu de la mondialisation car les Etats Unis ne meuvent plus suivre l’essor des pays du BRICS et de l’Europe qui ayant essayé le logiciel de la mondialisation hérité du consensus de Washington sont devenus plus performants que les Etats Unis. Cela n’arrange plus l’Empire qui veut changer les règles du jeu en prônant une sorte de protectionnisme. Est-ce le retour à l’isolationnisme américain ?
C’est en tout cas l’avis de l’intellectuel Youssef Hindi qui définit ainsi, la victoire de Trump : « L’une des raisons qui a empêché les grands médias occidentaux de voir venir la victoire de Donald Trump est l’aveuglement idéologique de l’élite oligarchique et globaliste. (…) Peut-on affirmer que la fin de la globalisation économique a quant à elle été signée par l’élection de Donald Trump ? La réussite de Trump tient au fait qu’il n’a pas respecté Le mythe[ du libre échange], ce dogme ; au contraire, il a attaqué frontalement le libre-échange généralisé en pointant du doigt ses effets sociaux et économiques désastreux. Il explique comment la financiarisation s’est emparée du Monde. Il n’est plus nécessaire de produire mais surtout de jouer avec la vie de millions de gens en repérant là où on peut extraire de la valeur. Elle écrit : « Ainsi que l’a montré l’économiste James K. Galbraith dans son ouvrage L’Etat prédateur, le contrôle de l’économie américaine est passé des mains des industriels à celles des banquiers, remplaçant l’économie réelle par l’économie fictive avec la prééminence d’un capitalisme actionnariale et spéculatif conduisant à une destruction du tissu industriel et à une financiarisation de l’économie américaine, et par suite de celle du monde. (…) Les accords de Bretton Woods de 1944 qui devaient répondre à la crise de 1929 (qui a résulté de la spéculation financière), ont donné naissance à la Banque Mondiale et au Fonds Monétaire International. « Ce qui déboucha de ces accords était conforme à la volonté des Etats-Unis, à savoir faire du dollar l’instrument de référence international et imposer la libéralisation des mouvements de capitaux. Les règles du commerce international furent traitées durant la conférence de la Havane la même année. Les Américains avaient refusé de signer l’accord visant à réglementer le commerce sur des bases nationales et protectionnistes, eux qui étaient partisans du libre-échange. L’Organisation mondiale du commerce qui née en 1995 se chargera de répondre aux désirs des Etats-Unis en favorisant le système de libre-échange généralisé, lequel a ironiquement frappé l’Amérique par le fléau qu’elle a infligé au reste du monde : la désindustrialisation et le chômage de masse ».(5)
Youssef Hindi explique ensuite comment l’empire s’organise pour être toujours gagnant au besoin par la force : « Dans la présente séquence historique, il apparaît clairement que l’impérialisme américain ne se maintient que par la menace militaire (hard power) et la politique de subversion (révolutions colorées et guerres civiles)… Un tel système de domination ne peut, à l’échelle de l’histoire, ne durer que le temps d’un éclair ; chose qu’avait compris les empires traditionnels depuis l’Antiquité qui se maintenaient sur une base de légitimité, de « supériorité civilisationnelle », et d’acceptation des populations dominées. La puissance impériale ainsi que ses institutions internationales se sont essoufflés malgré ou à cause de leurs efforts. Le passage d’un soft power sûr de lui à un hard power nerveux et fébrile est la manifestation d’une réelle et profonde faiblesse morale et matérielle qui touche le cœur même de l’empire. C’est cette catastrophe provoquée par le libre-échange et la financiarisation de l’économie – identifié par le peuple américain – que Trump a dénoncé et à laquelle il a proposé des solutions adéquates (que nombre d’économistes proposent depuis plusieurs années). (…) L’oligarchie, via sa représentante Hillary Clinton – dont la campagne électorale a coûté trois fois plus cher que celle de Trump, a voulu imposer des thèmes sociétaux et raciaux pour contrer les thèmes socio-économiques. » (5)
Est-ce la fin aussi de « l’Empire des Mensonges » ?
