La finance islamique
Le terme ‘finance islamique’ recouvre l’ensemble des transactions et produits financiers conformes aux principes de la loi coranique qui supposent en particulier l’interdiction de l’usure.
La finance islamique est fondée sur les principes de la charia, et souhaite respecter une certaine vision de la justice et de l’équité en particulier pour protéger les plus démunis. En 2018 selon l’Islamic Financial Services Board, le montant total des actifs gérés selon ces principes s’élevait à 2 200 milliards de dollars dans le monde, avec un triplement du montant lors des dix dernières années.
Qu’est-ce qui différencie plus précisément finance islamique de finance conventionnelle ?
Le premier principe ne permet pas de verser un intérêt ou de pratiquer l’usure. Le second principe interdit la spéculation, et donc les investissements incertains. Le troisième principe interdit d’investir dans les secteurs liés au commerce de l’alcool, des cigarettes, de la consommation de porc, des jeux d’argent, de la prostitution, de la mafia et de la drogue. Le bon respect des règles est vérifié par des imams (sharia boards) et non pas par des législateurs ou une instance internationale.
Les principes éthiques de la charia sont accompagnés d’une réglementation économique basée sur l’idée du partage des risques, des profits et des pertes entre les partenaires. Pour permettre cependant le négoce, des techniques d’évitement ont été mises en place. Une banque peut, par exemple, s’associer à un entrepreneur en finançant son projet, mais les profits et les pertes devront être équitablement répartis entre les deux associés. Une banque peut aussi fournir entièrement le capital nécessaire à un projet mais le promoteur de celui-ci doit en échange fournir un travail permettant de faire fructifier les sommes investies. Le partage des bénéfices est convenu par avance. Les pertes elles sont normalement supportées par la banque, sauf en cas de négligence du promoteur. Une institution bancaire peut également acheter des marchandises à des fournisseurs à la demande d’un client afin de les lui revendre avec une marge bénéficiaire négociée à l’avance.
Les règles de la finance islamique soumettent les titres (actions, obligations, bons de trésor…) à certaines conditions. Ils doivent être adosser à des actifs réels et non pas virtuels garantissant ainsi un lien direct entre transactions financières et activités économiques tangibles.
Introduire une certaine éthique dans le monde de la finance peut sembler tentant étant donné l’état des lieux où la cupidité semble ne plus avoir de limites. Pourtant ce n’est vraisemblablement pas ce qui guide ni les autorités islamiques, ni les dirigeants occidentaux. La finance islamique se veut non-discriminatoire et ne doit pas dépendre des convictions religieuses des emprunteurs, mais, dans la réalité, les fonds sont prêtés aux musulmans suivant une stricte orthodoxie de la doctrine.
En 2014 le Royaume-Uni fut le premier État non-musulman à émettre une obligation conforme à la loi islamique (sukuk). Il sembla important pour la France de réunir les conditions propices au développement de ce nouveau segment de marché. Le ministère des Finances et de l'Economie a adopté le 18 décembre 2008 les textes fiscaux qui vont permettre à la France de mieux accueillir les investisseurs respectant les règles de l'éthique musulmane. La France est à l’époque présidée par N. Sarkozy, son premier ministre est F. Fillon. Le ministre de l’économie est Christine Lagarde qui, après une carrière au sein d’un cabinet d'affaires international occupera ce poste de 2005 à 2011. Elle deviendra ensuite directrice générale du FMI puis en 2019 présidente de la Banque centrale européenne.
Les milieux intéressés soulignent que ‘ces nouvelles mesures ouvrent aux investisseurs des pays du Golfe l'opportunité de diversifier leur portefeuille. La France peut ainsi rattraper son retard sur la Grande-Bretagne afin de profiter de la manne pétrolière.
La ‘murabaha’ est un contrat de vente aux termes duquel un vendeur vend un actif à un financier islamique qui le revend à un investisseur moyennant un prix payable à terme. L’administration fiscale a décidé de la neutralité fiscale des opérations de ‘murabaha’ au regard des droits d’enregistrement (le double transfert de droit de propriété ne donne pas lieu à doubles droits d’enregistrement) et de la déductibilité fiscale de la rémunération versée au titre des ‘sukuk’.
