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Accueil du site > Tribune Libre > La France se ment souvent à elle-même

La France se ment souvent à elle-même

La tentative de réforme de la formation en 2004 avait pour une fois mis toute le monde professionnel français devant ses responsabilités. Etait-on capable de rendre la formation et l'éducation équitables dans notre pays.

Las, 10 ans plus tard si tout le monde veut la peau du « Droit Individuel à la formation » c’est pour une raison très simple. En créant en 2003/2004 le DIF notre pays s’était placé face à ses propres contradictions et responsabilité tout en faisant mine de les affronter.

Mais il y a loin de la coupe aux lèvres.

Pourquoi avons-nous été incapables de changer ?

1. La France est un pays où l’on apprend de moins en moins. Depuis l’école transformée au fil des ans en gigantesque garderie jusqu’à une formation professionnelle élitiste et réservée aux seuls travailleurs très qualifiés nous n’apprenons guère alors que le monde entier s’approprie la formation tout au long de la vie.

2. Nous sommes devenus les spécialistes des promesses non suivies d’effets. 10 ans après la grande réforme de la formation il apparaît évident que la technostructure française a résisté des 4 fers aux changements induits par mai 2004.

3. Nous ne voulons ni changer ni remettre en cause nos (mauvaises) habitudes. Le changement c’est toujours pour les autres (ou pour plus tard) mais jamais pour soi.

4. Nous travaillons mal et peu depuis les crises de l’énergie des années 70. Confrontés à un arrêt de notre expansion et à la montée en puissance de certains pays émergeants (y compris en Europe) nous avons préféré rien changer, nous bercer d’illusion par la dette, le travail déqualifié (et subventionné) et les importations massives

5. Nous avons repoussé à plus tard la confrontation avec nosproblèmes, nos peurs et nos archaïsmes. Songeons à ce que disait le premier ministre Michel Rocard en 1992 : « le dossier des retraites est explosif et à de quoi faire sauter 5 ou 6 gouvernement ». Les gouvernements n’ont pas sauté mais en reportant à plus tard le dossier nous nous retrouvons avec une crise économique inédite, systémique et structurelle, des millions de nouveaux retraités (les baby boomers) et des entreprises qui diminuent très fortement l’emploi salarié (donc les futures cotisations sociales)

6. Nous avons abandonné les jeunes, les travailleurs non qualifiés ou les handicapés en subventionnant leur déclassement et en les maintenant dans l’assistance (le RMI puis le RSA ne permettent en rien de sortir de l’assistanat ou la pauvreté)

7. Nous n’en faisions qu’à notre tête en croyant notre modèle social inusable et toujours adapté. Les français ont cru trouver la martingale absolue face à la crise : un Etat providence qui pourvoie à tout : l’éducation, le logement, la santé, le travail, la sécurité, la culture…Vu de l’extérieur (récemment des amis brésiliens trouvent les français peu laborieux mais pourtant très opulents). C’était un leurre : 1 milliard d’euros empruntés tous les 2 jours sur les marchés financiers pour simplement payer les intérêts de notre dette, un endettement proche d’une année de production et surtout une impuissance à redresser la barre à une échelle humaine.

Il ne s’agit pas ici de faire du French bashing, de dénigrer systématiquement notre culture ou nos capacités à rebondir mais de prendre conscience que le monde a changé depuis 30 ans, qu’il a changé vite, qu’il a changé sans nous et que la France, jadis pays des lumières n’est plus aujourd’hui qu’une petite loupiote faiblement éclairée dans une vaste planète qui compte 7 milliards d’habitants dont 2 milliards de misérables qui cherchent tous les jours à manger et qui ne connaissent ni ne connaîtront sans doute jamais Victor Hugo ou même François-Marie Arouet.


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1 réactions à cet article    


  • Yohan Yohan 18 juin 2013 12:31

    A part beurrer les tartines de certains, le DIF, c’est une fausse bonne idée, un gadget qui n’a pas marché. La formation, c’est une affaire sérieuse qui mérite pas seulement qu’on se pose les bonnes questions mais qu’on trouve les bonnes réponses.

    L’aéronautique, la micro électronique ont besoin de compétences et la formation ne suit pas. Pourquoi ?
    Nous avons du rénover notre parc d’ascenseur. La formation n’a ni suivi, ni anticipé ce besoin en compétences. Pourquoi ?
    Les formations financées par les Fongecifs bénéficient plus souvent à des salariés qui ont des diplômes et qui ne sont pas menacés dans leur emploi. Pourquoi ? 
    Les formations industrielles et techniques ne sont pas valorisées. Pourquoi ?
    Il ne suffit pas de vouloir réformer la FP pour pouvoir Il y a un lobby de la formation comme il y a un lobby du DIF. C’est un marché qui profite à des gens confortablement installés depuis la Loi de 78

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