La fracture sociétale !
Le clivage sidérant …
Que faire de tout ça ?
Voilà c'est fini ou presque. Il reste derrière nous un champ de ruines, une société clivée comme jamais, des clans qui s'ignorent et se méprisent, des hommes et des femmes qui,durablement, ne pourront plus se parler. La fracture est nette, terrible, douloureuse car elle a fait ressurgir les vieux démons des deux camps. Le pire est à craindre dans une Nation ou l'invective, l'insulte, le dénigrement, l'incompréhension sont devenus les principes actifs de nos relations sociales.
Je prête souvent aux riches en attribuant à la seule responsabilité de Monsieur Sarkozy ce qu'il n'a fait qu'exploiter par ses actes et ses propos sans vergogne afin de maintenir la domination d'une classe sur toutes les autres. Il a beau prétendre que la lutte des classes n'existe plus, il l'a renforcée bien au contraire avec une rouerie consommée et une efficacité diabolique.
Le public qui soutenait son champion à Toulon fut à ce titre exemplaire du grand fossé qui s'est creusé dans notre société. Nous y voyions des hommes distingués, portant cravate et blazer, aux cheveux ordonnés, à l'air distingué. Les femmes sont maquillées, « tirées » à quatre épingles, bien vêtues avec un soin du détail qui atteste qu'elles ont le temps et les moyens de se consacrer à leur parure. Les jeunes sont bien jeunes, bien sages, bien lisses. Ils ont usé leur culotte sur les bancs d'une école privée de bien peu de diversité.
Oh, je devine vos cris d'orfraie. Je caricature ! Mais non, je ne fais qu'observer l'apogée d'une séparation des groupes sociaux, d'un apartheid de l'argent, de l'éducation, du logement, des loisirs qui est bien le résultat d'un lent et inexorable mouvement de fond dans notre pays. Les fossés se creusent, les écarts s'affirment un peu plus chaque jour.
Pour échapper à la vision du peuple, les nantis circulent maintenant dans de grosses berlines aux prix stupéfiants, aux vitres teintées pour effacer le spectacle dégradant de la misère. Ils ont d'ailleurs bien peu de chance de la croiser cette lie de leur société, leurs chemins ne se croisent pratiquement jamais. Ils s'offrent des zones de résidence à l'écart des pauvres, fréquentent des lieux de vacances où les prix excluent les plus humbles.
Ces gens se sont constitué une bulle protectrice, c'est après tout leur droit. Paradoxalement, c'est à l'abri de leurs condominiums qu'ils ont développé les pires fantasmes sur les autres, ceux qui sont tapis dans l'ombre pour les dépouiller, violer leurs filles, dilapider le fruit de leur travail. Ils tremblent à l'évocation de cette armée de parasites, ces inutiles, ces profiteurs qui sont tout juste bons à vider leurs poubelles, à tondre leurs pelouses, à nettoyer leurs latrines quand ils acceptent de travailler !
Alors, quand leur champion décrit ce peuple de gauche, ces exclus du talent, des richesses, des héritages, du courage et de l'effort, ils applaudissent à tout rompre et haïssent davantage. Il leur faut défendre leurs privilèges, mettre à l'abri de l'avidité fiscale cet argent fruit de leur argent. Ils fraudent, trichent, cachent mais sont des donneurs de leçons. La liberté d'entreprendre, le droit de s'enrichir, l'argent décomplexé, la séparation des groupes sociaux …
Ils oublient qu'au dessus d'eux, d'autres, plus haut, plus à l'abri encore, vivent à leurs dépens, s'engraissent de leurs économies. Ils regardent en dessous d'eux en suivant le doigt pointé par le sieur Sarkozy, et se sont constitué des repoussoirs idéaux pour devenir aveugles à la réalité du monde. Tant qu'ils auront des miettes copieuses, ils seront les soutiens serviles de ce système inique.
À l'autre bout, le peuple de gauche a, comme je le fais ici, caricaturé l'autre camp. Ceux que je décris plus haut existent, qui osera prétendre le contraire mais tout comme les gens qui travaillent dur, qui prennent des risques, qui entreprennent vraiment. Ceux-là retrouvent les premiers en étant persuadés qu'ils appartiennent au même monde. C'est belle tromperie que celle-là.
À gauche donc, le phantasme de l'argent à prendre aux riches, de la possibilité de vivre mieux par un partage plus généreux. Il y a belle erreur cette fois encore car jamais nous ne pourrons bénéficier des immenses masses d'argent qui ont été écartées des circuits officiels. Ce vol est définitif, il assure des richesses pour des dizaines de générations, des sommes colossales qui se sont constituées sur le pillage légal. Il est totalement illusoire de penser récupérer le fruit de ce larcin collectif.
Il faut penser le monde autrement, ne plus compter dans les rangs de l'humanité ces gens qui se sont habitués à vivre dans un monde qui n'est pas réel. Il faut au plus vite reconstituer une véritable fraternité sociale fondée sur une répartition plus harmonieuse des richesses réelles. L'argent des hyper-riches est une virtualité nocive, cessons de regarder de ce côté et retroussons nos manches pour nous retrouver dans une nation solidaire et humaniste.
Je devine à quel point ce vœu est illusoire pour l'instant. L'état de notre société rend bien improbable cette réconciliation utopique. Pourtant, il n'y a pas d'autre solution pour notre pays que d'abandonner définitivement la dévotion à l'argent pour penser une nouvelle société fondée sur un autre lien collectif.
Utopiquement vôtre.
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