La France est-elle une oligarchie ?
Un régime politique, où la concentration absolue des pouvoirs est détenue par une seule classe sociale dominante au mépris des autres, ne peut être la définition d’une démocratie républicaine. C’est au mieux un système accommodé et au pire l’instauration d’une oligarchie déloyale. Dès lors, nos voix désunies ne sont plus que de petites gouttes d’eau déversées, décennie après décennie, dans un océan réservé à quelques privilégiés qui font régner la corruption du pouvoir central grâce aux petits arrangements entre amis et où la haute finance a pris le pas sur les responsabilités politiques. Mais en acceptant ce principe autoritaire sans ne l’avoir jamais remis en question, nous en sommes complices, car soyons honnêtes : 99% d’une population organisée qui réclameraient un changement, peu importe lequel, l’obtiendrait sans délai. Alors, il est urgent de comprendre comment notre régime est venu à accepter que seulement moins d’1% de la population puisse distribuer tous les pouvoirs publics à quelques-uns au détriment de l’épanouissement du plus grand nombre, sans que jamais sa population n’ait pu remettre en cause cette situation.

Mais avant tout qu’est-ce qu’une oligarchie ?
Selon la définition, une oligarchie est un régime politique au fonctionnement opposé à celui prévu par le régime démocratique. Plus précisément, une oligarchie (du grec ancien ὀλιγαρχία / oligarkhía, dérivé de ὀλίγος / olígos [« petit », « peu nombreux »], et ἄρχω / árkhô [« commander »]) représente un schéma institutionnel dans lequel tous les pouvoirs sont réservés à un petit groupe de personnes qui forment ensemble la classe sociale dominante. L’oligarchie est un régime politique basé sur l’idée générale qu’une partie minoritaire de citoyens issus des classes sociales les plus élevées, en rassemblant tous les pouvoirs publics et financiers, seraient les seuls individus aptes à gérer correctement l'État et aussi les seuls capables à se dévouer corps et âme à sa grandeur, à sa richesse et au salut des autres citoyens. Hervé Kempf dans « L'oligarchie ça suffit, vive la démocratie » met en garde contre le risque d’absolutisme que représente la concentration toujours plus croissante du pouvoir décisionnel et du contrôle des institutions par une élite restreinte de dirigeants politiques, de grands chefs d'entreprises, d’acteurs financiers ou de journalistes influents. Ceux-ci constituent la « caste », toujours plus puissante, dite politico-médiatico-financière, dont les membres délibèrent entre eux des décisions s'appliquant à l'ensemble d’une population alors que celles-ci n’ont pour finalité exclusive que de servir, consciemment ou inconsciemment, leurs seuls intérêts particuliers avant tout.
Donc, tout d’abord, ce qui permet en France de considérer notre régime comme oligarchique commence par son manque de représentation des différents corps sociaux existants au sein des plus éminentes fonctions décisionnelles de l’Etat. Ainsi, en 2017, tous les membres des hautes instances publiques, des parlements ou des gouvernements, comme en attestent leur déclaration publique de patrimoine, sont principalement les représentants de la même classe sociale « favorisée » et pourtant minoritaire en population, sans que les classes moyennes ou populaires, qui pourtant composent plus de 80 % de notre population, ne s’y trouvent jamais décemment représentées. En s’attribuant un tel exercice de concentration des pouvoirs institutionnels, la fonction politique représentante d’un unique corps social, assoit sur le reste de la nation une domination autoritaire sans en avoir récolté pour cela de mandat absolu aux dernières élections. Effectivement, en ne représentant qu’une majorité relative, soit seulement 47,3% des votants, malgré le vote « républicain » du second tour et à cause d’une majorité d’abstentionnistes à l’élection législative, le dernier Président français et son parlement ne disposent certainement pas de la légitimité