La France n’a toujours pas digéré 1989
En 1989, le monde changeait : Tim Berners Lee proposait au CERN de développer le World Wide Web, une innovation qui allait révolutionner le monde. Dans le même temps, le bloc de l'est s'effondrait et la voie de la mondialisation allait s'ouvrir. La décénnie 1990 a ainsi vu une vague de changement défferler dans l'euphorie générale. Mais la société française n'a pas réussi à s'y adapter et un séisme politique risque de survenir en 2012.
La genése
Et pourtant cela avait bien commençé ! Fin 1989, les démocraties populaires tombent : Dans l'euphorie générale, le monde est libéré de la guerre froide. Les liaisons aériennes vers l'Asie sont facilitées du même coup (autorisation de survol de l'URSS), les dépenses militaires s'effondrent.
Dans le même temps, des chercheurs du CERN conçoivent un outil nommé le World Wide Web, destiné à être utilisé sur le réseau Internet et George Bush (père) signe un décret autorisant l'ouverture au commerce du réseau internet. Les militaires ne s'intéressent en effet plus trop à internet et ne veulent plus payer pour ce jouet, les scientifiques en ont l'usage (ils ont servis de démonstrateur) et les politiques se disent que cela ne peut plus être bien dangereux d'autant que la guerre froide est terminée. Bref c'est pliée entre deux réunions : les militaires cessent de financer, on ouvre au commerce et le privé payera pour le jouet des universitaires.
Ces deux événements en apparence non liés ont contribués à amorcer une vague de changement. La fin de la guerre froide a permis la mondialisation de maniére idéologique. Puisque c'était la "fin de l'histoire" les frontiéres pouvaient tomber et l'idéal devenait de faire du commerce partout ce qui allait enrichir le monde entier. Mais si les barriéres idéologiques venaient de tomber, il fallait faire tomber une barriére technique pour aller plus loin. Sans de meilleurs moyens de communication, la mondialisation allait poser des problèmes d'organisation. Et c'est la que la révolution technique intervient. En fait dès 1994, une bulle d'investissement dans les télécoms s'est développée. Les milliards affluent vers les opérateurs qui vont construire les "autoroutes de l'information" (on ne parles pas encore d'internet qui est censé être dépassé à court terme). Les entreprises déploient quand à elles des réseaux privés pour avoir les moyens d'être mondialisées tout en étant efficace. Bref, l'infrastructure technique se met en place progressivement, sans que personne ne s'en appercoive.
La montée vers la lumiére
La bulle des Telecoms se dégonflera vite. Dès 1998 on constate déja qu'il y a surcapacité dans de nombreux marchés. Mais cette surcapacité entraine une baisse des coûts de la bande passante et un nouvel eldorado s'ouvre. L'internet va devenir accessible à la masse du grand public. Et on promet qu'il changera nos vies. L'argent du monde afflue dans ces nouvelles entreprises et la bulle repart en fanfare. L'économie est en croissance et c'est l'euphorie.
Paradoxalement cet afflux d'argent va exarcerber le problème. Dans les 3 années qui vont mener à l'éclatement de la bulle, un déluge d'investissement va amener à la construction des fondations techniques nécéssaires au changement de la société. Le commerce électronique aurait pu mettre dix ans à devenir une réalité, mais avec tous les investissements qui ont eu lieu, la barriére à l'entrée pour créer un site de e-commerce a été divisée par 10 en 3 Ans. Ce qui était compliqué est devenu facile et packagé. A la fin de la bulle n'importe quel abruti pouvait vendre sur internet.
Les premiéres contradictions
Mais cette bulle va faire apparaitre de grandes contradictions. Car si les ingénieurs peuvent innover vite lorsqu'ils sont financés, la société n'est pas capable d'absorber leurs inventions au même rythme. Si la plupart des promesses de l'époque auront été tenues, cela aura pris plus longtemps que prévu. Sauf que les investisseurs ne sont pas si patient. Dès l'automne 2000, ils paniquent. La prospérité économique fait place au marasme. Mais la graine technique du changement est déja plantée et le changement promis aura lieu. La sortie de l'iphone viendra combler le derniér rêve qui avait été laissé vacant par la bulle internet. (Déja en 1999 on devait surfer sur internet sur son mobile !). La société est maintenant en décalage profond entre sa structure sociale et ce que la technique permet.
