La France, ancienne terre de liberté : retour de la censure
Trop content d’avoir trouvé un bouc émissaire à la frustration des français, Valls pérore comme un coq sur la supposée victoire de la République contre Dieudonné. Or cette victoire est en réalité une défaite grave, à plusieurs titres.

1. L’antisémitisme serait jugulé grâce à la décision du Conseil d’Etat, dont la surprenante rapidité laisse penser qu’il est à la botte du pouvoir. Au fait : s’il y a réellement une recrudescence du racisme, c’est que beaucoup de gens, des jeunes en particulier, ne comprennent pas ce que cela signifie. La répression ne pourra pas combler le manque de pédagogie. Cette supposée recrudescence pose en premier lieu l’échec ou le manque de volonté des pouvoirs publics de clarifier une question présentée comme si essentielle. La peur de la différence y ajoute une couche, et l’on ne peut aborder librement des thèmes comme l’origine ethnique de la délinquance : c'est le même mouvement de peur et de limitation incompréhensible de la liberté.
2. Actuellement tous les groupes humains se définissent par leur appartenance non à la République, mais à leur communauté. Le communautarisme mine la France et l’Europe. En criant à l’antisémitisme à la moindre blague acide, les juifs confirment leur communautarisme exacerbé. Celui-ci leur a sans doute permis de survivre à deux mille ans de persécutions, il leur a donné la foi en un avenir respectant leur identité - ce qui est légitime, chacun se prévalant aujourd’hui fièrement de ses origines. La société se morcèle et chacun défend son territoire. En effet, Juifs, musulmans, gays, lesbiennes, femmes, affirment haut et fort leur communautarisme. Comment dès lors s’étonner que le discours général mentionne ces appartenances revendiquées qui envahissent jusqu'à saturation l'espace intellectuel et émotionnel ?
3. Il suffit de lire des sites de blogs comme Agoravox ou Mediapart pour réaliser à quel point les militants de gauche tapent sur Israël à longueur d’année, de manière souvent très violente. L’antisionisme de gauche, ajouté au ras-le-bol de la victimisation des juifs qu’expriment nombre de français, voire aux injures politiques, comparant Israël à un Etat nazi qu’il faut éliminer, prépare très efficacement le terrain à l’antisémitisme et porte une lourde responsabilité dans le délitement actuel du débat en France.
4. Le débat, parlons-en. On peut bien parler des absents. La France ne débat pas, elle impose, contraint, assène, balance, pourvu que chacun ait pu dire sa petite phrase. Je m’étonne que l’on parle encore d’esprit français tant ce concept est aujourd’hui totalement vidé de tout sens. Le débat se limite au clivage habituel et à une prise de parole autoritaire. L’arrogance remplace l’argument, la violence fait jouir ceux qui crient le plus fort. La France est devenue un désert intellectuel vivant sur un passé usé. Son modèle est surévalué, sauf à vouloir signaler la déliquescence d’une période marquée par la fin des idées. Des idées que les réformettes destinées à détruire un peu plus les racines de la société, comme le mariage gay, ne remplacent pas. Une fin même des compétences intellectuelles à cause d’une immigration qui parle et connaît le français et sa culture comme un alien à peine débarqué. « Oh yo, putain con, quoi, tu vois, nique ta mère ! » : la langue est détruite par l’absence d’exigences de l’Etat, qui s’aplatit devant ces fausses victimes de la colonisation.
5. La volonté d’imposer une religion laïque, de promouvoir l’indifférenciation des sexes, d’user du mot mariage hors de son sens originel, la destruction de la masculinité et de la paternité, le culte de la victime, le fait d’éviter les débats qui fâchent, le désir d’arabiser le pays - un des commissaires du rapport sur la France arabe demande que l’on fasse taire les clochers au nom de la laïcité - font sauter les bases sur lesquelles les gens ont posé leurs références depuis des siècles. Quand des repères sociétaux majeurs sautent, d’autres tombent en même temps par effet viral.