permettant d’excuser la méthode de gouvernance autoritaire actuelle. D’ailleurs, pour s’assurer de ne jamais se trouver « entraver » par ce genre de critiques égalitaristes, les Présidents français, à tour de rôle, ont pris soin, durant ces 59 années de Ve République, de détourner un peu plus loin à chaque changement constitutionnel, le rôle de médiateur institutionnel prévu par la Constitution pour son peuple souverain ainsi que son droit au référendum. Malheureusement, au fil de ces années, le Président de la République, en contrepartie de ces changements, a vu tous ses pouvoirs se renforcer pour devenir aujourd’hui une puissance absolue. Il est pour cela assis sur son discipliné gouvernement et armé de son Parlement dévoué qui est toujours élu à la majorité des 3/5e depuis l’inversion des calendriers parlementaires de 2002. Aujourd’hui, « Jupiter » possède sur tous les sujets militaires, exécutifs, législatifs et constitutionnels, infiniment plus de pouvoir concentré que n’en détenait « le Roi Soleil ». On parle d’ailleurs de domaines de gouvernement « régaliens », du latin regalis, signifiant « qui appartient au Roi ». En fonctionnant donc de manière absolue, depuis la réforme parlementaire sur l’inversion des calendriers il y a 15 ans, le schéma « démocratique » représentatif d’un seul groupe minoritaire d’individus dominant tous les pouvoirs institutionnels a fini par devenir parfaitement anticonstitutionnel, inefficace et contre-productif quand la minorité sociale « supérieure » ne concoure aux suffrages que pour le maintien « aux affaires » de sa communauté. C’est précisément ce que James M. Buchanan et Gordon Tullock confirment dans la théorie du choix public en concluant qu’ « il faut changer les règles et la structure de la politique et non pas s’attendre au fait que les politiciens arrêtent d’agir en fonction de leurs intérêts personnels. »
Ainsi, en France, la fonction politique est remise en cause car elle est devenue plus qu’une simple activité de service publique mais un métier, une carrière qui symbolise un véritable vecteur d’enrichissement personnel et d’accomplissement du statut social. Le politicien libéral, à la manière de l’économie de marché d’aujourd’hui, a pour objectif de vendre son produit (lui-même) à ses clients (nous). L’hypocrisie et le mensonge étant même encouragées pour se faire élire par l’organisation du mandat représentatif libre et non révocable, puisqu’au contraire d’une entreprise, aucun politicien ne peut être poursuivi pour « publicité mensongère » s’il n’applique pas son programme une fois élu. Mais, puisqu’il n’existe aucun moyen de contrôle de leurs actions durant les mandats, c’est donc un choix rationnel pour les politiciens que de continuer de se comporter comme dans un « jeu de stratégie », en formant entre membres de la même caste, alliances et autres manœuvres « diplomatiques » dans le seul but de maximiser leurs intérêts. Ainsi, la mission politique ne doit plus simplement être considérée par ses représentants comme un bien marchand à vendre à coup de stratégies marketing sans avoir ensuite à rendre compte des résultats alors que tous les avantages en nature de cette mission permettent de vivre hors du quotidien des 99% restants. Bien sûr cette fracture avec 99% de la population est accrue par leurs rémunérations et les avantages faramineux que procure le pouvoirs d’influence des élus, pendant mais aussi après l’exercice. Tous ces avantages perçus par de simples agents de l’état ne font que les conforter durant toute leur carrière à l’intérieur d’une toute petite « bulle » réservée aux plus avantagés des citoyens. Nous sommes tous ulcérés, quand dans le privé, un mauvais chef d'entreprise licencié quitte sa fonction avec un « parachute doré » et heureusement, bien souvent, sous la pression et la honte populaire, il se voit forcé d’y renoncer ou d’en réduire le montant. En politique au contraire, les avantages ou les prérogatives de la fonction publique en