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La fin des héros

Beaucoup de sociétés humaines dont nos sociétés occidentales ont été façonnées par le concept de "héro" et d'héroisme. Le héro, littéralement un demi-dieu était celui qui accomplissait de grandes choses au péril de sa vie et en affrontant presque seul un environnement hostile.

Avec l'arrivée de la singularité c'est à dire l'age des machines intelligentes, la notion de héros s'appréte à devenir irrelevante dans nos cultures. La plupart des actions directes deviennent en effet effectuées par des machines et au contraire le développement de ces machines a été un travail d'équipe.

Ceci promet de grands changements culturels en occident.

Les héros et la guerre

La guerre a de tout temps été la fabrique des héros. Elle les fabrique car ils sont nécéssaires pour le moral des troupes, fournissent une inspiration pour les autres soldats et la population civile. Mais aussi parce que le soldat risque tout et se retrouve dans des situations périlleuses.

Or, depuis la guerre d'Afghanistan vous entendez souvent parler de drones. Les drones sont des avions sans pilotes. Certains sont automatiques, d'autres sont controllés à distance. La guerre devient alors presque comme dans un jeu vidéo. Le pilote est libéré des contraintes physiques (rappelons qu'un avion de combat vous faisait subir de nombreux "G" et des forces extrémes), peut se concentrer sur sa mission. Si sa mission dure trop longtemps on peut le remplacer par un autre humain pour qu'il soit toujours au top. Et son risque se limite à se prendre un blame si le travail est mal fait. Le pilote de drone est passée de l'image glamour du pilote de chasse à la top-gun à celui d'employé de bureau.

En plus des drones, il existe divers robots "au sol". La société iRobot (connue du grand public pour ses aspirateurs) fabrique ainsi divers robots militaires. Commandables à distance ils permettent la aussi de diminuer énormément les risques même si généralement ils sont utilisé en support par des troupes terrestre et non commandés depuis une base dans le kentucky.

Les héros et l'exploration

Avec le dernier vol de la navette spatiale, on fait peu à peu le deuil de l'homme utilisé pour la conquête spatiale. Car d'un strict point de vue scientifique, une mission robotisée est beaucoup plus utile. Aucune mission humaine sur Mars ne rapporterait autant que les "Rovers" envoyés par les américains. Dans les environnements hostiles qu'il s'agisse de l'espace, des fonds marin ou d'un site industriel contaminé, l'utilisation de robots est de plus en plus essentielle. Sachant que la plupart des environnements qui restent à découvrir sont hostiles pour l'homme, à moins d'envisager une réelle colonisation de l'espace, il est à parier que le monde ne comptera plus d'explorateur parmis ses héros. 

Les héros de l'invention

On connait Léonard de Vinci, on connait les frères Wright, on connait Pasteur, on connait Van Braun et de nombreux autres. Ils font partie de la culture occidentale et sont considérés à juste titre comme des héros, non qu'ils ont affrontés le danger mais ils ont permis à eux seuls à la société de progresser. Ils sont bel et bien des "demis-dieu".

Or, de plus en plus, il n'est plus possible d'inventer "seul". Réaliser un prototype industriel nécéssite tellement de ressources que l'invention devient uniquement un travail d'équipe. Même dans l'informatique ou la réalisation de logiciels est plus "simple", on remarquera que ce travail est dans la plupart des cas collectifs. Linux en est un exemple. Si des gens comme Linus Torvalds et Steve Jobs sont vu comme des héros ce n'est plus tant pour leurs inventions que pour le changement social qu'ils ont incarnés.

Le changement social reste un des derniers domaines ou l'héroisme est de mise. 

L'Art

L'art a ses héros aussi : Les Beatles, Picasso, Van Gogh, ... 

Ceux qui ont changés le monde par leurs oeuvres étaient jusqu'à une époque récente, des artisans. Mais qu'est devenue la création aujourd'hui ? 

Une amie diplomée des beaux arts se plaignaient récemment auprès de moi que des ingénieurs finissaient par occuper des positions qui auraient du être destinés à des étudiants en art. Car si les ingénieurs avaient la capacité de comprendre et d'utiliser ces outils, ils manquaient d'une formation artistique classique.

Mais pourquoi des gens qui ont une des meilleurs formations artistiques de France en viennent à se plaindre ainsi d'être concurrençées par des ingénieurs et des machines ? 

Tout simplement parce que l'art a cessé d'être un métier d'artisans. Les photographes, les musiciens, les cinéastes, les metteurs en scéne de théatre ont tous recours à des outils technologiques à des degrés plus ou moins variés. Dans des domaines comme le cinéma ou la musique, on se retrouve avec des techniciens qui sont très recherchés car ils savent "produire". 