6. La violence de la stigmatisation des opposants à la politique menée (là où il y en a une) et la division du pays par le pouvoir actuel ne peuvent que banaliser un langage violent et excluant. La gauche continue sur la lancée de Sarkozy. L’esprit de contrainte, de mise en coupe idéologique de la France à défaut de réaliser les vraies réformes, ne peut qu’engendrer une violence en retour. Je rappelle ici cette image qui a circulé pendant le débat sur le mariage pour tous (image 3) : « Mieux vaut une paire de mères qu’un père de merde ». C'est cela, aujourd'hui, la culture et l'intelligence françaises. La violence extrême de ce slogan est impardonnable. Jamais on n’avait osé aller aussi loin dans le mépris et la négation de l’autre, du différent, depuis les années 1930. Le fascisme rose et LGBT sont des cancers. Jamais aucune excuse ne fera disparaître la violence de l’agression contre les pères et hommes hétérosexuels. La seule chose à répondre : « Mieux vaut un père, même de merde, que la confusion de mères-pères qui se font des bébés comme on achète un jouet : pour leur confort personnel et leur image de normalité, pour posséder un enfant-marchandise, une peluche vivante ».
7. La décision du Conseil d’Etat de confirmer l’interdiction de Dieudonné est un pas de plus dans l’autoritarisme et la réduction du champ des libertés publiques. Mieux vaut un débat, même difficile, qu’une interdiction sans aucune valeur pédagogique. Surtout qu'ici on est dans le deuxième degré. Il n'y a pas de diffamation, pas d'appel à nuire à une population. L’Etat décide donc de ce qui doit être pensé et dit, au nom d’un concept ahurissant : la dignité de la personne. Dorénavant toute personne ou groupe s’estimant atteint dans sa dignité pourra demander la mise à l’index. La liberté a foutu le camp hier, un peu plus encore. Dorénavant on peut interdire La dernière tentation du Christ, Nymphomania, Emmanuelle, les oeuvres de Sade et de Henri Miller, celles de Marx contre la religion, les blagues sur les blondes et les belges, et quelques milliers d’ouvrages divers. Dorénavant on pourra interdire un meeting critiquant l’islam ou le christianisme. On pourra brûler les films ou écrits qui ne plairont pas aux féministes sous prétexte d’atteinte à leur dignité (Agoravox, où je poste certains de mes billets, a déjà commencé cette censure en faisant barrage à mes billets qui critiquent le féminisme).
Le résultat est un peu plus d’oppression, venant d’une mouvance politique qui en 1968 est descendue dans la rue pour défendre la liberté d’expression ! On n’ose pas y croire. Mais c’est fini. Cette mouvance n’a plus ni idées ni légitimité intellectuelle. Cette gauche ressasse la victimisation des classes, cherche à accuser (patrons, cathos, mâles, etc) plutôt qu’à trouver des solutions. Elle n’ose pas parler vrai : il y aura de moins en moins de travail et il faut réorganiser la société. C’est la raison des 35 heures de Martine Aubry, et la raison également de ce que plus de la moitié des actifs en France vivent sur l’Etat, donc ne produisent pas directement de richesse eux-mêmes. Problème : sans le travail et la lutte des classes la gauche n’a plus de raison d’être. Dans un monde où les gens doivent se prendre en main elle n’a plus d’écho. Elle ne fonctionne qu’avec des victimes zombisées. La gauche n’a donc plus rien. A part cracher sur les cathos et apprendre aux enfants du primaire qu’ils ne sont ni filles ni garçons et qu’ils peuvent indifféremment choisir d’être hétéros ou homos. La société française est clairement en guerre contre elle-même. Il faut l’assumer et mener une nouvelle guerre de libération, qui passera par une révolution culturelle et la poubellisation des théories en vigueur depuis 40 ans et de ceux qui les défendent. De l'air !
Cette société en cours de reformatage est un modèle de mort et de non-reproduction. Comment ne pas y réagir avec toute la force nécessaire pour arrêter la marche vers l’abîme et pour se réveiller de ce cauchemar ? Faudra-t-il que le pouvoir en vienne à brûler les livres, comme dans Farenheit 451, pour que le peuple se réveille contre ses nouveaux oppresseurs ? Ou faut-il multiplier les quenelles, comme celle de l'équipe de Pékin express (image 1) ? Dans un premier article sur le sujet je signalais déjà que la France est un des pays les plus condamnés par la Cour européenne des Droits de l'Homme et que la presse française n'est pas un modèle de liberté d'expression. La tendance autoritaire du pouvoir français se confirme.
Liberté !
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