France ne peuvent être remis en cause par quiconque même en cas de résultats catastrophiques, pendant ou après l’exercice. Pourtant tout cet argent perçu sans obligation de résultats provient de nos prélèvements obligatoires et non de fonds privés. Dès lors, en tant que fidèle actionnaire du financement de l’Etat et seul souverain reconnu de la nation, le peuple, en bon gestionnaire, devrait avoir à sa disposition les moyens d’exiger des objectifs clairs et des preuves de résultats quantifiables de la part de ses représentants. En fait, cette « carriérisation » plus qu’avantageuse qu’offre la fonction associée à la méthode de scrutin proportionnel plurinominal pose un véritable problème constitutionnel concret à partir du moment où chaque candidat une fois élu en son nom, pour ne pas perdre les privilèges de son « travail » lucratif, se retrouve contraint d’obéir aux ordres de sa base politique pour ne pas risquer de s’en voir exclu comme tout salarié se doit d’obéir à sa hiérarchie pour conserver son emploi. Car le problème majeur d’une telle organisation est qu’implicitement avec cette méthode de scrutin et la possible corruption passive qu’offrent tous les avantages de la fonction, cette subordination à l’exécutif pour les élus majoritaires de l’assemblée, crée incontestablement un mandat impératif envers le parti représentant du vainqueur de l’élection présidentielle. Pourtant interdit par l’article 27 de la Constitution, ce mandat impératif tacite envers la volonté politique d’un seul corps social rend leurs votes sans objets et transforme les élus parlementaires majoritaires censés être libres de leurs choix en simples subordonnés astreints par le pouvoir central, ce qui devrait rendre un tel exercice du pouvoir techniquement illégitime. Fatalement ce rôle de mouton législateur enchainé par son berger politique, les forcera ensuite d’une manière ou d’une autre à renier ce pourquoi ou par qui ils ont été élus et toutes ces mystifications de campagne, un peu plus visibles à chaque nouveau suffrage, ne font que nourrir davantage la colère populaire, les taux d’abstention records et la fréquence de l’alternance stérile qui découlent des votes « sanctions » depuis 15 ans. Pour que de tels comportements ne puissent plus exister et pour ressusciter la justice démocratique initialement prévue par l’apport de la voie populaire, il est primordial de proposer par référendum certains changements comme par exemple celui de l’article 27. Ainsi il pourrait y être établi officiellement le mandat impératif pour contraindre le pouvoir, exécutif comme législatif, à réaliser ce pourquoi il a été élu et grassement rémunéré. Dans le cas contraire, obliger l’élu à rendre compte au peuple souverain, plutôt que de ne risquer pour seule sanction qu’une simple exclusion de son parti d’appartenance comme c’est le cas aujourd’hui. D’ailleurs, c’est pour prévenir l’absence de légitimité qu’offre ce type de régime oligarchique autoritaire que notre Constitution exhorte l’utilisation de la démocratie directe comme solution lorsqu’elle manifeste à l’article 2 alinéa 5 que : « Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Alors comment ce seul corps social représenté par la fonction politique dirigeante peut-il abusivement continuer de nous faire croire qu’il respecte ce principe constitutionnel, en continuant de concentrer clairement tous les pouvoirs institutionnels entre les mains de moins d’1% de sa population sans proposer en contrepartie le moyen démocratique de prendre en compte l’avis collectif des autres corps sociaux disponibles, tout au long des quinquennats ? Car si l’on accepte avec sagesse que, par la force des choses, tous les postes institutionnels soient confiés à une « élite » minoritaire, comme c’est le cas aujourd’hui, alors il faut trouver le moyen pacifique de contrebalancer cette domination sociale par une consultation régulière des autres corps disponibles pour commencer à respecter ce principe constitutionnel.
