La France, la police, les droits
Il y a quelques jours, j’atterrissais à Charles-de-Gaulle de retour de Pékin. Après 10 heures de vol, j’étais plutôt satisfaite de la perspective, une fois les formalités de police, de douane, et de récupération des bagages expédiées, d’aller prendre l’air (et, j’avoue, en griller une petite...).
Mes plans tombèrent à l’eau dès la porte de l’avion : tous les passagers étaient immobilisés dans le couloir d’accès à l’aérogare. Vingt minutes de piétinement plus tard, j’accédais enfin à la source de ce « contretemps » : deux policiers contrôlaient avec zèle tous les passeports. Trente mètres plus loin, les guichets de la police des frontières n’en fonctionnaient pas moins, tamisant les longues files d’attente. Peu désireuse d’être retenue deux heures de plus pour un contrôle approfondi de mon identité, je pris ma voix la plus suave : « excusez-moi de vous demander pardon, mais puis-je savoir pourquoi vous effectuez deux contrôles successifs ? ». La réponse tomba immédiatement, claire, nette, définitive et sans appel : « parce qu’on a le droit ». J’en restai sans voix...
Nous voilà donc clairement informés : dans notre beau pays, les « droits » ne sont plus le dernier rempart de protection du citoyen. Ils appartiennent désormais aux forces de l’ordre.
Ainsi, si l’on vous retient des heures à votre retour chez vous pour contrôler deux fois (ou trois, quatre, cinq... ?) votre identité, ce n’est pas nécessairement parce que l’arrivée sur notre territoire d’un affreux terroriste au passeport parfaitement imité a été annoncée. Non, c’est « parce qu’on a le droit ».
Si l’agent qui vous fait aimablement signe de vous arrêter au carrefour décide finalement de vous convier à venir visiter son poste de police douillet, ce n’est pas nécessairement parce que vous roulez bourré au volant d’une voiture volée. Non, c’est « parce qu’on a le droit ».
Si ce même agent pousse le sens de l’hospitalité jusqu’à vous offrir le gîte et le couvert pendant deux jours, ce n’est pas nécessairement parce que vous êtes soupçonné d’avoir pensé à trucider votre belle-mère, ou d’avoir volé l’orange du marchand. Non, c’est « parce qu’on a le droit ».
Ainsi progresse la démocratie au pays des droits de l’homme.
Vive la liberté, vive la France.
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