La France, cet immobile pays
La gouvernance change, tout stagne. La France est sans aucun doute victime de son immobilisme et de ses victoires passées. Récit d'un optimiste déceptioniste...
J’avais quitté la France en août 2011 pour l’Ethiopie, après 9 mois de recherche d’emplois infructueuse dans le secteur associatif et des ONG. J’y avais mis toutes mes économies, vendu ma voiture, clôturé mon PEL et mon compte épargne. J’avais bien eu quelques entretiens pour des postes en communication au sein d’associations dites « de développement ». Rien à faire. Avoir vécu deux ans au Sénégal, avoir arpenté une partie de l’Amazonie, avoir une expérience en service civil, être diplômé d’une grande école de communication, obtenir un master 2 spécialisé dans le secteur, parler anglais, comprendre l’espagnol, avoir voyagé, pouvoir s’adapter à n’importe quel environnement car mon enfance est parsemée de 7 déménagements, que je suis né et ai vécu sur le continent africain, que je suis curieux, cultivé, mobile, stable, compétent, entreprenant…Quid de mon cv ou de moi-même. La question n’est pas là.
J’avais quitté la France en août 2011 pour l’Ethiopie. Je devais y rester 3 mois. J’y suis resté 6 avant de recevoir un visa de sortie. Depuis mon retour, en février 2012, qu’ai-je vu ? Certes je suis rentré à point pour assister à la joute électorale qui a vu l’éviction de Sarkozy et la liesse pour notre président actuel. Et j’ai voté. Mais où en est-on aujourd’hui ? Y a-t-il eu un changement ?
Je suis rentré d’Ethiopie en février 2012. Les nouvelles de la presse me sidéraient déjà à peine sorti de l’aéroport. 6 mois s’étaient écoulés et rien n’avait bougé. Toujours les mêmes gros titres. Toujours cette inutilité informative dictée par quelques puissants, par une armée de journalistes fantoches pour une masse abasourdie qui s’en abreuve, car l’important c’est de manger. Avoir à manger avant tout. Et s’abreuver. S’abreuver de rancœur contre les puissants grâce aux gros titres. Ces mêmes puissants qu’ils haïssent et qui les nourrissent. Car ils ne leur permettent pas de manger, non, ils les nourrissent. Ils nous engraissent de ce mauvais grain qui fait qu’aujourd’hui, à travers cet ensemble qu’ils contrôlent, dans la totalité, un ouvrier qui se relaxe grâce à des programmes abrutissants permet à son patron de lui verser sa paye. Et j’exagèrerais jusqu’à dire que c’est ce même téléspectateur qui permet, en validant la phrase de tel ou tel participant, en en parlant, de créer un nouveau moyen de revenu pour celui qui l’abreuve.
Mon dieu, la boucle est bouclée, et dieu sait que je n’y crois pas. En dieu s’entend. Je devrais peut être… Je suis parti en Ethiopie en août 2011 car je vivais sous le seuil de pauvreté. J’en suis rentré en février 2012, j’ai travaillé là où j’ai pu, mais pas assez apparemment. Aujourd’hui, malgré un Master en Communication et Journalisme, un Master 2 professionnel « Humanitaire et Solidarité » je vis avec -400 euros/mois. J’ai vendu tout ce que je pouvais vendre, tous mes biens, pour combler un découvert qui s’appelle désormais un gouffre et on ose encore me dire que je ne sais écrire, que je manque d’expérience, ou que j’en ai trop ? Messieurs les recruteurs, réveillez-vous, n’avez-vous pas lu Orwell, Huxley ou Barjavel ? Vous courrez, et le monde à cause de vous, vers la perte.
Peu importe aujourd’hui me direz-vous. Mais demain, lorsqu’il n’existera que de gros bonnets, peut-être ferez-vous parti des plus faibles… Je ne serais pas là pour vous voir vous faire manger, je n’en rigolerais pas non plus. Je vous dirais juste : « Je vous avais prévenu ».
Quentin Léal
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