En 1932, Karl Marx a résumé ainsi cette organisation de la confiscation des pouvoirs institutionnels : « L'État est la forme par laquelle les individus d'une classe dominante font valoir leurs intérêts communs et dans laquelle se résume toute la société civile d'une époque. » Pourtant dès 1789, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui se veut le texte fondateur de notre bloc constitutionnel, avait déjà énoncé ses conclusions pour éviter cette dérive, à travers son texte, en proclamant que pour garantir la justice sociale et éviter tout développement de nouvelles formes de régimes autoritaires, il fallait impérativement que tout au long du processus républicain, le peuple soit en mesure d’exiger des comptes et soit régulièrement consulté de son avis par référendum. Cette déclaration universelle des droits de l’homme arrachée par la violence nous apprend par son histoire et ses écrits, que pour éviter l’oppression et les sanglantes révolutions qu’elle engendre, il ne faut jamais laisser seule la toute-puissance institutionnelle d’une nation à une seule classe sociale, sans que les 99% restants ne puissent se positionner en garde-fou. Mais puisque nous les laissons faire, il semble logique que l’argent et l’attirance par tant de pouvoir exonéré de tout contrôle, tout cela associé au fait qu'il n’y ait pas de limite de temps à l’exercice publique, aient fini par faire de ces professions très avantageuses, des responsabilités aux portes d’entrée verrouillée pour quelques « fidèles », souvent initiés depuis le plus jeune âge. Les grandes écoles telles que l’ENA, Sciences Po, HEC, les Mines ou bien d’autres, forment ensuite leurs vaillants technocrates à régner pendant plusieurs dizaines d’années en s’assurant qu’aucune concurrence agressive sur leurs idées ne viennent jamais se confronter. Avec cette formation linéaire globale, tous ces hauts dirigeants, majoritairement issus du même tissu social, se voient donc inculquer le même idéal libéral et la même obéissance aveugle aux règles établies. Cette formation élitiste linéaire génère en contrepartie un manque fatal de réflexion divergente vis-à-vis de l’indispensable remise en question des concepts existants qu’exige une société en constante mutation comme la nôtre. Cette orthodoxie libérale, généralisée à l’ensemble des fonctions gouvernantes représentées par la classe possédante, a essentiellement fini par engendrer la médiocrité des résultats économiques et sociaux pour une majorité de ses citoyens, tout en enrichissant comme jamais dans l’histoire de l’humanité les plus fortunés. Alors certainement que pour moins d’1% de la population, c’est une forme de réussite. Mais au bout de 30 ans de résultats lamentables pour une majorité de Français, nous entendre encore s’annoncer que les mêmes, à savoir les classes moyennes et populaires, vont encore devoir faire des efforts sur la précarisation de l’emploi et des salaires après la réforme libérale expresse du code du travail quand le coût de la vie augmente sans cesse, c’est outrageusement indécent et totalement révoltant. Comment cette section du peuple minoritaire dominante pourrait-elle légitimement réglementer l’exercice d’une réalité qu’elle ne côtoie jamais au quotidien ? Eh bien, comme le prouve tous les résultats catastrophiques qui s’affichent depuis des dizaines d’années pour la majorité des citoyens, sans les autres corps sociaux représentés d’une façon ou d’une autre à ses côtés, jamais seule la fonction politique ne le pourra. Car comme l'a écrit Albert Einstein : « Peu d'êtres sont capables d'exprimer posément une opinion différente des préjugés de leur milieu. La plupart des êtres sont même incapables d'arriver à formuler de telles opinions. »
