La France prise en flagrant délit d’ingérence au Tchad
L’accélération prodigieuse des événements, la généralisation de la démocratie formelle en Afrique, sont des atouts majeurs pour ce jeune continent émergent. Depuis les indépendances dans les années 60, le Tchad est en proie à des coups d'Etat. Ca fait trois décades, qu'on change de président, dans un bain de sang. Le 23 Avril, le Maréchal Idriss Deby a été mis sous terre. Mahamat Deby est aux commandes depuis le 20 Avril. Il a nommé un premier ministre, ce 26 avril, Pahimi Padacke.
La globalisation de l'information a eu une conséquence positive, sur les autocraties, c'est qu'elles sont dénoncées et mises à nu, par les nouveaux canaux de l'information. Les durées interminables des mandats présidentiels sont bannies, le recours au suffrage universel est une garantie, pour tous les citoyens qui veulent exercer leurs devoirs civiques. Dans dix-huit mois, le suffrage universel sera-t-il sollicité ?
Les armes sont-elles la solution ?
On peut comprendre l'émoi de la communauté de va-t-en-guerre. Nombreuses sont les affaires récentes, de gabegie, de favoritisme, de corruption de l'entourage du président Deby, qui suscitent de la défiance et le rejet. L'opposition avait une occasion rêvée de s'unir et de faire bloc pour l'alternance, elle a brandi les vieux démons inopérants de l'impréparation que sont le boycott. Au lieu que la justice se tranche par les urnes, elle veut tourner son échec à la vengeance. Elle veut transformer son amateurisme en chienlit. Ce qui arrive aujourd'hui lui incombe. Sa navigation à vue, son incohérence, voire son incompétence, qu'elle veut faire porter à Deby. Oubliant que le pouvoir ne se partage pas, ne se donne pas, mais, il s'arrache. L'opposition est devenue tout aussi élitiste que le pouvoir qu'elle prétend combattre. Elle est devenue plus avide de strapontins, au lieu d'être habitée par une volonté d'alternance.
Le changement s'impose
Rien n'est beau, dans le plus beau pays du monde. On ne saurait ne pas amender un pouvoir qui est resté 30 ans sans alternance. Il a ses réflexes qui se transforment en tares. Parfois les mécanicismes du pouvoir deviennent vieillots et éculés. Des changements en profondeur s'imposent et la redistribution des cartes est plus que nécessaire. Mais, cela ne saurait se transcrire dans le crépitement de balles. La prise de pouvoir par les armes, est la porte ouverte à tous les populismes les plus effroyables, à la dictature la plus abjecte. Et surtout à l'enlisement d'un conflit qui risque de faire sombrer totalement la zone du Sahel.
Le putsch est un mélange d’opportunisme et de casuistique dont l’expression est le pouvoir martial. La communauté internationale, dans le cas d'espèce, où se situe le curseur ? Pragmatisme ou colonisation à ciel ouvert ? On risque d'assister au déplacement des institutions républicaines vers les institutions à la baïonnette, parce que, quand la grande muette se mêle de politique, ça ne fait pas bon ménage avec la démocratie.
Bien que le premier ministre soit issu de l'opposition, ne va-t-on pas assister aux années de plomb des purs régimes autocrates. Cette continuité conjoncturelle, n'affecte-t-elle pas la notion d'Etat de droit ? L'Afrique soixante ans après les indépendances, est-elle toujours ce bébé au lait qui a besoin de l'interventionnisme occidental pour choisir ses décideurs ? Pour les seules raisons de sécurité, l'alternance et la démocratie seront-ils sacrifiés sur l'autel du pouvoir de l’entre-soi !
Aimé Mathurin MOUSSY
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