En 2003, les médias occidentaux ont pu convaincre presque tout le monde que le mauvais dictateur Saddam Hussein stockait des armes de destruction massive en Irak. Le succès de cette opération de propagande a été si spectaculaire qu’il a mené l’un des aides de George W. Bush à déclarer que « maintenant nous créons notre propre réalité » C’était la véritable déclaration fondatrice de l’Empire des Mensonges. Lors de la dernière campagne présidentielle américaine, Donald Trump et Vladimir Poutine ont été regroupés et soumis au même traitement de diabolisation que celui qui avait été réservé à Saddam Hussein. Mais ça n’a pas marché, tout simplement. Toute la campagne a salement échoué. (…) Malheureusement, le fait que Donald Trump a été élu en grande partie comme une réaction contre des mensonges antérieurs ne fait pas de lui un bon président et pas même quelqu’un à qui nous pouvons faire confiance. Nous avons peut-être appris à reconnaître les mensonges, mais il semble que nous n’avons pas encore appris à reconnaître la vérité. (…) L’ampleur des dommages que la présidence Trump pourrait faire à l’humanité par des politiques qui ignorent la menace climatique est stupéfiante aussi. […]À l’époque d’Augustin, l’Empire romain était devenu un Empire du Mensonge. Il faisait encore semblant de respecter la primauté du droit, de protéger la population contre les envahisseurs barbares, de maintenir l’ordre social. Mais tout cela était devenu une plaisanterie de mauvais goût pour les citoyens d’un empire réduit à rien de plus qu’une machine militaire géante, dédiée à l’oppression des pauvres afin de maintenir le privilège de quelques-uns ».(6)
L’élection de Trump, doigt d’honneur au mythe américain
Bruno Guigue ancien haut fonctionnaire français écrit abonde dans le même sens en critiquant le suivisme des élites françaises :« Chez nous, la caste politico-médiatique a toujours adoré l’Amérique. Adepte de l’américanisation du monde, elle s’est abandonnée avec délice à son pouvoir d’enchantement. Elle en singe les coutumes et les travers avec une fidélité à toute épreuve. Ce Nouveau Monde est le paradis de la libre entreprise, une nation bénie du Créateur où le génie humain fait reculer les frontières du possible. Qu’elle soit toujours plus puissante, plus rayonnante, et l’humanité ne pourra que bénéficier de sa lumière . Comme disait O’Sullivan au XIXème siècle, « les Etats-Unis ont pour destinée de démontrer au genre humain l’excellence des principes divins ». (7)
« (…) Mais ce mythe auquel la caste dirigeante voulait croire parce qu’il lui donnait bonne conscience s’est subitement évanoui le 8 novembre(…) L’outsider Donald Trump a ravi la mise le 8 novembre En prenant d’assaut la Maison blanche, Trump a fait un gigantesque doigt d’honneur au mythe américain (…) Du coup, l’idylle est bel et bien terminée. BHL a même dit que « le peuple américain s’était suicidé ». C’est lui, pourtant, qui avait l’air d’un mort-vivant. Ce soir-là, il était le symbole de la caste dont le rêve absurde d’une Amérique virginale vient de se fracasser sur le mur du pays profond » (7).
L’élection de Trump et l’Europe
Les retombées pour l’Europe sont catastrophiques C’est le sauve qui peut . avec leurs rodomontades les responsables de l’Union Européenne se permettent de rappeler à Trump qu’il y a des lignes rouges à ne pas dépasser, en clair pas question de remettre le en cause le dogme néo-libéral Après avoir été de bons vassaux l’Empire les ignore et les laisse se débrouiller tout seul , notamment en tournant le dos à l’Otan, mais nous dit-on c’est mieux que si c’était la Clinton
Le géographe bien connu Emmanuel Todd a commenté les résultats de l’élection américaine. Il nous explique pourquoi, selon lui, il faut avoir moins peur de Donald Trump que d’Hillary Clinton… et fait l’éloge de l’électorat du nouveau Président américain. : « J’ai un peu de mal à comprendre l’inquiétude des gens. J’étais terrorisé par l’hypothèse (d’une élection d’Hillary Clinton) On l’a échappé belle avec la défaite d’Hillary Clinton. On est confronté a une révolution de magnitude . Trump a recentré le débat politique sur les questions économiques et les affrontements de classe. L’élection de Trump commence a avoir des effets tectoniques mondiaux semble-t-il. L’Australie repousse Obama, plaque le TPP [accord libre échange pacifique], se dirige vers un accord commercial proposé par la Chine » (8)