Il faut pourtant définitivement intégrer qu’au sein de toute forme de société, l’exemplarité part du haut vers le bas dans tous les domaines d’applications. Alors que le monde de demain est avant tout celui de nos enfants, comment pouvons-nous accepter de leur léguer, sans aucune honte, une société injuste dans sa redistribution, dépouillée de ses ressources naturelles et fondamentalement plus agressive à tous les niveaux, sans jamais avoir essayé de s’organiser pour y mettre fin ? Il faut se souvenir que la déclaration des droits de l’homme, voulue pour sortir de la monarchie, a déclaré dans ses textes que l’accaparation des pouvoirs par une seule et même catégorie sociale associée à un régime absolu où l’exécutif et son parlement détiennent le pouvoir législatif d’exclure le peuple du schéma démocratique sont : « les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements. » Nous répétons ainsi en 2017 les erreurs du passé qui ont fini par déboucher sur la plus sanglante des révolutions populaires encore à ce jour. Car en étant constamment exclu du schéma démocratique, certes le peuple, par ces temps de crise aux emplois incertains, courbe l’échine face à l’injustice du pouvoir autoritaire mais l’histoire nous rappelle qu'un régime qui maintient son peuple en laisse et muselé, finit invariablement par voir l’instauration de la violence comme seul moyen d’expression identitaire des deux côtés. C’est pour justement éviter toute escalade bilatérale de la violence morale ou physique et pour essayer de restaurer le sens véritable du bien commun qu’il faut changer impérativement de schéma et apprivoiser la démocratie semi-directe avant qu’il ne soit trop tard. Ainsi, notre système politique deviendrait l’apanage de la vérité, une force de conviction pure avec l’amélioration du quotidien d’un maximum de citoyens comme objectif de mandature. Mais force est de constater qu'au contraire, la fonction politique est devenue une carrière d’entrepreneur libéral aux salaires et avantages excessifs, réservée à des recrues vivant dans un monde complètement déconnecté du quotidien de l’ultra majorité du reste de ses concitoyens. Même une récente « rénovation » des visages dans la galerie politicienne française n’a rien changé au fait que ces nouveaux élus proviennent une nouvelle fois de la même classe sociale favorisée, des mêmes réseaux et des mêmes écoles qui se gargarisent des bienfaits de la pensée libérale unique installée à coups de burin dans le système économique et social d’année en année, de résultats pourtant toujours plus ridicules pour la grande majorité. Le système institutionnel français est fabriqué pour un même corps social par des hauts technocrates afin de fonctionner en autocratie autour du Président de la République et tout ce petit monde ne se rappelle de notre existence que durant les campagnes électives. D’ailleurs, ces deux mondes fracturés ne se confrontent plus aujourd’hui qu’au travers des médias quand des responsables politiques maladroits sont interrogés sur les montants des salaires les plus bas ou le prix des denrées les plus élémentaires qu’ils ne connaissent jamais sans l’aide de leurs fiches. En France, les résultats inégalitaires obtenus par ce système illégitime, qui organise en permanence la concentration sociale des pouvoirs entre les mains de moins d’1% de ses concitoyens, sont symbolisés par une dette publique explosive, une totale perte de confiance du peuple dans ses institutions et par la prolifération de l’emploi d’armes de destruction démocratique comme en voici quelques exemples : Un unique corps social détenant tous les pouvoirs institutionnels ; les décisions législatives arbitraires et autoritaires sans mandat absolu ; l’utilisation pour « reformer » des ordonnances ou du 49-3 possible sur tous les sujets ; le non-respect de la souveraineté nationale ; un Conseil Constitutionnel subordonné au pouvoir exécutif ; le non-respect du droit constitutionnel au référendum régulier ; le non-respect des résultats de référendum ; la signature d’un traité de subordination de souveraineté en désaccord avec le résultat d’un référendum ; les changements constitutionnels sans consultation populaire ; aucune proportionnelle aux élections. Toutes ces formes de pouvoirs autoritaires utilisées pour nous asservir de force ne devraient-elles pas alarmer le peuple révolutionnaire qui fut à l’origine de la déclaration des droits de l’homme ? Alors que le Président français a déclaré publiquement que pour lui « la démocratie ne se faisait pas dans la rue », il serait peut-être bon de lui rappeler l’histoire de la révolution française qui par le sacrifice populaire et la sédition a seul permis l’instauration du régime démocratique sur lequel il règne de manière absolue en ce moment.