Le français Joachim Garraud par exemple (bien qu'ayant une formation artistique) ne fait pas que créer des musiques pour lui. Son savoir faire technique, le rend indispensable pour des artistes allant de Miléne Farmer à David Guetta. Les compétences en production de sons 'électroniques' sont tellement rares que l'ensemble de l'industrie musicale fonctionne avec une poignée de "producteurs" qui maîtrisent cette technique. (Citons ici le néerlandais Benno de Goeij et l'anglais Paul Oakenfold tous deux connu pour leur musique plus 'dansantes' mais qui sont en réalité derriére les disques de nombreux artistes).

Les réels "héros" derriére l'art contemporain sont de plus en plus cachés. Et ceux qui sont sur le devant de la scéne ne parviennent plus à imprimer l'imagination. 

Et la singularité dans tout cela ?

Au fur et à mesure que la société avance, elle tend à gagner en complexité. Il n'est plus possible à l'homme de réaliser des exploits sans l'aide d'une ou plusieurs machines, d'une ou plusieurs techniques. Ceci est le signe que la singularité technologique approche. Sans que l'on en soit conscient, dans de nombreux domaines, la machine est déja plus forte que l'homme, même si elle continue à être pilotée par l'homme. Dans quelques années, des machines intelligentes et créatives vont arriver sur le marché. Il restera alors à se demander avec quoi l'on va inspirer les générations futures... 


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7 réactions à cet article    


  • Loule 28 octobre 2011 10:58

    Votre CV, intéressant, ne mentionne pas votre nullité en français...
    Héros s’écrit avec un « s » final même au singulier...
    Désolé, je n’ai pas pu lire votre article.


    • Marc Bruxman 28 octobre 2011 12:36

      Duchamp critiquait la même chose que vous. Un musée lui a commandé une oeuvre et lui a laissé carte blanche, il a rendu une pissotiére. Il me semble que c’était un message très clair ;) Qui en disait long sur ce qu’il pensait sur le millieu de l’art. Peut être êtes vous d’accord avec lui finalement ! 


    • Marc Bruxman 28 octobre 2011 12:33

      Et ben ma loule, tu dois pas en lire bcp des articles sur agoravox ! Ca me fait tjrs marrer les maitres capelovichy en herbe ;) 


      • Tristan Valmour 28 octobre 2011 14:49

        Le cerveau humain avait un volume de 400 cm3 il y a 3 millions d’années, et de 1400-1500 cm3 environ aujourd’hui.

        Il y a 100 000-150 000 ans, le cerveau humain avait déjà les circonvolutions qu’on lui connaît aujourd’hui. Pour faire face aux nouveaux défis et pour survivre (c’est-à-dire pour sous le coup du stress, s’adapter à son environnement, donc le modifier à son image), le cerveau humain s’est donc spécialisé par la latéralisation de ses fonctions, parce qu’il ne pouvait plus gagner d’espace.

        Cela signifie que le cerveau humain disposait il y a 150 000 ans de toutes les potentialités pour réaliser ce que nous réalisons aujourd’hui !

        Le développement du cerveau s’est produit au profit des fonctions cognitives supérieures. Mais l’émotion, que l’on connaît mal conserve une importance capitale pour la cognition.

        Richard Klein de Stanford soutient pour sa part qu’il y a 50 000 ans s’est produit une mutation génétique qui a remodelé le cerveau pour lui attribuer les capacités qu’on lui connaît.

        Il y a 40000 - 60 000 ans environ, l’Homme a fait un bond prodigieux grâce au système des neurones-miroirs, qui a eu une influence sur les comportements sociaux et le langage, donc la transmission du savoir. A partir de là, les Hommes ont gagné énormément en efficacité parce qu’ils ont pu coopérer et transmettre les connaissances acquises par la culture, pas par la génétique. Je ne sais pas si je suis assez clair parce que je pense en anglais mais j’écris en français rapidement.

        L’un des fondateurs de la neuropsychologie, Alexander Luria, a étudié un patient russe, un militaire, qui ne pouvait rien oublier. Il gardait en mémoire le moindre détail de ses souvenirs.

        D’autres patients étudiés par d’autres neuropsychologues, neurologues (etc.) ont étudié des gens qui après un accident se sont découverts des capacités extraordinaires d’apprentissage.

        On a étudié le cerveau d’Einstein, pour conclure que son intelligence remarquable était sans doute due au développement extraordinaire de ses lobes pariétaux dans sa tendre enfance. Il avait donc sans doute une working mémoire extraordinaire.

        Certains Asperger comme Daniel Tammett ont des capacités extraordinaires.

        Des scientifiques sont en train de tester des nootropes pour stimuler le cerveau. Il existe des programmes de développement des capacités cognitives.