Appliquant ce qui est arrivé à l’Europe et particulièrement à la France embourbée dans une Europe en perdition Il déclare : Les Français sont sorti de l’histoire. Avec l’euro la France s’est enferme dans l’espace économique allemand. on va élire le type qui va aller demander des autorisations spéciales a Berlin pour pas avoir a faire des reformes aussi dures pour nous que celles demandées aux italiens et aux espagnoles. Le monde à un moment historique de grands bouleversements avec bien sûr de possibles retours en arrière et du chaos. Ce moment actuel est une cristallisation d’une tendance amorcée peut-être avec la crise financière de 2007 – 2008. l’UE un projet devenu fou La suite de la folie est évidemment l’élargissement du statut de travailleurs détachés aux Ukrainiens ». (8)
La "trumpisation de la France"
Même analyse de Gérard Collet pour qui « la grande affaire de cette fin d’année, en France même, est de commenter, d’analyser doctement, de tenter de comprendre le phénomène Trump (…) A l’heure ou les factions éclatées du PS moribond se débattent encore, et où Manuel Valls feint de nous mettre en garde contre la mort possible de la gauche, on peut risquer un résumé de l’action du gouvernement en particulier et du PS en général au cours de ce quinquennat, et en imaginer les conséquences sur la légitimité du politique en France. Non pas en une analyse savante et puissante des conditions économiques sociales et politiciennes qui ont dicté les choix, mais en un constat effaré, fait par des militants de base, du désarroi qui s’empare des gens de gauche en cette fin de partie » (9)
« Les notables du PS poursuit Gérard Collet à quelques exceptions près, élus ou pas, ont patiemment et obstinément œuvré à désemparer les classes populaires au lieu de les mobiliser, au lieu de les appuyer et les guider dans leurs luttes, ce qui serait le rôle historique d’un parti « socialiste » (…) Servi par sa majorité, le président a trahi ses engagements les plus emblématiques et déçu son électorat politisé, préparant ainsi le terrain à une échéance politique catastrophique (…) Le président et son gouvernement enfin, et c’est le plus grave dans l’histoire du socialisme, ont ravagé l’imaginaire « de gauche », accréditant l’idée que les espoirs et les buts qui lui donnent chair seraient non seulement définitivement hors de portée, mais dépassés, obsolètes, ineptes, néfastes..La grande question historique qui a agité Manuel Valls au cours de son mandat, l’a-t-il assez répété, est donc de savoir si « la gauche peut mourir ». Ou pas ». (9)
« Mais bien entendu, lorsque cet homme parle de « gauche » (…) il ne s’agit en aucune façon de l’idéal de gauche, de l’idéal socialiste, de l’idéal de progrès humain dont tous semblent se soucier comme d’une guigne (…) Cet idéal socialiste, celui qu’ils ont perdu de vue, la question n’est pas aujourd’hui de savoir s’il peut mourir, mais bien de savoir qui tente de le tuer, ou tout au moins de l’anesthésier le plus longtemps possible. Et là, aucun doute n’est possible, c’est bien le PS avec en tête d’affiche le président en exercice, ses ministres, ses hiérarques, qui administrent patiemment des doses d’arsenic destinées à perpétrer un crime parfait (…) Le modèle est connu, c’est celui qu’a impulsé Anthony Blair de l’autre côté de la Manche, et qui a contribué à faire du Royaume Uni ce pôle de la finance escorté de sa pléiade de paradis fiscaux, qui a conduit doucement et inexorablement les travailleurs britanniques au désespoir politique, à l’abstentionnisme, puis à la rébellion débouchant sur le Brexit (…) Ce modèle, qui a assuré un certain succès électoral et une certaine durabilité à son héraut, a sans nul doute fait rêver nos dirigeants « socialistes », qui ont cru trouver là le moyen de poursuivre leur carrière politique avant de se convertir en conférenciers intercontinentaux multi-rétribués ». (9)
« Parlant de Sarkozy Gérard Collet dénonce : « (…) N’oublions pas non plus l’effarante inconscience de cette droite qui laisse concourir pour la magistrature suprême un acharné de la tolérance zéro dont la rigueur ne s’applique jamais à lui même, Mais revenons à ces malfaiteurs idéologiques œuvrant au nom du PS (…) Oubliant l’existence de classes sociales, ils ont patiemment œuvré à donner raison à leurs adversaires de droite en affirmant et en s’acharnant à démontrer que la vision néolibérale du monde est la seule possible, et que la seule action politique raisonnable pour « la gauche » est de panser quelques unes des blessures de ce système inique et mortifère. Ils ont au fond convaincu la classe ouvrière et l’ensemble des travailleurs, que la droite était tout autant à même de les entendre » (9)
Et en Algérie Que peut nous « apporter » l’élection de Trump ?