Au fil de ces 59 années de Ve république, la France a fini par voir son organisation politique devenir un régime hybride à savoir une oligarchie autoritaire absolue. Oligarchique pour la domination sociale qu’elle propose, puisqu’en France absolument tous les pouvoirs institutionnels sont concentrés de façon illégitime entre les mains du même petit groupe de représentants minoritaires. Autoritaire parce qu’un régime politique autoritaire est un mécanisme qui par divers moyens (propagande, encadrement de la population, exclusion du schéma démocratique, domination sociale…) cherche la soumission et l'obéissance de la société pour pouvoir imposer ses choix sans discussions. Enfin Absolue, parce qu’en « hommage » à la monarchie, le système politique français transfère également les pouvoirs absolus au seul Président de la République et de manière totale et définitive depuis l’inversion des calendriers de 2002. Ainsi, l'organisation de ce régime illégitime offre au Président armé de son Parlement de partisans dévoués et toujours majoritaires au 3/5e de l’assemblée, le pouvoir de gouverner avec les ordonnances ou le 49-3 sur tous les sujets comme bon lui semble mais peut surtout appeler à modifier la Constitution, mère de toutes les lois, par voie parlementaire. En effet, l’utilisation des parlements réunis en congrès pour valider une réforme constitutionnelle est possible mais n’est que le 3e alinéa de l’article 89. Les 2 premiers alinéas, eux, exigent avant tout l’utilisation du référendum pour cela. Donc, en n’étant seulement que l’alinéa numéro 3 dans l’ordre hiérarchique de cet article, il s’en trouve n’être que le choix alternatif prévu par la Constitution, après la validation par référendum. Ainsi, les 24 changements constitutionnels réalisés par voie parlementaire, contre 0 par référendum, font de l’utilisation exclusive de cet alinéa 3 une abjecte manipulation autoritaire et abusive de la méthode de réforme constitutionnelle prévue et appelle à être supprimée. En reconnaissant son peuple comme son unique souverain dans ses textes, la Constitution, par ce choix, proclame implacablement que tout changement à envisager de ses textes imposants soit avant tout réalisé sous le contrôle populaire et ne devrait avoir lieu autrement qu’en certains cas exceptionnels. Mais à la place notre régime ainsi organisé par la légiferation sans objets à offert la possibilité technique de procéder, en seulement 59 ans, à 24 changements de Constitution aux seuls bénéfices d’un unique corps social minoritaire par la voie de leurs représentants, contre 0 par référendum. Dès lors, la modification unilatérale des textes suprêmes qui nous gouverne, par les représentants politiques d’une seule section du peuple, ne peut être considérée autrement que comme un régime à la méthode de gouvernance autoritaire. Mais la veritable preuve accablante, qui a réuni en une seule action publique tous les critères d’organisation d’une oligarchie autoritaire absolue, fut fournie lorsque le refus à 55% de la ratification du traité de Maastricht du référendum de 2005, a pu être officiellement écartée, pour que 3 ans plus tard et à la demande du Président de la République de l’époque soit signé le même traité, mais sous un nom diffèrent, par la majorité au 3/5e d’une fonction politique collaboratrice réunie en congrès.
Malheureusement, avec cette concentration exclusive des pouvoirs et l’exclusion du peuple de son schéma représentatif, se faire entendre mais surtout écouter en dehors de votes sanctions, est devenu impossible car il est confisqué à la population son droit au référendum. En effet, seul le Président de la République ou 1/5 du parlement réuni peut en déclencher sa tenue, ce qu’ils ne font quasiment jamais (9 en tout sur 59 ans) et la dernière consultation populaire date de 12 ans. En continuant à mépriser son peuple et en le repoussant continuellement de tout recours démocratique, on le coupe forcément de sa culture citoyenne pour qu’il reste volontairement dans l’ignorance de ses droits, c’est un autre des principes majeurs de l’autoritarisme et du contrôle des masses mais qui conduit invariablement, comme nous l’enseigne l’histoire, à une hausse de la violence à tous les niveaux en contrepartie. Pour changer cela, il faut impérativement offrir une troisième voie à la tenue d’un référendum correspondant, par exemple, à la réunion de 20% des électeurs qui en mairie pourraient remplir un formulaire pour demander une consultation concernant un des sujets pris en compte par l’article 11 de la Constitution de 1958. Tout ceci crée quand même un nouveau conflit d’intérêt quand le peuple souverain d’une nation ne se trouve pas pourvu, au minimum, du même pouvoir démocratique actif que ses « subordonnés ». Pour l’instant, l’utilisation malhonnête qui est faite de notre Constitution et qui ne permet au peuple de ne pouvoir s’exprimer en cours de mandat qu’à la demande unique du pouvoir exécutif ou législatif, sans qu’il se trouve légalement imposé d’en suivre les résultats négatifs, est l’exacte représentation du fonctionnement d’un régime autoritaire. Il faut refuser de céder à la facilité qui fait dire à certaines « élites », relayées sans contradiction par les