        Des chercheurs d’Harvard sont en train de travailler sur un programme pour enseigner aux enfants du primaire des notions abordées à l’université. Les premiers résultats sont prometteurs.

        L’un de mes amis a étudié un enfant précoce qui découpait mentalement une image complexe en différentes parties auxquelles il attribuait un numéro et/ou une couleur et qui était capable de la reproduire à l’identique quelques heures après, tout en apprenant autre chose en même temps. Cet enfant présentait une capacité extraordinaire en multitasking sans déficit d’attention, contrairement à ce qu’on observe chez un sujet normal. Il est doué d’une capacité de calcul quasi-unique, mais est parallèlement incapable de comprendre un texte littéraire.

        Je peux multiplier les exemples de cas uniques, et je ne parle même pas de ceux que j’ai étudié pour mes travaux en éducabilité cognitive.

        Tout ça pour dire que le cerveau est plastique, nous disposons tous d’un potentiel depuis 150 000 ans, et que nous avons encore beaucoup de réserves. Sous l’impulsion des technologies, ce potentiel va se révéler, comme le développement de la mémoire de travail, fondamentale pour les fonctions cognitives supérieures. Et qui sait, peut-être connaîtrons-nous une mutation génétique de notre cerveau ?

        Ce que tout le monde peut faire facilement pour être plus performant : sport, une meilleure irrigation sanguine, une meilleure oxygénation et alimentation, ainsi que des relations sociales, toucher les gens, apprendre les langues étrangères, résoudre des problèmes, écrire des synthèses sur différents sujets, faire travailler les relations spatiales, etc.

        Et puis, qui a dit qu’il fallait penser en terme d’individu ? La somme des intelligences individuelles, le fonctionnement des individus en réseaux cognitifs dépasse la puissance de calcul des ordinateurs. Il y a tout à faire en intelligence collective. Il demeure deux problèmes fondamentaux : les égos et la communication.

        Demain, nous pourrons tous être surdoués, les autres continueront à votre UMP. Alors, la singularité, peut-être, mais c’est loin d’être certain. Le cerveau est plastique.

        Un livre grand public à lire : On Intelligence (de Jeff Hawkins)

        Lire la suite ▼

        • Traroth Traroth 28 octobre 2011 17:10

          "Les photographes, les musiciens, les cinéastes, les metteurs en scéne de théatre ont tous recours à des outils technologiques à des degrés plus ou moins variés. Dans des domaines comme le cinéma ou la musique, on se retrouve avec des techniciens" : Je vous laisse à la profonde absurdité de vos affirmations. Un photographe n’est pas quelqu’un qui sait utiliser un appareil photo !


          • Marc Bruxman 31 octobre 2011 18:34

            Pas plus qu’un astronome n’est quelqu’un qui sait utiliser un telescope.

            Il n’empéche que la plupart des photographes actuels utilisent massivement la retouche d’image (de même qu’autrefois ils retouchaient pendant la phase de développement). La plupart des photographies d’art actuelles sont retouchées à mort.

            Et je ne parles même pas de la course au matériel, vous savez surement très bien que faire de bons photos dépend beaucoup (outre de bons sujets à photographier) des objectifs à votre disposition. Voir d’autres moyens techniques comme Arthus Bertrand qui n’a rien fait d’extraordinaire mais avait à dispo un hellicoptére pour faire des photos aériennes (et photoshop pour retoucher la colorimétrie à mort).

            S’il ne suffit peut être pas de savoir utiliser un appareil photo pour être photographe (d’un strict point de vue technique), ce domaine artistique a été chamboulé par la technologie ces derniéres années.


          • ddacoudre ddacoudre 28 octobre 2011 18:37

            bonjour marc

            une bonne analyse.
            Dans quelques années, des machines intelligentes et créatives vont arriver sur le marché. Il restera alors à se demander avec quoi l’on va inspirer les générations futures...
            il faudra aux hommes acquérir la sagesse qu’ils n’ont pas, et cela ne s’acquiert pas ni dans la rue ni sur les marchés financiers et autres mais dans les universités en s’instruisant aussi de sciences humaines. là est une source de richesse inépuisable, car alors l’on mettra l’androïde au service de l’humain et pas l’humais soumis aux résultats de la machine.

            la situation ne sera pas plus catastrophique qu’aujourd’hui où la rapidité du aux technologies permet aux marchés d’être plus réactif que les états, mais ce n’est pas l’informatique qu’il faut mettre en cause mais tant les dominants sythémiques que nous avons élaboré que ceux qui s’en servent pour se dédouaner d’actions néfastes à d’autres dans un esprit totalement contraire au droit de l’homme.
            ddacoudre.over-blog.com
            cordialement.

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