En une phrase : Rien de nouveau sous le soleil ! Nous sommes , pour les Etats Unis, et le monde, comme on dit en physique, une perturbation de second ordre. S’il est vrai que l’on parle de velléités de l’Empire américain et de ses vassaux de « s’occuper de nous » , apparemment ils prennent leur temps ! Ce qui a de sûr c’est que nous sommes entourés de bas américaines , les dernières en date sont celles des drones en Tunisie qui n’a même pas eu l’élégance d’informer son voisin . Mon Dieu protégez moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge ! » Protégez moi encore plus de mes frères en religion pour qui la traitrise est une seconde nature ! Ne dit –on pas « El Harb khid’a ? » Bref du côté international c’est le statu quo et il n’ya pas en l’occurrence de rodomontades à avoir comme quoi nous sommes invulnérables ! Nous sommes mille fois vulnérables car nous n’avons pas de défenses immunitaires réelles que sont une belle éducation, un enseignement supérieur de top niveau et une recherche de qualité. Ce ne sont pas les quelques barils de pétroles qui nous restent qui vont hélas nous sauver et nous permettre de former l’Algérien de demain fasciné par le savoir
Que l’on se fasse pas d’illusions ce combat de titans pour une nouvelle tectonique aura des retombées largement négatives pour des pays qui se tiennent le ventre quand le baril de pétrole yoyote qui ne crée pas de richesses et qui vivent dans les temps morts comme c’est le cas notamment des rentiers de l’Opep. Nous sommes avertis, Que Trump ou Clinton soient élus , rien de nouveau pour des pays qui acceptent la fatalité. Notre malheur nous l’avons voulu et apparemment nous ne faisons pas assez pour nous en sortir avec une société qui a abdiqué les valeurs de l’effort et du mérite. Une société qui permet à des footballeurs de toucher en un mois le salaire de 10 professeurs d’université qui ont mis trente ans à se former. Dans le même temps ce fut un non évènement que la prouesse des chercheurs de l’Agence Spatiale qui ont conçu les trois satellites lancés par une fusées indienne . C’est tout juste si on leur lit un message du président. Comment voulons nous sauver l’école quand elle ne joue plus son rôle d’ascenseur social ? Comment voulons nous donner de l’espoir aux jeunes et les inciter à l’effort si à la sortie ils sont au chômage. Faut-il leur reprocher de partir ?
Comment voulons-nous les garder au pays si aucune perspective ne se dessine ? Notre système éducatif en miettes gangrénée par une idéologie mortifère pour un projet de société qui nous renvoie au Moyen âge, dans un monde du Web 3.0, de la conquête spatiale, du génome décryptée des naissances artificielles ! Ce n’est pas avec des réformettes sans lendemain que nous aurons des jeunes fascinées par l’avenir fiers de leurs identités et de leurs espérances sans en faire un fond de commerce car ceci ne compte pas pour garder la tête hors de l’eau dans un monde de plus en plus anomique. qui ne veulent pas tourner le dos à une doxa qui nous interdit d’aller à titre d’exemple vers les langues universelles que sont l’anglais, le chinois dans les disciplines scientifiques qui ont disparues remplacées par le système LMD qui est un échec que nous devons rectifier résolument en proposant une autre perspective de formation aux jeunes.
Comment voulons nous aller vers l’avenir si on explique pas aux citoyens la nécessité d’aller vers le développement durable en lui demandant d’être partie prenante ? En commençant par diminuer le train de vie de l’Etat ? En demandant un effort financier comme l’a fait l’Arabie Saoudite qui a ponctionné de 20 % les traitements de ses hauts fonctionnaires ? C’est à ces conditions que la transition vers le développement durable se fera, chacun étant convaincu qu’il participe à une utopie qui est celle d’assurer un avenir à nos enfants. . Il n’est pas trop tard et de mon point de vue l’avenir du pays et les grandes décisions doivent transcender les stratégies partisanes. Qu’on se le dise il s’agit de l’Algérie du million de martyrs !