médias, que le peuple consulté dans son ensemble n’est pas « qualifié » pour prendre les bonnes décisions, car ce n’est certainement pas à ses réfractaires partisans d’en juger. Notre classe politique balaye du revers de la main toute consultation populaire et ses conséquences, tout en ne pouvant justifier que de résultats catastrophiques pour tous et toutes, sauf les plus fortunés. Un gouvernement ne peut pas prétendre représenter tous les Français quand, fraichement nommé, il a comme décisions primordiales celles de jeter 120 000 personnes au chômage immédiat, de « flexibiliser » de façon expresse et unilatérale le code du travail, de supprimer l’impôt sur la fortune. Ce gouvernement ne peut nier être le représentant de la volonté autoritaire d’une seule et même classe sociale quand de telles décisions ne sont que pour le bénéfice de quelques-uns alors qu’elles impacteront négativement en contrepartie des dizaines de millions de citoyens actifs et particulièrement les plus précaires. Un Président, qui a comme première action budgétaire majeure de redistribuer plusieurs milliards d’euros aux 180 000 qui seront exonérés d’impôt sur la fortune dès 2018, ne peut qu’envoyer un message de défiance aux autres corps sociaux, quand on sait que les plus fortunés ont été les seuls à s’enrichir depuis la crise des « subprimes ». Comment après cela le Président peut-il décemment s’offusquer de représenter un gouvernement en faveur des gens riches alors qu’il continue de marteler dans les médias que la fainéantise et le manque d’adaptation des familles sont les principales causes du chômage de masse. La forme du discours et les éléments de langage employés par le nouveau Président sont devenus tellement autoritaire que la rue commence à se résigner de ne pouvoir agir. Indubitablement, c’est quand même nouveau de voir un Président Français cracher sur la classe populaire en récidivant régulièrement, sans le payer immédiatement dans la rue. Mais par la création de divisions, ce gouvernement, est arrivé à désorganiser les classes, mais surtout sous le poids d’un absolutisme entêté, a réussi à faire imploser certaines organisations syndicales emblématiques sur un texte pourtant majeur : celui du code du travail, ce qui est inédit et particulièrement effrayant. En 3 mois pourtant jamais aucun Président, n’avait autant méprisé une seule classe sociale par ses premiers actes politiques et ses discours provocateurs. En affirmant toujours regretter la forme mais jamais le fond, le Président crie haut et fort ce que, comme lui, une minorité de la population pense tout bas et en fait aux yeux de tous dorénavant son représentant le plus prestigieux. Tous ces discours, toujours plus méprisants, d’année en année de la part de citoyens bien souvent avantagés dès la naissance, sont la preuve formelle du décalage qu’il règnera toujours entre ces deux mondes s’ils ne se côtoient jamais dans une vie. Pourtant, nul Président en exercice en tant que gardien de la nation ne devrait être en droit de dissocier ou d’incriminer par son discours publique les autres corps sociaux ultra-majoritaires, particulièrement quand la fonction suprême ne peut se prévaloir de n’en avoir représenté qu’une seule et ultra-minoritaire depuis toujours. Je rêve d’un gouvernement qui avant de prendre son mandat déciderait de son propre chef d’aller passer un mois ou deux, réunis en famille dans des logements sociaux, avec un smic ou deux pour seules ressources budgétaires, afin de mesurer et constater la difficulté de le faire pendant 42 ans d’affilée sans être démoli ensuite par de tels discours proférés par une minorité dont la fortune provient bien souvent de familles déjà possédantes. Car, nul ne choisit où il nait le rôle capital de l’état républicain, aujourd’hui oublié, est justement celui de composer un ensemble de règles pour gommer cela au maximum dans toutes ses strates et non pas de les valoriser comme aujourd’hui par un élitisme inaccessible aux plus faibles. C’est pour cela qu’il faut faire évoluer notre structure démocratique grâce au réveil de la conscience populaire et se battre pour réussir à instaurer cette juste finalité. Les preuves de ce système oligarchique sont dorénavant affichées aux yeux de tous grâce aux déclarations de patrimoine, aux lanceurs d’alertes, au partage de l’information et à internet en général. Dès lors, nous n’avons plus d’excuses pour ne pas essayer de modifier un régime particulièrement inefficace pour tous les corps sociaux de la nation, sauf celui ultra-minoritaire des plus fortunés. Alors que la grande majorité des candidats à la dernière élection présidentielle ont fait partie d’un gouvernement ou bien se trouvent dans le paysage politique depuis plusieurs dizaines d’années d’alternance, que pouvons-nous bien espérer comme réelles améliorations sociales ou démocratiques envers les classes dites « inférieures » de leurs parts ? Absolument aucune, car sinon objectivement elles auraient déjà eu lieu. Encore une fois, c’est bien la structure ainsi que les règles établies depuis trop longtemps comme des privilèges sans devoirs qu’il faut changer, en politique, sans s’attendre à un changement de comportement déterminant de leurs parts.