En 2001, le 11 Septembre vient compléter le tableau sur le terrain de la mondialisation. En une journée tout ce en quoi les sociétés occidentales croyaient depuis 1989 est remis en question. Non 1989 n'était pas la fin de l'histoire. La mondialisation peut même apporter des défis à notre porte. Mais nous sommes déja tous interdépendents et la mondialisation va rester. Il est en fait impossible de revenir en arriére même si on le voulait. Internet s'assure d'ailleurs que les idées n'aient plus de frontiére. Que les politiques le veuillent ou non ! La encore, politiquement la société aspire à une pause et à un repli, mais elle est en décalage profond avec la réalité.
De 2002 à 2012, les contradictions deviennent insoutenables
De 2002 à 2012, on aurait pu penser que le fossé entre aspirations sociales et réalité allait se réduire. Après tout, faute de bulle, les ingénieurs allaient être plus calme et les politiques allaient pouvoir mettre le frein sur la mondialisation. L'inverse s'est en réalité produit. D'une part suffisamment de technique avait été produite dans les années 90 pour alimenter de nouveaux usages pour 10 ans. Et le public jeune va adopter ces nouveaux usages "en masse" faisant basculer la société dans l'incompréhension. Des conflits éclatent rapidement autour du droit d'auteur mais aussi de la liberté de poster sans contrainte sur internet. La façon de communiquer en politique change par la force des choses, facebook révolutionne les rapports sociaux des jeunes dans l'incompréhension de la génération X et l'iphone offre une révolution numérique mobile. La société a changé mais pas la politque.
Pour ce qui est de la mondialisation il en est de même : Voyager n'a jamais été aussi simple. Hotels et billets réservés sur internet sans passer par une agence de voyage, traducteurs automatiques, emails pour prendre des contacts. Le nombre de jeunes qui choisissent de quitter leur pays d'origine augmente en fléche et dans le même temps de nombreux étrangers viennent dans notre pays pour y étudier. Nos grandes écoles deviennent remplies d'étudiants étrangers. Beaucoup resteront. Des business ethniques se créent dans toutes les grandes villes et ont du succès. A un moment ou certains voulaient ralentir la mondialisation c'est l'inverse qui se passe. Et la politique n'y peut rien.
Pris de vitesse, les politiques, vieux pour la plupart n'ont pour la plupart pas compris ce qui se passait. Leurs explications sont peu convaincantes et bcp n'osent pas expliquer clairement qu'un monde est mort et qu'un nouveau est en train de naitre. Pourtant, plus le temps avance, plus ce positionnement décalé avec la réalité génére des tensions dangereuses. Les pays les plus fragiles comme les pays arabes viennent de succomber à ces tensions. Mais nos pays occidentaux ne sont pas à l'abri.
Les élections présidentielles de 2012 et 2017 sont ainsi très dangereuses car il semble qu'un choc soit nécéssaire pour que les politiques acceptent enfin le monde tel qu'il est. Un second tour Bayrou-Le Pen n'est pas à exclure en 2012 et s'il se soldait par la victoire de Bayrou constituerait un tel choc. Au contraire une victoire de Marine accentuerait le décalage et ménerait tôt ou tard à une explosion.
Quel que soit le vainqueur, il faut que celui-ci explique aux Français que la mondialisation est là pour rester, que la société va être multiculturelle et que les changements induits par le numérique vont non seulement rester mais s'amplifier. Partant de ces éléments, il pourra proposer des réformes pour rendre la société vivable et appaiser les tensions. Si au contraire, comme Sarkozy, il joue sur les tensions interne de la société, il est clair que cela ne fera qu'aggraver les choses.
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