Conclusion
Ne crions pas trop victoire ! J’avais dans une contribution précédente déclaré qu’il était difficile de choisir entre la peste et le choléra. S’il faut se féliciter que la mondialisation laminoir qui fait fi des identités des espérances seul le marché compte. Souvenons nous de ce que martelait Margareth Thatcher : « Je ne connais pas le citoyen , je ne connais que le consommateur » Le Nouvel Ordre Mondial totalitaire, uniformisant tout, nations, races, identités, langues, va laisser place à une nouvelle façon de gérer les plus faibles
A l’instar des Africains, beaucoup d’entre les Algériens ne savent réellement pas ce que c’est que la mondialisation. Ils la perçoivent indirectement à travers le bradage de toutes les entreprises car ne répondant pas aux « normes » et donc non compétitives. Une autre partie parle justement des masses d’argent nécessaires à la mise aux normes véritable tonneau des Danaïdes. Pour d’autres, c’est le portable, les produits contrefaits, la déferlante chinoise et ceci dans un contexte où le gouvernent, après avoir promis depuis plus de dix ans de rentrer dans l’OMC, remet ce voeu pieux à plus tard. En fait, l’Algérie est dans la pente ascendante de la mondialisation-laminoir en cassant son outil de production, en annulant ses barrières tarifaires en vain, elle est devenue un marché.
Pendant ce temps, les pays industrialisés arrivés au Sommet de la rapine mondiale, de la financiarisation à outrance, s’aperçoivent que ce qu’ils ont mis en place pose problème, à changer les règles car sous des dehors doucereux les adeptes de la démondialisation proposent ni plus ni moins un retour du protectionnisme qu’ils enrobent d’écologie dans le sens de punition en termes de taxes au nom du bilan carbone des pays émergents et indirectement de compensation des bas salaires des pays émergents pour rendre leurs produits non compétitifs. les damnés de la terre auront appliquer le moment venu dans leur chair . C’est de fait, encore et toujours, un impérialisme. « Les Règles du jeu de la mondialisation, ne me plaisent pas, je les change au nom des intérêts supérieurs de mon pays ». Nous préférons pour notre part - mais avons-nous le choix en tant que pays du Sud vulnérable ? - nous en remettre à l’éthique et la morale en appelant à une mondialisation à visage humain où les petits, les sans grade, les sans-voix mais pas sans-droits humains, puissent vivre dignement. (10)
Pour en revenir à l’élection de Trump qui nous promet un autre logiciel protectionniste agressif, et sans être naïf aux Etats Unis et même dans tous les pays européens le dérèglement moral commence avec des élections qui ont des relents de malversation. Quand l’argent joue dans les élections, le choix démocratique disparait et les élections deviennent une vente aux enchères et le plus offrant gagne, il faudrait interdire complètement les dons et l’utilisation de l’argent pour acheter les électeurs Partout dans le monde les élections sont des farces et des escroqueries , devant des citoyens passifs . Tout est achetable et les citoyens ne sont qu’un moyen pour légaliser leurs actes occultes. Il semble que Trump ne perd pas de temps, déjà il veut remettre en cause les accords avec la Chine ! S’il faut espérer que cette nouvelle politique demeure « paisible » rien n’est moins sûr !
1.http://reseauinternational.net/de-jesse-ventura-a-trump-le-reveil-des-peuples/
2. Defrance : Dé-mondialisation Agoravox 4 juillet 2011
3 Bertrand Badie Recueilli par François d’Alançon http: //www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Bertrand-Badie-professeur-...
4.Romaric Godin http://www.latribune.fr/economie/international/victoire-de-trump-un-ec...
5.. http://arretsurinfo.ch/lelection-de-trump-mort-de-la-globalisation-et-renaissance-de-la-nation/
6.Ugo Bardi http://lesakerfrancophone.fr/trump-la-defaite-de-lempire-des-mensonges
7. http://arretsurinfo.ch/lelection-de-trump-doigt-dhonneur-au-mythe-americain/
8. http://www.clique.tv/la-grosse-version-du-gros-journal-emmanuel-todd-trump/
9https://www.legrandsoir.info/comment-le-ps-a-apporte-sa-pierre-a-la-trumpisation-de-la-france.html
10. Chems Eddine Chitourhttps://legrandsoir.info/demondialisation-ou-mondialisation-a-visage-humain-le-vrai-debat.html
Article de référence : Pr. C.E. Chitour http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2016/11/21/ article.php ?sid=205068&cid=41
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique Alger
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