En conséquence, tout ce système archaïque, pour évoluer et retrouver mesure et tempérance, doit apprendre à mettre les citoyens au centre du débat politique quotidien. Car si rien ne change pour mettre fin au plus vite à cette oligarchie autoritaire absolue, le peuple Français asphyxié par l’Europe et sans espoir mais toujours précurseur en matière de révolution, finira un jour par s’exprimer, comme l’histoire nous l’enseigne, dans la violence et le sang pour renverser les choses et nous devons l’éviter à tout prix. Il est temps de changer pacifiquement et de l’intérieur, grâce au bloc constitutionnel existant accompagné de quelques modifications, le fait que toutes les décisions soient prises par 1% de citoyens pour les 99% restants étant donné que la France rejette catégoriquement la centralisation des pouvoirs par une seule classe sociale minoritaire et ne reconnaît pour seul souverain que sa population à la majorité. Pour étayer cela, sachez que notre Constitution actuelle préconise déjà pour tout changement majeur, législatif comme constitutionnel, d’envisager l’utilisation du référendum avant la validation parlementaire, mais la fonction politique le refuse par une légifération autoritaire. Pourtant, cette forme d’organisation semi-directe déjà proposée par notre bloc constitutionnel, en la redécouvrant avec nos outils d’aujourd’hui, serait la seule solution pacifiste déjà inscrite dans nos droits qui permettrait de nous affranchir à coup sur de toutes futures dominations sociales minoritaire. Alors il ne faut pas perdre espoir car comme nous l’enseigne l’histoire nul personnage n’a jamais été plus fort qu’une exaltation populaire flamboyante. Seuls les égoïstes avides, les médiocres et les fraudeurs peuvent craindre cette forme d’évolution démocratique majeure. Peu importe sa raison sociale ou son milieu d’appartenance, chaque voix doit avoir la même valeur, le même impact sur le système politique et dont son organisation et ses choix ne doivent plus seulement être issus de tiers représentants « carriéristes ». La population dans sa majorité ne peut retrouver confiance dans son institution politique qu’en faisant partie intégrante de ses choix futurs (sentiment d’appartenance). Nul ne doit plus se sentir exclu du processus démocratique et de la vie sociétale de son pays mais au contraire doit être écouté pour se sentir apaisé. Chaque seconde qui passe, le monde se bouleverse toujours plus vite devant nos yeux. Pourtant, jour après jour, année après année d’une consultation régulière, c’est un sens collectif de la politique aiguisée dont disposera la population pour que l’exécutif gouverne avec l’aval d’une majorité éclairée et non plus toujours par le même pourcent social. En agissant grâce à la technologie en constante évolution, nous pouvons rêver de créer avec le temps une conscience politique active qui générerait une histoire commune pour faire d’un peuple souverain organisé, le meilleur gardien possible du futur de ses institutions.
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