Les ‘sukuk’ sont des titres représentant pour leur titulaire un prêt dont la rémunération et le capital sont indexés sur la performance d’actifs affectés au paiement de la rémunération et au remboursement des sukuk.
Les activités de la finance islamique proviennent en grande partie des ‘pays du golfe’ : Arabie saoudite, Oman, Koweït, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Qatar. Deux pays (Iran et Soudan) ont un secteur bancaire totalement islamique. L'Iran détient environ 40% des avoirs des banques islamiques, l'Arabie saoudite 12% et la Malaisie 10%. La finance islamique est considérée comme sûre grâce à l’obligation d’un sous-jacent économique réel aux transactions et à l’interdiction des produits dérivés. Elle se rapproche donc d’une ‘finance responsable’, vantée par ailleurs !
La réactivité propre au monde de la finance s’est rapidement démontrée. En septembre 2009, l'Université Paris-Dauphine a inauguré un nouveau cursus dédié à la finance islamique. Une assurance-vie halal a été lancée en février 2009 par les AGF-Allianz à la Réunion. Fin septembre 2009, la BRED (groupe banque populaire) propose à ses clients un fond de placement en actions qui répond scrupuleusement aux préceptes du Coran. OummaTV traite régulièrement des nouveautés de la finance islamique en France.
Dans le tissu économique, les investissements des fonds souverains des pays arabes restent faibles. Le Qatar en particulier est surtout actif dans l'immobilier et cherche davantage à faire des placements que des investissements. Le ‘Grand Paris’ suscite toutefois un intérêt soutenu et il fut déclaré par un membre d’une grande famille saoudienne : « La France est un pays stable et sûr, et nous cherchons à placer des fonds à très long terme qui nous permettront de partager les bénéfices du pétrole avec les générations futures ». L’immobilier est une cible de choix, l'achat de nombreux magasins de la rue de la République à Lyon, de plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés de locaux professionnels à Levallois, de bureaux à Antony ou à Nanterre est attesté. Et point d’orgue de la ‘soft power’ islamique, l’achat en 2011 par un fond souverain du Qatar du Paris-Saint-Germain : plus d’un million de maillots du PSG seront vendus dans le monde, environ 200 000 par saison. Nicolas Sarkozy a œuvré efficacement pour faciliter les négociations du rachat du Paris-Saint-Germain par le Qatar. Il continuera ensuite constamment à jouer un rôle éminent au sein du club, jusqu’à intervenir pour le choix d’un directeur sportif. Le Milan AC, le Real Madrid, Arsenal, Benfica, l’Olympique Lyonnais arborent tous sur leur maillot le sigle ‘Fly Emirates’, en faveur d’une compagnie aérienne basée à Dubaï.
Les plus éminents dirigeants d’une République, d’un Fonds Monétaire International et d’une Banque centrale, ont décidé qu’ils n’avaient pas à se prémunir contre les efforts de banalisation des finances islamiques, se faisant fort de pouvoir distinguer entre musulmans et islamistes, les premiers étant riches, les seconds écumant les banlieues. Une guerre de conquête utilise toutes les armes à disposition, les occidentaux l’ont d’ailleurs montré depuis presque toujours, ils utilisent concomitamment le Coca Cola et les bombardiers B-52 pour arriver à leurs fins. L’ingestion par les démocraties des pays autoritaires communistes a pu se faire dit-on dans les milieux autorisés, en sera-t-il de même de l’Islam ?
Islamique ? Islamiste ? Il est de bon ton de faire une étude sémantique des différences induites en changeant deux lettres. Les enjeux sont toutefois clairs et ne peuvent être ignorés que lorsqu’on ne souhaite pas les voir.
Alors que faire ? ‘Il n’est rien qui ne s’arrange par la pratique du non-agir.’
Les caractéristiques de la finance islamique sont décrites sur un site officiel du gouvernement français : (https://www.economie.gouv.fr/cedef/finance-islamique)
En hommage à Samuel Paty
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